L’énigme du retour
Auteur : Dany Laferrière
Editeur : Grasset
301 Pages
Soixante-dix ans après la parution du Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire, Dany Laferrière, écrivain caribéen exilé sur l’île de Montréal depuis plus de vingt ans, publie chez Grasset les impressions de son retour sur la terre verdoyante de son île à lui : Haïti. Cet étonnant récit, qui fait alterner vers et prose, a été récompensé par le prix Médicis 2009.
Le livre commence par un coup de fil qui « coupe la nuit en deux » : Windsor Laferrière (renommé Dany) vient de perdre son père, exilé politique à New York. Le jeune orphelin part étouffer sa tristesse dans les villages de la campagne québécoise. Le silence de l’hiver finit par exacerber les souffrances du deuil. Le Québec, pays de glace, fait de l’homme « un arbre sec qui craque dans la neige », un élément mort du décor. Windsor décide de quitter Montréal.
Quelques jours plus tard, il se retrouve sous le soleil haïtien, avec pour seuls bagages la nouvelle de la mort du père et l’espoir d’une vie en accord avec ses souvenirs d’enfance.
Le retour est douloureux. Windsor va devoir se réapproprier sa terre natale, pourtant inchangée. Une terre brûlante et malade, qui souffre d’une politique instable et corrompue, du fossé qui sépare riches et pauvres, pourtant égaux face à l’« archer aveugle » de la mort.
L’énigme du retour se présente tantôt comme une véritable saisie en vol des instants - « Ce lézard indécis, / après mûres réflexions, / saute de sa branche. / Un éclaire d’un vert tendre / gifle l’espace » - , tantôt comme un texte engagé, à la fois doux et violent. Un témoignage face à la dictature des Duvalier, une époque où la place de l’écrivain était en prison. À travers la confession de Windsor Laferrière, L’énigme du retour – là n’est pas son moindre mérite - donne une voix à ceux qui n’ont jamais droit au chapitre : les exilés haïtiens.
Texte : Martin Rhodes
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