Culture et arts Alaska

La loi fédérale américaine reconnaît des droits spécifiques aux autochtones regroupés dans le cadre de tribus. C’est ainsi que les Navajos, les Apaches, les Cherokees et tous les peuples amérindiens des États-Unis continentaux peuvent exercer une autorité réelle dans leurs réserves dans différents domaines : aide sociale, police, politique financière, etc. C’est cette autonomie de fait qui leur a permis de créer des casinos.

Les peuples d’Alaska bénéficient de cette reconnaissance fédérale et devraient donc se voir autorisés à exercer eux aussi une certaine souveraineté - une possibilité reconnue à la fois par les cours de justice fédérale et de l’État.

Mais les gouverneurs s’y sont toujours opposé. C’est particulièrement le cas de Sarah Palin, qui n’a eu de cesse d’essayer de réduire les droits des autochtones à chasser et pêcher, militant en faveur du développement de la chasse et de la pêche commerciales et « sportives ». Son combat contre la souveraineté tribale s’est même traduit par une opposition à toute forme d’assistance linguistique pour certains peuples autochtones lors des élections - ce pour quoi elle a été condamnée à l’été 2008 par un panel de juges fédéraux.

Les 8 premiers missionnaires orthodoxes russes ont débarqué en Alaska en 1794, près d’un demi-siècle après l’expédition de Vitus Béring dans la région et après plus de 9 mois de voyage. Ce qu’ils découvrirent les horrifia : des autochtones maltraités et exploités par les trappeurs et les colons, qui enlevaient femmes et enfants pour obliger les hommes à chasser pour eux.

Ils fondèrent une mission sur l’île de Kodiak et obtinrent, 2 ans plus tard, la création d’un évêché. Mais en 1800, Baranov, administrateur civil de la colonie, plaça les moines en résidence surveillée, leur interdisant tout contact avec la population... La présence de l’église orthodoxe s’affirma néanmoins peu à peu auprès des peuples autochtones et particulièrement des Aleutes.

Un certain Innocent, évêque du Kamtchatka, des Kouriles et des Aléoutiennes en 1840, traduisit la Bible dans plusieurs langues. Élevé au rang d’archevêque 10 ans plus tard, il n’eut de cesse d’explorer la région et de répandre la bonne parole. Canonisé en 1977, il est l’un des 5 saints orthodoxes d’Alaska, aux côtés d’Herman et Juvenaly, parmi les premiers missionnaires, Pierre l’Aléoute et Jacob Netsvetov, deux autochtones consacrés prêtres.

On compte aujourd’hui 97 paroisses orthodoxes en Alaska pour plusieurs milliers de fidèles (le nombre exact est difficile à déterminer). La plupart sont d’origine aleute, yup’ik ou tlingit.

Une légende inuit raconte qu'à l’origine des temps, terre, collines et pierres tombèrent du ciel. Une fois le monde constitué, les hommes apparurent à leur tour, surgissant d’entre la terre, dont ils apprirent à se nourrir. Des enfants naquirent et les hommes devinrent vieux - extrêmement vieux, à en perdre la vue, la capacité de se mouvoir et jusqu’à celle de s’allonger. Car, en ces temps-là, les hommes ne mouraient pas. Ce monde étrange vivait dans une nuit éternelle. Jamais le jour ne s’y levait. C'est tout juste si les hommes avaient de la lumière dans leurs maisons.

Au fil du temps, les hommes se multiplièrent. Ils devinrent même si nombreux qu’ils encombraient la terre de leur existence. Un jour d’aurore, une crue géante venue de la mer balaya le monde. Beaucoup périrent noyés.
Deux femmes âgées commentaient l’événement : « Épargnons-nous la mort, même s’il faut continuer à vivre dans l’ombre. » Une autre la contredit : « Non, acceptons la mort mais vivons à la lumière. » Sur ces paroles, le jour se leva.
Depuis lors, l’homme n’est plus condamné à manger la terre. Il peut se déplacer, chasser au grand air. Car avec la mort sont apparus le soleil, la lune et les étoiles. Ce sont les âmes, en fait, qui après la mort rejoignent le firmament et y brillent éternellement.