Que visiter en Louisiane ? Les plus beaux sites à découvrir
Jadis française, la Louisiane – nommée ainsi en l’honneur de Louis XIV – exerce un pouvoir d’attraction irrésistible sur les voyageurs qui se rendent aux Etats-Unis. Plusieurs raisons à cela : le jazz de La Nouvelle-Orléans, les plantations emblématiques du Sud profond, les alligators des bayous, la culture de nos « cousins » cajuns et leur capitale Lafayette… Autant de sites et d’images qui ont façonné le mythe de la Louisiane.
Du Vieux Carré à Natchitoches, en passant par les superbes demeures du Millionnaire’s Row, la nature sauvage du bayou et Baton Rouge, on vous emmène à la découverte des plus beaux sites de cette fascinante Louisiane, une Amérique à part, au coeur créole et particulièrement séduisante.
D’un côté l’immense lac Ponchartrain, survolé par des autoroutes, de l’autre le large cours du Mississippi, puis des terres spongieuses constellées de lacs et de bayous : La Nouvelle-Orléans (400 000 hbts) est entièrement entourée d’eau (souvenez-vous de Katrina et ses ravages). Fondée en 1718 par des colons français, la ville a connu une expansion lente nourrie par la trappe et les plantations.
Au centre de toutes choses, le Vieux Carré ramène aux origines. Rue Royale, rue Bourbon, rue d’Orléans, rue de Chartres, rue Toulouse, l’empreinte française est partout ici, même si les maisons en briques à deux étages, greffées de balcons en fer forgé dégoulinant de plantes vertes, datent plutôt de la période espagnole qui s’ensuivit (merci les incendies)…
L’ancienne place d’Armes, rebaptisée Jackson Square, est veillée par l’ex-Cabildo (siège du gouvernement) de la Louisiane espagnole — devenu musée — et par la cathédrale Saint-Louis, une catholique fervente, bâtie l’année de la Révolution (1789), griffée de trois clochers pointus. À quelques blocks (pâtés de maisons) de là, le French Market joue lui aussi la nostalgie. Les quais du Mississippi sont à deux pas avec, en vedette, le steamboat Natchez, une copie authentique de vieux vapeur, prêt à larguer les amarres.
Le jour, le soir plus encore, les échos du jazz et de la musique cajun, trompettes, saxo et grattoir, se répandent dans les rues. La Nouvelle-Orléans est une musicienne hors pair, mitonnée dans le chaudron afro-américain. Au 726 St. Peter Street, Preservation Hall entretient la mémoire de ces artistes de toujours, au gré de sets mettant en scène des vieux de la vieille, doigts agiles et cravate ou nœud pap’ au col.
La route des plantations, de La Nouvelle-Orléans à Baton Rouge
La Nouvelle-Orléans s’efface à peine que, à l’ouest, de part et d’autre des berges surélevées du Mississipi, campent les premières plantations de Louisiane, drapées de leurs propres nostalgies et de mousses espagnoles. Cultivant l’indigo et le tabac, puis le coton et le sucre, elles ont fait la fortune et les beaux jours des colons, à une époque où l’esclavage était encore une norme.
De fastueuses demeures s’élevèrent petit à petit, d’abord créoles et tout en bois, puis adoptant de grandiloquentes lignes néoclassiques et néo-grecques après la prise de possession américaine. On désigne ces bâtisses, collectionnant pièces et salles de bal, sous le nom d’antebellum (d’avant la guerre de Sécession — qui mit fin à leur apogée).
Rive gauche, Destrehan est l’une des plus anciennes (1790). San Francisco est assez hétérogène. Rive droite, Evergreen (1832), Whitney (1790) et Laura (1805) permettent de replonger dans le quotidien des esclaves qui firent la grandeur de ces lieux.
Puis vient Oak Alley, un fastueux édifice Greek revival de 1839 précédé d’une longue allée de chênes tricentenaires. Houmas House fut au XIXe s a la tête de la plus grande exploitation sucrière d’Amérique. Quant à Nottoway (64 pièces !), rien n’égale son faste. Ceux qui en ont les moyens peuvent passer une (courte) nuit dans l’une des suites privatisées après le départ des visiteurs !
Un saut de puce à Plaquemine sur le dernier bac traversant le Mississippi en amont de La Nouvelle-Orléans et on atteint Baton Rouge, capitale politique de l’État de Louisiane, au gros Capitole néogothique.
Les plantations d’amont, de Baton Rouge à Natchitoches
Passé Baton Rouge, le Mississippi se contorsionne plus encore, abandonnant en chemin divers bras morts. Il ne faut pas 45 mn pour rejoindre St. Francisville, juché sur la rive gauche du fleuve, en un lieu où il s’incurve vers l’ouest. Ce n’est qu’un village mais, dans l’air moite, derrière les hauts chênes enguirlandés de mousses espagnoles, les façades altières rappellent un passé ici aussi florissant.
À la toute fin du XIXe s, un général de Pennsylvanie en délicatesse avec le fisc fonda la première plantation du coin : The Myrtles. « Une des demeures les plus hantées d’Amérique », affirment les proprios, entre frissons et business. Pour se faire une idée, ça tombe bien, on peut y dormir !
Rosedown, gérée par le Service des parcs d’État (entrée moins chère !), s’entoure de 10 ha d’un jardin divin où fleurissent camélias et azalées, sans doute le plus beau de Louisiane. Et pour ne pas oublier, il faut voir les cases à esclaves d’Oakley et du Cottage.
Ceux qui n’en ont pas assez remonteront ensuite jusqu’à Natchez, ancrée sur la rive gauche du fleuve, dans l’État du Mississippi. Grâce au coton et à la canne, elle fut la deuxième ville (la plus riche) des jeunes Etats-Unis au XIXe s. C’est aujourd’hui une belle endormie sur ses lauriers.
À environ 200 km au nord-ouest (à nouveau en Louisiane), Natchitoches offre une dernière belle escapade dans ce passé révolu. Fondée par un Français dès 1714, quatre ans avant La Nouvelle-Orléans, la bourgade se disperse au long de la rivière aux Cannes et autour de la reconstitution du fort Saint-Jean. Au menu : encore un chapelet de belles demeures et de plantations, dont la Melrose, fondée en 1832 par le fils d’une ancienne esclave émancipée (nommée Marie-Thérèse Coincoin !) et d’un planteur français.
L’Atchafalaya, fascinant labyrinthe aquatique
En filant vers l’ouest depuis Baton Rouge, l’autoroute I-10, amarrée sur des pilotis de béton, survole de vastes zones humides barbottant dans une soupe de lacs, d’îlots boisés et de marécages. Mais quelle est donc cette étrange région ?
Né à la frontière des États de Louisiane et du Mississipi, là où la rivière Rouge se jette dans le grand fleuve, l’Atchafalaya est ce que l’on appelle un défluent : une sorte de diverticule, un cours d’eau au tracé mal défini, qui s’infiltre dans les terres basses du centre de la Louisiane pour rejoindre le golfe du Mexique en coupant au plus court. Bref, c’est un raccourci que tente le Mississippi ! Si les eaux n’étaient pas régulées, Baton Rouge et La Nouvelle-Orléans se retrouveraient un jour à sec…
Plus de route au sud de l’I-10, juste le vrombissement des moteurs des barques qui tentent de démêler l’écheveau de ce labyrinthe aquatique. En deux siècles et demi, les Cajuns, descendants des réfugiés francophones venus d’Acadie après en avoir été chassés par les Britanniques, sont devenus experts en la matière. Ils y pêchent la chevrette (écrevisse), que l’on avale en plateaux plantureux dans les restos du coin — notamment chez Mulate’s à Breaux Bridge. Temps fort : le Crawfish Festival, le 1er week-end de mai.
À quelques encablures, le lac Martin joue les gravures nature avec ses rideaux de cyprès chauves couverts de mousses, ses embarcadères envahis d’aigrettes et de hérons, ses ibis au long bec courbe, ses spatules roses et ses safaris aux cocodriles (alligators) menés par quelques Cajuns au caractère bien trempé.
Lafayette et les Cajuns (Cadiens) des plaines
Les Français entretiennent un lien particulier avec la Louisiane, cette terre nommée en l’honneur de Louis XIV, qui fut française durant moins d’un siècle : entre sa « découverte » en 1682 par l’explorateur Robert Cavelier de La Salle et sa cession aux Espagnols et aux Britanniques au lendemain de la Guerre de Sept Ans. En 1803, Napoléon n’a fait qu’enfoncer le clou en revendant aux Américains la partie ouest du territoire — alors beaucoup plus vaste que l’Etat actuel —, revenue dans le giron français seulement trois ans plus tôt.
Incroyable de penser que la langue française perdure encore un peu en Louisiane ! Dans certaines paroisses, du côté de Saint-Martin, Évangéline et Vermilion, ils seraient encore près de 15% à le parler — des personnes âgées surtout. Ses principaux locuteurs sont tous ou presque Cajuns, descendants de réfugiés chassés d’Acadie (Canada atlantique) par les Britanniques au XVIIIe s qui, accrochés à leurs bayous ou leurs prairies, ont su conserver une forte identité. Pour les rencontrer, c’est maintenant ou jamais.
Capitale de l’Acadiane — le pays Cajun de Louisiane —, Lafayette est le siège de l’incontournable Acadian Cultural Center et du Codofil, un organisme qui se bat pour la préservation du français. On y trouve aussi 2 villages cajuns joliment reconstitués, avec bâtiments authentiques, poules et oies : Acadian Village et Vermilionville.
C’est aussi le lieu de rendez-vous, fin avril, de toutes choses cadiennes lors du festival international de Louisiane. Accordéonistes et violoneux de pure tradition, issus des fais-dodo (bals) de jadis, y côtoient des groupes de zydéco afro-cadiens aux influences bluesy. On les retrouve dans toute la région, notamment chez Randol’s, au Liberty Theater d’Eunice, au D.I.’s près de Basile, au Fred’s Lounge à Mamou, sur les ondes de KVPI et de Cajun Music Radio chantant qu’ici « après 300 années, on parle encore l’français »… Ou comme on dit encore : Laisse les bons temps rouler et Lâche pas la patate !
Si on associe volontiers les Cajuns aux bayous, leur principal bastion se trouve en fait dans les plaines à riz des paroisses d’Acadia, de Vermilion et d’Évangéline, à l’ouest de Lafayette. À Mamou on célèbre même encore le vieux Courir de Mardi Gras, déambulant de maison en maison, masqué, costumé et coiffé d’une capirote (chapeau pointu de pénitent), quémandant de quoi alimenter le gumbo commun du soir. On chante, on fait le pitre en évitant le fouet des capitaines, puis on danse jusqu’au bout de la nuit.
Ici, on ne visite guère : on vit. On respire. On rencontre. On goûte. On parle. Et, accessoirement, on jette un coup d’œil aux fresques de grenouilles rigolotes de la bourgade de Rayne. Ah si, quand même, pour bien comprendre, il faut voir le Prairie Acadian Cultural Center à Eunice.
Juste au sud de Lafayette, la paroisse de Saint-Martin constitue l’autre bastion francophone de la Louisiane. Son chef-lieu, Saint-Martinville, assoupi au bord du bayou Têche, est coquet avec ses jolies demeures XIXe et son… opéra. Même si le « Petit Paris » s’est pas mal dépeuplé depuis les années 1980, il reste incontournable sur les chemins de mémoire cajuns.
Un mémorial y rend hommage à tous ceux qui, déracinés par le Grand Dérangement, finirent par rejoindre ces terres marécageuses du sud de la Louisiane. Les fameux bayous avec leurs alligators, écrevisses, marécages et des cyprès couverts de mousse espagnole, comptent parmi les paysages les plus emblématiques de la Louisiane.
Ironiquement, c’est un poète anglophone, Henry Longfellow, qui donna le mieux corps à cette tragédie, à travers les errances de son héroïne Évangéline, une jeune Acadienne séparée de son fiancé à la veille de leur mariage, qui parcourt tout le continent pour finir par le retrouver à Saint-Martinville, sous un chêne, où il meurt de la peste dans ses bras… L’arbre, magnifique, est toujours là, au bord du bayou. Le Longfellow – Evangeline State Historic Park revient sur ce douloureux épisode historique, dans un parc boisé romantique épousant le flanc du cours d’eau. La maison Olivier, de 1815, y ramène au temps passé.
Au sud-est, une modeste route se jouant des bayous rejoint le Lake Fausse Pointe State Park, aux gentils bungalows en bois rustiques. Le tapis de lentilles d’eau s’y entrouvre devant l’étrave du canoë, entre des alligators impavides et des oiseaux d’eau à peine plus craintifs.
Vers le sud, aux Jungle Gardens d’Avery island (où est mitonné le Tabasco !) on voit aussi ragondins, tortues et colonie d’aigrettes. Puis rebelote autour du bayou Lafourche, vers Thibodeaux et Des Allemands, pour un dernier bain de nature.
Que faire en Louisiane ? Pour les amateurs de culture et d’histoire
Après avoir respiré l’air du temps dans le Vieux Carré, à La Nouvelle-Orléans, il faut pousser quelques portes pour mieux comprendre son histoire. Visiter le musée historique du Cabildo puis le presbytère pour son musée consacré au Mardi Gras, histoire d’apprendre qui est Rex (le roi du carnaval), pourquoi les Zoulous balancent des noix de coco plutôt que des doublons et comment obtenir de beaux colliers de (fausses) perles (en montrant ses seins, mesdames…). Et pour voir comment sont construits les grands chars des parades, sautez dans un tramway jusqu’au Mardi Gras World, au port.
Au centre, plusieurs vénérables demeurent permettent de pénétrer dans l’intimité des siècles passés, parmi lesquelles les maisons Hermann-Grima, Gallier et Merieult. Et pour n’éluder aucune facette de l’identité locale, il faut aussi voir le couvent des Ursulines (1752) et son jardin des simples, le musée de la vieille pharmacie (1816) et peut-être même le musée du…vaudou (quand même très kitch), dont un guide vous emmènera parcourir les allées du cimetière Saint-Louis en tentant de vous effrayer.
Pour les balades, il y a aussi l’élégant Garden District, aux orgueilleuses maisons coloniales, facilement atteint par le tramway St. Charles (nommé Désir). Et une poignée de musées de qualité, parmi lesquels le NOMA (New Orleans Museum of Art) et le National WWII Museum.
L’autre temps fort du voyage en Louisiane, pour les amoureux d’art et d’histoire, consiste bien sûr à visiter les plantations épousant le cours du Mississippi. Elles se regroupent principalement dans deux secteurs : entre La Nouvelle-Orléans et Baton Rouge (avec le Millionaire’s Row), puis en amont dans la paroisse de West Feliciana, autour de St. Francisville (d’héritage culturel plus anglophone que francophone).
Entre style créole à la française et fastes néoclassiques plus tardifs, toutes les demeures ne se ressemblent pas. Certaines jouent davantage la carte de la nostalgie, à la Autant en emporte le vent, tandis que d’autres permettent aussi (voire surtout) de comprendre les réalités de l’esclavage. Plusieurs ont été transformées en B&B, mais les chambres sont parfois dans des bungalows, pas toujours dans la maison principale.
Natchez (dans l’État du Mississippi) et Natchitoches ont conservé leur propre lot de demeures antebellum fastueuses — la première sur le grand fleuve, la seconde plus loin au nord-ouest.
Que faire en Louisiane ? Pour les amoureux de la nature
Impossible de visiter la Louisiane sans voir au moins quelques alligators et oiseaux d’eau. Sachez toutefois que les premiers tendent à hiverner de novembre à février (…) et les seconds à migrer vers le nord en été. Pas facile, donc, de voir tout le monde en même temps, sauf en fin d’automne et au début du printemps.
S’il a longtemps été chassé, l’alligator mississippiensis (qui peut atteindre 5 m !) a fait un sacré retour en force depuis qu’il est protégé. On en compterait aujourd’hui plus d’1 million en Louisiane ! Il n’est donc pas difficile de le voir, parfois jusque sur des parkings ou des trottoirs… Cela dit, rien ne vaut de l’approcher dans son milieu naturel, par exemple dans le bassin de l’Atchafalaya, au lac Martin, au Lake Fausse Pointe State Park, dans la région de Houma ou, plus près de La Nouvelle-Orléans, dans le joli parc Lafitte (nommé d’après un célèbre pirate-commerçant du XIXe s) ou au long du sympathique bayou Lafourche (vers Kraemer notamment).
Des excursions sont proposées dans la plupart de ces endroits, souvent avec quart d’heure ludique (en dehors des zones protégées), quand les bestioles sont nourries de poulet pour les inciter à sauter hors de l’eau (ou… de marshmallows !). Moins écolo, mais assurément rigolo, il y a aussi les tours en airboat (propulsé par une hélice d’avion) organisés au départ de Des Allemands.
À l’extrémité sud-ouest de la Louisiane, à quelques encâblures du Texas, le peu connu Sabine National Wildlife Refuge est un sanctuaire pour alligators et échassiers. Outre le sympathique Wetland Walkay (2,4 km), une promenade en bois survolant les marais, où l’on observe de nombreuses espèces d’oiseaux, on y trouve des colonies d’aigrettes, hérons et spatules roses dont on peut s’approcher en bateau.
Que faire en Louisiane ? Rencontrer les Cajuns
Résumons. Autour de l’Atchafalaya, de Saint-Martinville à Houma (et au-delà), vivent les Cajuns des bayous, au pied nautique, grands pêcheurs d’écrevisses et amateurs de cocodrile (pas mauvais). Le village de Saint-Martinville, qui fut jusqu’à récemment le siège d’une célèbre Grande Boucherie (on y tuait le cochon le dimanche précédant le Mardi Gras), est emblématique de ce coin attachant, où l’on mange toujours bien.
Des Cajuns organisent des excursions à la découverte des bayous, ainsi qu’au lac Martin : l’occasion de faire coup double. Plus à l’ouest, là où s’étendent les grandes plaines et leurs plantations de riz, dans un triangle formé entre Opelousas, Jennings et Abbeville, vivent les Cajuns des prairies. Ce sont eux les plus musiciens, eux encore qui ont préservé le vieux Mardi Gras cajun. Le vivre, c’est s’en souvenir toute sa vie.