Transsibérien

Auteur : Dominique Fernandez

Editeur : Grasset

298 Pages

En 2010, dans le cadre de l’année franco-russe, Dominique Fernandez (Dans la main de l’ange, Dictionnaire amoureux de la Russie) est invité, avec une vingtaine de personnalités françaises et russes, à traverser la Russie à bord du Transsibérien. Un voyage de trois semaines, long de plus de 9 200 km, à travers sept fuseaux horaires et l’immensité de la Sibérie.
Délaissant les mondanités de ce voyage officiel, Dominique Fernandez se livre à un périple intime et littéraire, de la place Rouge aux rivages de la mer du Japon. Nourri par le souvenir de Gorki, Tolstoï, Ivan le Terrible ou du poète Ossip Mandelstam (auquel Fernandez consacre de très belles pages), ce carnet de voyage est une méditation, parfois nostalgique, sur le devenir de la Russie, tout comme sa douloureuse histoire. La Sibérie n’est-elle pas aussi la contrée « des prisons, des camps, des travaux forcés », où l’on se met en route vers la Maison des Morts dont parle Dostoïevski ?
L’auteur porte sur la Russie le regard d’un « promeneur amoureux », qui préfère l’observation vigilante à l’aveuglement amnésique. Il ne s’émerveille pas moins – et nous avec lui – devant la solitude glacée de la toundra, l’immensité silencieuse du lac Baïkal ou le cours majestueux de ce fleuve qui porte le si beau nom d’ « Amour ».
Accompagné de photos de Ferrante Ferranti, ce magistral Transsibérien, comme tout récit de voyage réussi, s’émancipe de l’enclos balisé du reportage. Dominique Fernandez dresse un portrait subjectif de sa Russie, et, en creux, de lui-même. Car, tout voyage est aussi un chemin vers soi, le périple géographique et l'odyssée intérieure ne faisant plus qu’un.
Particulièrement dans la temporalité dilatée d’un voyage en Transsibérien où s’abolit « toute distinction entre soi et le monde, par une dilatation de l’individu à l’infini. A temps engourdi, à espace incommensurable, moi volatilisé ».