Culture et arts Gambie
Musique et danse
Ces danses et chants, qui évoquent aussitôt l'Afrique dans nos esprits, ne se produisent que lors de cérémonies bien précises, ou alors sur l'incitation mercantile de quelques organisations touristiques. En revanche, il arrive souvent que, à la nuit tombée, sur la place du village, au milieu d'échoppes, les gens dansent au son du djembé et du balafon, instruments typiques, ou écoutent le griot qui, accompagné de sa kora, chante les hauts faits de telle ou telle famille.
À la base de la vie en société presque autant que la religion, la musique occupe une place toute particulière. Très exubérante et festive, elle puise ses racines mélodieuses dans des traditions ancestrales, en ce qui concerne aussi bien le choix des instruments que celui des paroles et des sujets des chansons. Ainsi, Baaba Maal, Toucouleur originaire de Podor, s'est inspiré du yela, danse héritée des gestes effectués par les pileuses de mil aux champs.
Sons pluriels
Il faut parler des musiques au pluriel. Chacune est un dialecte, et chaque instrument est accordé à son propre dialecte : deux musiciens venus de villages voisins ne pourront pas forcément jouer ensemble. L'instrument traduit les intonations, les tons, les sons de la langue. Tout est instrument, y compris les voix de gorge, le nez pincé, les coups résonnant sur la jambe ou le ventre, ou encore l'air brusquement coincé sous l'aisselle pour émettre le son d'un pet.
La musique, comme la danse, traduit la complète communion de l'homme et de la nature. Elle sert aussi à transmettre des messages. En revanche, les sons émanant des troncs percés d'une fente - la bouche - ne sont compris que des spécialistes. On ne cherche pas toujours à faire joli, on traduit simplement la vie.
L'instrument de musique revêt partout une valeur symbolique : il représente pour le spectateur sa cosmogonie, l'acte sexuel, l'accouchement ou la vie, et chacun reconnaît la valeur du moindre détail ainsi que sa signification profonde.
La musique ne se cantonne pas à la brousse. Dans les grandes villes, les « vieux » avaient fêté l'indépendance sur les rythmes venus de Cuba (notamment le merengue). Ceux-ci continuent d'ailleurs d'électriser les boîtes de nuit, à tel point qu'un groupe sénégalais (Africando) s'est taillé un beau succès en chantant en espagnol et en wolof ses propres morceaux afro-cubains. Les instruments et les sonorités de l'Amérique noire ou ceux propagés par la world music ont également beaucoup de succès.