La fièvre du carnaval s’empare de la Guyane
S’il est un moment de l’année où l’on goûte la joie de vivre qui règne en Guyane, c’est bien celui du carnaval. Pendant plusieurs semaines, entre l’Épiphanie et le mercredi des Cendres (soit du 6 janvier au 6 février en 2008), la fête bat son plein chaque week-end, entre bals du samedi soir et défilés costumés le dimanche. Le carnaval est un événement universel, mais ici, il a su revêtir les couleurs locales, celles du métissage et de la dérision. Laissez-vous emporter par l’esprit de Vaval !
Préparez votre voyage avec nos partenairesLe Vaval guyanais, un joyeux fêtard au visage cosmopolite
Comme aux Antilles, le carnaval est la grande fête de l’année en Guyane. La
fièvre s’empare des villes pendant plus d'un mois, au cours desquels les
autres activités semblent tourner au ralenti. Et pour cause : les Guyanais,
toutes origines ethniques (Créoles, Amérindiens, Noirs Marrons, etc.) ou classes
sociales confondues, participent le week-end à ce joyeux marathon populaire
et métissé ! Il faut bien, à chaque fois, une semaine pour s’en remettre.
Le carnaval était célébré, à l’origine, par les colons : les Guyanais se
sont approprié l’esprit de la fête en le mâtinant d’une dimension satirique
(que l’on observe en particulier dans les défilés costumés), prompts qu’ils
étaient à se moquer des traditions de l’occupant européen. Il ne reste probablement
des origines coloniales du carnaval, devenu un grand moment de liberté et de
défoulement, que ses dates, fixées par le calendrier chrétien : il se déroule
entre l’Épiphanie et le mercredi des Cendres.
Les festivités débutent, le premier dimanche de janvier, avec l’arrivée en grand
spectacle du roi Vaval, l’incarnation personnifiée du carnaval. À Cayenne, c’est
sur la place des Palmistes qu’il fait son show, mais chaque ville célèbre indépendamment
le retour de celui que l’on appelle « Sa Majesté ». C’est Vaval également
qui donnera le signal de la fin des festivités, le mercredi des Cendres, au
moment de la mise à mort de son effigie dans un grand bûcher, annonçant l’entrée
dans le Carême. Entre-temps se seront écoulées plusieurs semaines pendant lesquelles
on n’aura pas beaucoup dormi les week-ends...
La fièvre des fins de semaine
Si en métropole, il est de coutume de déguster la galette des rois le dimanche
de l’Épiphanie, les Guyanais (les veinards !) font durer le plaisir pendant
toute la durée du carnaval. Le week-end, chacun tire les rois à sa guise, mais
généralement la « cérémonie » se fait, en famille, le vendredi soir.
Certains enchaînent la soirée au dancing, mais c’est véritablement le samedi
soir que les bals battent leur plein. Les dancings, comme La Polina à Matoury
ou La Nana à Cayenne, sont pris d’assaut toute la nuit et des personnages étranges,
les touloulous, y mènent littéralement la danse. Ces mystérieuses femmes
costumées et masquées sont les véritables reines du carnaval. Absolument méconnaissables
(elles rembourrent leurs costumes afin de modifier leur silhouette), elles choisissent
leurs cavaliers et les entraînent jusqu’au bout de la nuit dans des danses lascives,
au rythme de la biguine, de la valse ou de la mazurka...
Le dimanche après-midi vient le tour des manifestations les plus emblématiques
du carnaval : les défilés costumés, auxquels toute la population, les petits
comme les grands, déguisés ou non, prend part. C’est là que l’on peut mesurer
la véritable spécificité du carnaval guyanais, à l’aune de ses personnages costumés
qui en font une formidable représentation burlesque de l’histoire et de la société
de la Guyane. Bien que la tradition ne soit pas figée, et que de nouveaux costumes
apparaissent d’année en année, certains personnages sont incontournables. Ils
ont une dimension symbolique, qu’ils soient satiriques ou qu’ils servent à exorciser
des peurs ancestrales : on se moque de tout, même de la mort ! Parmi
les personnages que l’on croisera, seuls ou en bandes, il y a bien sûr la touloulou.
Mais il y a aussi le Nèg Marron au corps enduit d’un mélange de
suie et d’huile ; l’Anglé bannan chapeauté d’un haut-de-forme, caricature
de la prétention ; le coupeur de cannes, en souvenir de l’activité
coloniale, mené par un « commandeur » armé d’un fouet ; la soussouri
(chauve-souris) ou le zombi, etc.
Le public, s’il n’est pas toujours costumé, est constamment sollicité par ces
personnages et ne tarde pas à être gagné par l’ambiance irrésistible de la fête ;
il se met à danser, à chanter avec les musiciens qui accompagnent le cortège...
La journée se termine traditionnellement par les « vidés », aux cours
desquels des groupes de musique juchés sur la plate-forme arrière des camions
entraînent la foule dans un dernier tour de la ville.
Un bouquet final aux allures de marathon
Au bout d'un mois de danses et de parades, ponctuées par des cérémonies
comme l’élection de la reine du carnaval, dont le costume est une véritable
œuvre d’art, et celles du mini-roi et de la mini-reine, le carnaval se termine
par cinq jours de fête ininterrompue. Après les derniers bals du samedi et défilés
du dimanche, on célèbre en effet les Trois Jours Gras. Inutile de préciser que
ces jours-là, il n’y a pas grand monde au travail : d’ailleurs pour simplifier
les choses, le mercredi des Cendres est férié en Guyane !
Le Lundi Gras est le jour des mariages burlesques. Les hommes se déguisent en
femme et inversement, formant de drôles de couples qui s’unissent dans la rue,
sous la bénédiction de prêtres improvisés. Le Mardi Gras, c’est l’apparition
de personnages que l’on ne rencontre que ce jour-là, les diables rouges.
Vêtus tout de rouge, de noir et d’argent, ils tournent en dérision le véritable
maître des enfers, histoire de lui montrer qu’il ne leur fait pas peur... Enfin
le mercredi des Cendres, les costumes sont noirs et blancs, car on porte le
deuil du roi Vaval, qu’il faudra immoler en public à la fin de la journée. Après
la mort du carnaval, il sera temps d’entrer dans la période plus austère du
Carême... Commencera alors, pour les Guyanais, l’autre partie de l’année :
celle où l’on attend le retour de Vaval, qui ressuscitera à la prochaine Épiphanie !
Pour en savoir plus
- Site sur le carnaval
de Guyane : www.carnavaldeguyane.com.
- Sur la Guyane, contactez le Comité du tourisme à Paris : 1, rue
Clapeyron, 75008 Paris. M. : Liège, Rome ou Europe. Tél. : 01-42-94-15-16.
Fax : 01-42-94-14-65. E-mail : guyanaparis@wanadoo.fr.
Internet : www.tourisme-guyane.com.
On pourra vous y indiquer des adresses où dormir et manger.
Texte : Clémentine Bougrat
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