En voyage "Tête baissée"
On a l’habitude de dire qu’un photographe doit toujours être aux aguets, le "nez en l’air", toujours prêt à déclencher. Cyril Ruchet a choisi une démarche à contre-courant, en voyageant « Tête baissée ». Son regard n’en est pas moins à l’affut des compositions graphiques prêtes à être révélées au cours de ses balades citadines. Loin des clichés habituels que l'on présente au retour d'un voyage dans les albums photos, ses images revisitent les lieux touristiques sous un angle original.
À lire également, l’interview de Cyril Ruchet.
Empire State Building, New York
Kungsträdgården, Stockholm
Port de Howth, Irlande
Tate Modern, Londres
Basilique Sainte-Marie, Cracovie
Ein Gedi, Israël
Comic street rue de l'Étuve, Bruxelles
Place Sergel, Stockholm
Dark Hedges, Irlande du Nord
Synagogue Dohany, Budapest
Place du commerce, Lisbonne
Cathédrale Christ Church, Dublin
Basilique Saint-Evre, Nancy
Questions à Cyril Ruchet
Le Routard : D’où vient l’idée de cette série de photos ?
Cyril Ruchet : Le projet « Tête baissée » trouve son origine dans mon enfance. Jusqu'à mes dix ans, c’était ma façon de me déplacer, "tête baissée". Etant d'une timidité maladive, j'arpentais les rues de mon village les yeux rivés sur le sol évitant soigneusement les regards et les discussions. J’étais toujours le premier à ramasser les pièces, à slalomer entre les chewing gums ou à observer les formes insolites esquissées sur le trottoir. Dans chaque vie, il y a plusieurs vies. De nombreux évènements sont venus m'enrichir depuis mais cet enfant si loin de moi aujourd'hui a laissé quelques traces.
Mais c’est en 2015 à New York qu’est vraiment née l'idée de cette série. Je me promenais dans cette "ville debout", les yeux inlassablement attirés par les gratte-ciels. Soudain, une pluie conséquente vint me contraindre à changer de point de vue. Au détour d'une rue, je découvris alors, par le plus grand des hasards, un reflet surréaliste. Le ciel, la terre et l'Empire State Building s'entrelaçaient sur le sol dans une composition originale et esthétique. Cela fit rapidement écho à mes jeunes années et je décidai alors d'illustrer le monde avec ce regard atypique. Dorénavant, je voyagerai "tête baissée". Au-delà des réminiscences enfantines, ce procédé a l'avantage de proposer une écriture photographie originale et résolument moderne.
Le Routard : Quelles destinations as-tu déjà visitées pour ce projet et quelles sont les prochaines, as-tu eu des coups de cœur que tu recommanderais ?
Cyril Ruchet : Je me suis déjà rendu à New York, Bruxelles, Cracovie, Gênes, Jerusalem, Stockholm, Nancy, Dublin, Londres, Budapest & Lisbonne. Je me prépare pour partir à Edimbourg et dans les Highlands. Ensuite, je dois me rendre à Rome fin août. Je rêve de découvrir la Jordanie et prépare doucement cette échéance. J’ai eu de nombreux coups de cœur durant ces voyages, comme les paysages fabuleux des Cinqueterre en Ligurie (à découvrir hors saison) et la traversée du désert du Neguev en Israël. Je n’oublie pas non plus la chaleur et la profonde gentillesse du peuple portugais.
Le Routard : Tu fais de la photo depuis longtemps ?
Cyril Ruchet : J'ai été très tôt passionné de photographie allant même jusqu’à arpenter les bancs de l'école accompagné de ma boîte noire argentique. Aujourd’hui, je réside à Nancy et travaille en tant que professeur des écoles dans le département des Vosges. Enseignant itinérant, je découvre au fil des jours autant de paysages que d'élèves différents, profitant ainsi de la grande diversité du territoire français. En plus de l’enseignement scolaire je m’efforce de transmettre des connaissances sur la musique, le voyage et la photographie. La littérature, la musique, le cinéma et surtout le voyage tiennent en effet une place prépondérante dans ma vie. Je souhaite à l’avenir pouvoir pratiquer de plus en plus la photographie artistique. Je suis très attiré par la photographie humaniste et tente d'y apporter un regard neuf, empathique et moderne.
Je travaille actuellement sur plusieurs séries en même temps comme « jeux d’enfants », le « langage des mains » ou « répit », qui me passionnent tout autant que la série « Tête baissée ». Un aperçu de ces séries en cours est visible sur Instagram ou sur mon site (voir liens ci-dessous).
Le Routard : Quel équipement utilises-tu, retravailles-tu tes photos ?
Cyril Ruchet : J'aime beaucoup la magie des boitiers argentiques et travaille souvent au Rolleiflex moyen format (6*6) pour des tirages carrés en noir & blanc. J'utilise également une variété d'appareils numériques, qui me permettent de pratiquer aisément la photographie de rue (comme le XT100 de chez Fuji).
Je ne retouche jamais mes photos. J’appuie parfois légèrement les contrastes. Je trouve que cela nuit à l’émotion. Le format carré est présent dès la prise de vue. En général, je prépare mon cadre et attends qu’il se passe quelque chose de pittoresque, d’amusant ou d’émouvant. C’est un travail de patience et d’intuition. Pour cela j’utilise des vitesses d’obturation rapides pour éviter les flous. J’aime alterner les photos intuitives de rue avec des photos graphiques presque abstraites comme celles de la série « tête baissée ».
Découvrez les autres images de Cyril sur son site personnel et son compte Instagram.
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