Hawaii, d’île en île
Waikiki, Honolulu, les surfeurs, les volcans et les plages de rêve… Autant de clichés qui ont fait la réputation de Hawaii comme paradis terrestre au cœur de l’océan. Pourtant, cet archipel du Pacifique, bout d’Amérique échoué en Polynésie, demeure peu connu des Français, au fond. Peut-être parce qu’il se trouve à plus de 20 h de vol de nos terres… Embarquement immédiat pour un voyage à Hawaii, d’île en île.
Préparez votre voyage avec nos partenaires- Hawaii, l’archipel du bout du monde
- O’ahu et Honolulu : l’île-capitale de Hawaii
- Waikiki, la plage la plus célèbre du Pacifique
- Au nord d’O’ahu : surf à Hawaii
- Kauai, l’île-jardin de Jurassic Park
- Île de Maui, la maison du soleil
- Grande île de Hawaii, grandiose
- Kona : plein soleil à Hawaii
- Fiche pratique
Hawaii, l’archipel du bout du monde
Paumé en plein Pacifique nord, à (au moins) 22 h de vol de Paris et onze fuseaux horaires, Hawaii renvoie d’emblée à une image de paradis terrestre, construite dès les premiers pas dans les îles des explorateurs européens des 18e et 19e siècles : l’image d’une terre féconde, bénie des dieux, où la vie semble empreinte d’une heureuse insouciance.
La nature, c’est vrai, s’est surpassée ici, dans une frénésie de sommets volcaniques follement sculptés par l’érosion, entrouverts sur de profondes vallées aux tapis de végétation luxuriante et des cascades plantureuses. Un vrai jardin d’Éden à deux pas des bouches de l’enfer : tout à l’est de l’archipel, la lave sourd presque continuellement, s’écoulant jusqu’à l’océan dans un tonnerre silencieux de vapeur. Et, sur les côtes tabassées par le ressac, les falaises fendent l’armure sur des écrins de sable noir ou blanc dessinant des plages sublimes.
L’image est vraie, mais naturellement trompeuse. Hawaii la polynésienne fut jadis une terre corsetée de tabous, bien moins hédoniste que ces îles réinventées par le tourisme, la quête du paradis perdu et les surfeurs.
Au fil du temps, pourtant, tous ont fini par y croire, jusqu’aux Hawaïens eux-mêmes – dont la culture, un temps au bord de l’évanouissement, est aujourd’hui célébrée. Beaucoup d’autres, notamment asiatiques, les ont rejoints, perfectionnant un archipel arc-en-ciel qui a fait sienne une philosophie : celle du bonheur simple.
O’ahu et Honolulu : l’île-capitale de Hawaii
C’est à Honolulu que l’on atterrit à Hawaii, survolant les récifs coralliens et les brochettes d’immeubles avant de se poser à l’orée d’une baie célèbre. Pearl Harbor vit l’entrée de plein fouet des Américains dans la Seconde Guerre mondiale un jour de décembre 1941.
L’île d’O’ahu, vue du hublot, forme un duo de volcans déchirés par l’érosion aux hautes pentes quasi inaccessibles et, sur trois des quatre côtés, un littoral largement préservé. Mais O’ahu, c’est aussi les trois quarts de la population d’Hawaii, sa capitale, des gratte-ciel à gogo, une grande base militaire, des malls (centres commerciaux), des embouteillages et les excès de l’air conditionné.
Le downtown prend pourtant des airs souriants. L’air est tiède, les rues soulignées de palmiers et de frangipaniers aux fragrances sucrées. Ceint de son écharpe de verdure, le palais ‘Iolani (1881) rappelle qu’Hawaii fut gouvernée par des rois et des reines, avant que des planteurs de canne à sucre américains ne manigancent pour glisser l’archipel dans l’escarcelle yankee. L’église de Kawaiaha’o (1842), en blocs de corail, et la première mission (1821) se dressent juste à côté.
À l’ouest, Chinatown – mâtinée de Vietnamtown – ajoute ses marchands de nashis et de pomelos géants, son très bel Izumo Taisha shrine, japonais, et son temple de Kuan Yin rouge aux tuiles vernissées vertes. La collection d’orchidées du Foster Botanical Garden s’épanouit tout contre.
Waikiki, la plage la plus célèbre du Pacifique
C’est ici, à partir des années 1900, que s’est construit le mythe. À l’origine, il n’y avait là qu’une plage bordée de sources, de champs de taro – puis de rizières. Les ali’i, les aristocrates hawaïens, y surfaient des rouleaux de 10 m sous le regard du peuple qui n’avait pas cet honneur. En 1893, Stevenson, l’auteur de l’Île au Trésor, y séjourna 5 semaines au Sans Souci, l’un des tout premiers hôtels. Et bientôt, tout le continent américain se mit à rêver.
Transformé en île par le creusement du canal d’Ala Wai, Waikiki a depuis explosé. Sur ces 1,8 km2 s’entassent chaque année près de 5 millions de touristes ! Las, les aménagements ont tari la source des grosses vagues… Elles culminent désormais à 2 m par gros temps, mais les débutants ne s'en plaignent guère.
On les croise dès le petit matin, l’air béat, cheminant planche sous le bras entre le Royal Hawaiian Hotel – rose – et la statue ceinte de colliers de fleurs de Duke Kahanamoku, surfeur et nageur de légende. Après l’école, les gosses se retrouvent à deux pas avec leur body board, sur Kapahalu Groin, alias Graveyards (« cimetières »), glissant au plus près de la jetée en essayant de ne pas s’y fracasser...
De là se détache parfaitement la silhouette emblématique du cratère de Diamond Head, né d'une éruption il y a 300 000 ans. Du sommet, à 232 m, où s’amarrent encore des batteries anti-aériennes, le point de vue sur Waikiki, les récifs et les eaux turquoise est imprenable.
Au nord d’O’ahu : surf à Hawaii
Pour une houle d’1 m à Waikiki, le North Shore affiche 3, 4 m et davantage. De novembre à février, les passionnés, devenus professionnels de la glisse, débarquent des quatre coins du globe pour une nouvelle saison de compétition. C'est l'heure de la Triple Crown, les trois grands challenges du surf hawaïen, réunis sur un gros mois. Sunset, Ekuhai Beach se réveillent au son des haut-parleurs, sous le regard gourmand de bimbos en bikini.
À une encablure de la côte, balayée par des courants violents, les plus belles vagues du monde, formées par les tempêtes au large de l’Alaska, dressent certains jours des murs d'eau atteignant la taille d'un petit immeuble. Chacune a ses fidèles : Avalanche, Himalayas, Off the Wall et ses tubes qui se referment sur les surfeurs, la gauche sévère de Pipeline, Gas Chambers et ses vagues qui vous avalent sans vouloir vous recracher, Sunset qui explose à l’approche du rivage...
Refusant un monde empreint de matérialisme, pas contestataire pour autant, la tribu des surfeurs s'est installée là, dans des maisons en bois, entre palmiers et bougainvillées, face à son terrain de jeu. Un lifestyle est né, entre cafés bio, stands de shave ice, boîtes à lettres en forme d'espadons ou de squales et vieilles planches ancrées dans le sol signalant la résidence des accros. Leurs gosses décrochent le bac grâce au surf depuis son inscription au programme. Et, les bons jours, c'est près de la moitié de la population de la côte nord qui barbote dans les rouleaux parfaits du Pacifique, sur l'un des quelque 600 spots de l'île !
Kauai, l’île-jardin de Jurassic Park
La plus occidentale et la plus âgée des huit îles hawaïennes, Kauai révèle des paysages spectaculaires à la végétation exubérante. Un vieux volcan, le Wai’ale’ale, y joue le rôle de château d’eau, bloquant les nuages, qui se déversent en trombes (jusqu’à 12 m par an au sommet !), abreuvant les plaines littorales où prospère la canne à sucre.
À l’ouest de l’île, accessible uniquement à pied, en kayak ou en bateau, les pluies ont façonné un empilement incroyable de falaises dentelées aux arêtes acérées : la côte de Na Pali. C’est là que se déroule l’époustouflant Kalalau Trail, gravé au-dessus du vide par les anciens Hawaïens pour rejoindre les vallées les plus isolées.
Long de 18 km, le chemin débute là où s’arrête la route, à Ke’e Beach – paisiblement étalée entre filaos et cocotiers. Irrégulier, boueux, il rejoint la crique sableuse d’Hanakapiai. Puis montées et descentes se succèdent, au plus près de fines cascades qui éparpillent leurs larmes.
Passé Hanakoa, le vertige guette tandis que le sentier, juste assez large pour y poser le pied, s’incline dangereusement vers le précipice. Enfin, plongeant sur une saignée de latérite, il rejoint la mystérieuse vallée de Kalalau, délimitée par des remparts rocheux déchiquetés s’élevant jusqu’à 1 200 m au-dessus du Pacifique – où Steven Spielberg a tourné une partie de Jurassic Park.
Les non-marcheurs la découvrent depuis des points de vue aériens atteints par une route contorsionniste remontant depuis la côte sud sur les flancs du profond Waimea Canyon, « le grand canyon du Pacifique ». Spectaculaire, aussi.
Île de Maui, la maison du soleil
Au centre de l’archipel, la très touristique île de Maui est formée de deux volcans scellés par une coulée de lave centrale. Si West Maui a été largement consumée par les pluies tropicales, le Hale’a’kala (3 055 m), à l’est, n’a connu sa dernière éruption qu’en 1790.
Au sommet, atteint après 1 h de virages et d’épingles à cheveux, se découvre l’un des plus grands cratères du monde, au sol lunaire teinté de rouge et de gris, lardé d’aiguilles de lave et de cônes adventifs. On vient y voir le soleil se lever (départ de la côte à 4 h !), avant de redescendre en VTT.
À l’est, le contraste est flagrant. Louvoyant le long de la côte au gré de 600 virages et 54 ponts (!), l’étroite route de Hana pénètre un monde dégoulinant d’humidité, entre des falaises de lave battues par des vagues furieuses et des vallées envahies par la jungle ou occupées par des parcelles de taro. Torrents et chutes y dessinent des piscines naturelles revigorantes.
À l’ouest, QG touristique de Maui, un doux manteau de sable doré épouse le littoral. Kaanapali regroupe les grands hôtels, laissant à Lahaina, la capitale historique, le soin de cultiver ses nostalgies. Les vieux banyans et les canons, les vénérables églises, les maisons de bois et le Pioneer Inn y évoquent la mémoire des marchands, missionnaires et marins qui donnèrent naissance au port… On n’y chasse plus les baleines à bosse, mais on vient les voir, l’hiver, à bonne distance.
Grande île de Hawaii, grandiose
Cinq volcans se sont unis pour bâtir la plus jeune, la plus grosse des îles – qui a donné son nom à tout l’archipel : Hawaii. Sur la côte orientale, au sein du Hawaii Volcanoes National Park, le Kilauea est le théâtre d’une éruption unique en son genre, qui dure de manière quasi ininterrompue depuis 1983 !
Guère dangereux, on dit de lui qu’il est le seul volcan « drive-in » du monde… Un surnom vite justifié. À peine franchie l’entrée du parc, on se gare à l’approche du Crater Overlook. Bientôt, sous les yeux apparaît le cratère du Halema’uma’u, niché dans la caldeira du Kilauea. En 2008, il a repris du service. C’est, aujourd’hui l’un des deux seuls lacs de lave actifs au monde.
C’est ici que réside Pele, la déesse du feu. Les Hawaïens lui offrent lei (colliers) de fougères, feuilles de ti, bouteilles d’alcool. Et, en avril, lors du festival de hula du Merrie Monarch, les groupes viennent lui rendre hommage de leurs prières, chants et danses éthérées.
À deux pas, sur le Devastation Trail, des arbres soufflés par une éruption passée s’abandonnent au temps qui les dévore. Des forêts de fougères arborescentes tapissent le chemin menant au Thurston lava tube. Plus loin, des chaos bruns de a’a se mêlent à de vastes étendues brillantes de pahoehoe, qui s’est s'écoulée en formant des vagues figées.
On se gare finalement au bout de la Chain of Craters Road, où un second cratère, le Puʻu ʻŌʻō déverse par moments son magma en mer dans des volutes colossales de vapeur d’eau chargée d’acide sulfurique. Depuis 1983, il a pavé ainsi 140 km2 de l’île, l’agrandissant de 4 à 5 ha par an.
Kona : plein soleil à Hawaii
À l’ouest de la Grande Île, la côte de Kona, toute de lave parcheminée, offre un visage diamétralement opposé à celui du littoral oriental, réputé pour sa pluviométrie. Ici, le soleil règne – comme jadis le grand Kamehameha, premier roi de l’archipel unifié. En 1812, il fixa le centre de son pouvoir à Kailua-Kona, réputée pour ses excellents spots de surf.
Reste sur le front de mer dominé par les cocotiers et le clocher en bois de la vieille église de Mokuaikaua (1837), le très modeste palais d’Hulihe’e, aux larges varangues et, à quelques pas, la première résidence royale – une simple hutte de paille reconstituée ! C’est ici, contre le Kailua Pier, que débute et se termine chaque année l’un des plus ardus triathlons du monde : l’Ironman. Au programme : 3,8 km à la nage, 180 km en vélo et un marathon de 42 km.
Au sud de Kailua-Kona, des petites voies tortueuses grimpent dans une végétation dense vers les villages d’Holualoa, Honalo, Kainaliu, Kealakekua et Captain Cook, cœur de la « ceinture de café » de Hawaii, entre 250 m et 500 m d’altitude. Les devantures de bois et les vieux hôtels y exsudent un air de nostalgie bienheureuse. À Honalo, le temple bouddhiste Daifukuji, aux grands tambours kodo, rappelle l’importance de l’émigration japonaise.
Non loin, à Pu’uhonua o Honaunau (parc national), les condamnés à mort en fuite, les soldats défaits et le peuple menacé par les guerres pouvaient jadis trouver refuge. Des ki’i de bois au regard menaçant protègent le sanctuaire – parfaitement reconstitué avec ses palissades, son heiau (temple) et sa paillote où l’on vénérait les ossements des chefs.
Fiche pratique
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Comment s’y rendre ?
Long voyage en perspective : quelle que soit la compagnie que l’on emprunte, il faut compter avec une ou deux escales aux États-Unis pour un minimum de 21-22 h de voyage en tout. Les tarifs combinés débutent aux alentours de 900 € l’A/R. Il peut être plus intéressant de rejoindre Los Angeles avec une compagnie low cost comme Norwegian (dès 350 € A/R), puis de chercher un vol discounté pour Honolulu ou Kahului (Maui) – à partir de 350 US$ l’AR en basse saison.
Une fois sur place, les compagnies Hawaiian Air et Mokulele Airlines offrent un grand nombre de liaisons inter-îles à des tarifs très raisonnables (à partir de 73-79 US$ l’aller). Plutôt que de prendre des A/R, mieux vaut prendre plusieurs allers et constituer un itinéraire en boucle ; 4 vols devraient ainsi vous suffire pour visiter les 4 îles les plus touristiques.
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Quand y aller ?
La meilleure période, la plus ensoleillée, s'étend de mai à début octobre ; l'hiver est légèrement plus frais (25 °C en moyenne quand même !) et davantage pluvieux, mais rien de grave non plus. En fait, c’est l’orientation de la côte qui fait tout : humide à l’est et au nord, d’où soufflent les alizés, nettement plus sec à l’ouest et au sud. Les ouragans sont rares.
Où dormir ?
Le choix est vaste ! Considérable même… Mais attention, les tarifs ne sont pas tendres, surtout en haute saison (décembre-Pâques).
Les petits budgets adopteront (et adoreront !) le camping dans les national et state parks, ou éventuellement dans ceux gérés par les comtés – en vérifiant bien, auparavant, que ces derniers ne soient pas squattés par des homeless, problème récurrent à Hawaii où l’immobilier est si cher. Certains parcs disposent de bungalows en bois rustiques, mais généralement avec électricité, cuisine et douche (réservez !). On trouve quelques auberges de jeunesse sur les îles principales, dont une affiliée à Hostelling International (à Honolulu).
Pour ceux qui en ont les moyens, les bed & breakfast offrent une bonne alternative ; ils peuvent être encore abordables ou carrément dispendieux selon les cas et le confort. Beaucoup sont des adresses de charme. Comptez entre 60 (100-150 US$ le plus souvent) et 300 US$.
Sites utiles : www.bestbnb.com http://fr.bedandbreakfast.com/hawaii.html www.stayhawaii.com
On trouve naturellement des hôtels de toutes catégories, avec un parc considérable de resorts intégrant tous les services possibles et imaginables (à O’ahu, Maui et Big Island surtout). Pour économiser, c’est simple : tournez le dos à la mer, ou traversez la route pour vous installer du « mauvais » côté… Autre classique : les condos (appartements) ou maisons en location. Là, on ne saurait trop vous conseiller de regarder les offres d’Airbnb ou similaires.
Texte : Claude Hervé-Bazin
Mise en ligne :