Le point de départ
Un enfant avide de connaissances
Né incidemment à Bruxelles le 28 novembre 1908, Claude Lévi-Strauss est issu d'un couple bourgeois parisien quelque peu fauché. Son père est un peintre de portrait dont les affaires ne tournent pas rond en un temps où se généralise la pratique photographique. L’enfant partage la vie de bohème de ses parents qui, pour gagner leur vie, s’adonnent au bricolage d’objets « exotiques » à domicile. Lévi-Strauss en gardera un goût prononcé pour les choses, qu’elles soient utilitaires, symboliques ou plus simplement esthétiques. D’une manière générale, il est de ces enfants qui ont l’œil et l’oreille aux aguets. Comme ses parents, il se passionne pour tous les domaines culturels, il lit très vite des ouvrages de toute sorte, notamment sur les mythologies, et vibre intensément à l’écoute de la musique, surtout celle de Wagner.
Expéditions de l’autre côté de la barrière
Adolescent, ce gamin du XVIe arrondissement de Paris qui est en train de s’urbaniser - il habite à Auteuil - organise des expéditions en banlieue qui nécessitent de dépasser l’octroi alors en vigueur dans la capitale. À défaut d’indiens d’Amazonie, croisent-ils alors des Apaches des barrières ? Sa soif de connaissances et son goût pour les arts ne s’amenuisent pas avec le temps. Il se plonge dans les œuvres de Freud et de Marx, va voir les expositions d’art moderne… Il fait ses études secondaires aux lycées Janson-de-Sailly et Condorcet, puis étudie le droit et la philosophie à la Sorbonne (il est reçu troisième à l'agrégation de philosophie en 1931).
Un jeune homme de gauche
Les premiers écrits de Claude Lévi-Strauss paraissent dans « L’Étudiant socialiste ». Il y livre des critiques de livres où il dit tout le bien qu’il pense des œuvres de Joseph Conrad, Céline ou Claude McKay, écrivain jamaïquain membre de l’Harlem Renaissance, auteur de Banjo. Membre de clubs associés à la SFIO, il est résolument engagé dans le militantisme socialiste, sans jamais être tenté par les théories communistes. Il se marie et, devenu professeur, il enseigne la philosophie au lycée de Mont-de-Marsan puis à celui de Laon. Le jeune homme s’éloigne du combat politique et, après avoir aimé son métier, commence à craindre la routine. Que faire ?
Un coup de téléphone décisif
Il y a comme cela des moments où tout bascule. Pour Claude Lévi-Strauss, cela se passe un dimanche matin, en 1934. « Cela vous tenterait-il de partir enseigner la sociologie à l'université de São Paulo ? Donnez-moi votre réponse à midi » lui dit-on en substance. Quelques heures pour se décider et le jeune professeur déjà intéressé par l’ethnologie, discipline non enseignée en France, opte pour le grand large : « J’entrevoyais le moyen de concilier ma formation professionnelle et mon goût pour l’aventure. »
Il embarque en 1935 à bord du Mendoza. Grosse émotion à proximité des côtes brésiliennes. Après des escales à Vitória et Rio de Janeiro, il pose définitivement pied à terre au port de Santos. Sur la route qui le mène à São Paulo, cet amoureux de la nature commence à jouir des paysages qu’il rencontre. Finalement, Lévi-Strauss pose ses valises à l’hôtel Terminus. Tout se présente sous les meilleurs auspices : le carnaval vient de commencer en ville !
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