C’est très bien comme ça
Auteur : Annie Proulx
Editeur : Éditions Grasset
322 Pages
Annie Proulx a déjà beaucoup évoqué le Wyoming et sa population. Le grand public avait pu découvrir son œuvre grâce à l’adaptation au cinéma d’une de ses nouvelles désormais célèbre : Brokeback Mountain. Dans C’est très bien comme ça (Fine Just The Way It Is), elle renouvelle son attachement pour cet État, tout en étant parfaitement consciente de ses défauts. Le Wyoming est sa source d’inspiration, un élément essentiel du récit. Elle nous le fait ressentir comme une région presque autonome, une entité géographique séparée du reste du monde et des États-Unis. On pourrait presque l’identifier à un personnage tant sa présence est forte, même quand cette dernière ne transparaît qu’en filigrane.
Dans ce recueil de nouvelles, l’auteur mêle plusieurs périodes de l’histoire, des Indiens à nos jours en passant par le temps des pionniers et l’après-guerre. La région et sa population sont dépeints à différents âges et sous suffisamment d’aspects pour que l’on puisse supposer que l’on en a une vision assez juste. Cowboys, rodéos, ranchs, troupeaux de bisons et chevaux sauvages, une partie des images correspond bien à la mythologie de l’Ouest américain : les grands espaces entre plaines et montagnes, une chance de nouvelle vie pour les infortunés, et les désillusions qui vont avec... Les légendes demeurent bien vivantes, mais le Wyoming semble s'y être enfermé peu à peu, pour laisser la place à un conservatisme peu rassurant.
Au-delà d’un portrait de cette terre de l’Ouest, l'auteur raconte sans effets dramatiques la précarité et la fugacité de la vie, à travers les expériences de personnages attachants. Elle suggère les bienfaits de l'humilité et du respect que l’on doit à la nature, en particulier lorsque celle-ci est aussi capricieuse que celle du Wyoming. Le recueil peut sembler parfois sombre - bien que l’auteur ne manque pas d’humour et de cynisme -, mais la justesse d’observation d’Annie Proulx emporte l’adhésion. Sans doute qu’avec un peu de sagesse, héritée de l'expérience des pionniers, on peut constater avec l’auteur, que, effectivement, « c’est très bien comme ça ».
Texte : Marion Pragout
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