Les bobos de la plage
Ces bêbêtes qui nous embêtent
Une mer turquoise bordée de sable blanc et de cocotiers. Pas l'ombre d'une brise en vue et des gouttelettes de sueur parent votre front couleur soleil : vous nagez en plein bonheur. Seulement, les plus belles plages du monde ont aussi leurs désavantages, dont notamment toutes sortes de bestioles prêtes à dépecer le mythe de l'ultime béatitude balnéaire.
Les bestioles qui piquent
Une piqûre d'animal marin vénéneux peut arriver sur le sable, si vous les manipulez ou si vous leur marchez dessus par inadvertance. Ou encore dans l'eau, et là c'est beaucoup plus grave, car la personne empoisonnée risque la noyade.
Parmi les mollusques, prenez garde aux cônes (Indo-Pacifique, côte sud de l'Australie). Tous ne sont pas dangereux pour l'homme, mais ils sont difficiles à différencier. Le plus redoutable est C. geographus. Sa piqûre entraîne une grande douleur, avec un œdème souvent volumineux. Une paralysie peut intervenir, capable de provoquer la mort (paralysie des muscles respiratoires). Les oursins, hérissés de piquants, occasionnent de douloureuses lésions. Certains sont vénéneux, tels l'oursin de feu (Pacifique et mer Rouge) ou le multicolore (Caraïbes et Pacifique Est) - et même mortels, comme le toxopneuste (Pacifique, océan Indien).
Parmi les poissons, on ne saurait trop vous avertir contre les raies armées, dont la queue porte un aiguillon venimeux. La piqûre de raie pastenague (Méditerranée, mers tempérées et tropicales) peut être fatale. Son dard denticulé est très difficile à retirer et mesure une vingtaine de centimètres. Les vives (Atlantique, Manche, Méditerranée…) se cachent dans le sable et laissent uniquement apparaître leurs nageoires dorsales dotées d'épines vénéneuses, prêtes à infliger d'atroces souffrances. Et puis il y a le poisson-pierre, ou " crapaud des mers " (océans Indien et Pacifique, notamment en Australie), le plus dangereux d'entre tous, qui se dissimule parmi les rochers, les coraux et dans le sable. Son venin peut tuer un homme en deux heures !
Quelques conseils
- Mettez des chaussures à semelle suffisamment dure pour que les dards ne puissent pas les transpercer. Cela vous empêchera en outre de vous couper sur les coraux et les rochers.
- Dans la plupart des cas, baigner la plaie dans de l'eau très chaude avec un peu d'antiseptique pour venir à bout du venin.
- Dans le cas d'une piqûre de raie, casser immédiatement l'aiguillon et consulter un médecin.
- Retirer au mieux les piquants d'oursin. Attention, car ils sont friables. Si vous soupçonnez qu'il en reste, consulter un médecin. Les fractions restant dans le derme peuvent causer des infections.
- Dans le cas d'une piqûre de poisson-pierre, chauffer la blessure dans de l'eau à plus de 50 °C ou avec le bout allumé d'une cigarette. Prenez des analgésiques. En cas de malaise ou de syncope, appeler les secours. Il existe un seul sérum, très efficace s'il est injecté rapidement.
- Si vous collectez des cônes, munissez-vous absolument d'un récipient rigide. Pas de sac en plastique, pas dans le maillot de bain. Il n'y a pas de sérum. Les saisir par la partie large de la coquille.
Les bestioles qui brûlent
La mer regorge de créatures fascinantes à la texture transparente ou colorée de mille feux, effectuant des ballets hypnotiques et silencieux. À croire que ces beautés feraient tout pour nous attirer dans le filet de leurs tentacules brûlants et venimeux.
La plupart n'auront qu'un effet urticant sur la peau, comme les anémones de mer, les coraux de feu des récifs tropicaux ou certaines méduses. D'autres peuvent toutefois s'avérer beaucoup plus redoutables.
Les galères portugaises et les guêpes des mers comptent parmi les méduses les plus dangereuses. Les grandes galères vivent dans les mers chaudes. On les reconnaît à leur volumineuse poche d'air rose et bleue et à leur longue chevelure filandreuse. La guêpe des mers " Chironex fleckeri " (Australie du Nord, où il existe un sérum) cause des douleurs atroces. Elle peut tuer en trois minutes si l'on entre en contact avec plus de six de ses tentacules.
Moins esthétiques, et certainement moins subtils, les concombres des mers projettent par l'anus des filaments aux toxines irritantes qui provoquent érythèmes et œdèmes. Mais si les filaments atteignent les yeux, les conséquences sont plus graves : ils peuvent entraîner la cécité.
Conseils
- Appliquer du vinaigre ou du jus de citron sur les lésions, ainsi qu'un gel anesthésique. Prendre un antihistaminique ou des corticoïdes.
- Enlever les tentacules en raclant doucement.
- S'il y a choc, sortir la personne de l'eau et appeler les secours.
Les dents de la mer
Terreurs de la mer, prédateurs des océans… requins, serpents ou murènes. Même si cela vous semble IMPOSSIBLE, la plupart de ces monstres marins vous craignent bien plus que vous ne les craindrez jamais. Pour preuve, sachez que le seul prédateur du requin n'est nul autre que l'homme, qui ne se prive d'ailleurs pas de l'exterminer.
Ces farouches animaux préfèrent en général rester hors de portée et ne se comporteront de manière agressive que s'ils sont provoqués. Par provoquer, entendre, par exemple, fourrer accidentellement son bras dans la gueule d'un requin taureau (pouvant mesurer presque 4 m de long et hantant les côtes continentales et insulaires), comme ce fut le cas en juillet 2001 pour le jeune Jesse Arbogast (huit ans) en Floride et dont le membre fut arraché (mais recousu).
Il existe une trentaine de familles de requins, constituées d'environ 350 espèces. Ils peuplent toutes les mers de la planète. Bien que la plupart ne s'en prennent jamais à l'homme et même si la mode est à la plongée en cage pour la peur de sa vie, vu leur dentition, la prudence s'impose.
Outre le requin-taureau, on considère que les plus dangereux des requins sont les grands blancs (en fait plutôt gris), pouvant mesurer plus de 6 m et le requin-tigre des zones tropicales. Les États-Unis (Floride, Hawaï, Californie) remportent la palme des attaques mortelles. L'Australie (New South Wales, Queensland) et l'Afrique du Sud (Kwazulu-Natal) occupent respectivement la deuxième et troisième place de ce triste palmarès. Certains pays ont installé des barrières anti-requins au large de leurs plages les plus populaires. Si vous avez peur, c'est là qu'il faudra nager. Mais le requin n'est pas le seul à avoir la dent longue.
Dans l'océan Indien vit un serpent marin, particulièrement agressif et qui plus est, vingt fois plus venimeux qu'un cobra ! Au hasard des anfractuosités de rocher ou de récif corallien, le plongeur peut se retrouver avec une murène plantée au bout du bras. Leurs dents en crochet entraînent de profondes plaies et même si elles sont venimeuses, c'est avant tout l'hémorragie qu'il faut craindre. La murène javanaise est particulièrement nocive.
Quelques conseils
- Les requins n'ont pas la vue perçante et peuvent aisément prendre un surfeur et sa planche pour une alléchante otarie. Ils sont attirés par les objets brillants, les forts contrastes et les couleurs chatoyantes.
- Ne pas battre des pieds et des mains dans un mouvement de panique. Cela leur signale qu'une proie en difficulté est à proximité. Sortez de l'eau si vous saignez car le sang attire les requins.
- Ne surtout pas les nourrir ! Ne surtout pas leur donner de coups.
- Ne pas vous baigner entre chien et loup, ni la nuit. Nagez en groupe.
- Éviter de nager proche des pêcheurs (bateaux, ports…).
- Ne pas mettre ses extrémités dans les anfractuosités des rochers et des récifs coralliens.
- En cas de morsure, sortir la personne de l'eau et avertir les secours. Faire un garrot si le saignement est important. Anti-venin pour les morsures de serpents marins. Toujours penser au tétanos.
- Aux États-Unis, vous avez trente fois plus de chance de vous faire frapper par la foudre que de vous faire mordre par un requin…
Texte : Ellonore Bush