Gorgée de monuments historiques et inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, Cracovie...
De l'Antiquité au XIXe siècle
On the road for a long time. Rien, dans l'histoire de l'humanité, n'a pu empêcher les musiciens et les chanteurs d'aller piocher ailleurs des idées nouvelles leur permettant de rafraîchir leur inspiration et de ravir leur public. De grotte en grotte, de hutte en hutte, puis de village en village, on a dû écouter des musiques étrangères. Les plus anciennes traces de musique écrite européenne - hormis les bribes de partitions grecques et romaines - indiquent des convergences dues à la proximité de certaines civilisations. C'est le cas, par exemple, du chant grégorien adopté en Occident alors qu'il repose sur des modes musicaux venus d'Orient. Les troubadours, trouvères, minnesänger et autres jongleurs du Moyen Âge peuvent être qualifiés de premiers propagateurs des musiques du monde connus. Leur monde est plus étroit que le nôtre, mais tout de même, allant du nord au sud de l'Europe et se rendant régulièrement en Orient et en Afrique, ils en rapportent des thèmes et des manières de jouer qui enrichissent prodigieusement le répertoire occidental. On peut parler d'un véritable échange culturel, dans la mesure où les homologues orientaux des troubadours et leurs successeurs ont également suivi ce mouvement durant un millénaire. Les compositeurs savants baroques et classiques, au service des églises et des cours occidentales, n'ont pas écouté leur seul génie pour écrire leurs partitions. Monteverdi, Rameau, Bach et les autres se sont tous servi des musiques traditionnelles populaires locales. Certains se sont également inspirés d'airs exotiques, tels que Lully ou Mozart s'amusant à composer à la turque. L'opéra, forme de théâtre musical inventé en Italie (Florence, Naples) peut être considéré comme l'un des plus grands succès de la world music de son temps. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, toute l'Europe va succomber à ses charmes au point de devenir un genre international à l'instar, plus tard, du jazz ou du rock. Au XIXe, ce sera à la musique romantique allemande de prendre le dessus. La valse est un autre grand vainqueur du box-office world. Au milieu du XIXe siècle, une troublante danse de sauvage envahit les salons les plus chic : la valse. Venue d'Autriche, cette musique légère aux origines populaires est magnifiée par Johann Strauss père et fils et, notamment, par Chopin. Les Tsiganes, ou Roms, ont toujours été des ambianceurs très recherchés de Dubrovnik à Saint-Pétersbourg en passant par Prague et Budapest. On en retrouve donc dans les cabarets de toutes les grandes villes est-européennes. Dominée par le violon et le cymbalum, la musique tsigane connaît une renommée internationale au XIXe siècle. Les plus grands compositeurs classiques s'intéressent à elle, notamment Liszt, Bartók et Sarasate - plus tard, du sein même du peuple rom, émergera la grande figure de Django Reinhardt, créateur d'un genre de jazz inédit. À la fois orientale et occidentale, composite, totalement ouverte à l'improvisation, c'est une musique vivante que personne n'est jamais arrivé à retranscrire avec authenticité. À la fin du XXe siècle, la situation est mûre pour que soient fêtés de nombreux ensembles de village, plus " sauvages " et réjouissants tels que les Roumains du Taraf de Haïdouks. Le folklore. Ah ! Le folklore ! Repoussoir qui a fait fuir des générations d'amateurs de musique. Ce concept, qui est en quelque sorte l'ancêtre des " musiques du monde ", est inventé au milieu du XIXe siècle. Les États-nations ont alors besoin de faire disparaître les particularismes locaux pour souder leurs peuples en un. Les langues, les musiques, les danses locales sont condamnées par les pouvoirs centralisateurs, qu'ils soient politiques ou économiques. Efficacité, progrès, discipline et contrôle social sont les maîtres mots. Parallèlement à ces menées acculturatrices, des ethnologues entreprennent un recensement des pratiques et des œuvres avant qu'elles ne soient jetées dans les poubelles de l'histoire. Ce collectage est à double tranchant. D'un côté, il permet la survie des traditions, et de l'autre, il les momifie, les transforme en spectacles pittoresques. Il faudra attendre une centaine d'années pour que le mouvement s'inverse et que l'on redonne vie aux folklores en les remettant au goût du jour. |
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