Les ports de départ

La Normandie arrive en tête du hit-parade des ports d'embarcation de corsaires. Dieppe est probablement la ville de départ la plus mentionnée parmi les documents relatant l'histoire de la flibuste. Les Normands seront rejoints par les Rochelais et les Basques. Aujourd'hui encore, une " confrérie des corsaires " se réunit annuellement à Saint-Jean-de-Luz, le deuxième dimanche de septembre. Cette année, la confrérie a compté 340 participants du monde entier lors de sa réunion le 28 septembre 2003 (pour plus de renseignements, contacter l'office de tourisme de Saint-Jean-de-Luz, tél. : 05-59-26-03-16). Mais il ne faut pas croire que les Bretons soient en reste. Saint-Malo arma ses propres corsaires vedettes, dont le fameux Surcouf (1773-1825), qui mena dans l'océan Indien une redoutable guerre de course au commerce britannique. Il se retira ensuite dans sa ville natale, où il devint un riche armateur. Sa statue se dresse sur la place du Québec de Saint-Malo. Un petit tour du côté de la Maison des Corsaires (5, rue d'Asfeld à Saint-Malo, tél. : 02-99-56-09-40) ou du Musée d'Histoire de la ville (le Château à Saint-Malo, tél. : 02-99-40-71-57) pourra satisfaire toutes les curiosités.

Les villes au trésor

Pirates et flibustiers cherchaient à s'emparer de l'or et de l'argent des mines péruviennes et mexicaines, des émeraudes de la Colombie et des perles de la côte vénézuélienne. Ils s'attaquèrent aux villes par où transitaient ces richesses : Veracruz, Panama pour les trésors incas et aztèques ; Campeche pour le butin de Colombie et enfin Maracaibo, Coro et les îles de la côte du Venezuela pour les perles.
Le Venezuela est un pays riche en monuments historiques de la période colombienne, bien que les gouvernements successifs aient favorisé le développement d'un modernisme désordonné. Coro a cependant été sacrée patrimoine mondial par l'Unesco. Petite ville charmante, elle se situe à l'entrée de la péninsule de Paraguaná, une étendue désertique qui sert de halte pour les contrebandiers en provenance du canal de Panama. Coro rivalise avec Cumaná pour le titre de plus ancienne ville espagnole du continent. Les premières expéditions de chercheurs d'or partirent de là. On peut encore voir le chemin qu'ils se pavèrent à travers ce qui fut une épaisse forêt primaire.
Dans l'étrange ville de Maracaibo, pillée et détruite à plusieurs reprises par les flibustiers, l'histoire plane comme un charme à travers les rues aux petites maisons coloniales de toutes les couleurs. Plaquée sous le soleil, elle se situe à l'embouchure du mythique lac de Maracaibo, une des sources de pétrole les plus riches au monde. Le lac est totalement pollué, en raison des décennies d'exploitation pétrolière, un drame pour une ville aussi chaude et qui ne profite même pas de sa richesse. Ici, nous sommes en terre guajiro, ces Indiens redoutables peuplant la péninsule Guajira. Ils transbordent la frontière colombienne et profitent du trafic de drogue et de la contrebande… En d'autres termes : Maracaibo, c'est encore un peu le Far West ! Et vraiment un lieu intrigant.

Îles des Antilles, " îles du Pérou "

Lieu stratégique pour intercepter les navires du commerce espagnol, les Antilles ont longtemps servi de refuge et de port de commission pour les pirates et les flibustiers. Au point que ces derniers les baptisèrent les " îles du Pérou ". Les Indiens Arawaks qui les peuplaient furent décimés par les incursions espagnoles et les maladies européennes, laissant tout un archipel d'îlots prêt à accueillir de nouveaux résidents. Haïti (alors Hispaniola) et la légendaire île de la Tortue furent longtemps des bases de corsaires, ainsi que le quartier général des Frères de la Côte.
De nos jours, Haïti subit régulièrement des périodes de trouble. Il est donc important de suivre l'actualité avant de prendre son billet. De la jolie petite ville côtière de Saint Louis du Nord, la traversée vers l'île de la Tortue s'effectue en ferry ou en voilier et totalise 10 km. L'île compte deux villages principaux - Cayonne et Basseterre -, trente mille habitants… et seulement cinq ou six voitures ! Il faut dire qu'elle ne fait que 40 km de long sur 7 de large. On peut encore voir les vestiges du Fort de la Roche, construit en 1639 et, qui, du haut de ses 70 m, fut le témoin de l'âge d'or de la flibuste. Il n'en reste que les fondations. Mais pour plonger à la découverte de trésors enfouis, la meilleure option est encore de se rendre en Martinique ou en Guadeloupe. Elles totalisent à elles deux 352 épaves de nationalités différentes, dont certaines sont attribuées aux corsaires et pirates du XVIIe et XVIIIe siècles (une sur sept épaves environ), avec une large prédominance de bâtiments voués au commerce de long cours (traite des Noirs, épices, etc.). Les eaux cristallines et turquoise de la mer des Antilles sont encore relativement inexplorées. Peut-être une chance de recouvrer quelques trésors perdus…

Océan Indien : cimetière d'épaves

Dernier havre pirate, l'océan Indien recèle de trésors fabuleux, engloutis avec les navires qui les transportaient lors de mauvais temps ou de violents abordages. Quand éclatait une tempête tropicale, les bateaux avaient pour habitude de se réfugier à l'île Maurice, mais venaient souvent s'éventrer sur les récifs acérés. Les XVIIe et XVIIIe siècle recensent plus d'une centaine de naufrages sur les côtes de l'île Maurice. En vérité je vous le dis, des trésors constitués de lingots d'or, de perles, de porcelaine chinoise et d'ivoire ont été retrouvés au cours des fouilles archéologiques organisées dans ces eaux. L'archéologie sous-marine a débuté à Maurice avec l'épave de la Magicienne en 1934. Frégate française, la Magicienne partit de Toulon en 1778 et termina sa carrière le 23 août 1810 durant la bataille du Grand Port. Parmi les objets, aujourd'hui exposés au Musée naval de Mahébourg (sud-est de Maurice), on trouve une très belle collection de bouteilles en verre, des pièces de monnaie anglaises, un support de gouvernail, de nombreux canons, ainsi que plusieurs petits objets ayant fait partie des effets personnels de l'équipage. Bien d'autres fouilles ont permis de ramener à la surface d'inestimables traces historiques. Entre les débris du Speaker, navire pirate coulé en 1702, se trouvaient un cadran solaire, cinq compas, des grenades à main, et quelques pipes à tabac...

Illustrations :
Surcouf, lithographie d'Auguste Lemoine, © Photothèque Hachette ;
"Insulae Americanae in Oceano sptentrionali, cum terris adiacentibus", Anonyme 17ème siècle,
© Musée national de la Marine / P. Dantec ;
Coffre de marin,© Musée national de la Marine / P. Dantec.

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