Pays-Bas : Bois-le-Duc, chez Jérôme Bosch

Bois-le-Duc, la ville de Jérôme Bosch

Bois-le-Duc est une traduction en français du nom néerlandais de la ville, 's-Hertogenbosch, ou familièrement Den Bosch. Donc, attention : sur les horaires des trains ou les panneaux routiers locaux, on ne connaît pas « Bois-le-Duc » !

Cette appellation vient de la courte période durant laquelle le pays a été annexé par la France, sous Napoléon I^er. Aujourd’hui capitale de la province du Brabant septentrional, Bois-le-Duc était alors la préfecture du département des Bouches-du-Rhin...

C’est là qu’est né Jheronimus van Aken, vers 1450. Il prendra le nom qu’on lui connaît (Jheronimus ou Jeroen ou Hiëronymus Bosch) en référence à cette ville où il vécut jusqu’à sa mort, en 1516. De l’existence de ce peintre singulier issu d’une famille d’artistes, on sait peu de choses. En revanche, ses œuvres en disent beaucoup sur son environnement (postures ou vêtements des personnages, décors…), son époque (fin du Moyen Âge) et son imaginaire.

Les thèmes religieux sont de rigueur (le Christ, les saints, le bien et le mal…), à ceci près que l’artiste insère d’abondantes scènes « secondaires », souvent de petits détails, que l’on qualifierait aujourd’hui de surréalistes.

Obéissant à des codes symboliques que l’on ne maîtrise qu’en partie, elles nous apparaissent d’une audace phénoménale, notamment par la présence d’êtres fantastiques (mélanges d’humains, de bêtes ou d’objets). D’une évidente beauté formelle, l’art de Bosch est tour à tour mystique, charnel, drôle, terrifiant…

Que voir à Bois-le-Duc ?

L’ambiance du centre-ville ancien est à la fois paisible et animée. Comme partout aux Pays-Bas, on est frappé par la présence massive de vélos, ainsi que par celle de rivières et canaux ou encore par la propreté des rues !

Bien préservé, le patrimoine architectural a conservé les caractéristiques locales, entre autres ces maisons étroites typiquement néerlandaises ou flamandes. La Grand-Place (Markt) est incontournable avec la présence de la demeure de Jérôme Bosch.

Au gré de votre promenade, vous remarquerez l’abondance de restaurants, cafés et commerces. Ne manquez pas de déguster cette spécialité gourmande qu’est le bossche boll, un gros chou farci de crème fouettée et nappé de chocolat.

Vous repérerez aussi des « sculptures » de diverses dimensions reproduisant des détails d’œuvres du peintre. Leur découverte fait partie de l’itinéraire thématique « Bosch Experience ».

Celui-ci comprend la visite de la cathédrale Saint-Jean, imposant édifice gothique (14^e-16^e siècles) en brique et pierre qui comporte des éléments décoratifs rares : des personnages réalistes et fantastiques chevauchant ses arcs-boutants. À l’occasion de l’année Bosch, un échafaudage a été installé (jusqu’au 30 octobre) afin que vous puissiez vous élever à leur niveau, spectacle merveilleux s’il en est. C’est aussi l’occasion de voir l’ange qui parle à Dieu via son téléphone mobile, une statue de Ton Mooy (2011).

À ne pas manquer non plus : la balade en bateau électrique qui, sur le Binnendieze, ensemble de canaux, vous fait visiter la ville le long de vieilles demeures.

Jheronimus Bosch 500 : une année exceptionnelle

Avis de mobilisation générale ! Tout amateur d’art qui se respecte doit se rendre le plus vite possible à l’exposition « Jérôme Bosch - Visions de génie » (jusqu’au 8 mai au Het Noordbrabants Museum), qui rassemble la quasi-totalité des œuvres connues de cet artiste extraordinaire. Il y a là 20 peintures et 19 feuillets fourmillant de dessins provenant de musées et de collections privées du monde entier.

Sont à voir les tableaux ou triptyques « La Nef des fous », « Le Vagabond », « La Mort et l’avare », « Le Chariot de foin », « Ecce homo », « Le Jugement dernier », « Visions de l’au-delà », ou encore le panneau de « La Tentation de saint Antoine », récemment redécouvert. À cela s’ajoutent des œuvres de l’atelier de Bosch ou de suiveurs, lesquelles sont également remarquables, tel « L’Escamoteur ».

L’expo est l’événement majeur de la manifestation « Jheronimus Bosch 500 » qui propose d’autres rendez-vous à Bois-le-Duc. Il y a des fêtes telles que « Le Monde de Bosch » mélangeant spectacles de rue et gastronomie médiévales (4 et 5 juin), la « Bosch Parade », procession en bateaux de créations artistiques contemporaines (16, 18 et 19 juin), le « Theaterfestival Boulevard » (du 4 au 14 août), le « Cirque Jeroen Bosch » par les 7 Doigts de la Main et Les Colporteurs (septembre et octobre) et « Bosch Forever », manifestation de clôture avec mise à feu de la « bête de Bosch » en musique (6 décembre).

À voir aussi, normalement, un spectacle son et lumière en 3D donné le soir sur la Grand-Place. Cependant, deux des bâtiments sur lesquels il devait être projeté se sont effondrés fin février et cela sous le regard de la statue de Bosch… Des solutions sont en préparation.

Notez enfin qu’un Bosch Grand Tour (jusqu’en janvier 2017) vous invite à visiter des expos d’art contemporain dans les musées de Bois-le-Duc (conjointement à celles qui sont labellisées « Bosch Open Expo », du 19 mars à juin) et de ses environs : Breda, Eindhoven et Tilburg.

Un bon moyen de se plonger dans des paysages typiques des Pays-Bas, assemblage de terres agricoles ponctuées de zones humides et traversées par d’innombrables canaux et larges rivières ou fleuves, ainsi que de digues. Ce sont les seules hauteurs à s’élever au-dessus de ce plat pays, hormis les constructions des villes et quantité de moulins préservés.