Holi en Inde, une fête haute en couleurs
Le changement des saisons donne lieu à de nombreuses fêtes à travers le monde. En Inde, l'arrivée du printemps, ainsi que la victoire du bien sur le mal, sont célébrées dans la joie et la profusion de couleurs lors de Holi, l'une des plus grandes fêtes du pays. Pascal Mannaerts, membre de la communauté Routard, a eu l’occasion d’y assister dans la ville de Vrindavan, où le festival dure exceptionnellement plus d’une dizaine de jours. Des images hautes en couleurs.
À lire également, l'interview de Pascal Mannaerts.
Profusion de couleurs dans le temple de Banke Bihari à Vrindavan
Le Banke Bihari Mandir est un temple hindou dédié au dieu Krishna, dans la ville sainte de Vrindavan. C'est le centre des fêtes de Holi dans la ville de Vrindavan. Plein à craquer tout au long de la journée pendant les deux semaines de festival, il est même difficile d'y pénétrer, emporté par les mouvements de foule et les raz-de-marées de poudres et de couleurs. Des familles hindoues venues des quatre coins du pays se rendent ici, souvent après de longues heures ou de longues journées de route, pour honorer Krishna. Une statue à son effigie se trouve derrière les rideaux, sur une sorte de scène devant laquelle les pèlerins se pressent. Tous les quarts d'heure environ, un des brahmanes du temple lève le rideau et laisse entrevoir la statue de Krishna aux visiteurs, provoquant à chaque fois la joie, les cris, l'hystérie, propulsés dans des jets de poudres et de nuages colorés. Des moments inoubliables...
Un regard et le temps se suspend
Un homme, un regard, un moment suspendu et d’éternité dans l’agitation de la foule, un jour de Holi dans les rues de Vrindavan.
Hello friend, have some Holi colors !
Un enfant me montre fièrement les pigments qu'il conserve dans ses mains, pour les répandre ensuite sur les personnes autour de nous.
Happy Holi ! Au coeur de l'action
La Holi atténue, momentanément, la rigueur des normes sociales, ce qui inclut les écarts entre l'âge, le sexe, le statut et la caste. Les riches et les pauvres, les femmes et les hommes, tous font la fête ensemble ce jour-là. L'atmosphère est à l'excitation, à l'ivresse, au plaisir et à la joie. Les pèlerins parcourent les rues de Vrindavan et se rendent en famille ou entre amis dans les lieux de culte en l’honneur du dieu Krishna. La ville ne compte pas moins de 5.000 temples, certains étant parfois même minuscules, cachés dans l’arrière cour d’une maison. Partout, c’est cette marée humaine, indomptable, et cet océan de couleurs qui jaillit de partout, où que l’on pose son regard.
Petites bénédictions entre amis
Deux hommes se bénissent mutuellement de couleurs sacrées dans la vieille ville de Vrindavan pendant les fêtes de Holi.
Rituel de puja
Une dame accomplit le rituel de puja devant l’une des statues de «Nandi» (taureau mythique) décorant le temple de Banke Bihari, Vrindavan.
Dans les rues de Vrindavan
Deux femmes se faufilent dans les rues de Vrindavan, un jour de Holi. Dans la plupart des régions de l'Inde, la Holi dure environ deux jours. Mais à Mathura, le lieu de naissance de Krishna, et à Vrindavan, là où a grandi Krishna, le festival dure plus de deux semaines.
Le baba et ses 1001 couleurs - Happy Holi !
Me voilà enfin devant cette étroite ruelle menant au temple de Banke Bihari. Les gens s’y pressent, patiemment, sans réellement avancer. Des mouvements de foule se font, ça et là, poussant certains commerçants à baisser leur rideau de fer en urgence, de peur que la foule des visiteurs ne finisse en catastrophe dans leur échoppe. Je me retrouve un peu plus loin dans une ruelle minuscule et complètement déserte. Un baba est assis à l’entrée d’une maison. Il prend un peu de repos par rapport à la folie ambiante. «Raddhe, Raddhe», me lance-t-il, emmitouflé dans sa robe couleur safran.
Oh la vache !
Une vache sacrée reçoit elle aussi sa bénédiction de couleurs dans les rues de Vrindavan pendant la Holi. La vache, un des symboles de l'Inde, représente le visage bienveillant de la mère déesse, de la fertilité et de l'éducation.
Ferveur hindoue pendant les fêtes de Holi
Ferveur intense dans l’enceinte du temple de Banke Bihari pendant les fêtes de Holi, Vrindavan.
Joie partagée
Foule en liesse dans le temple de Banke Bihari, au moment où la statue de Krishna est dévoilée au public.
Renouveau
Chaque année, des milliers d'hindous participent aux fêtes de Holi. Les fêtes de Holi ont de nombreuses significations. Tout d'abord, la Holi célèbre le début de la nouvelle saison, le printemps. Les hindous pensent que c'est le moment propice pour profiter des couleurs abondantes du printemps et pour dire adieu à l'hiver. A l'origine, la Holi était une fête pour les bonnes récoltes et la fertilité des terres. La Holi a également une fonction religieuse, en l'honneur du dieu Krishna.
Questions à Pascal Mannaerts
Le Routard : Peux-tu nous expliquer ce que représente cette fête ?
Pascal Mannaerts : La Holi, ou plus communément appelée «fête des couleurs », est la fête hindoue de l'équinoxe de printemps. Elle est célébrée dans toute l'Inde, au cours de la pleine lune du mois de Phâlguna, qui se situe généralement en février-mars. La Holi est dédiée à Krishna dans le nord de l'Inde et au dieu Kama dans le sud. Elle se fête avec une dévotion toute particulière dans la ville sainte de Vrindavan, où Krishna aurait passé son enfance. Le festival y dure pendant une dizaine de jours. La Holi, c’est la fête hindoue par excellence où les barrières sociales se brisent, réunissant les gens, peu importe les écarts d'âge, de sexe, de statut et de caste. Les castes se mélangent, les inférieurs peuvent insulter ceux devant qui ils ont dû s'incliner le reste de l'année. Les riches et les pauvres, les femmes et les hommes, les Hindous et non Hindous, les étrangers, tous font la fête ensemble.
Après m’être plongé déjà à deux reprises dans les couleurs de Holi en 2002 à Madurai et en 2008 à Hampi, je me retrouve, en 2013, au bon moment dans le nord de l’Inde. Cap alors sur Vrindavan où je passe les fêtes de Holi en 2013 et 2015.
Le Routard : Est-ce facile pour un étranger d'assister voire de participer à cet événement ?
Pascal Mannaerts : Oui, il n’y a aucun problème, bien au contraire. De manière générale, en Inde, les étrangers sont les bienvenus aux manifestations religieuses, mais j’ai envie de dire que lors des fêtes de Holi, on se retrouve tout particulièrement sollicités pour prendre part aux festivités avec les Indiens. Il ne se passera pas une minute, un jour de Holi dans les rues indiennes, pour un étranger, sans qu’il se retrouve arrosé de couleurs sacrées. Aussitôt repéré, l’étranger sera peut-être même parfois coloré en toute priorité, qu’il le veuille ou non. D’où l’importance de notamment bien emballer son matériel photo avant de sortir.
J’ai été chaleureusement accueilli, à plusieurs reprises, dans le temple de Banke Bihari. On m’a même autorisé à monter plusieurs fois à l’étage, au balcon, pour prendre des photos de la foule vue d’en haut. C’était inoubliable. Toutes les 15 minutes environ, une statue de Krishna, cachée derrière le rideau dans la grande salle du temple, était dévoilée à la foule, dans la joie et la dévotion la plus totale. La seule restriction était qu’il ne fallait pas prendre de photo dans la direction de la statue lorsque le rideau était levé. A respecter donc. Pour le reste, c’était un pur bonheur de se retrouver dans cette foule avec son appareil photo. On en avait littéralement plein la vue !
Le Routard : Les gens se laissent-ils facilement prendre en photo ?
Pascal Mannaerts : Oui, bien sûr, les gens aiment généralement se faire prendre en photo en Inde, et encore plus dans de telles circonstances, puisque l’atmosphère est à la fête et à la joie. Les Indiens seront sans doute même les premiers à vous approcher pour prendre un selfie avec vous.
Le Routard : Comment fais-tu pour protéger ton équipement photographique ?
Pascal Mannaerts : Ça, c’était toute une histoire! Comme je voulais me plonger dans la foule, pour prendre des photos des festivités en étant au milieu des gens, je n’avais pas le choix. Je devais isoler complètement mon appareil car avec toutes ces poudres, eau et poussières, c’en aurait été rapidement fini pour lui. Je me rappelle avoir vu de nombreux photographes prendre des photos depuis le toit de certaines maisons. Je les ai rejoints un moment mais ça ne m’intéressait pas, je voulais être au cœur de l’action. Mon appareil était emballé dans une série de sacs plastiques transparents que je scotchais à mon poignet le matin, avant de quitter l’ashram où je logeais. Impossible d’avoir directement accès à l’appareil. Tout réglage se faisait de la main gauche, la main droite étant pressée contre le boitier avec le doigt non loin du déclencheur. Seule la lentille sortait de cet assemblage plastique de fortune, mais redoutablement efficace. Ah oui, j’oubliais les mouchoirs de papier à volonté dans ma poche gauche, pour essuyer les éventuelles éclaboussures sur l’objectif. Et le tour était joué !
Découvrez les autres photos de Holi de Pascal Mannaerts sur son site Parchemins d’ailleurs.
Pour en savoir plus sur la fête de Holi, lisez nos articles Holi, la fête des couleurs en Inde et Holi (Fête des couleurs) en Inde.
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