Traditions et coutumes Californie

Les Amérindiens du XXIe siècle ne rejettent pas le progrès mais refusent souvent les structures d’une société dans laquelle ils ne se reconnaissent pas. On dénombre à ce jour 325 réserves (totalisant plus de 220 000 km², soit 2,3 % du territoire américain) pour 566 tribus reconnues au niveau fédéral - dont 229 en Alaska -, ce qui veut dire que certaines n’ont pas de territoire. La population amérindienne progresse désormais assez rapidement, et atteint entre 2,5 et 5,2 millions d’individus, selon que l’on considère une seule ou plusieurs origines, dont 22 % vivent sur des réserves.

Ces dernières peuvent apparaître à nos yeux comme des ghettos, et elles le sont par maints aspects, mais ce sont aussi des propriétés privées appartenant aux Amérindiens, où ils peuvent s’organiser en respectant leur culture et leurs traditions.

D’une réserve à l’autre, les niveaux de vie varient énormément. Dans l’ensemble, les Indiens demeurent le groupe ethnique disposant du plus bas revenu par habitant. Loin des villes et des centres de décision, le travail manque souvent cruellement.
Même si les choses se sont passablement améliorées depuis la fin des années 1980, les Amérindiens ont toujours une espérance de vie inférieure à la majorité de la population. L'alcool se révèle être un facteur de mortalitéé important. 
Le diabète, avec des taux 3 fois supérieurs à la moyenne nationale, fait partout des ravages – à cause, semble-t-il, d’un « gène de la frugalité » (capacité à stocker les sucres).

Bref, ce n’est pas pour rien que l’alcool est interdit dans les réserves (mais pas aux abords...) et qu’une Junk Food Tax (taxe sur tous les produits comestibles considérés comme malsains, tels que les sodas, les chips, les bonbons, les hamburgers, etc.) est appliquée depuis 2014 en territoire Navajo.

Ces problèmes sanitaires sont les conséquences d’une histoire qui n’a pas permis aux Amérindiens de prendre en main leur santé. Mais depuis 1975, avec l’ouverture de cliniques autorisée aux tribus, puis 2010, avec la réforme de santé Barack Obama, un cap a été franchi. Dans les cliniques Navajo, certaines traditions sont observées et, bien que le medecine men officient à l’extérieur, les consultations traditionnelles sont remboursées au même titre que les soins classiques.
Dans d’autres domaines, l’activisme des Indiens en matière environnementale et la pratique écrite et orale de leur langue sont valorisés comme un bien commun nécessaire à tous (cela va sans dire !).
Pourtant, 28 % d’Amérindiens vivent encore sous le seuil de pauvreté contre 15 % au niveau national, et les discriminations restent un sujet actuel.

Les populations amérindiennes ont été maintes fois déplacées au fur et à mesure du non-respect des traités. Cette mobilité forcée est à la source d’un important brassage entre les tribus.

Par exemple, les Shinnecock, qui possèdent leur réserve un peu à l’ouest de Southampton - la ville balnéaire la plus chic, la plus snob de Long Island, près de New York -, sont aujourd’hui très métissés, fruit d’unions tant avec des Européens qu’avec des Afro-Américains.
Sur le long terme, ces mariages ne sont pas faciles à gérer : génération après génération, qui peut encore être considéré comme amérindien ? Certaines tribus s’appuient exclusivement sur une affiliation généalogique. D’autres imposent un quota de sang minimal (1/4, 1/8e, 1/16e...) pour pouvoir être considéré comme membre de la « nation ». L’enjeu est parfois important : ceux qui ne répondent plus aux critères perdent les droits que confère l’appartenance à la tribu ! Et cet enjeu peut être de taille : les Amérindiens osages, en Oklahoma, ont ainsi découvert du pétrole sur leur territoire à la fin du XIXe siècle. De 1906 à 1972, les royalties leur ont rapporté 800 millions de dollars...
Bref, rien n’est simple ni uniforme, même si une réalité s’impose : à une époque où la propriété est devenue cruciale, même les anciennes terres peu convoitées prennent aujourd’hui de la valeur, surtout lorsque l’on découvre que leurs sous-sols abritent des matières premières intéressantes.