L’Envie du monde
Auteur : Jean-Didier Urbain
Editeur : Éditions Bréal
272 Pages
Et si le tourisme nous donnait des clés utiles pour comprendre notre univers social ? Tel est le postulat de Jean-Didier Urbain, anthropologue et professeur à l’université Paris-Descartes, qui étudie les mœurs particulières de l’homo turisticus. Depuis un demi-siècle, le tourisme, de par sa massification, est devenu un phénomène de société qui reflète à sa façon l’état du monde.
Bien loin des clichés sur le touriste moutonnier, Jean-Didier Urbain décrit dans L’Envie du monde une diversification de plus en plus pointue des pratiques touristiques. « Tourisme de la fugue », « nomadisme résidentiel », séjours urbains ou tourisme vert, désir de grégarisme ou fuite hors du monde : à chacun son tourisme, serait-on tenté d’écrire.
Quelques tendances de fond apparaissent toutefois : la fragmentation des séjours avec la vogue des voyages courts ; la tendance à partir plus souvent chez les citadins. Le tourisme n’est pas né pour rien dans l’Angleterre fortement urbanisée de la Révolution industrielle. Enfin, est évoqué le développement d’un tourisme patrimonial, dont les villes seraient le terrain d’expression privilégié, au risque de devenir des musées.
Une intéressante réflexion sur un sujet beaucoup moins futile qu’on ne pourrait le croire. Loin d’être des consommateurs du monde, les touristes en sont aussi des acteurs, qui, par leurs choix et leurs désirs, laissent leur empreinte sur la société et l’environnement. L’attrait touristique pour telle ou telle destination n’est pas dénué de sens. Il en dit long sur notre société et nos fantasmes. C’est aussi pour cela que les touristes gagnent à être (mieux) connus.
Texte : Jean-Philippe Damiani
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