Beaune, capitale des vins de Bourgogne
Beaune et le vin ? C’est une histoire d’amour qui dure depuis des siècles. Un mariage particulièrement célébré chaque troisième dimanche de novembre, avec la vente aux enchères des vins des Hospices de Beaune, organisée par la maison Sotheby’s France.
À cette occasion, professionnels mais aussi connaisseurs et simples amateurs de vins afflueront à Beaune où seront organisés dégustations, banquets et visites en tous genres.
L’occasion de (re)découvrir cette ville au riche patrimoine historique et architectural, qui se visite en toute saison. Facilement accessible en train, elle se laisse découvrir à pied. Les vignes poussant à ses portes, de belles randonnées sont possibles.
La 164e vente des Vins des Hospices de Beaune se tiendra sous les halles de la ville dimanche 17 novembre 2024 à partir de 14h30.
Préparez votre voyage avec nos partenairesBeaune : un patrimoine exceptionnel au cœur du vignoble
Située à l’extrémité est de la plaine de la Saône et, à l’ouest, sur la côte viticole de Bourgogne, Beaune s’est développée dès l’Antiquité. Traversée par une rivière, la Bouzaize (en partie recouverte), la ville se trouve au carrefour de grandes voies de communication, gauloises d’abord, puis romaines, après la conquête de la Gaule par César.
À partir du IIIe siècle, une première ceinture de fortifications vient la protéger, notamment des Burgondes qui donneront leur nom à la Bourgogne. Au Moyen Âge, l’ancien castrum devenu vraie ville se dotera d’une seconde ceinture de fortifications.
Apanage du Royaume de France, la Bourgogne a longtemps été administrée, de manière autonome, par des ducs, d’abord Capétiens, puis Valois. Grâce au mariage en 1369 de Philippe le Hardi avec Marguerite de Flandre, ils feront de la Bourgogne une puissance s’étendant jusqu’aux Flandres, au grand dam des rois de France.
Sitôt connue la mort du dernier duc – Charles le Téméraire –, Louis XI s’emparera d’ailleurs de la Bourgogne. À la fin du XVe siècle, il fera construire à Beaune, un château, pour défendre la ville et aussi… surveiller ses habitants.
Au XVIe, les fortifications de Beaune ont été renforcées par quatre grosses tours, capables de résister aux puissants boulets de canon. Ces fortifications sont toujours en place : le chemin de ronde, transformé en agréable promenade arborée, offre de belles vues sur la ville et sur les coteaux viticoles. L’association les Amis des Remparts de Beaune propose des visites guidées. Réserver.
Il est délicieux, ensuite, de se perdre dans le lacis de rues pavées. Si quelques maisons à pans de bois se font remarquer, Beaune se distingue surtout par ses façades en pierre sculptée, ses fenêtres trilobées, ses maisons à tourelles, ses beaux hôtels particuliers, comme celui de la famille Thiroux de Saint-Félix – il abrite désormais le cinq-étoiles Le Cep – ou ceux des chanoines de la collégiale.
Ne pas rater la place Gaspard Monge où trône la statue en bronze de ce célèbre enfant du pays (1746-1818), mathématicien et fondateur de l’école polytechnique. Halte conseillée également sur la place Carnot avec ses restaurants et ses boutiques, parfois hors de prix.
La collégiale Notre-Dame vaut d’autant plus le coup qu’elle fait partie des dernières grandes églises romanes de Bourgogne. Entreprise au milieu du XIIe siècle et d'inspiration clunisienne, elle date pour l'essentiel du XIIIe, avec des ajouts gothiques (portail et chevet) et un clocher Renaissance. Le chœur abrite une statue de vierge noire du XIIe, ainsi qu'une remarquable collection de tapisseries du XVe siècle. Voir aussi la galerie du cloître à sept travées.
Les Hospices de Beaune, gothique flamboyant
Véritable joyau local, les Hospices de Beaune se distinguent par leur architecture gothique flamboyant et leurs toits en tuiles vernissées. Emblématique de l’âge d’or du duché de Bourgogne, cet hôpital médiéval soignait, logeait et nourrissait pèlerins et nécessiteux dans un décor de palais.
Il a été fondé en 1443 et financé – avec le soutien des ducs de Bourgogne – par Nicolas Rolin, richissime chancelier des ducs, et sa troisième épouse, Guigone de Salins. À la « grande salle des pôvres », dotée de 30 lits à rideaux, sera adjointe, en 1645, la salle Saint-Hughes aux belles peintures religieuses d’Isaac Moillon, pour les malades plus aisés.
Devenus musée de l’Hôtel-Dieu, les Hospices de Beaune sont désormais entièrement dédiés au tourisme. Toujours actif, l’hôpital (983 lits), déplacé en 1971 en périphérie de la ville, est, en partie, financé par la vente des vins du domaine des Hospices.
Grossi par de nombreux dons, celui-ci compte 60 hectares de vignes, pour la plupart classées en « premiers crus » et « grands crus d'exception ». Pas étonnant qu’aux enchères, les cours à la « pièce » (autrement dit, par tonneau de 228 litres) atteignent des sommets !
Ne pas manquer Le Jugement dernier peint par Rogier van der Weyden qui présente avec force détails la vision chrétienne du jour du Jugement. Les quinze panneaux de ce polyptique, transféré dans une salle spéciale à température et degré hygrométrique constants, ont été sciés dans leur épaisseur pour en exposer à la fois l’endroit et l’envers.
Une Cité pour les « climats » de Bourgogne
En Bourgogne, la viticulture a été introduite par les Romains puis codifiée à partir du Moyen Âge à l’initiative des moines. Particularité locale : la vigne est conduite par parcelle (appelé « climat ») précisément délimitée et généralement nommée depuis mille ans. Chacune possède une histoire, un goût, une place dans la hiérarchie des crus. On compte 1 247 climats rien qu’en Côte-d’Or, autrement dit 1 247 vins différents !
À une demi-heure à pied du centre-ville, dans un quartier en devenir, la Cité des Climats et vins de Bourgogne invite à une plongée multisensorielle (prévoir 2 h minimum) dans le monde du vignoble et des vins bourguignons. Elle consacre un bel espace aux climats, ce modèle de viticulture de terroir inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, car unique au monde.
Le bâtiment, imaginé par l’architecte Emmanuelle Andreani, est entouré de vrilles claires en béton qui rappellent l’enroulement de la vigne autour des palissages. Elles permettent l’accès, gratuit, à la terrasse panoramique avec vue sur les vignobles environnants.
Dans le centre-ville, près de la porte Marie de Bourgogne, la Maison des climats (entrée gratuite par l’office de tourisme) donne aussi des clés pour comprendre la géologie locale et la notion de climats.
Installé, depuis 1946, dans l’ancien hôtel des ducs, le musée du Vin de Bourgogne a, lui, été le premier musée ethnologique français exclusivement consacré aux pratiques, métiers et patrimoine viticoles.
Arrivée en Bourgogne au XIIIe siècle, la tradition de la moutarde artisanale se maintient à Beaune grâce à la maison Fallot qui broie toujours les graines de moutarde à la meule de pierre. Son approvisionnement étant redevenu 100 % local, elle produit une « moutarde de Bourgogne » protégée par une IGP. Et aussi des moutardes parfumées (au cassis, au basilic, etc.). Visites guidées avec dégustation (12 €). Compter une grosse heure. Réserver.
Déguster et acheter des vins à Beaune
Si Dijon est la capitale historique de la Bourgogne, Beaune est, n’en déplaise aux Dijonnais, celle des vins de Bourgogne. Elle cache sous ses pavés les plus belles caves voûtées de la région et est, depuis longtemps, un centre important du négoce de vins.
À côté de négociants-éleveurs comme Patriarche, par exemple, d’autres « maisons » qui élèvent et vendent des vins continuent, en sus, de cultiver elles-même des vignes et de vinifier. Les plus connues ont pour nom Drouhin, Jadot, Bichot, Chanson, Goichot ou encore Champy.
Fondée en 1720 par un tonnelier et propriété depuis 2016 du groupe AdVini, Champy est la plus ancienne. Elle s’est distinguée, depuis, par une collaboration scientifique avec Louis Pasteur, par des médailles d’or décrochées dans plusieurs expositions universelles, enfin par la construction d’une cuverie de style Gustave Eiffel.
Champy est la dernière maison à vinifier dans le centre historique de Beaune où sont convoyés une partie des moûts fabriqués après la vendange de ses 21 hectares de vignes, converties en bio à 60 %. Dans ses caves dorment 800 « pièces » de vins, rouges et blancs, de 25 références (appellations) différentes. Elles se visitent. À la clé, une dégustation (à partir de 25 € par personne). Réserver.
C’est faubourg Saint-Nicolas que se trouvent les installations des Besancenot, des vignerons indépendants vinifiant en cave particulière (il n’en reste qu’une dizaine à Beaune). Des dégustations (de 12,5 à 20 €) clôturent la visite des caves. Une belle occasion d’échanger sur la labellisation des vignes en HVE (Haute Valeur Environnementale), sur la fabrication des vins, sur l’envolée du prix des vignes qui menace la pérennité des domaines familiaux… Réserver au 03 80 22 18 76.
Randonnée dans les vignes autour de Beaune
Une balade dans les vignes complétera agréablement toutes ces découvertes. Par chance, la Voie des Vignes à vélo, qui relie Dijon à Santenay, passe par Beaune. En « Pays beaunois », 12 circuits de randonnées en boucle sont aussi balisés en jaune.
Si les ambiances changent selon la météo et la saison, ces circuits – sans difficulté, en raison du faible dénivelé – permettent de s’immerger dans un panorama grandiose ponctué de cabottes (cabanes) et d’innombrables chemins bordés de murets en pierre.
Ainsi, le circuit numéro 12, au départ du parc de la Bouzaize, permet d’admirer, au loin, Pommard et son vignoble, plus loin l’église de Meursault et, tout au fond, les collines de la côte chalonnaise...
Au diapason de ses vins, la gastronomie locale est savoureuse et généreuse. Cassis, moutarde, gougères, jambon persillé, œufs pochés en meurette, escargots à l'ail et au persil, bœuf bourguignon, etc. Et si le pain d’épices est une tradition cultivée depuis 1796 à Dijon par la famille Mulot et Petitjean, elle tient aussi boutique à Beaune, au 1, place Carnot.
Fiche pratique
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Comment y aller ?
– En train : TGV jusqu’à Dijon, puis TER.
– En voiture : Beaune est à 3 h de Paris, à 1 h 30 de Lyon, à 4 h 30 de Lille et 3 h 15 de Strasbourg.
Bonnes adresses
– Beaune hôtel : 55, rue du faubourg Bretonnière. Un deux-étoiles largement rénové depuis 2017. Élégant, simple, de bon goût. Accueil chaleureux et tarifs doux. À partir de 80 € la double, petit déj (12,5 €) et parking (7 €) en sus.
– Le Monge : 7, place Monge. Bonne cuisine bourguignonne (andouillette, jambon persillé, grillades, bourguignon…). Menu à partir de 28,90 €.
– La Table de Guigone : voyage culinaire bourguignon à deux pas des Hospices et de la fresque murale représentant Louis de Funès et Bourvil durant le tournage du film La Grande Vadrouille. Menu à 32 €. Plats 19-29 €.
– Soul Kitchen : 1, rue Rousseau Deslandes. Chef et patron, Mathieu Guennal officie seul dans ce petit resto (12 couverts). Cuisine personnelle, simple et bonne. Tarte à l’époisses, bœuf bourguignon, crème au cassis et nonette au pain d’épices, plat du jour… Menu à 32 €.
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Texte : Paula Boyer
Mise en ligne :