Rencontrer les derniers francophones de Louisiane La Louisiane et la France ont une...
Seconde moitié du XXe siècle
Mambo miam miam ! Mambo, merengue, rumba, cha-cha-cha, salsa, cumbia, etc. ! Les rythmes et les mélodies rapportés des terres hispanophones baignant la mer des Caraïbes ont connu un retentissement extraordinaire. De Saint-Domingue à New York, de Panama à Cuba, la même fusion s'est opérée entre les cultures espagnoles et africaines, du moins en musique. À partir des années trente, via New York, on commence à guincher en dandinant des fesses avec Machito et le jazzman Dizzy Gillespie. Caramba ! Dans les décennies qui suivent, les styles se sont tellement démultipliés que la terre entière devient dingue des rythmes épicés rassemblés sous le vocable de salsa - lequel définit plus précisément le style des latinos de Nueva York des années soixante et soixante-dix réunis par le label Fania. Et quand on croyait s'en être lassé, voilà que l'on (re)découvre le sòn cubain par la grâce du Buena Vista Social Club. Et c'est reparti pour un tour de danse… Dans les autres terres caraïbes, celles qui furent sous domination anglaise ou française, différents types de musiques se sont développés durant la même période. Le calypso nonchalant, à base de steeldrum, et, plus tard, sa version dynamique, la soca, font les beaux soirs de Trinidad. Le compas venu d'Haïti (Tabou Combo) a, quant à lui, réjoui nombre d'Antillais, de même que le zouk imaginé par des musiciens de Martinique et Guadeloupe (Kassav'). Enfin le reggae de Jamaïque est carrément devenu un genre à part entière (voir le dossier que Routard.com lui a consacré). Le Brésil s'impose en tant que creuset musical aussi puissant que les États-Unis ou l'Europe par sa capacité à créer des styles et à participer à la compétition internationale. La joyeuse samba est associée au carnaval, tandis que la tranquille bossa nova (Antonio Carlos Jobim, Vinicius de Moraes, João Gilberto) a des accointances avec le jazz (Stan Getz) et brille par sa sophistication. Dans les années soixante, influencée par la soul, le rock et le reggae, la mouvance tropicaliste réunit des individualités très fortes (Jorge Ben, Caetano Veloso, Chico Buarque, Milton Nascimento, Gilberto Gil). On redécouvre ensuite ces tambours de Bahia qui rappellent ceux d'Afrique (Olodum). Alors que les tenants de l'électro rivalisent d'invention avec les meilleurs Britanniques, de nouveaux grands artistes explosent. Comme leurs aînés tropicalistes, ils se nourrissent de toutes les musiques du monde, tout en restant profondément brésiliens (Lenine, Carlinhos Brown, le revenant Tom Zé). Les stars sont innombrables, les tubes internationaux ne se comptent plus, ni les musiciens qui, à travers le monde, s'inspirent de cet Eldorado de la musique populaire. Le blues. Les bluesmen de La Nouvelle-Orléans, Memphis et Chicago imaginaient-ils à l'aube des années soixante que des excités britanniques allaient leur offrir une reconnaissance telle qu'ils allaient, pour un certain nombre d'entre eux, devenir des héros de la jeunesse internationale ? Les origines du blues sont rurales et bien évidemment africaines, étant donné l'origine des descendants d'esclaves états-uniens. Mais cette musique s'est également nourrie des formes européennes que ces derniers ont entendu du côté de leurs maîtres. Comme l'opéra et le jazz, le blues est une de ces " musiques du monde " qui sont autant un genre fortement ancré dans un environnement particulier qu'une référence artistique majeure, signifiant autant un état d'esprit qu'une forme musicale. Et n'oublions pas que le blues a très largement contribué à donner naissance au rhythm'n'blues, au rock'n'roll, à la soul, au reggae et au rap. D'autres musiques des États-Unis sont parvenues à se maintenir malgré le rouleau compresseur du puissant showbusiness. La country music reste un genre très important, apprécié par des millions d'Américains. Des musiques plus locales sont toujours vivaces telles que celle des Amérindiens des grandes plaines du Middle West, des Cajuns de Louisiane et des Polynésiens d'Hawaï, sans oublier le tex-mex, mélange de styles texans et mexicains ou encore le rock chicano (Carlos Santana). Le folk song est l'héritier des traditions importées d'Europe en Amérique du Nord par les pionniers. Après la grande figure que représente Woody Guthrie, c'est à Pete Seeger et surtout à Bob Dylan que l'on doit le phénoménal engouement dont le genre est l'objet au début des années soixante. À partir de schémas principalement irlandais et britanniques, les folk singers produisent une musique acoustique (guitare, harmonica) et minimale. Dans leurs textes, ils donnent une vision du monde empreinte de progressisme. C'est l'un des premiers registres musicaux du XXe siècle à se positionner en tant que musique rebelle et consciente de l'être. Le Québec connaît sa vague folk, sans que celle-ci ne porte forcément ce label. Dès les années cinquante, des artistes tels que Félix Leclerc se font les chantres d'une culture spécifique, héritée des ancêtres venus des côtes atlantiques de la France. Le folk, dans sa version européenne, est très attentif à l'histoire des traditions locales. C'est ce qui le différencie de son homologue et prédécesseur nord-américain. Dans les années soixante-dix, partout sur le vieux continent, on ressort les registres des collecteurs, on questionne les anciens. En France, dans chaque région, des musiciens cherchent à reproduire mot à mot et note pour note ce qu'ils supposent être des chansons " authentiques ". D'autres se lancent dans l'adaptation de ces airs au goût du jour. Mouvement de fond, le folk fait depuis lors émerger des artistes importants un peu partout. Il n'est plus ridicule de chanter en breton, en basque (Oldarra), en alsacien (Roger Siffert), en occitan (Marti, Joan-Pau Verdier, Fabulous Trobadors, Massilia Sound System) et même en français (Malicorne, Mélusine, La Bamboche) sur des airs d'autrefois. La vague celtique est le symptôme le plus éblouissant de ce renouveau. Après la réinvention des festou-noz durant les années d'après-guerre, une nouvelle génération a magnifiquement joué sa partie. La personnalité d'Alan Stivell est centrale en France lorsqu'on parle de folk, même des décennies après ses débuts. Jouant de sa harpe, chantant en breton et accompagné de musiciens électrifiés, il opère dans les années soixante-dix une synthèse qui touchera un très large public bien au-delà de la Bretagne et de la France. Depuis lors, la vogue celtique n'a jamais vraiment cessé. Du chant pur à la fusion avec des genres internationaux (rock, techno, new age), on trouve de tout en Armorique. Conjointement à la renaissance bretonne (Dan Ar Braz, Erik Marchand, Denez Prigent, Yann-Fanch Kemener), l'Écosse, le Pays de Galles et surtout l'Irlande (Chieftains, Planxty, Dubliners, Pogues) ont elles aussi connu leurs renouveaux. Les polyphonies corses sont l'autre grand gagnant du regain d'intérêt envers les traditions musicales en France. Leur résurrection s'est opérée alors que les idées régionalistes et nationalistes se faisaient jour dans l'île - on a assisté au même phénomène ailleurs en France. Les chants polyphoniques hérités de la liturgie catholique que se sont appropriés les Corses font vibrer les cœurs, de la même manière que les chœurs gospel ou les voix bulgares. Les Nouvelles Polyphonies Corses et I Muvrini en sont devenus les vedettes. Les afros attaquent en rangs serrés à partir des années soixante-dix grâce à l'intérêt que leur portent une poignée de journalistes et de producteurs. Peu à peu, une scène musicale africaine s'implante à Paris. Manu Dibango, Pierre Akendengué, Francis Bebey sont les fers de lance de cette vague irrépressible. Ils seront suivis de Touré Kunda, Mory Kanté, Angélique Kidjo et bien d'autres qui trouvent un très grand succès depuis la France. Du coup, la curiosité étant bellement aiguisée, on se passionne pour des vedettes locales, d'autant plus que musiciens et chanteurs prennent l'habitude de faire des allers-retours entre leur pays et la France ou la Grande-Bretagne - où se sont établis de nombreux ressortissants africains. De gros calibres tels que les Sénégalais Youssou n'Dour, Ismaël Lo, Baaba Maal, les Mandingues Salif Keita, Bembaya Jazz, Oumou Sangaré comme les reggaemen ivoiriens Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly font des cartons : c'est la consécration. Il n'y a pas que les artistes des anciennes colonies françaises qui plaisent : Miriam Makeba la Sud-Africaine, les Congolais-Zaïrois Tabu Ley Rocherau et Franco, l'immense Fela Kuti le Nigérian, Bonga l'Angolais et d'autres ont également leurs aficionados. La très grande variété des genres et styles se fait peu à peu jour (rumba et soukouss du Congo, high-life du Ghana, etc.). Les sons venus du continent noir se répercutent aussi aux États-Unis où les jazzmen, surtout dans les années soixante, redécouvrent leurs racines, de John Coltrane à Steve Coleman, en passant par Archie Shepp et Sun Ra. Tous en Inde ! Les Beatles en tête, les champions de la pop anglo-saxonne ont propulsé les musiques indiennes au-devant de la scène. Après des générations d'érudits occidentaux fascinés par la culture du sous-continent, des hurluberlus rendaient familiers le son d'un sitar ou des tablas. Ils faisaient aussi découvrir à des millions d'auditeurs des artistes fort sérieux tels que Ravi Shankar. Les musiques orientales restent, dans leur ensemble, largement méconnues en Occident. Si le nom d'Oum Kalsoum est connu, son répertoire, comme celui des autres vedettes d'Égypte (Farid El Atiache), du Proche-Orient (Fairuz) et du Maghreb (Nass El Ghiwane), n'est vraiment écouté que par une poignée de connaisseurs - par exemple Brian Jones enregistrant " Jujuka " dans le Rif marocain - et de ressortissants des pays de l'aire arabe. Que dire alors de l'accueil fait à ce que l'on écoute dans les régions plus lointaines, dans ces petits pays que sont la Chine ou le Japon ? Un travail de défrichage et de déchiffrage reste à faire. Les " Répétitifs ", appelés aussi minimalistes, ont quant à eux bien capté les émissions sonores venues du bout du monde. Ces compositeurs américains de formation savante, mais réceptifs aux formes jazz et rock, s'inspirent des schémas musicaux d'Afrique, d'Orient et d'Extrême-Orient, pour écrire des partitions fort éloignées des dogmes en vigueur dans leur milieu. La répétition, ou plutôt les variations évolutives autour d'une phrase musicale, le recours sans honte à de puissants rythmes et à la mélodie sont quelques-unes des caractéristiques de La Monte Young, Terry Riley, Steve Reich et Philip Glass. Comme un pied de nez à une grande partie de l'histoire de la musique savante occidentale, ces musiciens retrouvent finalement les joies de la rencontre avec l'Orient, telles qu'on les pratiquaient au Moyen Âge. Certains de leurs successeurs (Michael Nyman) ou interprètes (Kronos Quartet) jouent fréquemment avec des musiciens extra européens. Le raï, malgré un contexte peu favorable, fait une percée dans les années quatre-vingt. Style musical venu du désert, accouplé à l'héritage andalou, le raï est d'abord affaire de chanteurs et de chanteuses (Rimitti), simplement accompagnés de percussionnistes et de souffleurs. C'est une musique qui se joue durant les fêtes familiales, ainsi que dans des cabarets où l'on ne boit pas que de l'eau. Modernisé, le raï devenu pop garde ses éléments de base mais s'enrichit d'instruments électriques. Grâce aux techniques qui permettent d'enregistrer vite et de diffuser les chansons massivement sur cassettes, le genre oranais conquiert un public de plus en plus large. Pourtant, avant les succès internationaux de Khaled et Mami, il n'a pas bonne presse et est mal vu des autorités algériennes. Comme dans le blues, ou le reggae, on exalte l'amour physique, on exprime le besoin de s'enivrer pour oublier ses misères, mais on chante aussi les louanges de Dieu et de son prophète. Chant de l'affirmation du " je " en terre musulmane, où l'on se pense soumis à la volonté de Dieu, le raï est plus qu'un genre musical captivant. C'est aussi un phénomène social de première importance. |
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