Le festival du voyageur à Winnipeg
Chaque hiver depuis 35 ans, Winnipeg, la capitale du Manitoba au Canada, organise une grande fête inspirée de ses fondateurs canadiens-français, des pionniers qui y ouvrirent un poste de traite des fourrures. Le festival du voyageur, qui rend hommage à ces routards d’un genre particulier, aura lieu cette année du 11 au 20 février. C’est l’occasion d’effectuer un étonnant voyage dans le temps, tout en profitant des joies de la neige.
Préparez votre voyage avec nos partenairesUn voyageur intimement lié à l’histoire du Manitoba
Le voyageur que célèbre le festival d’hiver de Winnipeg n’est pas un routard
comme les autres, plutôt l’un de ceux taillés dans le bois robuste des forêts
canadiennes. Un voyageur cousin des chercheurs d’or du Far West américain, en
ceci qu’il fut l’un des artisans de l’avancée vers l’Ouest des premiers colons
au Canada. Son or à lui était poilu : il s’agissait des précieuses fourrures
de castor, qu’il échangeait aux Amérindiens contre de grands couteaux, des grains
de colliers ou encore du plomb à tirer. Des jours durant, le voyageur s’embarquait
avec ses compagnons sur des canots en écorce de boulot, pagayait sans relâche
et transportait sa précieuse marchandise dans un environnement inconnu et hostile,
pour rapporter les fourrures aux postes de traite de la Compagnie de la baie
d’Hudson notamment. Winnipeg est l’un de ces anciens postes. Ce commerce alors
florissant contribua largement au défrichage du territoire canadien.
Nombre des voyageurs, d’origine française, se fixèrent le long de la rivière
Rouge, qui traverse l’actuel Manitoba, et fondèrent un foyer avec des Indiennes
autochtones. Ils sont les ancêtres des Métis, une importante communauté de cette
région.
C’est à ses fondateurs que Winnipeg rend hommage chaque hiver. À travers eux,
le festival du voyageur offre un aperçu du patrimoine canadien-français du Manitoba,
et nous replonge aux temps valeureux de la traite des fourrures.
Un petit tour dans le passé
L’essentiel des activités du festival se déroulera dans le parc du voyageur,
lové contre la rivière Rouge dans le quartier francophone de Saint-Boniface.
C’est là qu’est construite la réplique du fort Gibraltar, qui abritait au XIXe siècle
un poste de traite des fourrures de la Compagnie du Nord-Ouest. Une visite dans
le parc pendant le festival s’apparentera à un véritable retour à l’époque des
fameux voyageurs.
À l’intérieur même du fort, on pourra partager des tranches de leur vie. On
y trouvera un magasin de traite où l’on échangeait les fourrures, mais aussi
une cabane de forgeron où sera expliqué le travail de l’artisan ; on y
décrira également la confection des habits de l’époque ou encore la nourriture,
plutôt que la gastronomie, des voyageurs. Ils se nourrissaient essentiellement,
comme les Indiens, de pemmican, un mets très calorique fait de viande
séchée de bison ou d’orignal.
À côté du fort, c’est le monde des Amérindiens qui s’exposera, avec la reconstitution
d’un camp autochtone hérissé de tipis, où l’on pourra écouter des histoires
traditionnelles. D’autres tentes chauffées abriteront des musiciens et danseurs
métis ou autochtones, qui donneront la cadence avec leurs violons. Ailleurs,
on trouvera des objets d’artisanat (bijoux, mocassins, fourrures, accessoires
en cuir, etc.), des parties de jeux traditionnels, et l’on pourra même goûter
aux boissons des voyageurs !
Pour mettre en pratique ce que l’on aura appris, on pourra assister les 12 et
13 février aux compétitions de « Survivant voyageur » sorte de
Koh Lanta mettant aux prises trois équipes qui devront faire preuve de
leur aptitude à la survie dans l’environnement des voyageurs du XIXe siècle.
Âmes sensibles bienvenues, car les cobayes n’auront qu’à répondre à des quiz
et participer à des épreuves d’habilité physique ou de connaissances culinaires.
Pas de victimes à déplorer en perspective, donc.
Carnaval d’hiver
Fourrure ou pas, le grand manteau blanc qui recouvre l’hiver canadien offrira
un formidable terrain de jeu pour les festivaliers. La neige et la glisse seront
en effet au menu des activités proposées dans le parc du voyageur. Avec, en
vrac : une cabane à sucre où goûter la tire d’érable (sorte de sucette
obtenue après avoir fait solidifier du sirop d’érable sur un lit de neige),
un labyrinthe de neige pour les enfants, un terrain de glissades, des prêts
de raquettes pour se balader le long de la rivière Rouge... Un peu partout dans
le quartier de Saint-Boniface, on pourra également admirer le travail impressionnant
des différentes équipes régionales et nationales venues participer à une grande
exposition de sculptures sur neige.
Enfin, plusieurs manifestations ponctuelles sont au programme de cette grande
fête. Outre de la musique et du théâtre, on pourra assister à des soirées, francophone
(vendredi 18 février) et cajun (samedi 19 février) au Centre culturel
franco-manitobain (30 $Ca hors taxes, soit 18,60 € ; billetterie
sur place). Les moins fauchés pourront aussi s’offrir, les 16, 17 et 18 février,
un « souper-théâtre » à la Maison du bourgeois, située dans le fort
Gibraltar. Pour dîner parmi des comédiens en costume d’époque, il faudra tout
de même débourser 65 $Ca hors taxes, soit 40,30 €. Réservations par
téléphone : (001) (204) 237-7692.
P’tites adresses
Où dormir ?
- Ivey House International Hostel : 210 Maryland
Street. Tél. : (001) (204) 772-3022. À 15 mn à pied du centre. Fermé
de 9 h à 16 h. Petite maison propre et chaleureuse. Très chouette
et pas cher.
- Gîte de la Cathédrale : 581 rue Langevin. Tél. :
(001) (204) 233-7792. Dans le quartier de Saint-Boniface. Salle de bains commune.
Très bon accueil.
Où manger ?
- Kelekis : 1100 Main Street. Les meilleurs hot
dogs. Endroit très réputé à Winnipeg, car il fait partie de la petite histoire
locale.
- La Vieille Gare : 630 Des Meurons, à Saint-Boniface.
Dans un ancien édifice de gare et un wagon de train. Prix raisonnables, spécialités,
dont le gigot d’agneau au sirop d’érable organique.
Où boire un verre en écoutant de la musique ?
- Le Café Jardin-Terrasse Daniel Lavoie : 340 Provencher
Boulevard. Dans le Centre culturel franco-manitobain. Cuisine franco-canadienne :
tourtes, soupes gratinées, tartes à la citrouille. À midi uniquement. Le mardi
soir, concerts de jazz. Les autres soirs, des groupes se produisent occasionnellement.
Infos pratiques
- Billetterie : des laissez-passer de 10 jours
(22 $Ca, soit 13,65 €, par adulte ; 8 $Ca, soit 4,95 €,
pour les 6-17 ans) sont notamment en vente sur le site du festival et au
Centre culturel franco-manitobain. Ils donnent accès à toutes les attractions
du festival, excepté les événements qui nécessitent un billet spécial.
- Renseignements : le site officiel du festival : www.festivalvoyageur.mb.ca.
Texte : Clémentine Bougrat
Mise en ligne :