Voyage à vélo, de Nantes au Mont-Saint-Michel
La Traversée moderne d’un vieux pays : un beau nom pour un itinéraire vélo tout à fait original, qui emprunte des voies vertes et des pistes cyclables comme la Loire à Vélo, la Vélodyssée, la Voie 2 Bretagne (V42) et la Vélomaritime.
Ce parcours, riche en découvertes, fait traverser la Bretagne, de son extrémité sud historique, Nantes, à sa frontière au nord avec la Normandie, puisque l’itinéraire y pénètre avec ses cinq derniers kilomètres au-delà du Couesnon pour atteindre le Mont-Saint-Michel.
Le circuit fait la part belle aux rives des fleuves, aux canaux intimistes et au littoral, en faisant découvrir une Bretagne de la mer et de la terre, entre ruralité et belles cités historiques.
Nous l'avons parcouru dans son intégralité, sur plus de 500 km, à travers la Loire-Atlantique, le Morbihan et les Côtes-d'Armor. Compter en tout de 8 à 10 jours pour effectuer ce voyage de Nantes au Mont-Saint-Michel à vélo. En selle !
Préparez votre voyage avec nos partenaires- De Nantes à Saint-Nazaire, préambule en bord de Loire
- De Saint-Nazaire à Redon : de l’Atlantique à la Vilaine
- De Redon à Rennes : l’un des plus beaux parcours de la véloroute
- De Rennes à Dinan : le doux canal d’Ille-et-Rance
- De Dinan au Mont-Saint-Michel : dernière ligne droite maritime
- Fiche pratique
De Nantes à Saint-Nazaire, préambule en bord de Loire
Nantes est un point de départ à la fois pratique – la capitale des Pays de la Loire est facile à relier que ce soit par la route, le train et même les airs – et tout à fait attractif. Comme en témoigne, entre autres, le château des Ducs de Bretagne, la sixième ville de France appartient bien à l’histoire de la Bretagne. Elle offre un visage à la fois historique et dynamique jusque dans ces rues.
Le début de notre parcours, urbain, fait la part belle aux œuvres créées dans le cadre du Voyage à Nantes. Elles s’intègrent si bien aux structures de la ville qu’on n’y prend parfois pas garde, mais elles sont étonnantes : ici un passage piéton inspiré de ceux que l’on trouve en Angleterre, là une sculpture classique mais comme suspendue dans les airs, où le personnage fait un pas de côté, un vrai musée à ciel ouvert que l’on découvre au fil du guidon.
Un peu plus loin, on s’arrête pour découvrir le fantastique éléphant et les autres créations des fameuses Machines de l’île, avant de rejoindre – par le bac – le pittoresque village-quartier de Trentemoult et s’élancer hors de la ville.
On suit alors un tracé commun à celui de la Loire à Vélo, jusqu’à l’embouchure. Ces soixante kilomètres sont plus qu’agréables, souvent au plus près du très large fleuve déjà maritime.
En plus, on peut découvrir, en restant attentif, encore d’étonnantes œuvres d’art au fil du parcours : un drôle de pendule orne un ancien silo, plus loin on déclenche un immense jet d’eau et s’asseyant sur un banc face à un manoir, puis un bateau mou se penche vers la Loire au-dessus d’une écluse… Enfin, l'étonnant dragon de Huang Yong Ping surgit de l’océan et annonce la fin de l’étape, à Saint-Brévin-les-Pins.
Nous l’avons fait – mais on ne vous le recommande pas du tout : traverser le pont de Saint-Nazaire à vélo est assez difficile et impressionnant. Des bus permettent de le franchir en embarquant sa monture.
Arrivé à Saint-Nazaire, on traverse d’abord le port et ses nombreuses installations. Les immenses paquebots, les chantiers navals, les impressions se succèdent avant de parvenir en centre-ville.
Saint-Nazaire est la ville des paquebots transatlantiques, mais ce n’est pas uniquement son aspect portuaire qui surprend : le quartier de la Havane et ses villas 1900, le jardin des Plantes, les cabanes de pêche, les sculptures sur la plage et le front de mer récemment rénové étonnent par leur charme.
Parmi les étonnantes découvertes que l’on peut faire à Saint-Nazaire, une visite de l’Escal’Atlantique, un espace muséal et centre d’interprétation installé dans l’ancienne base sous-marine allemande (dont l’architecture de béton reste imposante), nous entraîne dans l’exploration des grands paquebots et de leur histoire, à travers une scénographie interactive. Migrants du XIXe et du XXe siècles vers le rêve américain, touriste des années 1950 ou membre de l’équipage d’un paquebot de luxe, on se met dans la peau des acteurs de cette fabuleuse épopée.
De Saint-Nazaire à Redon : de l’Atlantique à la Vilaine
On repart de Saint-Nazaire en suivant le fléchage de la Vélocéan, qui nous mène tranquillement, par l’intérieur des terres, jusqu’au front de mer de La Baule. La longue plage déroule ses façades d’immeubles – d’architecture parfois discutable, mais avec aussi de belles réalisations, et des villas dont quelques-unes ont survécu aux promoteurs – et d’hôtels.
Les rues parallèles au front de mer ont pu conserver leurs villas Belle Époque, mais aussi Art nouveau, Art déco et autres anglo-normandes, qui rivalisent d’originalité architecturale. Elles sont aujourd’hui classées et protégées, mais d’autres villas du front de mer furent tout de même détruites au début des années 2000.
Ensuite, nous remontons à l’intérieur des terres, à travers les marais salants, surprenant grèbes et aigrettes, pour atteindre, en légère montée, la cité médiévale de Guérande. La soirée commence par la visite des ruelles historiques et nous avons même le privilège de grimper en haut du clocher de la collégiale Saint-Aubin, pour admirer une vue imprenable sur la vieille ville, les marais et même la côte, jusqu’à La Baule notamment.
Les marais salants, de Guérande puis du Mès, nous guident le lendemain matin sur les premiers kilomètres, avant une longue échappée rurale, entre petites routes et pistes forestières, pour rejoindre la côte juste avant Pénestin, dans le Morbihan.
À la pointe du Bile, arrêt dégustation à la très sympathique ferme Breizh Coquillages, gérée par Rénald, un jeune conchyliculteur passionné par la mer et sa région. Un peu plus loin, on peut s’offrir un petit détour pour admirer la fameuse plage de la Mine d’Or, surmontée d’une paroi de roches aux couleurs évoquant ce métal précieux. Le site fut bel et bien exploité en tant que mine d’or au XIXe siècle. La ruée vers l’or fut ici de courte durée : le rendement était très faible et la mine fut fermée avant la Première Guerre mondiale.
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Après le très pittoresque port de Tréhiguier, le parcours se fait plus vallonné, à travers la campagne bretonne, sur de toutes petites routes bien tranquilles. On atteint ainsi La Roche-Bernard, dont le nom, lorsque nous découvrons le site naturel, un impressionnant promontoire granitique dominant la Vilaine, s’explique facilement.
Le charme des lieux ne se limite pas à cette beauté géologique : la Petite Cité de caractère mérite un détour par les rues du vieux quartier, autour du château des Basses-Fosses, qui abrite un musée consacré à la Vilaine maritime, avant de regagner le port, tout aussi pittoresque.
Après une nuit mémorable dans une cabane perchée au-dessus de la vallée de la Vilaine, c’est le fil de la rivière qui nous guide jusqu’à Redon à travers une campagne bucolique.
Avant d’entrer en ville, ne manquez pas l’étonnant belvédère construit par l’artiste russe Nicolas Polissky, au-dessus de la carrière aménagée par la dynamique association locale qui y monte chaque année un spectacle théâtral en plein air.
De Redon à Rennes : l’un des plus beaux parcours de la véloroute
Après quelques kilomètres sur le canal de Nantes à Brest, on atteint Redon qui mérite aussi une visite : à la confluence de l’Oust et de la Vilaine, elle présente quelques rues anciennes où il est agréable de se promener, autour de la puissante abbatiale Saint-Sauveur, qui mêle harmonieusement architecture romane et gothique.
La sortie de Redon est tout aussi aisée et marque un nouveau chapitre de cette traversée : on suit dès lors les rives de la Vilaine, sur la voie 42 de Bretagne, parfaitement tranquille, qui nous portera jusqu’à Rennes.
Ces 90 km forment l’une des très belles surprises de cet itinéraire : les rives de la Vilaine se révèlent bucoliques, préservées, parfois encaissées, d’autres fois toutes douces. Le paysage n’est jamais lassant, on y roule facilement, à l’écart de tout trafic automobile.
De petites maisons pittoresques bordent parfois la rivière où la douce nature triomphe encore : nous avons surpris pas moins de cinq martins-pêcheurs à l’approche de la métropole rennaise.
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Rennes marque bien entendu une belle étape urbaine : on pose les vélos pour découvrir les rues animées du centre-ville, riches en découvertes patrimoniales et artistiques, le très agréable parc du Thabor, modèle de jardin public urbain aménagé au milieu du XIXe siècle, entre jardins à la française, à l’anglaise et roseraie. Rennes, avec ses différentes facettes et son ambiance étudiante, mérite vraiment une longue pause.
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Les mosaïques de la famille Odorico, originaire du Frioul italien et installée à Rennes en 1892, sont une originalité du patrimoine rennais. On les retrouve sur de nombreux bâtiments dont la piscine Saint-Georges. Depuis peu et après un vaste chantier de rénovation, la maison de famille, au 7 de la rue Joseph-Sauveur, est transformée en crêperie-salon de thé. Baptisée Bretone (bretonne en italien), on peut y savourer une crêpe ou un cappuccino tout en admirant l’ancienne salle de bains entièrement carrelée et les autres pièces. On peut même profiter du rooftop récemment aménagé.
De Rennes à Dinan : le doux canal d’Ille-et-Rance
On quitte la métropole aussi facilement qu’on y était entré, au fil de l’eau. Les rives de la Vilaine, puis celles du canal d'Ille-et-Rance, tout aussi bucoliques, guident sous le chant des oiseaux. Le chemin de onze écluses à Hédé-Bazouges est un passage marquant et particulièrement pittoresque. De nombreuses œuvres d’art, exposées au fil de l’eau et du parcours, créent un écho très intéressant à l’environnement.
Peu avant Dinan, le très beau village de Léhon séduit immanquablement avec ses petites maisons en pierres, typiquement bretonnes, tout comme la splendide abbaye bénédictine au centre du village.
Quelques tours de roues et voici Dinan, autre étape patrimoniale de choix : nous l’abordons par le joli port sur la Rance et de là, nous grimpons, en posant même pied à terre tant la pente est forte, par la rue du Jerzual, pavée et bordée de toutes mignonnes maisons à colombages, jusqu’au centre-ville.
Il fait bon s’y promener, le soir venu et après avoir récupéré de ce dernier effort, à la découverte des rues médiévales, de la tour de l’Horloge, du château, des remparts et des rues commerçantes animées. L’ambiance, par beau temps ou même sous la pluie, est vraiment charmante.
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Un peu plus récente que le château, la tour de l’Horloge domine la ville du haut de ses 43 m depuis le XVe siècle. Construite par les bourgeois de Dinan, florissante cité négociante, la tour communale fut érigée au rang de beffroi en 1507 par Anne de Bretagne. D’en haut, vous pouvez profiter d’un panorama exceptionnel à 360 degrés sur la ville.
De Dinan au Mont-Saint-Michel : dernière ligne droite maritime
De Dinan à Dinard, on roule à nouveau quelques kilomètres avant sur le bord de la Rance avant de trouver une voie verte tracée cette fois-ci sur une ancienne voie de chemin de fer qui mène, à travers la campagne et les bois, jusqu'à Dinard.
On admire les belles villas avant de descendre vers le port et l’embarcadère pour l’un des passages les plus inattendus du voyage, où l’on met son vélo dans le bac pour une courte traversée vers la cité corsaire de Saint-Malo que l’on peut ainsi admirer à loisir avant d’aborder.
Une fois pieds et roues à nouveau sur la terre ferme, on peut bien sûr prendre le temps de visiter Saint-Malo et se promener sur les fortifications qui donnent directement sur les flots et découvrir le cœur de l’ancien fief de Surcouf.
Le parcours – qui devient commun avec la Vélomaritime – reprend ensuite un tour maritime. Les plages se succèdent, comme autant d’invitations à la pause, tout au long de la traversée de l’agglomération de Saint-Malo.
On file vers Saint-Coulomb, avant de pédaler vers le port de Cancale. Sur la jetée, on peut admirer le panorama qui s’ouvre sur la baie du Mont-Saint-Michel, ainsi que les installations ostréicoles. On peut tout à fait s’octroyer une pause pour déguster les huîtres locales, si réputées.
L’arrivée est déjà en vue mais on peut encore savourer, après avoir rejoint le bord de la Manche, les derniers kilomètres. Ils se déroulent encore au plus près des flots, d’abord directement sur le GR 34, puis à travers des pistes et des toutes petites routes rurales.
On croise vaches et moutons, des rangées de peupliers et d’autres essences nous font jouer à cache-cache avec le mont, dont la silhouette apparaît, disparaît puis réapparaît au fil des hectomètres et des arbres.
Enfin, après une dernière nuit bretonne, on franchit le Couesnon pour filer tout droit en terres normandes, vers le fameux rocher du Mont-Saint-Michel et son impressionnante abbaye, notre terre promise au bout du bout de ce voyage à travers la Bretagne.
Les derniers kilomètres, face à « la Merveille », sont encore une belle récompense. Bien sûr, on peut, tels les pèlerins des temps anciens ou les millions de touristes et voyageurs actuels, s’offrir une visite de ce trésor architectural construit sur un site naturel unique, pour un bel épilogue au pays du cidre… breton ou normand !
À Saint-Malo, on peut s’offrir une pause d’une journée et partir – en plus de la visite de la ville et des plages – pour un tour en bateau vers l’île de Cézembre et les îles Chausey, qui fournirent la pierre utilisée pour construire les remparts et le Mont-St-Michel.
Fiche pratique
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Site de la Traversée moderne d’un vieux pays
Comment y aller ?
– Nantes est desservie par une gare SNCF grandes lignes : TGV depuis et vers Paris et liaisons avec de nombreuses villes françaises.
– Pour repartir depuis le Mont-Saint-Michel, il faut se rendre à la gare de Pontorson, à 6 km du Mont, facile à relier par la piste cyclable le long du Couesnon. Train TER vers Rennes et Caen.
Où louer un vélo ?
– A Bicyclette Voyages : points de récupération/restitution des vélos sur le parcours : Nantes, La Baule, Rennes, Mont-Saint-Michel.
– Paulette Bike : au départ de Nantes et jusqu’au Mont-Saint-Michel.
– Veloc’Ouest (partenaire Ouibike) : points de récupération/restitution de vélos tout au long du parcours pour un voyage à la carte.
Où dormir ?
Tous les hébergements ci-dessous sont labellisés Accueil Vélo et assurent un excellent accueil aux cyclistes (et leurs montures !).
– L’hôtel : 6, rue Henri IV, 44000 Nantes. Un boutique-hôtel confortable juste à côté du château des ducs de Bretagne. Compter 100 € la double.
– Holiday Inn Express : 1, rue de la Floride, 44600 Saint-Nazaire. Pratique et bien placé près de l’Escal’Atlantique. Compter 90-100 € la double.
– Cabanes dans les arbres du Pertuis du Rofo : Trévineuc 14, rue de Roffo, 56130 Nivillac. Une expérience que de dormir dans l’une de ces cabanes perchées, au-dessus de la vallée de la Vilaine et dans la canopée !
– Bains d’Argile : 155 Bruzon, 35580 Saint-Senoux. Une chambre d’hôtes dans un dôme géodésique, accueil très sympathique et endroit reposant. Une bonne grimpette pour l’atteindre mais le repos est apprécié !
– Hôtel de la Porte Saint-Malo : 35, rue Saint-Malo, 22100 Dinan. Un hôtel de charme vraiment charmant, juste aux portes de la vieille ville. Accueil au top ! Doubles 97-162 €
– Chambres d’hôtes Les Fleurettes : 1, La Gautrais 35120 Saint-Marcan. Une chambre d’hôtes simple et bien située proche du circuit et du Mont-St-Michel. Doubles à partir de 68 €.
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Texte : Sylvain Bazin
Mise en ligne :