Les indiens d'Amérique du Nord

Indiens
d'Amérique du Nord

Le renouveau


Commencée au XVIe siècle, la conquête des terres indiennes s’est achevée à la fin du XIXe. Des centaines de traités ont été bafoués, des peuples ont été éradiqués ou se sont fondus dans les populations canadienne et états-unienne.

Cependant, bien organisés ou préservés par le manque d’intérêt de leurs territoires, certains ont maintenu les bases de leur culture. D’autres attendront la fin du XXe siècle pour se réapproprier leur histoire et même inventer des moyens de s’intégrer dans le système économique dominant.

Les conséquences de la défaite

À la toute fin du XIXe siècle, les Indiens ont donc été mis au pas. Décimés, cantonnés dans des réserves, le plus souvent très loin de leurs anciens territoires, dans des zones où ils ne peuvent plus se livrer à leurs occupations traditionnelles ni se lancer dans de nouvelles activités, ils se retrouvent clochardisés.

De surcroît, une politique d’acculturation est menée par les pouvoirs publics, par exemple chez les Sioux : les enfants sont envoyés de force dans des pensionnats spécialisés où ils désapprennent leur langue, sont vêtus à l’européenne, etc. Dans le même temps, certains Indiens, dont le chef de guerre Sitting Bull, sont engagés dans des spectacles comme celui de Buffalo Bill, où ils en sont réduits à s’auto-parodier. Même Geronimo, le dernier rebelle, est « apprivoisé », au point de participer à la parade qu’organise le président Theodore Roosevelt à l’occasion de son élection en 1905.

Les Indiens ne font plus peur à personne, ils sont folklorisés. Cependant, un certain nombre d’humanistes n’ont pas abandonné le projet de leur rendre justice. On oublie d’ailleurs souvent qu’aux États-Unis et au Canada, les politiques agressives envers les peuples premiers ont eu des opposants parmi la population – les Cherokee ont par exemple reçu un soutien efficace lors de leurs combats juridiques.

Au XXe siècle, des ethnologues, parmi lesquels figurent quelques Indiens, entreprennent un patient travail de préservation des cultures amérindiennes, tandis que dans les milieux politiques, on cherche des solutions pour intégrer les Indiens dans la société états-unienne. La plupart du temps, il s’agit surtout de les forcer à s’assimiler…

Changement de point de vue : l’exemple du cinéma

À partir des années 1950, le regard porté sur les Amérindiens commence à changer. Pour preuve les films produits à Hollywood. Aux guerriers hirsutes, uniformément sauvages et sanguinaires, succèdent peu à peu des êtres humains bafoués dont on commence à comprendre la révolte.

L’œuvre de John Ford est à ce titre symptomatique. Dès 1948, il nous montre des Indiens trahis dans Le Massacre de Fort Apache. En 1956, il fustige le racisme des « blancs » dans La Prisonnière du désert puis, en 1964, il nous raconte la tragédie des Cheyennes.

D’autres films comme La Flèche brisée de Delmer Daves (1950) ou La Dernière chasse de Richard Brooks (1955) expriment aussi ce changement de point de vue. Ensuite, Soldat bleu (James Nelson), Little Big Man (Arthur Penn), Un Homme nommé Cheval (Elliot Silverstein), trois films sortis en 1970, indiquent que le regard est dorénavant totalement inversé : les Indiens sont les victimes d’une colonisation féroce, voire d’un génocide.

Ils contribuent à créer une nouvelle mythologie, positive celle-là, dont le summum est incarné par Danse avec les loups de Kevin Costner (1990), cinéaste et comédien dont on souligne par ailleurs la part Cherokee de ses origines familiales. Signe des temps : les personnages indiens sont maintenant interprétés par des autochtones et non plus par des blancs maquillés…

Le Red Power en action

Il n’y a pas qu’au cinéma que les choses changent. Dans les années 1960 et 1970, les jeunes Amérindiens, comme toutes les « minorités » des États-Unis, sont entrés en politique avec ardeur. Plusieurs actions d’éclat sont menées.

Deux d’entre elles ont un retentissement mondial. L’une est le squat pacifique de l’île d’Alcatraz, dans la baie de San Francisco, durant plus d’un an, entre 1969 et 1971. L’autre est l’occupation armée du village de Wounded Knee, dans le Dakota du Sud, pendant plus de deux mois en 1973. Cette dernière se déroule dans la réserve des Sioux Oglala, sur le lieu même où fut perpétré le dernier grand massacre d’Indiens en 1890.

Dans les deux cas, les activistes sont issus de nombreux peuples amérindiens. Ils sont organisés avec l’appui de l’American Indian Movement. Leurs revendications se font donc au nom de l’ensemble des autochtones d’Amérique du Nord. Elles peuvent se résumer en un mot : respect. Respect de leurs personnes, de leurs cultures, des traités, etc.
Alcatraz Island
Wounded Knee Museum
Oglala Sioux Tribe Indian Reservation
American Indian Movement

Vers une normalisation

Les décennies qui suivent indiquent des améliorations : élévation du niveau de vie moyen, relavorisation de l’image, lutte contre les ségrégations, etc., sans que pour autant les Amérindiens aient pleinement rejoint les normes de l’ensemble de la population.

Un ensemble de lois aux États-Unis et au Canada permet la reconnaissance des spécificités des peuples premiers, corrigeant plus ou moins les trahisons passées grâce à des libéralités concédées tant sur le plan politique que sur celui de l’économie.

Un des phénomènes les plus spectaculaires est le développement des casinos dans les réserves : on en dénombre près de quatre centaines sur l’ensemble du territoire américain. Il n’en reste pas moins que dans certaines zones géographiques, les taux d’alcoolisme, de criminalité, d’illettrisme et de chômage restent préoccupants.

Leur nombre aujourd’hui

Passés de 240 000 en 1900 à près de 3 millions dans les années 2000, les Indiens des États-Unis vivent pour nombre d’entre eux essentiellement à l’ouest du Mississippi, deux communautés étant particulièrement dynamiques sur le plan démographique, les Cherokees et les Navajos.

Au Canada, les Autochtones sont actuellement plus de 1 million, surtout en Ontario et dans les provinces et territoires de l’ouest. Ici et là, les métis forment de fortes minorités.
Cherokee Nation
Navajo Nation Government

Les réserves

Elles sont des centaines, disséminées sur l’ensemble des territoires américains et canadiens. Il en est de minuscules et de vastes, telles celle des Navajos qui englobe la majestueuse Monument Valley.

Les peuples qui les occupent y jouissent d’une certaine souveraineté, compte tenu cependant que les terres appartiennent à l’État. Ses habitants sont libres de circuler où ils veulent, contrairement à ce qui prévalait par le passé. De plus, on y trouve aussi des non Indiens.

Le tourisme

Les territoires des réserves amérindiennes s’ouvrent les uns après les autres au tourisme. En plus des fêtes régulièrement organisées, vous trouverez des musées, des boutiques ou encore des casinos. De plus, là où les sites s’y prêtent le mieux, on vous offre l’occasion de loger sous des tipis, de pratiquer des sports et autres activités liés à l’environnement naturel. Les sites Internet des offices de tourisme des États, provinces et territoires des États-Unis et du Canada vous les indiquent.

Les pow wow

Il s’en déroule partout en Amérique du Nord. Ces événements rassemblent les membres de communautés indiennes pour diverses cérémonies et des fêtes ouvertes au grand public. Pour en connaître le calendrier, vous pouvez aller sur les sites consacrés au tourisme des États, provinces et territoires qui vous intéressent.
Sites spécialisés, avec calendrier : www.powwows.com ; www.powwow-power.com ; www.newmexicopowwows.com

Illustration : La danse du bison : les Indiens dansent en rond avec des masques de têtes de bisons.
D'après "North America Indians Portfolio. Hunting scenes and amusements of the Rocky Mountains and prairies of America" de George Catlin
Photothèque Hachette Livre


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