Pays-Bas, Utrecht à vélo

Utrecht, au cœur de la vélocratie

Rien d’étonnant à ce qu’Utrecht ait été choisie pour l’événement ; la bicyclette y a droit de cité plus que partout ailleurs aux Pays-Bas, où on dénombre 18 millions de vélos pour une population de 17 millions d’habitants, record mondial !

Le vélo fait partie de l’ADN hollandais, les enfants apprennent dès leur plus jeune âge à circuler en 2 roues et passent même un diplôme de cycliste à l’école primaire.

Ville jeune et dynamique avec une nombreuse population étudiante, Utrecht privilégie ce mode de transport à la fois pour des raisons d’écologie, d’économie d’énergie et de santé publique. À la mairie, 60 personnes sont affectées à l’administration de la circulation à vélo.

Après avoir inventé le concept du vélo-stop – on prend un piéton sur son porte-bagages –, la ville compte déjà 250 km de pistes cyclables et vient d’investir 50 millions d’euros pour construire le plus grand garage à vélos du monde avec une capacité d’accueil de 12 500 bicyclettes.

Pas moins de 100 000 Utrechtois utilisent leur bécane quotidiennement, soit pour se rendre au travail, soit pour leurs loisirs.  Pour éviter le parking sauvage et peu esthétique des vélos, la ville envisage de créer 33 000 places de stationnement supplémentaires.

En attendant, le nouveau parking, attenant à la gare, permettra dès 2016 de se rendre à proximité de son lieu de travail à vélo en payant un abonnement annuel de stationnement d’à peine 75 €. Entièrement informatisé, le garage sur trois étages indiquera dès l’entrée où se trouvent les emplacements libres et comportera une boutique d’équipements spécialisés ainsi qu’un atelier de réparation.

Les visiteurs extérieurs pourront aussi profiter de ces installations, en sortant de la gare et louer pour 24 h le modèle de leur choix : vélo de ville, VTT, tandem, vélo avec remorque pour enfants et, bien sûr, les vélos électriques à des tarifs tout à fait attractifs.

Visiter Utrecht à vélo

Puisque la circulation automobile y est reléguée en périphérie, rien de tel que d’enfourcher une selle confortable. Le port du casque n’est pas obligatoire, mais conseillé pour les enfants.

Utrecht recèle quelques curiosités qui n’ont rien à envier à ses voisines : on s’arrêtera sous l’imposante Domtoren, cette tour gothique avec flèche ajourée, la plus haute du pays, qui culmine à 112 m.

Elle est curieusement séparée de la nef de l’église (Dom) depuis qu’une tempête fit s’écrouler en 1674 une partie de celle-ci. Les plus courageux escaladeront ses 465 marches pour profiter d’un panorama splendide sur la cité.

Fierté de l’épiscopat catholique hollandais, la cathédrale gothique s’enorgueillit aussi d’avoir offert en 1522 au Vatican son seul pape hollandais : Adrien VI qui fut aussi le précepteur de Charles Quint. On peut voir sa belle maison de style Renaissance, derrière la cathédrale qui se pare aussi d’un jardin monacal.

Restons dans le domaine religieux avec les collections du Catherijneconvent, un remarquable musée autour d’un cloître, qui brosse un panorama didactique de l’histoire du christianisme aux Pays-Bas. Au menu, de magnifiques statues médiévales polychromes en bois, de riches vêtements liturgiques et un trésor précieux constitué de pièces d’orfèvrerie et d’argenterie. Quelques peintures  à retenir également, de Motstaert à Rembrandt en passant par Lucas Van Leyde.

À quelques coups de pédale, en prenant la Lange Nieuwstraat, on jettera un coup d’œil aux serres du  Oude Hortus, le jardin botanique de l’Université. Les amateurs d’Art iront au Centraal Museum contempler les œuvres de l’école des peintres d’Utrecht, notamment les portraits de groupe de Jan Van Scorel et celle des « caravagistes » hollandais. 

On y apprend également tout sur la célèbre  chaise  de Gerrit Rietveld, l’un des pionniers du design, et sur la facétieuse Miffy, le petit personnage aux oreilles de lapin dessiné par Dirk Bruna.

À coup de sonnette, notre monture fendra la foule des rues commerçantes pour se diriger vers le Speelklok Museum qui recèle une incroyable collection d’orgues de barbarie, d’instruments de musique mécaniques et bastringues.

Escapade cycliste dans les faubourgs

Pourquoi ne pas ensuite mettre le cap dans les faubourgs tranquilles sur la maison Schröder de Gerrit Rietveld ? Classée au Patrimoine mondial par l’Unesco, elle s’inspire des principes du mouvement  artistique « De Stijl » dont Mondrian fit partie.

Ce chef-d’œuvre de l’architecture contemporaine se distingue par une surprenante modernité pour l’époque (1924) en privilégiant l’emploi des lignes droites et des couleurs primaires. Autre innovation : la modulation des espaces de vie par l’utilisation de panneaux mobiles.

Dans un rayon proche, on découvrira avec ravissement l’ancienne gare de Maliebaan, où est installé le Spoorwegmuseum qui parcourt 175 ans d’histoire des chemins de fer aux Pays-Bas. À voir : une imposante collection de matériel roulant sur rails et des reconstitutions de l’univers de l’Orient-Express avec des ruelles d’Istanbul et des débuts de la traction à vapeur au cœur d’un village minier du Pays de Galles.

Pour le départ du tour de France, une expo temporaire à l’intérieur de wagons de marchandises récapitule les exploits passés des coureurs bataves lors de la Grande Boucle.

Canaux et jeux de lumières

On retourne ensuite son guidon vers le centre pour prendre un repos bien mérité et se laisser glisser sur les canaux, au cours d’une croisière d’une heure.

Elle permet de découvrir ces incomparables quais construits il y a plusieurs siècles, dont les vantaux cachent des entrepôts situés sous les maisons qui les bordent par-dessus.

De nos jours, beaucoup d’entre eux sont occupés par des logements très recherchés. Des restaurants et bars avec terrasses en égayent le parcours. Voilà une belle occasion de repérer l’établissement où dîner le soir. 

À la tombée de la nuit d’ailleurs, ces lieux sont mis en valeur par des jeux de lumières qui soulignent les superstructures des ponts et donnent au décor une touche fantastique.