Culture Bénin
Les griots
Les griots, ces musiciens ambulants, professionnels presque de naissance - ils font partie d'une caste -, qui vont de village en cour royale chanter les louanges d'un lignage et de ses descendants, sont une caractéristique de bon nombre de sociétés traditionnelles d'Afrique de l'Ouest.
Leur existence est attestée par les récits des premiers voyageurs, aux XIIIe et XIVe siècles.
Les griots jouent un rôle social particulier, puisque aucun interdit ne pèse sur eux. Ils sont en effet les seuls à pouvoir dire aux puissants ce que pense d'eux le peuple.
Les griots chantent plus souvent les louanges de leur employeur, rappelant les hauts faits de leurs ancêtres à travers des récits épiques, transmis oralement de génération en génération, et jouant le rôle de conseiller.
Ils s'accompagnent de leur instrument de musique.
Aujourd'hui, ce rôle a évolué, mais les griots continuent à trouver leur place dans la vie moderne. Certains atteignent la célébrité, d'autres font le tour du quartier, surtout à l'occasion d'une fête. Beaucoup de chanteurs et musiciens faisant une carrière commerciale rappellent qu'ils sont issus d'une lignée de griots, même si leur activité s'est éloignée de la tradition.
Musique et danse
Afrique rime avec musique. Cependant, il ne faut pas s'attendre à parcourir ce continent au rythme de cette musique, dont le moindre reportage vante les attraits. Ces danses et chants, qui évoquent aussitôt l'Afrique dans nos esprits, ne se produisent que lors de cérémonies bien précises ou alors sur l'incitation mercantile de quelques organisations touristiques.
En revanche, il arrive souvent que, à la nuit tombée, sur la place du village, au milieu d'échoppes, les gens dansent au son du djembé et du balafon, instruments typiques, ou écoutent le griot qui, accompagné de sa kora (dont la musicalité fait penser à la harpe), chante les hauts faits de telle ou telle famille, surtout au Mali.
Base de la vie en société presque autant que la religion, la musique occupe une place toute particulière. Très exubérante et festive, elle puise ses racines mélodieuses dans des traditions ancestrales. Aussi bien en ce qui concerne le choix des instruments que celui des paroles et des sujets des chansons.
Sons pluriels
Il faut parler au pluriel des musiques. Chacune est un dialecte, et chaque instrument est accordé à son propre dialecte : deux musiciens venus de villages voisins ne pourront pas forcément jouer ensemble. L’instrument traduit les intonations, les tons, les sons de la langue. Tout est instrument, y compris les voix de gorge, le nez pincé, les coups résonnant sur la jambe ou le ventre.
La musique, comme la danse, traduit la complète communion de l'homme et de la nature. Elle sert aussi à transmettre des messages.
L'instrument de musique a partout une valeur symbolique : pour tous les assistants, il représente leur cosmogonie, ou l'acte sexuel, ou l'accouchement, ou la vie, et chacun reconnaît la valeur de chaque détail ainsi que sa signification profonde.
La musique ne se cantonne pas à la brousse ni aux rythme traditionnels. Dans les grandes villes, les gens avaient fêté l'indépendance sur les rythmes venus de Cuba (notamment le mérengué). Ceux-ci continuent d'ailleurs d'électriser les boîtes de nuit. Les instruments et les sonorités de l'Amérique noire, ou ceux propagés par la world music, ont également beaucoup de succès, tout comme le reggae et le coupé-décalé, musique à danser, festive et très rythmée, née dans les boîtes d'Abidjan avant de déferler sur toute l'Afrique francophone.
Chaque pays compte aussi son lot de chanteurs populaires dont les textes, souvent très didactiques, peuvent dérouter des oreilles occidentales plus habituées aux métaphores et formules alambiquées. Qu'elle traite d'amour, de politique ou de contraception (sur le continent, la musique sert souvent d'outil pédagogique) la chanson africaine porte presque toujours un message qui doit être clair, compris par tous.