New York Trilogie, tome 1: la ville
Auteur : Will Eisner
Editeur : Éditions Delcourt
160 Pages
New York est sans nul doute la ville de tous les fantasmes. La ville qui jamais ne s’endort. La ville où tout est possible. La ville des rêves les plus fous, mais aussi des plus grandes désillusions. C’est cette cité qu’a décidé de nous raconter Will Eisner, son New York. Celui qui a vu arriver ses parents, fraîchement naturalisés à Ellis Island. Celui qui a été témoin de ses premiers pas, de ses premières planches de bandes dessinées. En trois tomes enfin réunis dans une seule et même collection (le tome 2 prévu en juillet 2008), Will Eisner dresse un portrait unique et vrai de la Grosse Pomme. Cette trilogie, dont Delcourt nous livre le premier volume, est l’hommage d’un homme à qui New York a tout donné.
Le premier opus, déjà paru, rassemble de nombreuses planches réparties en cinq contes. Ces « photographies », comme Will Eisner se plaît à les appeler, nous racontent la diversité de la ville. Elles prennent la forme tantôt d’une série de trois cases comme un instantané Polaroïd, tantôt de plusieurs pages composant une nouvelle graphique. Elles peuvent être tantôt muettes comme un hommage au cinéma des années trente – nous montrant la qualité du dessin d’Eisner et l’expressivité des attitudes qu’il donne à ses personnages –, tantôt éloquentes de par la finesse des dialogues ou par la musicalité citadine. Au fil des planches, la ville de New York s’affirme comme la métaphore de toutes les autres, métaphore d’une société américaine en pleine mutation. D’ailleurs, nombreux sont les New-Yorkais à considérer que tout se trouve dans leur cité.
Dans cet album réalisé alors qu’il était encore enseignant en art, l’auteur nous livre un véritable exercice de style et une belle leçon d’observation. Le mobilier urbain, les poubelles, même les caniveaux deviennent les témoins de la vie trépidante de la ville. Le graphisme, par le souci du détail et des postures, se rapproche fortement d’un Norman Rockwell qui aurait troqué le pinceau pour le crayon et la gomme.
Alors que ses contemporains se lancèrent dans le comics dès les années 30, Will Eisner persévéra dans la bande dessinée, se comparant lui-même à un trompettiste en perpétuelle quête de la note parfaite. Ce recueil est l’un des nombreux témoignages du génie d’Eisner, père fondateur de la bande dessinée moderne américaine.
Texte : Morgan Guery
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