Aqaba : la Jordanie côté mer
Si on évoque la Jordanie, vous penserez probablement à des vieilles pierres, à des cailloux (anciens eux aussi) et à du sable roux. Mais le pays ne se limite pas à Pétra et au désert de Wadi Rum. Il se compose aussi d’une palette infinie de bleus : celui de son ciel rarement embêté par les nuages et de sa mer Rouge qui n’a de rouge que le nom. Direction la ville d'Aqaba et ses environs pour découvrir la version balnéaire de la Jordanie, afin de piquer une tête après avoir crapahuté dans le désert…
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Aqaba, une ville à la mer
Aqaba ? Une ville de plus de 95 000 habitants dont la plupart des touristes ne découvrent l’existence qu’au moment d’organiser un séjour en Jordanie. Une cité discrète que peu de visiteurs choisissent de découvrir en profondeur. Un ou deux jours tout au plus lui seront consacrés…
En face d’elle, Israël et l’Égypte ont fait du balnéaire un business aussi juteux que le culturel, et ceci depuis de nombreuses années déjà. Des concurrentes de taille aux noms célèbres déploient leurs charmes sur les pages de catalogues : Eilat en Israël, Sharm El Sheikh, Hurghada et El Gouna en Égypte.
Un potentiel sur lequel la Jordanie commence progressivement à miser. Et les établissements de luxe de s’installer et les projets d’hôtels de se multiplier dans la région comme à Ayla ou vers les plages du sud.
Lovée dans le golfe du même nom, Aqaba est une ville où il fait bon vivre depuis environ 4000 av. J.-C. Le climat, les eaux chaudes, les fonds marins et les curiosités culturelles en font un spot où l’on peut rester plusieurs jours pour mixer repos et histoire !
Zone franche, Aqaba accueille l’unique port de Jordanie, une installation majeure depuis l'âge du fer. La Bible y fait même référence dans l’ancien Testament ! Aujourd'hui, l'économie de la ville repose en grande partie sur le secteur portuaire et le statut de zone franche qui offre des allégements fiscaux pour les entreprises et des droits de douane réduits.
Un retour vers le passé
La « pièce maîtresse » de la ville est évidemment son fort qui promet un véritable voyage dans le temps. Situé à deux pas de la place de la Révolution arabe et de son immense drapeau, il a toujours fière allure.
Ne manquez pas de vous arrêter devant sa lourde porte d’entrée pour admirer la façade qui révèle pléthore d’informations (dont la date de construction) et le blason hachémite qui raconte la conquête de la ville par les troupes arabes. Bâti durant l'ère islamique (entre 1510 et 1517) par les mamelouks sur les ruines d'un fort croisé, le monument est l'un des derniers témoins d’un temps que les moins de 500 ans ne peuvent pas connaître.
Ancien caravansérail fortifié, il accueillait jadis des pèlerins en voyage pour la Mecque. Détruit en partie par les bombardements de la Royal Navy durant la Première Guerre mondiale, il a pu renaître de ses cendres grâce à un programme de rénovation. Si le tour du propriétaire ne vous prenda pas la journée, n’hésitez pas à faire appel au service d’un guide pour comprendre les lieux… et compléter par la visite du musée voisin.
Installé dans une maison ayant appartenu à Hussein ben Ali, l'instigateur de la révolte arabe de 1916, le petit musée archéologique expose des objets divers et variés, et notamment des pièces issues des fouilles de sites nabatéens (dont Hawara, nommé aujourd’hui Humayma), romains et byzantins, de l’ancienne église d’Aqaba et de la ville d’Ayla. Vous pourrez ainsi admirer la première borne de la Via Nova Traiana et des vases de la dynastie chinoise des Song du Nord.
Pour voir de vos propres yeux la vieille ville d’Ayla, direction le complexe touristique flambant neuf du même nom au nord-ouest du centre. Il ne reste pas grand-chose de la commune du VIe siècle, mais les quelques piliers et murs vont donneront une idée. S’il est surprenant de trouver des pierres anciennes à deux pas d’un parcours de golf, de plages privées, de restaurants et de boutiques de luxe, cette « oasis » est une expérience à part entière !
Autre incontournable : la grande mosquée d’Aqaba. Nommée en honneur à Hussein ben Ali, elle brille d’un blanc étincelant. Avec ses dimensions, ses minarets en flèche et son dôme (le plus grand parmi les mosquées du pays), elle ne passe pas inaperçue. On peut y pénétrer et même rencontrer l’imam en dehors des horaires de prières, et notamment celle du vendredi.
Entre deux visites culturelles, octroyez-vous une pause au souk local. Au programme : des échoppes multicolores, des odeurs d’épices et de thé (notre coup de cœur), de l’artisanat local et des échanges passionnants avec les vendeurs. On vous conseille également d’aller faire un tour dans une boulangerie pour assister à la confection du pain local.
25 km de plages : farniente et activités balnéaires à Aqaba
Toutes ces découvertes donnent furieusement envie de ne plus rien faire. Cela tombe bien, il y a les plages toutes proches pour cela. Après le vol ou les kilomètres à pied à user ses souliers à Pétra ou à Wadi Rum, c’est un bonheur de faire trempette dans les eaux tièdes de la mer Rouge.
Avec les 25 km de plages plus ou moins aménagées, la vie d’Aqaba s’organise autour de la Grande Bleue. Ici, on profite de la brise de la côte pour flâner, farnienter, se baigner ou profiter de l’une des attractions locales : les bateaux à fond de verre.
Rendez-vous sur la plage publique d'Al-Hafayer (nommée également Palm Beach) pour grimper à bord de l’une des nombreuses embarcations. Une excursion idéale pour admirer des fonds marins qui font partie des plus beaux du monde, surtout si vous n’aimez pas la plongée !
Si vous êtes véhiculé, direction le sud pour vous balader sur des étendues de sable moins fréquentées. Entre sable et roche naturelle, les plages offrent un cadre fort appréciable pour des séances bronzettes. Les plus connues s’appellent Marina Beach, South Beach et Tala Bay.
Vous voulez faire bande à part ? Les hôtels accueillent les clients extérieurs moyennant une participation financière. Autre possibilité : réserver sa chaise longue sur la plage d’Ayla Oasis dont on vous parlait précédemment.
Aqaba version sous-marine
Après avoir découvert la partie émergée d’Aqaba – déjà très sympathique –, il est temps de s’intéresser à la version immergée : les fonds marins riches en faune multicolore et en récifs coralliens préservés. Nul besoin d’aller très loin pour plonger seul au monde au cœur de sites grandioses. Une poignée de kilomètres suffit pour entrer 20 (000) lieux sous la mer Rouge, la plupart des spots étant très proches de la côte. Accessibles aux plongeurs débutants, les profondeurs d’Aqaba feront également le bonheur des professionnels !
On compte plus d’une vingtaine de sites, ce qui pourra occuper une bonne partie de votre séjour si vous êtes fan de plongée ou de snorkeling. Parmi eux, citons Rainbow Reef et ses deux récifs à observer de jour comme de nuit, Power Station et sa paroi abrupte de 70 m qui doit son nom à la présence d’une centrale électrique proche, Blue Coral et ses coraux bleus, Eel Garden et ses aiguilles, King Abdallah Reef et ses récifs de toutes les couleurs, First Bay et ses coraux noirs, ainsi que Japanese Garden et ses tortues Hawksbill.
Bordées par un parc marin, les eaux d’Aqaba réservent d’autres belles surprises : des épaves célèbres dans le monde entier. On commence par le plus plébiscité de Jordanie : le cargo de Cedar Pride. Vous pourrez également nager dans un tank M42 Duster, un avion C 130 Hercule, un bateau (Al Shourouk) et une plate-forme de déchargement des marchandises (Taiyong).
Si la plongée n’est pas votre tasse de thé mais que vous appréciez tout de même batifoler dans l’eau, armez-vous d’un bon vieux masque et d’un tuba. À quelques minutes du rivage, les flots de la mer Rouge réservent également de splendides paysages sous-marins aux amateurs de snorkeling. Pas de jaloux !
Outre les coraux, poissons et épaves diverses, il est un autre site insolite de plongée : un musée sous-marin inauguré en 2019 ! Au menu : une vingtaine d’objets militaires (chars, ambulance, jeep, hélicoptères...) coulés entre 5 et 28 mètres de profondeur et accessibles à tous les niveaux.
Fiche pratique
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Comment y aller
Transavia, la low cost d’Air France-KLM, opère un vol hebdomadaire direct le samedi au départ de Paris-Orly. La compagnie projette par ailleurs d’ouvrir une ligne directe Paris-Aqaba. Trouvez votre billet d’avion.
4 h de voiture suffisent ensuite (grâce à un réseau routier très correct) pour rejoindre Aqaba depuis la capitale jordanienne.
Adresses
– Cloud 7 Residence : Rihan St, Aqaba. Tél. : +962 3 209 4141. Du bleu, du blanc (et des pointes de rouge dans la déco si vous cherchez bien), l’hôtel Cloud 7 présente bien dès l’extérieur. L’intérieur renferme de nombreux appartements et des suites d’une à trois chambres. Installé dans l’Oasis Ayla dont on vous parlait précédemment, l’établissement 5 étoiles permet de profiter du calme de la marina et de tous ses services. Il faudra en revanche être véhiculé pour rejoindre le centre. Appartement une chambre à partir de 100 dinars (130 €) la nuit d'avril à octobre.
– City Tower Hotel : King Hussain St. opposite Aqaba Castle. Tél. : +962 3 203 2020. Autre atmosphère avec cet établissement 4 étoiles moins photogénique mais tout aussi confort. Situé dans le centre d’Aqaba, il profite en outre d’une sympathique vue sur la mer et d’une situation à deux pas de la place de la Révolution arabe. En plus de la plage à 350 m, on peut profiter de la piscine intérieure et du sauna (même si la chaleur extérieure suffit parfois !). À partir de 50 dinars (64 €) la chambre double.
– Captain's Restaurant : An-Nahdah St., Aqaba. Tél. : +962 7 9923 3111. Si l’expression se faire « exploser le ventre » ne vous évoque rien, on vous conseille de tester les (immenses) planches de poissons et produits de la mer grillés ou frits. On aime également le décor aux faux airs d’un antre de pêcheur : filets sur les murs et les colonnes, gouvernails à la place des lustres… Pour ceux qui auront trop mangé ou bu, sachez que l’établissement fait également hôtel. Seafood Tablieyh à partir de 30 dinars (environ 39 euros) pour deux personnes.
– Khubza & Seneya restaurant : An-Nahdah St. 18, Aqaba. Tél. : +962 7 9791 3039. Pour un repas typique, on vous conseille ce petit resto de spécialités locales bon marché servies dans un plat en terre cuite. Au menu : le fameux kefta, ainsi que des hors-d'œuvre locaux tels que le houmous, le taboulé ou le fattoush à déguster dans un pain pita frais. Kefta à partir de 4,75 dinars (environ 6 €).
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Découvrir à Aqaba en français
Si vous souhaitez en savoir plus sur Aqaba, n’hésitez pas à faire appel à un guide. L’un des seuls francophones se fera un plaisir de vous emmener dans les moindres recoins et de vous raconter moult histoires sur la ville. Khaldoun Kanaan –Tél. : +962 7 9534 7295.
Texte : Solène Duclos
Mise en ligne :
