Sur la route gitane

Sur la route gitane
© Gilles Martin Raget / Office du tourisme des Saintes

Gitans, Rom, Manouches… Comme chaque année, tous les 24 et 25 mai, les gens du voyage se donnent rendez-vous au pèlerinage des Saintes-Maries pour porter jusqu’à la mer la statue de leur patronne, Sara la Noire, la mystérieuse Gitane dont les origines restent encore aujourd’hui une énigme. Ils seront huit ou dix mille pèlerins à se diriger vers le bourg camarguais pour deux jours de fêtes et de retrouvailles. Et comme le dit la belle prière du peuple nomade : « Sainte Sara, mets-nous sur la bonne route… ».

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Les origines du pèlerinage gitan


Nul ne sait très bien qui est Sara, la « patronne » des Gitans, ni comment son culte s’instaura au Saintes-Maries-de-la-Mer. Pour les gens du voyage qui l’adoptèrent comme protectrice, elle est « Sara-la-Kâli », un mot tsigane qui signifie à la fois « Gitane » et « noire ». Certains voient dans l’icône gitane la servante des deux patronnes du village, Marie Jacobé et Marie Salomé, chassées de Palestine après la mort du Christ. Pour d’autres, elle est Sara l’Égyptienne, abbesse d’un grand couvent de Libye, ou bien encore la figure d’un groupe de martyrs persans. Quant à la tradition gitane, elle y voit simplement une des leurs qui s’installa sur les rives provençales pour accueillir les exilés de la Terre Sainte. Une version contredite par l’histoire qui ne mentionne l’arrivée des Gitans en Provence qu’à partir du XVe siècle.
Quoi qu’il en soit, ils seront des milliers, réunis dans la même ferveur, à la suivre de l’église à la mer, escortés par les gardians à cheval et les Arlésiennes, en lançant ce cri mille fois répété : « Vive Sainte Sara ».

La procession à la mer


Tout commence par une messe le 24 mai à 10 h du matin à l’église des Saintes-Marie-de-la-Mer, où se trouve la statue de Sara, revêtue de ses bijoux et robes colorées. Contre le mur de la crypte se trouve la croix de procession portée par les Gitans. Une foule de pèlerins envahit l’église qui résonne des cantiques, illuminée par des milliers de cierges. À 15 h, c’est la cérémonie de la descente des châsses. Ces dernières qui contiennent les reliques des Saintes-Maries sont descendues à l’aide d’un treuil au milieu des acclamations. Enfin, les pèlerins soulèvent la statue de la Sainte Sara pour la porter jusqu’à la mer. Par milliers, ils suivent leur patronne, dans les étroites rues du bourg, une incroyable et joyeuse cohorte au-dessus de laquelle tangue une frêle statue. Le soir, tout le monde se retrouve à l’église, à la lumière des cierges, pour prier… en musique, au son des violons et guitares.

La bénédiction de la mer


Le lendemain, deux messes sont données en l’honneur de Jacobé et de Salomé, les patronnes du village. Leurs statues, dans une barque, sont menées jusqu’à la plage où la procession s’enfonce dans la mer pour bien symboliser l’arrivée des saintes par la voie marine. Selon les écritures, après avoir été abandonnées sur un rafiot sans voiles ni rames, la providence les fit aborder le rivage provençal qui porte désormais leur nom. Les pieds dans l’eau, la foule des pèlerins se fait bénir par un évêque qui se trouve dans une barque de pêcheurs. Il en profite pour bénir la mer et le pays. Puis, c’est le retour à l’église, dans une joyeuse cohue et le carillonnement des cloches, la grande fiesta gitane… Le reste de l’après-midi est consacré à la prière, toujours en musique, et à la cérémonie de la remontée des châsses à la chapelle haute.
Les enfants sont présentés aux statues à bout de bras. Chacun allume un cierge. On glisse dans la boîte réservée aux intentions des modestes offrandes. Certains passeront la nuit dans la crypte dans une ferveur commune. D’autres ont déjà repris la route…

Qui sont les pèlerins ?


Même si le nomadisme et la musique les réunissent, le peuple des gens du voyage est varié. Cette grande famille possède plusieurs tribus dont chacune possède ses particularités. Faisons la distinction entre les uns et les autres.

Les Gitans
Souvent le nom « gitan » est donné à l’ensemble de la population tsigane. En fait, il n’appartient qu’à un seul groupe, de loin le plus nombreux aux Saintes-Maries. L’Espagne est leur pays de prédilection, ils se disent catalans ou andalous selon le lieu de leur établissement. La plus grosse communauté en France se trouve dans le Midi. La plupart aujourd’hui sont sédentarisés. Musiciens flamenco et toreros viennent souvent du peuple gitan. Le guitariste Manitas de Plata est un des leurs.

Les Rom
Les femmes rom sont reconnaissables avec leurs longues jupes multicolores et leur foulard noué sur la tête, quand elles sont mariées. Quand elles disent la bonne aventure, leurs hommes sont rétameurs ou chaudronniers. C’est le groupe qui a su le plus préserver ses traditions. Venus d’Europe centrale, les Rom sont présents au Canada, en Australie et en Afrique du Sud.

Les Manouches
Tony Gatlif les a filmés avec beaucoup d’affection : Latcho Drom, Gadjo Dilo, Vengo
Il y a environ mille ans, les Manouches ont quitté le nord de l’Inde pour l’Europe centrale et occidentale. Le voyage est leur mode de vie. Certains sont encore en roulotte, malgré la tendance à la sédentarisation. Ils pratiquent la vannerie et la récupération de ferrailles. Musiciens virtuoses, on les retrouve dans les plus grands orchestres tsiganes. Django Rheinardt est l’un d’entre eux.

Informations pratiques


Office du tourisme des Saintes-Maries-de-la-Mer
5, avenue Van Gogh.
Tél. : 04-90-97-82-55.
Fax : 04-90-97-71-15.
Site Internet : www.saintesmaries.com.
E-mail : saintes-maries@enprovence.com
Ouvert d’avril à fin juin de 9 h à 19 h ; en juillet et en août jusqu’à 20 h.

À voir
L’église des Saintes-Maries 
Très bel intérieur roman en pierre de couleurs variées, dans les tons verts. Éclairage par minuterie payante. Il faut suivre les fidèles et descendre dans la crypte qui contient les reliques de Sara et la curieuse statue la représentant. Grimpez sur le toit (accès payant) pour découvrir la jolie vue sur la vieille ville, le port, la mer et toute la Camargue…

Où dormir ?
Le Mas des Salicornes 
Route d’Arles
Tél. : 04-90-97-83-41.
Fax : 04-90-97-74-28.
E-mail : lessalicornes@wanadoo.fr
Fermé de mi-novembre à fin mars. Compter de 38 à 46 € pour deux. Chambres confortables aux murs blanchis à la chaux. Menu le soir tout à l’huile d’olive à 14 €. Écuries avec des chevaux pour la balade. Piscine très agréable.

En savoir plus
Sur le Web : www.geocities.com/Athens/Forum/4201/
Un site consacré intégralement aux gens du voyage : Les Tsiganes, qui sont-ils, d'où viennent-ils ?

Photographie : © Gilles Martin Raget / Office du tourisme des Saintes

Texte : Jean-Luc Bitton

Mise en ligne :

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