La question d’Irlande
Auteur : Jean Guiffan
Editeur : Éditions Complexe, collection Historiques
288 Pages
Cet ouvrage connaît sa cinquième édition en moins de vingt ans ! On comprend pourquoi dès les premières pages. Son auteur réalise en effet l’exploit de nous raconter en un court et captivant volume comment les Britanniques ont colonisé l’Irlande et de quelle manière les Irlandais ont cherché à se dégager de l’étreinte de leurs puissants voisins.
La conquête de l’île commence au XIIe siècle. Jamais, pourtant, les Anglais n’arriveront à dompter les gaéliques Irlandais, malgré un cycle infini de guerres, d’insurrections durement réprimées, de spoliations, de ségrégations. Au XVIIe siècle, des protestants anglais et écossais s’implantent au nord-est de l’île en s’opposant aux catholiques. Ces « petits » colons développent une mentalité irrédentiste, différente de celle des grands propriétaires anglais anglicans. Parmi ceux-ci, on trouve les premiers nationalistes irlandais qui cherchent à desserrer l’emprise économique et politique du royaume britannique. Ce n’est qu’au XIXe siècle que se constituent des partis autonomistes et séparatistes catholiques, sur fond de famine et de révolte paysanne. Ils obtiennent gain de cause au début du siècle suivant.
L’État libre d’Irlande au Sud naît en 1921. Après voir pris le nom d’Eire en 1937, il devient définitivement indépendant sous forme d’une république en 1949. Son entrée dans la CEE en 1973 marque une nouvelle époque, pendant laquelle l’Irlande va s’ouvrir sans limites aux investisseurs étrangers et développer le tourisme.
Au Nord, les catholiques relèvent la tête dans les années 1960. Face à l’intransigeance des protestants soutenus par la Grande-Bretagne, la province entre dans un état de guerre civile : répression de marches pacifiques, attentats, meurtres, tortures, pogroms, grèves de la faim mortelles... L’IRA et les ultra-unionistes luttent sans pitié.
Et pourtant, à la suite de longues négociations, on parvient à un cessez-le-feu en 1994, puis aux accords de paix de 1998, largement approuvés par référendum.
La stabilité politique tarde cependant à s’affirmer depuis lors. L’idée est de normaliser cette société, aujourd’hui constituée à moitié de catholiques et de protestants, qui souhaite vivre en paix, mais ne peut effacer d’un trait des siècles d’opposition absolue.
Texte : Michel Doussot
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