Var : île de Porquerolles, l’art à la mer
Longue de 7 km, large de 2,5 km, c’est la plus vaste des trois îles d’Or accessibles au départ d’Hyères ou d’un des ports voisins. La plus vaste, et la plus fréquentée aussi, puisque le village de 350 habitants voit débarquer quelque 10 000 touristes par jour pendant l’été. Inutile de préciser que Porquerolles reste la destination idéale à découvrir avant les grosses chaleurs et les moustiques. Au menu de Porquerolles, des chemins se faufilant entre les pins, des criques et de belles plages, mais aussi un étonnant musée d’art contemporain qui se visite pieds nus : la Fondation Carmignac…
Préparez votre voyage avec nos partenairesBienvenue à Porquerolles
Avant de prendre le bateau pour Porquerolles, il faut se rendre sur la presqu’île de Giens, au sud d’Hyères, principal point d’accès à l’île, et ce toute l’année. Laisser ensuite la voiture à l’un des parkings proches de l’embarcadère, à Giens, l’idéal étant d’arriver avant 10 heures. Hors saison, ou aux heures calmes, la traversée en ferry est un pur bonheur, surtout quand un dauphin joue devant vous avec les vagues.
Un passage à l’office de tourisme et chez un loueur de VTT, et l’île est toute à vous. Enfin presque, car une partie du territoire reste interdite à la circulation (réservée aux militaires). Les autochtones militent pour instaurer des quotas de visiteurs afin de préserver un art de vivre, certes, mais aussi l’environnement.
Ici pas de vraies routes. Seuls des chemins de terre, abîmés en plein cœur de l’été par le passage de centaines de VTT, se faufilent entre les pins, faisant du lieu dix mois sur douze un paradis de la balade. Sur la côte nord, de superbes plages abritées par endroits, auxquelles on accède à travers une flore très protégée. Sur l’accidentée côte sud se trouve le phare du cap d’Armes et de superbes falaises.
La couleur de l’eau et la douceur du climat font encore de Porquerolles la « section terrestre du paradis », pour reprendre les mots de Simenon, qui séjourna dans un des hôtels de la place d’Armes, la place principale du village. Pour que ça dure, un détour par la maison du parc est indispensable ! Porquerolles fait partie du premier parc national à la fois maritime et terrestre créé en Europe, le plus petit aussi : Port-Cros.
Balades sur l’île de Porquerolles
L’eau douce est très précieuse, donc chère, comme vous l’indiquera un passage à la Maison du parc. Profitez-en pour visiter le jardin voisin et vous offrir une visite guidée hors sentiers battus, certains étant heureusement interdits aux VTT.
Si la plage d’Argent abritée du mistral et entourée d’arbres fait toujours rêver, n’hésitez pas à pousser jusqu’à la plage Notre-Dame, la plus éloignée et aussi la plus sauvage, bordée d’arbousiers et de bruyère et élue plus belle plage d’Europe en 2015. À l’extrémité de la plage, les cinéphiles retrouveront la calanque de la Treille, où Godard tourna quelques-unes des plus belles scènes de Pierrot le Fou. Au-delà, du cap des Mèdes à la pointe de la Galère, le terrain devient militaire.
Profitez des heures creuses pour vous échapper en solitaire, en direction du phare. Faites un détour par un cimetière où reposent les anciennes familles de l’île, longez les vergers, les vignes, il n’y a qu’un faisan que vous dérangerez.
Après le cap d’Arme, on atteint les impressionnantes gorges du Loup, où la mer se précipite impétueusement. Évitez la même précipitation, car le rebord de la falaise est très friable, la baignade extrêmement dangereuse et quand le mistral souffle, on peut à peine tenir debout.
Il y a une dizaine de forts qui rappellent la vocation militaire de l’île, certains acceptant les visites, d’autres moins. Une curiosité, le fort de la Repentance, habité depuis 20 ans par un moine orthodoxe vivant là en ermite.
Fondation Carmignac : l’art contemporain au soleil
En 2018, Porquerolles a fait son entrée dans le club très select des hauts lieux de l’art contemporain avec l’ouverture de la Fondation Carmignac. À 10 minutes à pied du port, elle propose un aperçu thématique d’une collection emblématique des grands courants de la création contemporaine, constituée en 20 ans par Édouard Carmignac, président fondateur d’une société spécialisée dans la gestion d’actifs.
Après avoir étudié l’économie à Paris et avoir été diplômé de l’université de Columbia, il a commencé, au début des années 80, à collectionner l’art contemporain au contact de la scène new-yorkaise. Warhol, Basquiat, Roy Lichtenstein lui ont ouvert la voie « pour échapper au conformisme et au convenu ». Ce sont eux que l’on a retrouvés pour la première des expositions organisées dans ce lieu fascinant ouvert sur la mer.
Une visite qui s’effectue pieds nus, pour mieux profiter d’une architecture qui joue avec les sens. Au centre du musée, un plafond d’eau laisse pénétrer la lumière naturelle et éclaire les différents espaces présentant l’exposition temporaire 2019 que l’on pourra découvrir dès la réouverture de la fondation le 13 avril 2019 : La Source. Sur les 300 œuvres de la collection, une trentaine ont été retenues pour illustrer ce thème. Parmi elles, certaines ont été créées in situ pour la villa et le jardin par des artistes venus du monde entier.
Une délicieuse buvette sous les pins propose une restauration légère accompagnée d’une dégustation des vins maison du Domaine de la Courtade, dont les chaix jouxtent le musée. Le premier domaine viticole sur l’île à obtenir la certification biologique.
À l’entrée, une imposante sculpture de l’artiste espagnol Miquel Barceló attire le regard : elle s’inspire de la figure mythique de l’Alycastre, le dragon légendaire de Porquerolles. Mi-tête de mort mi-monstre marin, l’œuvre de Miquel Barceló apparaît comme le gardien des lieux. Il rappelle à la fois l’univers mythologique de l’Odyssée et celui de la piraterie, qui sévit longtemps sur Porquerolles, habitée depuis l’antiquité grecque et dont les nombreuses grottes auraient servi à cacher d’innombrables butins…
Fiche pratique
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Comment y aller ?
TGV jusqu’à Hyères ou vols avec Air France jusqu’à l’aéroport Toulon-Hyères.
Ensuite, en bateau, du port de La Tour-Fondue, à l’extrémité de la presqu’île de Giens, avec la compagnie TLV 7-20 départs/j selon saison. Trajet : 20 min. A/R : 19,50 €, plus le parking pour les voitures 9 €/j env.
Adresses
- Villa Sainte-Anne : pl. d’Armes. Tél. : 04 98 04 63 00. Idéalement situé sur le haut de la place d’Armes, un hôtel toujours tenu par la descendante de F.-J. Fournier.
- L’Alycastre : 1, rue de la Ferme. Tél. : 04 94 58 30 03. Un endroit sympa avec sa terrasse sous des arcades blanches, le poisson y est fort bien traité, le client également.
- Maison du parc : jardin Emmanuel-Lopez, à la sortie du village, route du Phare. Tél. : 04 94 58 07 24. Une mine de renseignements.
- Fondation Carmignac : site de la Courtade, à 10 minutes à pied du port et du village. Tél. : 04 65 65 25 50. Tlj 5 avr-3 nov 10 h-18 h (19 h juil-août). Entrée : 15 € ; réduc. Résa conseillée (entrée limitée à 50 pers par demi-heure). Visite guidée gratuite.
- Marché paysan : mar, jeu et ven, de 10 h à 17 h, rue des anciens Chais. Production bio, locale et solidaire issue des vergers et potagers du Conservatoire botanique.
Texte : Gérard Bouchu
Mise en ligne :