Je me souviens des hommes
Auteur : Gildas Flahault
Editeur : Jalan publications
128 Pages
Le mérite de ce carnet de voyage illustré d’aquarelles est d’être écrit par un marin-dessinateur qui sillonne toutes les mers du monde à la manière de Titouan Lamazou, précurseur de ce type d’ouvrage. Le plus intéressant, c’est que Gildas Flahault n’a pas choisi la facilité des mers chaudes : il a voyagé en bateau du Cap Horn jusqu’à Valparaiso au Chili, d’un lieu mythique à un port légendaire, explorant une des régions les plus belles, mais aussi les plus inhospitalières de la Terre. Plus froide, plus humide, plus accidentée que la Patagonie argentine (pampa plate à perte de vue), la Patagonie chilienne est la Norvège de l’Amérique latine, « la queue dévertébrée » du continent sud-américain comme disait Francisco Coloane, le grand écrivain chilien. Montagnes des Andes tombant vers le Pacifique et se terminant par des fjords aux eaux froides, myriade d’îles noires fragmentées et désertes battues par « les fameux 40es Rugissants », canaux glacés formant un dédale où les marins perdent leur cap, forêts australes sombres et lugubres, peuplées d’arbres millénaires : c’est un paysage majestueux, mais d’une intensité dramatique digne des romantiques du XIXe siècle que Gildas Flahault dépeint ; un monde unique qu’il nous fait vivre dans son récit, accompagné d’extraits de son journal de bord.
L’ouvrage a reçu le prix Guide du routard lors de la Biennale du carnet de voyage de Clermont-Ferrand en novembre 2005.
Texte : Olivier Page
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