Parc naturel des Vosges du Nord : l’Alsace buissonnière

Hunspach, l’un des plus beaux villages français

Bienvenue, à 60 km au nord de Strasbourg, dans ce bourg de 650 habitants élu « village préféré des Français » en 2020 !  

Balloté au fil des guerres d’une nationalité à l’autre (il a même été suédois pendant un temps !), Hunspach, qui fut entièrement détruit en 1633 pendant la Guerre de Trente ans, présente pourtant une grande uniformité architecturale : les belles bâtisses aux murs blancs à colombages en bois foncé sont surmontées de toits de tuile à pans coupés.

Les petites fenêtres, agrémentées de géraniums, ont souvent des vitres bombées, comme le veut la tradition : elles permettent d’éviter de dévoiler l’intérieur des logis, mais, à l’intérieur, la visibilité sur la rue est meilleure. Voir sans être vu…

Cette unité vient du fait qu’entre 1730 et 1775, on a beaucoup construit à Hunspach et, en général, les mêmes charpentiers étaient sollicités. À noter que le plus ancien édifice toujours debout remonte au tout début du 18^e siècle. On repère les dates gravées sur les poteaux d’angle.

Une autre particularité attire le regard : les puits à balancier, typiques de la région, dont le système a inspiré la conception des derricks pour les forages pétroliers. Ils se trouvent à l’entrée des jolies cours pavées et fleuries de certaines maisons.

Même au cœur de la commune, la campagne n’est pas loin : derrière la rue principale et l’église, s’étendent des vergers et des champs avec poules et moutons.

Dans les environs, d’autres localités bucoliques valent le détour. Climbach et sa petite chapelle en pleine nature qui a conservé un élégant arc ogival en grès rose, du 14^e siècle. Ou encore Seebach et le village vigneron de Cleebourg.

La ligne Maginot, dissimulée en pleine campagne

En Alsace du Nord, plusieurs ouvrages de la célèbre Ligne Maginot se visitent. Portant le nom du ministre de la Défense de l’époque, elle fut érigée, à partir des années 1930, à proximité de la frontière allemande pour endiguer une éventuelle invasion. Cela n’empêcha pas les nazis d’attaquer et la France de capituler…

Hunspach abrite le fort de Schoenenbourg qui fut le plus bombardé de toute la ligne de défense, avec 3 000 bombes et projectiles tombés en juin 1940. Malgré tout, il tint bon et répliqua avec force. L’armistice du 22 juin signa la fin de sa valeureuse résistance. Désormais, il peut être découvert à l’extérieur avec ses postes d’observation et ses tourelles de tir disséminés dans la campagne.

Mais le plus impressionnant, c’est le parcours souterrain de près de 3 km, à 30 mètres de profondeur, de la caserne au quartier de commandement, en passant par les cuisines et l’infirmerie. Tout a été conçu pour que plus de 600 militaires puissent être autonomes pendant des mois, enfermés sous terre. Ces conditions de vie ont été reproduites avec soin, pour que l’immersion soit la plus aboutie possible.

Non loin, à Lembach, le Four à chaux est également ouvert au public. Creusé dans une butte calcaire, d’où son nom, il s’enfonce jusqu’à 30 mètres en dessous de la surface et s’étend sur 26 hectares, sa capacité ayant été prévue pour près de 600 soldats.

Le chemin des Cimes, pour prendre de la hauteur

Voilà une balade facile à faire en famille, à 10 km au nord-ouest de Hunspach. Le chemin des Cimes, construit sur une montagne dans laquelle est caché le plus grand site fortifié de la ligne Maginot, une base militaire en activité jusqu’en 2018.

Il s’agit d’une immense structure en bois, d’une longueur de 1 000 mètres et d'une hauteur comprise entre 5 et 23 mètres, qui serpente entre les arbres.

Ce sentier-passerelle est ponctué de jeux pour enfants et de panneaux explicatifs sur la géologie, la faune et la flore alentour. Il mène à la tour belvédère de sept étages culminant à 29 mètres au-dessus du sol et offrant un beau point de vue à 360 degrés sur les contreforts des Vosges du Nord, la vallée de Lembach, la Forêt noire et la plaine du Rhin. Par temps clair, il est possible d’apercevoir la flèche de la cathédrale de Strasbourg.

Et pour descendre du belvédère, moyennant un petit supplément au ticket d’entrée, on peut glisser sur un toboggan de 75 mètres de long. Il ravit les enfants et adultes amateurs de sensations. Car le site est une destination familiale, entre le petit parc d’attractions et la randonnée nature, facile à emprunter pour les poussettes et les personnes à mobilité réduite.

Sur la route des châteaux d’Alsace

Également perchées et conçues pour voir loin, plusieurs forteresses émergent des reliefs boisés. Un itinéraire baptisé la route des châteaux d’Alsace permet de les relier, notamment à pied en suivant le GR 53. Le plus connu est celui de Fleckenstein, bâti au 12^e siècle à même la roche et ses anfractuosités, posé sur 92 mètres de long, à 358 mètres d’altitude. Imprenable, il lance, à présent, des défis ludiques aux visiteurs venus en famille.

Sur la montagne en face, deux autres citadelles, plus endommagées par le temps, s’atteignent lors d’une agréable marche en forêt. Le château de Hohenbourg est le plus haut des Vosges du Nord (550 mètres). Remontant au 13^e siècle, il a été remanié au siècle suivant, conservant encore aujourd’hui une belle porte d’entrée Renaissance aux contours ouvragés. Ses différents niveaux semi-troglodytiques épousent l’éperon, reliés par des escaliers et échelles escarpés. L’ascension vaut la peine, le sommet révélant un splendide panorama : à perte de vue, les douces collines verdoyantes semblent onduler comme les vagues d’un océan forestier.

Même fascinant tableau du haut du château de Loewenstein. Il est beaucoup plus en ruines que ses voisins mais demeure impressionnant, juché sur son piton de grès depuis le 13^e siècle. Il fut, au siècle suivant, le repère de chevaliers-brigands.

Plus loin sur le GR 53, apparaissent les vestiges du Petit Arnsbourg (ou Petit Arnsberg), mentionné pour la première fois au début du 14^e siècle, l’un des plus petits sites féodaux alsaciens. Depuis son rocher, il domine la vallée du Steinbach et le charmant village d’Obersteinbach avec ses deux églises aux extrémités du bourg, dont l’une dotée d’un joli clocher à bulbe. C’est également ici que la Maison des Châteaux donne toutes les informations sur l’histoire, l’architecture et les techniques de construction des places fortes de la région.

Randonnée près de l’étang de Hanau

En poursuivant un peu plus vers l’ouest, on passe en Moselle tout en restant dans le parc naturel régional des Vosges du nord. Les abords de l’étang de Hanau et de l'étang de Lieschbach cachent, eux aussi, d’autres bastions. En effet, au Moyen Age, le pays de Bitche occupait une position stratégique, entre Duché de Lorraine et Saint-Empire romain germanique.

Pour protéger cette frontière, ont été édifiées des citadelles haut perchées, dont le château de Waldeck, du 13^e siècle, ou le château de Falkenstein, du début du 12^e siècle, remanié par la suite. Ce dernier tient son nom d’un rocher dont la forme évoque la tête d’un faucon. En partie troglodytique, il présente de beaux restes et un magnifique belvédère à 450 mètres d’altitude, depuis l’étage supérieur qui s’étire sur 117 mètres. Tout autour s’étendent, à perte de vue, des monts couverts de forêts mixtes, avec des feuillus et des épineux, dont des pins sylvestres endémiques.

Plusieurs circuits de randonnée partent de l’étang de Hanau, né d’une tourbière riche en biodiversité où l’on peut observer des grenouilles, des libellules et des droséras, ces plantes carnivores qui sécrètent un liquide collant afin d’emprisonner les insectes puis de les digérer.