Birmane
Auteur : Christophe Ono-dit-Biot
Editeur : Plon
448 Pages
Arrivé en Thaïlande avec sa copine, César fait un break. Il est journaliste, rêve du scoop : interroger Khun Sa, le parrain de la drogue en Birmanie. Avec son papier, César parviendrait enfin à se venger de Blanchart, son chef de service, qui la ramène tout le temps avec ses aventures et ses rencontres à travers le monde. Et puis, ça va pas fort avec Hélène, sa copine. Alors, c’est décidé, César plie les voiles, direction la Birmanie.
Premier arrêt Rangoon, la capitale. Claque énorme. César fait la rencontre de Julie et d’Eric, deux expats très impliqués dans l’humanitaire. Comme cadeau de bienvenue, une bombe explose. Qui sont les responsables ? La junte au pouvoir, pour effrayer le peuple ou étouffer toute tentative d’insurrection ? La capitale serait sur le point d’être « déménagée » dans la jungle. La junte a t-elle peur d’une invasion américaine ? César, avec le charme de sa jeunesse, découvre ce monde de dupes, guidé par sa nouvelle Béatrice, où tout le monde est le mouchard de quelqu’un. Tout le monde, vraiment ?
César s’amourache de Julie. Chaudes étreintes face à la pagode Schwedagon. César, tête brûlée, tête baissée, parvient à rencontrer Khun Sa, quasi mort. Coup d’épée dans l’eau. Fini le scoop. L’idée de la consécration dans un canard occidental s’évanouit… Pour oublier, Julie l’emmène sur le lac Inlé et l’initie au chamanisme. Petits moments de grâce. Le temps s’arrête. La jeune femme semble bien là à son affaire. Qui est-elle vraiment ? Elle s’enfuit. César court à sa suite, avec une mission : jouer les entremetteurs, passer un rubis gros comme le poing aux Akkha, et ainsi aider cette tribu en butte à la junte, menée par la mystérieuse Wei Wei, la Femme-Tigre… Et si César tenait là son « vrai » scoop ?
Treks dans la jungle, villes fantôme dédiées au sexe et à l’opium, voire au yaa baa, la drogue qui rend fou, César se frotte à la vraie Birmanie et fait voler en éclats ses certitudes. On est loin d’une Birmanie sur papier glacé. Christophe Ono-dit-Biot signe là un roman initiatique et dynamique, doté d’un idéalisme rafraîchissant (on est loin des tons blasés des grands baroudeurs !), non dénué de réflexions sur ce pays (rôle de la junte, des seigneurs de l’opium, enlisement moral, intellectuel, technique de la population). Ce roman plein de fougue et de rebondissements, merveilleusement bien écrit, est une vraie plongée en apnée au cœur des ténèbres birmans. Il reste cette question, lancinante : mais qui est Wei Wei ?
Texte : Gavin's Clemente-Ruiz
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