Le tourisme solidaire
Tourisme solidaire : peut-on parler de vacances ?
Qu’on se le dise, dans « tourisme solidaire », il y a d’abord « tourisme ». Le plaisir de voyager reste le premier moteur du routard solidaire. Ce qui change ? La finalité du voyage. À l’hédonisme primaire ou aux comportements grégaires se substituent l’échange, la rencontre et le souci d’une économie plus juste.
Car la première vocation du tourisme solidaire est de rompre avec un système qui perpétue les inégalités Nord-Sud. Selon les pays d’accueil, il est estimé que plus de 80 % des recettes touristiques reviennent au final aux industries du Nord. Pour la main d’œuvre locale, l’amélioration des conditions de travail, l’entretien des réseaux routiers, des sites touristiques même, l’accès aux énergies, à l’eau etc., la cagnotte s’avère bien maigre comparée à la gestion de nombreux complexes hôteliers formatés et de transporteurs aériens aux prix cassés. Pire, à côté d’hôtels de luxe, combien de quartiers déshérités où s’agglutinent une population à la santé et à l’hygiène déplorable, combien d’expropriations...
Alors pourquoi continuer à voyager, découvrir la beauté des paysages du monde, goûter à la variété des cultures, des arts, de la gastronomie sans faire preuve d’un peu d’équité ? Par méconnaissance ? Par trop d’a priori ? Le tourisme solidaire ne consiste pas à dormir sur des planches en bois dans des huttes au toit percé infestées de moustiques ! Le confort peut parfois même être meilleur en raison de l’attention portée par les hôtes, investis pleinement dans le projet touristique. Se faire plaisir à l'hôtel peut également prendre part au tourisme solidaire. Que diriez-vous de réserver votre chambre d'hôtel au profit d'oeuvres caritatives ? Avec SOLIKEND, votre paiement est 100 % reversé par l'hôtelier à l'association de votre choix. Il vous suffit de choisir la cause qui vous tient le plus à cœur lors de votre réservation.
En clair, il y a autant de façons de vivre un voyage solidaire qu’un séjour plus classique. Randonnée, trekking, voyage itinérant, culturel, découverte, dans des éco-lodges, chez l’habitant, en pleine nature, séjour thématique (festival, musique, sport). Certains s’adressent en particulier à des randonneurs, d’autres à des familles et enfants, d’autres encore aux amateurs de sites culturels.
Voyager solidaire n’est pas forcément un acte militant ni une mission à caractère humanitaire, mais une envie simple d’aller dans le vrai. Ou du moins d’y tendre. C’est pourquoi chaque voyage solidaire, individuel ou non, nécessite une préparation, une connaissance de la région d’accueil, des us et coutumes des populations, qui ne donnera pas l’impression aux locaux que le voyageur est une tirelire ambulante. On connaît l’engrenage dans lequel cela conduit (mendicité à outrance, rejet, folklorisation).
Cette façon de voyager ne coûte pas plus cher qu’un séjour classique. Le but des associations de voyages solidaires concernées n’est pas de dégager des bénéfices record, des résultats de croissance à deux chiffres, en jouant sur la variable salariale. Il consiste à rémunérer de façon plus juste les acteurs de toute la chaîne du voyage et d’allouer une partie de leur chiffre d’affaires à un fonds de développement.
Pour le voyageur individuel qui ne veut pas d’intermédiaire, il s’agit simplement de concevoir la prestation comme une plus-value. Celle de la découverte de la réalité de la vie des populations, de l’environnement naturel et des sites par ceux qui les connaissent le mieux, de la gastronomie par ceux qui la pratiquent au jour le jour. Et même si les mauvaises surprises existent, ne font-elles pas aussi l’histoire inoubliable d’un voyage ?
Texte : Julien Vitry