Le Festival de Baalbeck, entre Orient et Occident
Entre le 9 juillet et le 27 août, des centaines d’artistes - danseurs, comédiens, musiciens - font le déplacement jusqu’à Baalbeck, cité antique située à 90 km à l’est de Beyrouth, au Liban pour célébrer les arts vivants et la musique. Depuis sa création en 1956 (malgré une interruption de plus de vingt ans à cause de la guerre civile), le festival mêle harmonieusement opéra, musique de chambre, comédie musicale, danse traditionnelle et musique du monde. Une diversité qui fait aujourd’hui l’identité de ce festival.
Préparez votre voyage avec nos partenairesUn site hautement symbolique
Baalbeck est l’un des sites romains les mieux préservés du monde. Le lieu est
d’ailleurs inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1984. Cette
cité phénicienne, construite entre le Ier et le IIe siècle
après J.-C., et où l'on célébrait le culte d’une triade divine (Jupiter, Bacchus
et Vénus), prit le nom d’Héliopolis sous l’ère grecque. Elle conserva sa fonction
religieuse à l’époque romaine et des siècles durant. Ce dernier millénaire a
été particulièrement dévastateur, puisque la région fut touchée à quatre reprises
par de violents tremblements de terre. La cité fut partiellement détruite, mais
des archéologues français, allemands et libanais y ont entrepris des fouilles
et des travaux de restauration depuis plusieurs années.
C'est le côté dramatique du lieu qui donna l'idée, en 1922, à un petit
groupe de Franco-Libanais de venir y réciter des vers. Mais il faut attendre
les années 1950 pour que les premières représentations théâtrales voient
le jour à Baalbeck. Le succès certain de ces représentations donne le coup d’envoi
à la création du festival. Des mesures sont prises à l’initiative du président
de la République libanais de l’époque, Camille Chamoun. Il faut trouver des
fonds, établir une politique générale et définir les objectifs à atteindre.
La première édition du festival de Baalbeck se tient en 1956 : c’est
Jean Cocteau, venu présenter sa Machine infernale, qui l’inaugura.
Rayonnement culturel libanais
Si ce festival a une vocation internationale, il est aussi l’occasion de faire
connaître les arts vivants libanais. À commencer par le théâtre : L’Émigré
de Brisbane de Georges Schéhadé, qui avait été présenté lors de l’édition
de 1966, sera jouée les 23 et 24, entre les temples de Jupiter
et de Bacchus. La nouvelle version de cette pièce en neuf tableaux est mise
en scène par Nabil Azan, traduite en arabe par Issa Makhlouf et mise en musique
par Zad Moultaka.
Les 13, 14 et 15 août, un conte musical libanais, Le Voyage des quatre
chansons de Michel Eleftériadès, s’installe au temple de Jupiter. Ces chansons,
qui font partie du patrimoine libanais, puisque selon la légende, elles seraient
nées de la bouche d’un berger sur les marches des temples de Baalbeck. Depuis,
elles ont voyagé des Balkans à l’Espagne, en passant par Cuba, s’enrichissant
au passage de nouveaux instruments et de nouveaux rythmes.
La musique libanaise sera aussi bien représentée avec Rabih Abou Khalil, maître
du oud (sorte de luth) et jazzman de renom qui fera bouger le temple de Bacchus
les 20 et 21 août. Il revient cette année, accompagné de Gabriel Mirabassi
à la clarinette, Luciano Biondini à l’accordéon, Gavino Murgia au chant et Jarod
Gagwin à la batterie pour interpréter son dernier album, Morton's foot,
un mélange entre rythme jazzy et musique orientale.
Tous les ans, un orchestre symphonique fait le déplacement à Baalbeck. Après
les formations venues d’Arménie, de France, d’Allemagne ou des États-Unis, c’est
une formation libanaise qui jouera le 6 août au temple de Jupiter. Whalid
Gholmieh dirigera cet orchestre symphonique qui rendra hommage à Gabriel Saad,
compositeur et membre fondateur du festival, décédé en 2003. Les musiciens
interprèteront également des œuvres de Berlioz, Brahms et Vivaldi.
Des mélodies variées aux temples de Jupiter et de Bacchus
Cette année encore, la diversité des genres est au rendez-vous du côté des
décibels ! La troupe brésilienne Grupo Corpo inaugurera les festivités
les 9 et 10 juillet sur l’estrade du temple de Jupiter. Leur spectacle
est un mélange de ballet classique, folklore brésilien et danse de rue. Le 16 juillet,
le saxophoniste américain Jackie McLean foulera le premier le sol du temple
de Bacchus. Charlie Parker, Charles Mingus ou encore Miles Davis ont joué durant
les cinquante ans de carrière de ce grand nom du be-bop. À Baalbeck, il sera
accompagné de son fils René au saxophone ténor, d’Eric McPherson à la batterie,
d’Alan Jay Palmer au piano et de Nat Reeves au violoncelle. Le 18 juillet,
au temple de Jupiter et devant près de 5 000 personnes, c’est Massive
Attack qui entrera en scène pour un concert très high-tech mêlant basses puissantes
et lumières psychédéliques. Une première pour le festival. C’est également la
première fois que ce groupe anglais pionnier du « trip hop » fera
le déplacement au Liban. Les 30 et 31 juillet, c’est le son du wadaiko,
tambour traditionnel japonais, qui résonnera dans ce même temple de Jupiter
avec la troupe Osaka Dadada-dan Tenko. Un superbe spectacle entre tradition
et modernité.
L’opéra n’est pas en reste, puisque le grand ténor espagnol Placido sera en
représentation le 8 août au temple de Jupiter, accompagné par l’orchestre
symphonique national, dirigé cette fois par Eugène Kohn. Enfin, pour clore cette
27e édition, Il Giardino Armonico, ensemble baroque de quatorze
musiciens fondé en 1985 à Milan par Giovanni Antonini, interprétera le
27 août des œuvres de Haendel, Vivaldi, Locatelli ou Bach sur l’estrade
du temple de Bacchus.
Avertissement
Guerre civile oblige, le festival de Baalbeck a connu une longue période d'interruption
entre 1973 et 1997. Aujourd’hui, le Hezbollah, parti politique chiite
intégriste, a fait de la Bekaa, région de Baalbeck, son bastion. Malgré une certaine
tolérance, il n’exprime pas moins une « résistance passive » à des
spectacles inspirés de cultures occidentales étrangères au chiisme radical.
Le 9 juillet, à l’ouverture, il défilera devant l’entrée de la cité antique.
Mais cette présence n’inquiète pas outre mesure le comité du festival.
À n’en pas douter, le festival de Baalbeck devrait une nouvelle fois remporter
un vif succès. Les organisateurs attendent plus de 30 000 spectateurs.
Pour en savoir plus
- Site officiel du festival :
www.baalbeck.org.lb.
- Le prix des billets varie entre 20 000 et 300 000 LL
selon les spectacles (environ de 11 à 168 €). En vente sur www.tradingplaces.com.lb.
- Site du ministère du tourisme libanais : www.lebanon-tourism.gov.lb.
Possibilité de réserver des hôtels à Baalbeck.
- Office du tourisme du Liban : 124, rue du Faubourg Saint-Honoré,
75008 Paris. Tél. : 01-43-59-10-36. E.mail : libanOT@aol.com.
- Consultez notre destination Liban.
Texte : Flore Merlin
Mise en ligne :