Le Fleuve Congo
Auteur : Stephen Smith, photographies de Patrick Robert
Editeur : Actes Sud
112 Pages
Avec ses 4 700 km de long, et malgré les rapides infranchissables qui isolent les capitales Kinshasa et Brazzaville de la haute mer, le fleuve Congo est la principale artère commerciale de l’Afrique équatoriale. Il fut également la voie privilégiée des explorateurs du XIXe siècle, le long de laquelle ces aventuriers intrépides entreprirent, une fois qu’ils eurent remonté son cours jusqu’à l’actuelle Kisangani, la colonisation d’une promesse d’Eldorado africain. Quelle meilleure voie métaphorique que ce fleuve, donc, pour remonter le cours de l’histoire du Congo ? Entendez par « Congo » le fleuve éponyme, mais également les deux pays riverains qui en ont pris le nom, le Congo et la République démocratique du Congo.
Sans doute est-ce dans cette volonté de s’immerger jusqu’aux racines d’une région meurtrie que l’auteur a décidé, à la fin du printemps 2002, de remonter le fleuve majestueux, le long des 1 700 km qui séparent Kinshasa de Kisangani, à bord d’une baleinière en bois. Stephen Smith, qui est le responsable « Afrique » du journal Le Monde, a fait ce périple en compagnie du photographe Patrick Robert, dont les clichés en noir et blanc illustrent avec élégance et intensité ces chroniques congolaises.
« Le Congo est tellement complexe qu’il vaut mieux en avoir deux… » : pour cette même raison, Stephen Smith ne pouvait se contenter d’un simple récit de voyage. Reportage et rappels historiques s’entremêlent dans ce recueil. Il décrit le monopole commercial des handicapés de Kinshasa qui franchissent le fleuve pour aller vendre leur marchandise à Brazzaville, comme la promiscuité prolongée du voyage en amont, sur une fine baleinière où s’entassent les passagers. Il se souvient de son invitation ubuesque, du temps de Mobutu, sur le Kamanyola, le bateau du dictateur excentrique. Enfin, il remonte dans la mémoire du fleuve à travers le souvenir d’explorateurs légendaires, tels Savorgnan de Brazza et Henry Morton Stanley les découvreurs, ou Joseph Conrad, à qui l’expérience du Congo inspira le roman culte Au Cœur des ténèbres.
Les chroniques compilées ici ont été publiées dans Le Monde, au mois d’août 2002. Écrites pour un journal, elles ont été étoffées, afin d’en faire un livre qui se lit comme un roman à la recette efficace. Récit de voyage, tableaux historiques et portraits des grands initiateurs de l’aventure coloniale forment un cocktail savoureux, dont on reprendrait bien volontiers une gorgée.
Texte : Clémentine Bougrat
Mise en ligne :