Tout au sud de la Grèce, la Crète est la plus grande île du pays. Traversée par trois chaînes de montagnes, ses paysages sont riches de mille teintes, entre villages typiques, plages et nature préservée.
Si la randonnée en Crète a longtemps été un peu cantonnée aux gorges de Samaria (et quelques autres), le développement de nouveaux réseaux de sentiers, notamment autour de La Canée, offre un nouvel élan pour les marcheurs qui souhaitent découvrir l’île de l’intérieur, dans ses attachants contrastes et ses montagnes intimistes.
Une belle destination pour les randonneurs, à privilégier au printemps ou à l’automne.
Commençons par du (très) costaud. Le chemin Européen E4 (qui part d’Espagne, passe à travers la France, l’Autriche, les Balkans et se termine à Chypre) traverse la Crète d’ouest en est. C’est le principal sentier de grande randonnée sur l’île et une véritable aventure pour ceux qui s’y engagent.
Ses quelque 500 km alternent des secteurs faciles, parfois sur de petites routes, et d’autres très montagnards, où une certaine aisance technique est requise. Bien sûr, on n'est pas obligé de l’effectuer en entier et ses différentes sections peuvent constituer en elles-mêmes de belles expériences.
Plein d’options sont possibles, et vous avez parfois le choix entre un parcours côtier et un autre alpin. Plusieurs guides existent, en anglais, pour vous repérer.
Attention toutefois : si certains secteurs sont bien balisés et entretenus, d’autres sont plus ou moins à l’abandon. Renseignez-vous bien, préparez soigneusement votre aventure avant de vous y lancer ! Les paysages, au cœur de l’île, sont à la hauteur.
Longueur: environ 500 km (plusieurs options)
Durée: 40 jours en tout mais de nombreuses possibilités par secteur.
Difficultés : très variable sur l’ensemble de la trace, certains tronçons sont très exigeants et parfois laissés à l’état sauvage.
Classique des classiques de la rando en Crète, la descente (on ne croise quasiment personne dans le sens de la montée !) des gorges de Samaria ne déçoit pas, car le décor y est splendide. On se méfiera certes de la foule en pleine saison, c’est un parcours très (trop ?) populaire, mais presque obligatoire tant il est charmant. L’ambiance méditerranéenne, grands pins majestueux, gorges rocheuses impressionnantes, est vraiment au rendez-vous.
On commence le parcours près du village d’Omalos. À l’entrée des gorges, on trouve une guérite où il faut s'acquitter du droit de passage (5 €) et c’est parti pour une longue descente. Les lacets sont bien tracés, avec des passages plus ou moins pentus, jusqu’à la chapelle d’Agios Nikolaos et l’ancien village de Samaria, où il fait bon prendre une pause à l’ombre des arbres. D’autres chapelles ponctuent le parcours, surmonté d’impressionnantes façades rocheuses. On parcourt ensuite le fond du canyon, sur un passage dit des Portes de fer, bien plus étroit.
Enfin, la pente s’assagit pour arriver en douceur au village d’Agia Roumeli, où, en attendant le bateau du retour (la randonnée est un aller simple) qui permet de rejoindre différents bus pour rentrer sur Omalos ou La Canée notamment, on peut s’accorder un bon déjeuner ou piquer une tête en savourant la beauté des lieux. Le voyage en bateau est aussi très agréable, un vrai plus.
Longueur : 14,9 km (1 200 m -)
Durée : 6 h
Difficultés : un sentier bien aménagé, tout en descente… attention tout de même c’est assez caillouteux ! Sans grande difficulté tout de même.
À l’extrême nord-ouest de l’île, la presqu’île de Gramvoussa présente des étendues particulièrement sauvages, où la végétation rase et le calme des falaises offrent un refuge privilégié aux rapaces et aux oiseaux de mer.
Tout au bout de la péninsule, face aux îles Gramvoussa, le lagon de Balos se distingue par ses eaux turquoise et ses vastes plages de sable fin. Cette randonnée en aller-retour permet de dominer d’abord les lieux – on admire la mer de chaque côté sur le début du sentier, avant de descendre, par un petit escalier de pierre, vers le lagon.
Là, on profite une vue splendide sur la lagune, les îles, dont celle d’Imeri Gramvoussa et son fort vénitien, autrefois repaire de pirates. Le bleu turquoise des flots se mêle aux teintes du sable et expose des couleurs inédites, le spectacle est total. On parvient enfin sur la plage, où l’on profite des lieux pour se détendre, sans doute pour une baignade, avant d’entamer la remontée.
La petite chapelle d’où l’on est partie, Agia Irini, se dessine en haut du sentier. On pourra – en saison – opter pour un petit stop à la buvette du parking en contrebas afin d’adoucir l’effort final !
Longueur : 7 km (200 m +)
Durée : 2 h 20
Difficulté : une balade abordable, malgré des terrains rocailleux. Attention en été, aucune ombre !
Le sommet du mont Gingilos, dans les Lefka Ori (ou montagnes Blanches), culmine à 2 080 m et domine directement les fameuses gorges de Samaria, dont cette randonnée constitue un complément ou une alternative de choix.
On part d’ailleurs du même village, Omalos, uniquement pour la descente des gorges, mais on emprunte un petit sentier balisé (commun avec le E4), qui lui monte dans le sens opposé. On trouve à l’entrée un panneau « Gingilos 3h » qui indique plus ou moins le programme.
Bien tracé et un peu balisé, le sentier monte en lacets assez facilement à travers les arbres avant de descendre un peu vers la source de Linoseli. Après une pause fraîcheur recommandée, on reprend l’ascension sur une pente plus raide pour atteindre le col d’Afchenas. Il faut alors être très attentif au balisage jaune qui permet de se faufiler entre les rochers en sécurité.
On atteint ainsi l’antécime, à 2 075 m d’altitude, marquée par un cairn. On peut s’en contenter, le spectacle est déjà très beau, ou poursuivre avec prudence jusqu’au sommet, d’où l’on contemple les gorges de Samaria. Une grande vigilance s’impose à la descente.
Longueur : 7,5 km (1 136 m +)
Durée : 6 h 30
Difficulté : la randonnée la plus exigeante techniquement de notre sélection. Sur la dernière partie de l’ascension, il faut souvent utiliser les mains. Une certaine aisance technique s’impose.
Voici l’une des plus belles et des plus accessibles randonnées côtières de Crète. Chora Sfakion est situé tout au sud-ouest de l’île, à 75 km de La Canée. C’est un tout petit village de 300 âmes à peine qui vit autour de ses deux ports. De là, on trouve une petite route puis le sentier qui domine directement les flots de la Méditerranée. Il est sinueux et étroit, les vues s’enchaînent dans un décor aride mais harmonieux. Les rencontres avec les chèvres sauvages ne sont pas rares.
Même si le danger est relatif, on prendra garde à ses appuis, car certains passages sont un peu exposés. On parvient ainsi jusqu’à la pittoresque plage de Sweet Water Beach – pause baignade possible –, avant de reprendre la marche sur un sentier désormais plus large jusqu’à Loutro.
Le village, bordé d’eaux turquoise, est vraiment typiquement grec avec ses maisons blanches aux volets bleus. Le calme et la douceur de vivre semblent y régner. On peut se détendre, se baigner, siroter un verre ou savourer un repas avant de repartir vers le point de départ, par le même chemin pour les plus courageux, ou en bateau (on achète les billets sur place), afin d’observer de la mer le trajet effectué à pied !
Longueur : 7 km (270 m +)
Durée : 3 h
Difficulté : un sentier vallonné comportant quelques passages un peu délicats et exposés.
Moins célèbres que celles de Samaria, les gorges d’Aradena n’ont pas grand-chose à leur envier en termes de majesté du paysage : ici aussi, vous trouverez un impressionnant canyon sillonnant de hautes parois.
Depuis le village de Livaniana, on descend tranquillement sur une bonne piste ou une petite route jusqu’à la mer et la plage de Marmara, où l’on pourra s’offrir une agréable pause rafraîchissante.
Les choses sérieuses commencent ensuite lorsque l’on pénètre dans la gorge, pour la remonter jusqu’au village d’Aradena. Le début de la gorge est assez large, le sentier rocailleux mais encore assez facile. Au fond s’épanouissent lauriers-roses et arbustes. On monte ensuite par palier, en franchissant quelques éboulis.
Avant le village d’Aradena se situe le passage délicat : des échelles mécaniques, bien arrimées, mais verticales. On peut les contourner sur un sentier balcon praticable, mais pas forcément plus simple ni moins vertigineux. C’est cependant tout à fait franchissable.
Ensuite, on peut mesurer l’ampleur de la gorge sous le pont routier qui mène au village, avant de grimper vers ce dernier par des lacets serrés. Parvenu en haut, on observe les gorges depuis le pont, avant de redescendre sur une pente plus douce vers Livaniana, en admirant les vues sur la mer, Loutro et les hameaux de Finix et Lykos.
Voici encore une belle alternative aux gorges de Samaria, plus difficile mais aussi plus sauvage et bien moins fréquentée.
Longueur : 14,3 km (1 330 m +)
Durée : 6 h 30
Difficulté : une randonnée physique dans sa seconde partie où l’on remonte la gorge. Le sentier est très rocailleux, avec des passages d’éboulis. Les échelles demandent de ne pas être sujet au vertige et d’avoir le pied sûr.
Ce sentier est le premier parmi douze qui compose le nouveau réseau d’Apokoronas Trail (qui lui-même fait partie du vaste projet des Chania Trails, un ensemble d’itinéraires de randonnées en cours d’élaboration et de construction dans la région de La Canée), qui sillonnent cette région très variée entre les rives de la mer de Crète et les pentes des montagnes Blanches, à travers villages typiques, chapelles et sites historiques.
Cette randonnée part justement de l’ancien chemin de ronde de la cité antique d’Aptéra, dominant la Méditerranée. Bien sûr, le petit détour par les ruines vaut la peine. Le site reste un chantier de fouilles permanent et ce que l’on peut observer aujourd’hui était encore en grande partie enfoui il y a dix ans. L’harmonie, jusque dans les vestiges médiévaux du monastère anciennement implanté sur le site même de la cité antique, est appréciable. Le théâtre, presque intact, révèle un extraordinaire phénomène : si l’on se place sur une petite pierre pile au centre de la scène, on parle comme dans un micro !
Le parcours quitte ensuite les contours d’Aptéra pour plonger dans la campagne crétoise. Entre petits hameaux, champs d’oliviers et troupeaux de brebis, la tranquillité parfois interrompue par quelques aboiements, on s’immerge dans la contemplation des vues sur la mer et la montagne.
Plus loin, au fond d’une oliveraie, on se passionne pour un tombeau minoen très bien conservé, vieux de 3 300 ans. Après le village de Stylos, on rentre en suivant le cours de la rivière Koiliaris, à l’ombre des platanes, entre ponts et moulins, jusqu’à une petite route qui mène à la plage de Kyani Atki, avant de remonter vers le fort d’Itzedin, un ancien bastion ottoman dominant la baie de Souda.
Longueur : 12,8 km (250 m +)
Durée : 4 h 15
Difficulté : une marche relativement facile, même si certains passages demeurent rocailleux.
Voici une petite randonnée agréable et surprenante, au sud-est de La Canée, car entre les deux villages de Sellia et Xirosterni, on découvre une très jolie forêt, la forêt de Roupakias, au cœur d’Apokoronas.
Sellia, avec sa place où se côtoient un bâtiment en ruine avec ses graphes, sa minuscule mairie et son antique (enfin, façon de parler) cabine téléphonique, est aussi typique de cette Crète de l’intérieur, pleine de contrastes.
On marche ici au cœur de la campagne, entre mer et montagne. Cette courte balade, tout à fait adaptée aux familles, peut-être complétée par d’autres itinéraires des Apokoronas Trails à proximité, qui permettront une journée de randonnée plus longue, à travers la nature et les villages.
On pourra par exemple relier par les chemins les rejoignant les bourgs de Vamos et Gavalochori, et leurs places animées pour déjeuner à l’ombre d’une accueillante terrasse. Ces pauses sont aussi l’occasion de tenter de mieux saisir l’âme des lieux : le temps qui passe sans trop de stress, les chats qui occupent les fauteuils dès que quelqu’un les délaisse, les différentes générations qui se côtoient encore dans ces villages animés.
On part du pittoresque village de Kastellos, au sud-est de La Canée, avant de parcourir les contreforts montagneux des Lefka Ori, découvrant une petite forêt abritant d’impressionnants oliviers aux troncs sculptés par les siècles et les éléments. Quelques troupeaux de chèvres s’y ébattent. Un peu plus loin, on traverse le village de Kournas, joliment bâti à flanc de colline.
Puis, sur un très beau sentier balcon, on admire les panoramas sur la Méditerranée, les hameaux et les montagnes. Le lac de Kournas se dessine au loin. On peut faire une pause à l’ombre des arbres entourant la jolie chapelle d’Agios Ioannis, posée au milieu de la nature, puis apprécier le point de vue offert par une ancienne tour de garde turque, ruinée mais bien placée.
Dans le petit hameau de Patima, on découvre une splendide demeure vénitienne restaurée avec goût. Quelques kilomètres encore et nous revoici à Kastellos, où l’on peut déjeuner à la terrasse du petit restaurant local. Cette douce ambiance villageoise, loin du tourisme de masse, dans la montagne, est l’une des marques de fabrique des sentiers d’Apokoronas.
Longueur : 7,6 km (220 m +)
Durée : 4 h
Difficulté : une randonnée accessible, sur des sentiers plutôt bien tracés.
Avec cette randonnée, on découvre un autre étage d’Apokoronas, sur les Lefka Ori à plus de 1 000 m d’altitude, au-dessus de Stylos. On évolue sur des petits sentiers de montagne, monotraces à chèvres parfois à peine dessinées. Le décor est minéral, seuls quelques arbres tortueux s'accrochent encore aux pentes et la végétation de plus en plus rase nourrit les nombreux troupeaux de chèvres.
Les yeux toujours vigilants sur le balisage, on trace son chemin sur ces montagnes Blanches qui laissent voir de splendides fenêtres sur les chapelets de villages en contrebas et sur le littoral, la Méditerranée comme ligne d’horizon. Les seules rencontres seront des chèvres (et parfois quelques chiens plus ou moins engageants). L’avancée est rythmée par un chapelet d'églises perdues dans la montagne et d’impressionnants abris de berger. Ces constructions circulaires, en pierres sèches, semblent presque aussi solides que les tombes minoennes.
On termine par une bonne grimpette qui mène à un point de vue encore plus impressionnant que les autres, tel un bouquet final, avant de retrouver un peu plus bas, la piste pour le retour au point de départ. Une des randonnées les plus sauvages et majestueuses de l’ouest de l’île.
Longueur : 10,6 km (700 m +)
Durée : 7 h 10
Difficultés : une randonnée au profil très vallonné sur des terrains particulièrement pierreux. Attention à ne pas perdre la trace sur certains passages.
Le mont Spathi, parfois nommé aussi mont Dicté, est le point culminant des sommets dominant le plateau de Lassithi, à l’est de la Crète, avec tout de même 2 148 m d’altitude. La randonnée qui mène au sommet promet donc – outre un beau panorama et des découvertes historiques sur ce lieu qui, selon la mythologie, a vu naître Zeus, excusez du peu ! – quelques efforts.
On débute par une piste qui part derrière une petite chapelle, au-dessus du hameau d’Avrakhondes. Un sentier plus sinueux, mais encore assez plat, remonte le lit d’un torrent asséché en été, avant de grimper plus raide vers un col qui sépare les sommets du Spathi et du Christo Afendi (on peut aussi y aller). On quitte le sentier E4 pour poursuivre vers le sommet, que l’on atteint sans trop de difficulté.
Enfin, on s’émerveille de la vue sur la Méditerranée et la côte sud de l’île, avant d’entamer la descente, par le même chemin.
En complément, on ne manquera pas de visiter la grotte de Psychro, où Zeus fut caché pour échapper à la fureur de son père Chronos. À défaut de traces des dieux, les archéologues y ont retrouvé des objets minoens et les stalactites sont impressionnantes.
Longueur : 13 km (980 m +) aller-retour.
Durée : 7 h
Difficultés : une randonnée exigeante, avec une pente assez soutenue et un sentier rocailleux qui demande de la vigilance sur les appuis. La fin de l’ascension peut être encore enneigée au printemps.
Nous voici maintenant tout à l’est de la Crète, dans une région particulièrement riche en vestiges de la civilisation minoenne, qui s’est développée en Crète entre - 2700 et -1200 av. J.-C. Le nom de la vallée des Morts provient ainsi des nombreux tombeaux qui occupaient les alcôves et grottes de la falaise qui entoure la gorge.
Si la randonnée la plus classique consiste juste en un aller-retour depuis les villages de Zakros ou Kato Zakros, plusieurs boucles sont possibles pour mieux découvrir la gorge et ses environs, comme celle que nous proposons ici.
On parcourt ainsi d’abord les bords escarpés, en jouissant des belles vues sur le canyon, avant de descendre vers la vallée des Morts. Les falaises, les grottes, les touches de végétation au milieu de cet univers de roches, lauriers-roses et origan sauvage en tête, rendent cette seconde partie inoubliable.
On pourra compléter la balade par une visite du palais minoen de Kato Zakros… et par une baignade sur la plage du petit village, bien entendu !
Longueur : 10 km (238 m +)
Durée : 4 h
Difficulté : une randonnée accessible, sans grande difficulté technique. Il faut prévoir suffisamment d’eau et éviter les grosses chaleurs, le parcours étant peu ombragé.