Parcs nationaux et randonnées en Asie du Sud-Est
Parcs et randos : Malaisie
En Malaisie péninsulaire ou sur l’île de Bornéo, de superbes parcs nationaux comme des vestiges de mondes perdus et extraordinaires…
Parc national de Taman Negara (Malaisie péninsulaire)
Plus grand et ancien parc du pays, Taman Negara s’étend sur 3 provinces et signifie tout simplement « parc national ». Ses 4340 km2 ne protègent cependant qu’une petite partie de l’immense forêt tropicale primaire recouvrant autrefois l’arête de la péninsule. C’était avant l’âge du palmier à huile…
Longtemps ces forêts sombres et inextricables furent la chasse gardée des chasseurs- cueilleurs Orang Asli (« homme des origines ») dont quelques groupes sédentarisés, bon gré mal gré, subsistent dans le parc le long des rivières.
Flore, faune et expériences à vivre
La flore : 200 espèces d’arbres par hectare (10x plus qu’en Europe...), environ 10 000 espèces de plantes, des gris-gris (champis luminescents, géante Rafflesia, fougères bicolores etc.) , le tout distribué selon plusieurs écosystèmes et étages.
Pour la faune, autant vous prévenir : on voit beaucoup ce dont on se passerait (sangsues, insectes), plus rarement les éléphants sauvages, ours, minuscules chevrotains (mouse deer) et quasi jamais la poignée de rhinocéros et tigres, planqués dans les profondeurs du parc. Communes par contre sont les rencontres avec la gent ailée, les singes, régulières celles des tapirs, varans et lézards volants.
Prévoir 3-4 j. pour rentabiliser l’expérience et s’éloigner du village principal d’accès, Kuala Tahan, plutôt zone d’amusement de nos jours que porte d’un monde perdu, surtout les w-e et j. fériés.
À faire pour tout le monde : sortie de nuit (plutôt à pied qu’en camion...), rapides de la Sungai Tembeling, passerelle dans la canopée (500 m de long à 20-40 m de haut), panorama de Bukit Terisek, chutes de Lata Berkoh, abri nocturne de Chegar Anjing, grottes Gua Telinga et Kepayang Besar.
Les magnifiques chutes d’Air Tenjun et la difficile ascension du Gunung Tahan (2187 m), respectivement 7 et 9 j. de marche A/R, sont réservées aux trekkeurs endurants, tout comme les « jungle survivals », sachant que le climat est exigeant (moy j./nuit 33/26° ; humidité 90 °),
À l’entrée nord du parc, Kuala Koh est plus tranquille que Kuala Tahan. Les sentiers sont plus courts, mais avec arrangement à l’avance, un gros trek rejoint Kuala Tahan. À étudier aussi dans les environs : Kenong Rimba, contigu à Taman Negara au sud-ouest (alléchantes randos guidées de 3-4 j.) et le parc de Stong, dans l’état de Kelantan (belle cascade et superbe camping dans la jungle).
Infos pratiques
Accès et permis : Taman Negara : via Kuala Tahan (à 70 km de Jeruntut, accessible en bus ou train depuis Kuala Lumpur). Permis : env 1,50 €. Kuala Koh : 85km à l’est de Gua Musang, ville à 160 km au nord de Jerantut. Pas forcément de transport public sur le dernier tronçon, il vaut mieux venir en petit groupe. Kenong Rimba : à l’ouest de Kuala Lipis. Bus. Faire un permis (env 12 € /pers) et régler l'organisation (guide obligatoire, bateau nécessaire pour l’accès) au Forest Office au auprès de Appu’s Guesthouse. Stong : 120 km au nord de Gua Musang ; transports publics ; entrée env 2 €.
Se loger : tout type d’hébergement à Kuala Tahan. Kuala Koh : logement de bon rapport qualité-prix.
Quand y aller : mi-janv à oct, haute saison avril-sept. Attention : éviter les grosses pluies du reste de l’année (inondations dangereuses).
Parcs nationaux de Bako, Kubah et Tanjung Datu (Sarawak, Bornéo)
Ces parcs ont en commun l’incroyable biodiversité de Bornéo. Le théoricien de la sélection naturelle Alfred R. Wallace y découvrit des milliers d’espèces au début du 20e s.
Parc de Bako
Bako est le plus ancien, mais aussi plus petit (27 km2), parc du Sarawak. Certes, mais il fait le maximum, car il cumule les atouts : proximité de Kuching (37km), immersion immédiate dans plusieurs écosystèmes tropicaux, garantie de voir des mammifères (singe nasique, sanglier à barbe de Bornéo), mangroves, baies sablonneuses, points de vues, cascades et situation photogénique, sur une péninsule aux falaises déchiquetées enserrant mangroves et baies secrètes…. Bref, une qualité et une diversité naturelle stupéfiantes pour un si petit espace, allant de la luxuriance de forêts tropicales persistantes aux landes stériles des kerangas !
Souvent, on repère dès l’arrivée des nasiques perchés dans les palétuviers puis, proche du QG (centre d’information, hébergements et cantine), des sangliers à barbe (rester prudent s’il y a des petits) et forcément des diaboliques macaques en quête de rapines.
La quinzaine de sentiers bien marqués (30 mn à 7h de marche) convient à tous les visiteurs. Les plus longues options dessinent des boucles passant par le plateau. On peut aussi se faire déposer sur les plages éloignées, puis rejoindre le QG.
Beaucoup visitent Bako à la journée, mais on conseille fortement d’y dormir, pour jouir de spectaculaires levers et couchers de soleil et s’inscrire aux intéressantes sorties nocturnes guidées.
Kubah et Tanjung Datu
À 20 km à l’ouest de Kuching, Kubah offre aux randonneurs un intéressant réseau de sentiers, une belle cascade à étages parfaite pour se baigner, des points de vue et une mare où observer de multiples espèces de grenouilles au couchant. A même distance mais au sud, le centre de réhabilitation de Semenggoh réserve, selon sa chance, la toujours émouvante vision de nos cousins orangs-outans.
Occupant l’extrémité occidentale de la province, le maritime Tanjung Datu (nuit obligatoire sur place) réserve des plages perdues, des sentiers faciles à moyens, de nombreux perroquets, calaos et singes ainsi qu’un centre de protection des tortues.
Infos pratiques
Accès et permis : les permis coutent env 3 €/parc. Pour Bako, Kubah et Semenggoh, plusieurs bus/j. depuis Kuching (pour Bako, rajouter bateau 6 € A/R); Tanjung Datu, accès via Sematan (à 100 km de Kuching) puis bateau.
Hébergement : dortoirs ou bungalows dans les parcs de Bako, Kubah et Tanjung Datu. Camping de Bako un peu sale et sous le danger des incursions de singes (bien fermer les tentes ne rien laisser à l’intérieur).
Quand y aller : en saison sèche. Haute saison : juin-aout, résa à l’avance des hébergements.
Parc national du Gunung Mulu (Sarawak, Bornéo)
Mulu mérite amplement son classement Unesco : cet éden de 530 km2, innervé d’étroites vallées où triomphe la jungle (17 écosystèmes différents), est polarisé par la forêt d’aiguilles calcaires géantes des « pinnacles » et creusé par le plus grand réseau mondial de grottes.
Longtemps fréquenté uniquement par de petits groupes de chasseurs-cueilleurs Penan, aujourd’hui sédentarisés dans les villages de Batu Bungan et Long Iman (visite possible), Mulu ajoute à ses attributs extraordinaires une organisation et des équipements remarquables, s’accordant à tous, des familles aux trekkeurs chevronnés.
Pinnacles, cavernes et chauves-souris
Érosions, dissolutions... Ouvert devant nos yeux, ce livre géologique vieux de 5 millions d’années narre le combat perdu d’avance du calcaire contre les eaux. Malgré leur 50 m de haut, les iconiques Pinnacles ne sont jamais que des échardes, comparées aux cavités gigantesques et encore en partie inexplorées.
Mulu s’explore principalement guidé et exige en principe des réservations à l’avance ou un minimum de planification.
Au rayon des classiques, les grottes « Show Cave » avec pour vedettes Lang et Deer Cave. Cette dernière orchestre avant le couchant un spectacle époustouflant de 3 à 4 millions de chauves-souris s’échappant des ténèbres en un ruban ondulant sans fin. Objectif dîner : 5gr/j par volatile, faites le calcul... d’où peut-être le faible nombre de moustiques dans le parc, merci !
Lagang Cave (Fast Lane) initie aux étonnants habitants du monde sans soleil : vers cannibales et parricides, tissant des fils où s’engluent leurs génitrices ailées, gros crickets s’attaquant aux œufs des hirondelles (ceux des fameux nids), etc.
Ceux qui aiment se mouiller et crapahuter s’inscriront aux programmes « adventures cave » pour de petites spéléos bien encadrées de différents niveaux.
Autres réjouissances, l’impressionnante passerelle dans la canopée, la recommandée sortie de nuit guidée et, praticables en solo, la cascade de Paku et l’instructif sentier botanique.
Treks d’exception
Mulu tire aussi sa renommée de 3 treks exceptionnels. Le plus célèbre (3 j.) procure une vue rapprochée sur les « pinnacles » du Gunung Api (1750 m) avec une dernière section très raide - 15 échelles délicates à la redescente même si les guides sont là pour la sécurité.
Headhunters’ Trail (4j. sans les Pinnacle) emprunte un ancien sentier de guerre des chasseurs de têtes reliant Mulu à Limbang, via une finale en bateau et une nuit en long house (maison clanique). Enfin, l’ascension du Gunung Mulu (2376m ; boucle de 50 km, 4 j.) est le plus exigeant. Se renseigner bien à l’avance.
Infos pratiques
Sites : mulupark.com ; mulucaves.org
Accès : petit aéroport à côté du parc ; vols depuis Kuching , Miri et Brunei. Alternatives : 2 speed boats et taxi jusqu’à Miri (12 h en tout ; cher, se grouper, 4 pers max) ou entrer par le Headhunter trail. Entrée : env 12 €, valable 5 j.
Réservations : passer par le parc (leur écrire, on paye sur place) ou par une agence comme Bornéo à la carte (management français ; www.borneoalacarte.com ) ou encore un guide indépendant comme Mack Lampang (+60 12 872 8306). En très haute saison (juil-aout), résa à l’avance très conseillée et idem par principe pour les treks aventure. Sinon prévoir 5 j. pour pouvoir s’inscrire à peu près partout (s’adresser aux rangers et scruter les panneaux d’info tous les matins).
Hébergement : dortoirs à bungalow de luxe dans le parc ; dehors, 3 guesthouse ou le luxe du Royal Mulu
Quand y aller : ouv toute l’année, mieux en dehors de la saison des pluies.
Mont Kinabalu (Sabah, Bornéo)
Contrairement à ce qui est souvent écrit, le mont Kinabalu n’est pas le plus haut sommet d’Asie du Sud-Est. Il est battu par le recordman Hkakabo (5881 m) et quelques-uns de ses confrères himalayo-birmans. Mais le Kinabalu domine sans conteste toute la région de sa couronne de granit culminant à 4 095 m.
Sans difficulté technique, ce trek de 2 j. avec nuit en refuge s’adresse aux marcheurs de 7 à 77 ans. Voire plus : records entérinés de 4 et 90 ans ! De 30 à 50 000 personnes arrivent au sommet chaque année, avec seulement 10 % d’échec. Seules conditions : être en bonne forme, avoir bonnes chaussures, polaire et coupe-vent pour le sommet.
Autre avantage, le Kinabalu n’est qu’à 85 km au nord-est de la capitale provinciale Kota Kinabalu. Englobant ses pentes, un parc national de 750 km2 est cité à l’Unesco pour ses riches écosystèmes. Nombreux sentiers forestiers, oiseaux, plantes carnivores « pitcher », orchidées, insensée rafflesia en saison, trempette dans la source chaude Poring et sorties guidées dans le parc botanique proche du QG du parc complètent l'escalade.
Trek au sommet
Obligatoirement guidée, l’ascension débute par 4-6 h de grimpée (6 km, 1400 m de dénivelé) sur des sentiers de jungle. Après une courte nuit en refuge, lever à 2h du mat pour négocier 3h très raides, parfois en s’aidant d’une corde fixe (3km, 800 m). Après le monumental lever de soleil, redescente d’un trait - bâtons de rando utiles pour préserver ses genoux (loc possible). Quelques supermen font l’A/R en une journée soit 4 000 m de dénivelé total.
Pour un (fort) supplément d’adrénaline, une via ferrata abat ses statistiques : 3 500 m au point le plus haut, longueur 430 m, traversée verticale 100 m, 2 ponts de singe et une nuit supplémentaire en refuge, tout ça dans de parfaites conditions de sécurité.
Après ces gros efforts, direction le corridor de jungle de la rivière Kinabatangan (présence d’animaux garantie), les fonds coralliens top niveau de Sipandan et Sarawak la belle voisine. Bornéo, on t’adore !
Infos pratiques
Accès : de très nombreux bus et minivans passent devant l’entrée du parc (nationale desservant l’est de Sabah). Ouv 7-19h. Le permis coûte environ 60 €, le prix des porteurs et guides aussi avec un nombre d’entrée/j. limité à 120. Résa à l’avance quasi impérative, choisir un package de 2J/1N.
Se loger : éviter le Sutera Lodge, trop cher pour les prestations, préférer les guesthouses et restos proches de l’entrée. Impossible d’éviter la nuit sur la montagne par contre (env 110 € /pers avec les repas).
Quand y aller : meilleur période fév-avr. Eviter fin oct-déc.
Texte : Dominique Roland