Un acte d’amour
Auteur : James Meek - Traduit par David Fauquemberg
Editeur : Métailié
438 Pages
Nous sommes en 1919 à Jazyk, sur le tracé de la ligne ferroviaire du Transsibérien. La ville est occupée par des soldats tchèques, coincés dans la région à la suite de la guerre mondiale et de la révolution russe. A Jazyk se retrouveront aussi un bagnard évadé, un chaman, une femme émancipée et mère d’un jeune garçon, les membres d’une secte d’illuminés et des « rouges ».
Il est difficile d’exposer explicitement les éléments de l’intrigue, car ce serait rendre un méchant service au lecteur. Les paroles et actes des uns et des autres sont en effet porteurs de mystère dès les premières pages. On peut juste dévoiler que la situation est tendue pour tout le monde dans ce roman. Chacun cherche à préserver son existence ou à imposer un nouvel ordre. Quant à l’acte d’amour mentionné dans le titre, on vérifie au fil des pages de ce roman captivant qu’il peut décidément prendre différentes formes…
Le lecteur assiste à la manifestation de la grande science du récit épique anglo-saxon, mâtinée d’inspiration russe. Jazyk, ville inventée, signifie d’ailleurs « parole » ou « verbe » en langues slaves. Sans hésitation, Meek brasse tous les grands thèmes universels. Amour, donc, mais aussi volonté de puissance, responsabilité individuelle, mysticisme, sexe… Et c’est une réussite, d’autant plus que James Meek s’appuie sur un contexte historique des plus authentiques et une bonne connaissance de la Russie.
Journaliste britannique, l’auteur a travaillé dans ce pays durant les années 1990. Après avoir refermé ce livre, best seller en Grande Bretagne et aux États-Unis, on n’est guère surpris d’apprendre que l’acteur Johnny Depp en a acquis les droits d’adaptation au cinéma. On imagine tout à fait ce dernier, lui qui incarne si bien l’étrangeté, interpréter l’un ou l’autre de ces personnages perdus entre l’immensité de la toundra et les sombres forêts sibériennes.
Texte : Michel Doussot
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