Le Libraire de Kaboul

Auteur : Asne Seierstad

Editeur : Le livre de poche

346 Pages

« Je veux vous accompagner, vivre comme vous vivez, toi, tes épouses, tes sœurs, tes fils », lance un matin de novembre 2001 Asne Seierstad, journaliste norvégienne, à Sultan Khan, le libraire le plus influent de Kaboul, qu’elle vient de rencontrer. Un pari fou qui a donné naissance à ce témoignage empreint d’humanité, toujours respectueux, sur la vie quotidienne des Khan dans la capitale de l’après-talibans. Et l’on plonge au cœur de cette famille afghane, où chaque membre tente de vivre – ou de survivre – sous la coupe de Sultan, chef de famille à l’autorité incontestable. Aux côtés de Leila, la fille cadette condamnée à servir nuit et jour ses aînés sous les brimades, de Shakila, la première épouse, déshonorée parce que Sultan a pris une deuxième femme plus jeune et plus belle, et aux côtés d’Aimal, le fils, cloîtré dans la librairie et qui souffre de voir sa vie défiler sans pouvoir l’étreindre.
Quelle passionnante immersion dans cet Afghanistan aux mille facettes, royaume de la burkha - dont le grillage enserre le crâne, jusqu’à donner des maux de tête - et du muezzin qui appelle à la prière cinq fois par jour. À Kaboul, même au printemps, les lueurs de vie se font aussi rares que les jeunes pousses. Pourtant, depuis qu’Hamid Karzaï a pris les rênes du pays, il est des petits bonheurs qui rendent la vie plus douce : Sonya a désormais le droit de se maquiller sous sa burkha, et Bibi Gul peut dévorer à loisir ses pralines, son seul trésor. Liberté suprême, Sultan l’amoureux des livres peut enfin vendre les ouvrages qui ont échappé aux moudjahidins, puis aux brigades talebs de répression du vice. Une chronique saisissante ponctuée de fragments d’espoir, qui relègue au second plan nos petites misères bien occidentales.