Nice, nos coups de cœur
Un pied dans le bleu de la baie des Anges, l’autre dans le vert des collines avec les Alpes en arrière-plan, et le cœur inondé de soleil, aux tons rouge et jaune vif de la vieille ville… Nice, la capitale azuréenne, fait voir la vie en couleurs à ses visiteurs, et pas seulement lors des batailles de fleurs du Carnaval qui débute cette semaine.
Des musées de premier plan, un patrimoine exceptionnel qui conjugue le baroque italien et les fastes de la Belle Époque, une gastronomie à l’identité aussi savoureuse qu’affirmée… Vivante, accueillante et toujours élégante, Nice fait courir le monde entier depuis belle lurette, des têtes couronnées et des grands artistes des XIXe et XXe siècles jusqu’aux touristes d’aujourd’hui venus croquer un bout du rêve sur la promenade des Anglais.
Découvrez nos coups de cœur dans cette ville exceptionnelle, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2021.
Préparez votre voyage avec nos partenaires- Balade sur la mythique promenade des Anglais
- Se perdre dans les ruelles du vieux Nice et faire une halte au palais Lascaris
- Admirer Nice et la baie des Anges depuis la colline du Château
- Le port Lympia, entre arcades et pointus
- Remonter la coulée verte de la promenade du Paillon
- Célébrer l’art contemporain et l’école de Nice au MAMAC
- S’émerveiller en poussant la porte de la somptueuse cathédrale Saint-Nicolas
- Le musée Marc-Chagall, un grand moment de beauté et d’émotion
- Le musée Matisse et Cimiez antique : Nice de toutes les couleurs
- Se régaler de spécialités niçoises
- Explorer les collines de Nice et les villages perchés
- Fiche pratique
Balade sur la mythique promenade des Anglais
L’une des voies les plus célèbres de France, qui a accueilli cette année l’arrivée du Tour de France. La Prom’, c’est un peu les Champs-Élysées de Nice, les palmiers, le soleil et la plage en plus. Aménagée dès 1822, la Prom’ a conservé son aspect Belle Époque des années 1930, avec ses palmiers qui l’accompagnent sur 8 km et ses fameuses chaises bleues désormais signées Jean-Michel Wilmotte.
Le charme Riviera joue à fond avec, d’un côté, les plages de galets, de l’autre, de jolies villas XIXe s et des immeubles Art déco, comme la villa Dilanski, le palais de la Méditerranée (l'ancien casino), la villa Masséna (musée d’histoire locale) ou l'exceptionnel immeuble Gloria Mansion sans oublier l’hôtel Negresco, une icône de la Côte d’Azur.
Animée à toute heure, fréquentée par toutes les générations, les Niçois comme les touristes, la promenade des Anglais est l’endroit rêvé pour prendre le pouls de Nissa la Bella, un œil sur le théâtre de rue, l’autre sur la merveilleuse baie des Anges. Les vélos profitent d’une piste cyclable qui les emmène de Rauba-Capeu à Cagnes-sur-Mer.
L’origine de la promenade des Anglais remonte à 1822, avec la construction d’une route de 2 m de large en bord de mer (Beach Road). Depuis la fin du XVIIIe s, le secteur, et plus particulièrement l’ancien faubourg de la Croix-de-Marbre (actuelle rue Masséna), était surtout habité par des hivernants anglais fortunés. Le sentier qui longeait la mer fut vite surnommé par les Niçois « lou camin dei Ingles ».
Au fil des décennies, immeubles résidentiels et palaces remplacent les villas et les jardins en bord de mer. En 1931, l’actuelle « promenade des Anglais » fut inaugurée en présence du duc de Connaught, frère de George V, roi d’Angleterre, en l’honneur de l’ancienne communauté britannique.
Se perdre dans les ruelles du vieux Nice et faire une halte au palais Lascaris
Une promenade enchanteresse dans l’un des plus pittoresques quartiers de France, aux airs d’Italie. Construits aux XVIIe et XVIIIe s, les immeubles du vieux Nice jouent beaucoup sur la couleur comme de l’autre côté des Alpes : leurs façades vives, allant du jaune au rouge sarde, ponctuées de persiennes vertes, sont irrésistibles.
Étroites et bordées de hauts immeubles, les ruelles regorgent de vie, avec des commerces, des cafés, des petits restos, mais aussi des églises baroques comme la splendide chapelle de la Miséricorde ou des Pénitents-Noirs, l’église du Gesù (inspirée de celle de Rome) ou la cathédrale Sainte-Réparate qui s’élève sur la ravissante place Rossetti, sans doute la plus belle du quartier.
La balade conduit immanquablement au pittoresque cours Saleya avec son fameux marché aux fleurs, son animation, ses restos, ses séduisants édifices colorés, bordés au sud d’une double rangée de maisons basses à un étage, les ponchettes.
Pépite cachée du vieux Nice, le palais Lascaris, construit au XVIIe siècle pour une riche famille locale, invite à un délicieux voyage dans le temps derrière sa noble façade baroque du 15, rue Droite. Ouvert à la visite, il permet de découvrir l’intérieur fastueux d’un palais construit dans le style de ceux de Gênes (les Rolli). Magnifique escalier d’apparat et vestibule décoré des armoiries de la famille Lascaris mêlées à la croix de Malte, salons au mobilier d’époque, belle collection d’instruments de musique… On se croirait presque dans un film de Visconti, entre Le Guépard et Senso. Un lieu hautement inspirant et évocateur.
Admirer Nice et la baie des Anges depuis la colline du Château
Accessible depuis le vieux Nice (et la rue Rossetti) qu’elle surplombe, la colline du Château permet de continuer la balade en prenant de la hauteur pour admirer le plus beau panorama de la ville.
Le château, qui coiffait la colline au Moyen Âge, a disparu depuis belle lurette, hormis quelques pierres, et la colline accueille désormais un jardin et un cimetière. Halte obligatoire sur la terrasse de la tour Bellanda offrant une vue imprenable sur Nice et la Méditerranée.
Accès également par un ascenseur situé sous la roche, à l’extrémité du quai des États-Unis, mais aussi depuis le port Lympia, à partir de la rue Catherine-Ségurane. Belle vue sur le mont Boron, berceau de la ville de Nice.
Le port Lympia, entre arcades et pointus
Derrière la colline du Château, le port Lympia, niché dans une échancrure naturelle et essentiellement consacré à la plaisance, mérite le détour, surtout quand le couchant embrase le paysage. Le long du quai des Deux-Emmanuel et du quai Entrecasteaux, les pointus (bateaux en bois typiques de la Provence) alignent leurs coques toutes colorées, dessinant un tableau des plus pittoresques.
C’est aussi ici, à l’angle du quai Papacino et de la rue Antoine-Gautier, qu’est né Garibaldi, face aux ensembles à arcades de la place de l’Île-de-Beauté voisine qui nous transportent en Italie. Pas mal de boutiques et de restos dans les rues avoisinantes. Un quartier agréable et peu touristique.
Pour se restaurer, ne manquez pas une véritable institution de la socca et de la street food niçoise (pissaladières, farcis...), chez Pipo (13, rue Bavastro), ouverte depuis les années 1920.
Remonter la coulée verte de la promenade du Paillon
Une jolie promenade dans un havre de verdure au cœur de l’agitation urbaine. La promenade du Paillon forme une agréable coulée verte longue de 1,2 km qui relie la promenade des Anglais au théâtre national, en séparant le vieux Nice de la ville du XIXe siècle. Les jardins abritent des essences méditerranéennes (pins parasols, cyprès de Provence, oliviers, vignes, caroubiers, figuiers…), mais aussi des arbres, des arbustes et des plantes du monde entier.
La promenade du Paillon englobe le jardin Albert-Ier et son théâtre de verdure, croise la place Masséna (cœur névralgique de Nice) et ses superbes immeubles sur arcades aux façades rouge ligure, les rafraîchissants jets d’eau du miroir d’eau et file jusqu’à la promenade des Arts.
La place Masséna est traversée par le tramway L1 dont la ligne est jalonnée de 13 œuvres d’artistes du monde entier, dont la Conversation à Nice de Jaume Plensa (au-dessus de la place Masséna), la Composition exubérante de réverbères hybrides de Stéphane Magnin et Pascal Pinaud, Le Confident de Jean-Michel Othoniel… Le nom des stations a été calligraphié par Ben et les annonces sonores sont signées du compositeur Michel Redolfi. Un musée contemporain à ciel ouvert.
Célébrer l’art contemporain et l’école de Nice au MAMAC
Au bout de la promenade du Paillon, 4 tours recouvertes de marbre de Carrare, reliées par des passerelles transparentes, recèlent les collections du musée d’Art moderne et contemporain (MAMAC).
On peut y admirer notamment des œuvres des artistes de l’école de Nice qui ont, dès les années 1950, apporté leur pierre originale à l’histoire de l’art : Arman, Ben, Robert Malaval, Martial Raysse et, bien sûr, Yves Klein dont le bleu monochrome est mondialement célèbre.
Matisse, Picasso, Chagall, Renoir, Dufy, Klein, Raysse, Arman, Malaval, Ben… Tous sont passés par Nice qui est l’une des villes phares de l’art moderne. Il faut dire que la lumière méditerranéenne y est incomparable !
S’émerveiller en poussant la porte de la somptueuse cathédrale Saint-Nicolas
Comme un mirage slave au coeur d'une cité mediterranéenne... Bâtie à partir de 1903 à l’initiative de la tsarine Alexandra Fedorovna, la cathédrale Saint-Nicolas est la plus grande église du genre hors de Russie. Elle est coiffée de 5 magnifiques coupoles : la plus haute culmine à 52 m, et celle du clocher est recouverte de feuilles d’or. La plus ancienne icône remonte au XVIe siècle (l’époque d’Ivan le Terrible). C’est l’étendard de la communauté russe, dont la présence à Nice, appréciée comme lieu de villégiature hivernal, remonte au XIXe siècle.
Nice abrite d’autres témoignages de l’ancienne présence russe, comme l’église de la rue Longchamp, l’isba du parc de Valrose, des villas construites par les Russes (actuels lycée du Parc-impérial et musée des Beaux-Arts) ou le cimetière de Caucade.
Le musée Marc-Chagall, un grand moment de beauté et d’émotion
Il mérite à lui seul le voyage à Nice. Dans un parc planté d’oliviers, de cyprès et de chênes verts sur la colline de Cimiez, le musée national Marc-Chagall a été créé sur mesure en 1973, du vivant de l’artiste (1887-1985). Il abrite la plus importante collection permanente qui lui soit consacrée.
Le sublime ensemble du Message biblique, qui fut à l’origine de la création du musée, regroupe 12 œuvres accrochées selon l’harmonie des couleurs et non leur sujet. Les œuvres illustrent des épisodes de la Bible (Genèse, paradis et exode), au travers d’une iconographie foisonnante et poétique, nourrie des courants d’avant-garde (cubisme, abstraction, surréalisme) du début du XXe siècle. La collection s’est enrichie depuis, donnant un aperçu exceptionnel de l’œuvre de cet artiste aussi singulier que majeur de l’art moderne.
Ne pas manquer le sublime ensemble du Cantique des cantiques, hymne pictural en rouge vif à l’amour charnel, mystique et spirituel (que le peintre a dédié à son épouse Valentina) et les vitraux de la Création du monde, ainsi que le clavecin décoré par Chagall dans l’auditorium.
Le musée Matisse et Cimiez antique : Nice de toutes les couleurs
L’autre grand musée consacré à un maître de la peinture, et non des moindres : Henri Matisse (1869-1954), qui vécut à Nice de nombreuses années jusqu’à sa mort.
Aménagé dans une admirable demeure rouge et ocre du XVIIe siècle inspirée des villas génoises et nichée dans un beau jardin d’oliviers, ce passionnant musée permet de découvrir l’évolution artistique du maître, au fil d’une expo chronologique et thématique. Également d’intéressantes expos temporaires.
En sortant du musée, découvrez les arènes de Cimiez, rare – et modeste –, vestige de la ville romaine de Cemenelum, édifié entre les Ier et IIIe siècles. Une visite à compléter par celle du Musée et le site archéologiques – Nice Cemenelum pour en savoir plus sur le passé romain de Nice.
Prenez le temps d’explorer la colline de Cimiez, vaste quartier chic Belle Époque quasi inchangé depuis le XIXe siècle, quand Nice était la destination favorite des grands de ce monde. Boulevards et avenues alignent un nombre impressionnant de villas et de palaces d’un réjouissant éclectisme architectural. C’est ici, à la résidence Regina, que Matisse a vécu à la fin de sa vie.
Se régaler de spécialités niçoises
Nice a une gastronomie bien à elle, généreuse et méditerranéenne, à base de beaux produits de la mer comme de la terre, qui joue sa propre partition entre ses voisines provençale et ligure. Vous allez vous régaler.
Sur le pouce et dans la rue, pour commencer, avec la socca, fine galette à base de farine de pois chiche, ou la pissaladière, une pâte à pain tapissée d’un mélange d’oignons et de pissala (purée de petits anchois au sel), garnie d’anchois et d’olives, sans oublier le célèbre pan bagnat et la tourte aux blettes. Un régal !
Et puis, goûtez aux petits légumes farcis (surtout les fleurs de courgette), aux raviolis, à la ratatouille, à la salade niçoise évidemment, à la soupe au pistou (aux légumes, à l’ail et au basilic), à l’estocafida (morue séchée), à la daube de bœuf, à la poutine (un alevin, rien à voir avec le plat québécois ou le dictateur russe), et bien sûr aux gnocchis, ou à l’improbable merda di can... non pas une déjection canine mais des raviolis à base de blette !
Nice possède aussi un vin AOC sur son territoire, le bellet, et un producteur d’huile d’olive (Alziari) ! Voir notre article Nice verte.
Un label « Cuisine nissarde » signalent les restos qui proposent des recettes niçoises « dans le respect de la tradition ». Un panonceau représentant une Niçoise en costume traditionnel permet de les repérer.
Explorer les collines de Nice et les villages perchés
Ici, la nature se trouve aux portes de la ville. De Cimiez, on rejoint facilement les collines de Nice et leur atmosphère bucolique. Sillonné de petites routes prodigues en virages et ponctuées d’auberges et de maisons de campagne, ce proche arrière-pays regorge de charme. En chemin, on croise le vignoble de Bellet (70 ha), qui produit le vin AOC du même nom, l’étonnant château de Crémat et sa tour à mâchicoulis, de petits hameaux, les serres où poussent les emblématiques œillets niçois, l’impayable maison de l’artiste Ben…
Autre belle échappée, les villages perchés de l’immédiat arrière-pays niçois, comme Lucéram, Peille, Peillon ou Coaraze : des petits bijoux médiévaux, jonchés sur un éperon rocheux ou au sommet d’une colline, semblant contempler le vide et accessibles via de petites routes tortueuses. Nice n’est qu’à quelques kilomètres et l’on se croirait déjà dans les Alpes.
Les lignes du Train des Pignes (Nice-Digne) et du Train des Merveilles (Nice-Tende) permettent également d’admirer les merveilles de l’arrière-pays niçois sans voiture. Le second dessert entre autres Peille et Peillon (les gares sont éloignées des villages toutefois), tandis que le premier relie en 3 h la Méditerranée à la Haute-Provence via la vallée du Var. Montagnes, gorges vertigineuses, torrents, villages perchés et paysages d’aquarelle sont au rendez-vous.
Fiche pratique
Retrouvez tous les bons plans, adresses et infos pratiques dans le guide du Routard Côte d'Azur en librairie.
Pour préparer votre voyage, consulter notre guide en ligne Nice.
Comité régional du tourisme de Côte d'Azur
Y aller
Nice est reliée par le TGV à Lyon (4 h 30), Paris (5 h 30), Lille (7 h 30)...
Nombreux vols quotidiens au départ de l'aéroport de Nice vers les principaux aéroports français et européens. Trouvez votre billet d’avion.
Dormir
Trouvez votre hôtel à Nice
Bonnes tables
– Acchiardo : 38, rue Droite. Tél. : 04-93-85-51-16. Tenu par la même famille depuis 1927, ce resto de la vieille ville sert une délicieuse cuisine niçoise : on recommande, entre autres, la copieuse assiette niçoise, mais aussi les petits farcis niçois maison, les raviolis, la daube, la merda dé can (gnocchis verts à la blette). Accueil et ambiance au top. Compter 35-40 €.
– La Merenda : 4, rue Raoul-Bosio. Ouv lun-ven, midi et soir. Carte env 35 €. CB refusées. La minuscule salle est souvent pleine à craquer. Et pour cause… La cuisine est authentique et savoureuse, inspirée par le marché. Avec toujours de grands classiques au menu comme, la daube de bœuf, les beignets de courgette ou les pâtes au pistou.
– Chez Pipo : 13, rue Bavastro. Tlj sauf lun (et mar hors saison), midi et soir. Compter 12-15 €. CB refusées. Une véritable institution, ouverte depuis les années 1920, réputée pour la socca mais aussi la pissaladière et la tourte aux blettes sucrées.
– Chez Davia : 11 bis, rue Grimaldi. Tlj sauf lun et mar midi. Carte env 35 €. Depuis 1953, une bonne adresse sans chichi de Nice. Goûtez la daube de bœuf, spécialité maison. Accueil authentique et très bon rapport qualité-prix.
Texte : Jean-Philippe Damiani