Au coeur de la fiesta del Gran Poder à la Paz

Forum Bolivie

Bonjour

Tout a commencé il y a une quinzaine d’années par un premier voyage en Bolivie. Il avait été programmé pour nous, semblait il, assister à la fiesta del Gran Poder. Arrivés sur place quelques jours auparavant, aucun article dans le journal, aucun préparatif, aucune effervescence pour ce qui est la plus grande fête de La Paz. Il s’est avéré après renseignements que la date qui avait été donné n’était pas la bonne, ce n’était que partie remise

Et nous voici de retour en ce 10 Juin 2022 à La Paz dans un hôtel de la rue Sagarnagar. C’ est par un pur hasard que j’apprends que le lendemain a lieu l’événement, la fiesta del Gran Poder, j’allais donc la voir

Mais impossible de connaître ni l’heure et encore moins l’itinéraire. C’est donc le jour J que nous sommes réveillés de bonne heure par le bruit des fanfares. Le temps de se préparer et nous sommes dans la rue, peu de chemin à parcourir, les clameurs nous arrivent du bout de la rue , et là stupeur

Le défilé des 79 congrégations a commencé, il en sera comme cela jusqu’aux alentours de 05heures du matin le lendemain pour les dernières. C’est un défilé incessant de danseuses, de fanfares

les masques et costumes sont haut en couleurs et représentent les grandes périodes de l’histoire de la Bolivie. Leur fabrication s’étale sur plusieurs mois et certaines parures agrémentées de bijoux en or sont estimées à plusieurs milliers de dollars

« El senor Jesus del Gran Poder » est une célébration religieuse dédiée au fils de Dieu. Symbole de syncrétisme elle mêle à la fois des croyances catholiques et rituels aymaras ; Mais parfois il faut également avouer que l’on se croirait au carnaval de Rio tant les tenues sont légères

« Gran Poder » signifie grand pouvoir. L’origine de cette célébration remonterait à 1663, date de la fondation du couvent des Mères Conceptrices. Voilà pour l’histoire

Pendant ce temps la foule commence à arriver familles entières affluent pour s’installer sur des estrades ou assises sur des chaises louées pour l’occasion. Pour 10 bolivianos vous voilà en place pour de longues heures

Cette année on ne comptera pas moins de 70.000 participants au total mélangés en danseurs et danseuses le tout accompagné de musiciens . Chaque fraternité possède sa fanfare

Vous imaginez le bruit que cela fait quand je m’initie au milieu d’eux pour commencer à prendre les premières photos. Mon cœur résonne de ces battements de tambours, mes oreilles de ces cuivres et mes yeux s’illuminent devant tant de couleurs

Les premières démonstrations folkloriques auraient débutées en 1923 et de nombreuses fraternités, danses et fanfares se sont ajoutées à l’événement. Aujourd’hui il est intéressant de voir que tout se mélange le temps de la fête

Les groupes folkloriques participant au Gran Poder ont réussi à établir ce qu’aucune institution officielle n’a jamais réussi à générer : le mélange des classes

Fin Mars 2017 le gouvernement bolivien et l’association des groupes folkloriques pacénos ont présenté une candidature afin que le festival puisse être reconnu comme Patrimoine Oral et Immatériel de l’UNESCO, ce qui fut accepté

La fête commence toujours par un rituel andin dédié à la « pachamama » ou Terre Mère . C’est probablement la plus grande fête de l’intégration et de la diversité du pays.

Au fur et à mesure que la fête se déroule une certaine fatigue des participants se fait sentir. La chaleur devient accablante et pour cela comment mieux s’en prémunie qu’en buvant soit de l’alcool fort ou la bière bolivienne, la Pacéna

Vous vous doutez que petit à petit les effets apparaissent. Autant au début les pas étaient assurés que maintenant on commence quelque peu à tituber ; Il en va de même pour les spectateurs

Il faut dire que Pacéma est partenaire de la fête, la finance et il faut donc vendre abondamment le breuvage Va dorénavant passer devant nous une myriade de petits vendeurs, parfois même les danseurs les délaissent de quelques bouteilles pour étancher leur soif

Nous en sommes déjà à 06 heures sans avoir quitter nos places, nous sommes carrément happés pris dans ce mélange de bruit et de couleur et ayant bu que de l’eau nous sommes aussi comme ivres. Nous en viendrions presque à esquisser avec eux des pas de danse

Une d’entre elles s’appelle la Morénada . Elle est un héritage des esclaves africains qui ont jadis travaillé dans les mines de Potosi ainsi que de la colonisation espagnole. Elle se danse sur une musique mélancolique, exprimant le désarroi et la souffrance que ces peuples ont endurés durant ces périodes douloureuses de l’histoire.

Durant ces cours instants de repos bien gagnés, j’en profite pour faire quelques portraits ou photo de groupes qui s’y prêtent facilement avec un large sourire. Ce qui caractérise cette fête c’est bien la joie qui s’en dégage et qui est communicative

Mais la Morénada n’est pas la seule danse présentée, nous y verront également la Negritos ,elle est originaire de la communauté noire de Los Yungas, également la Diablada qui est la danse bolivienne la plus connue. Elle date du 17<sup>ème</sup> siècle et est originaire de la ville d’Oruro, la Tinku qui signifie « rencontre » dans la langue des Quechuas et d’autres encore

J’avoue que nous commençons à sentir la fatigue, mais comment font ils pour danser de l’aube jusqu’à la nuit. Autant le soleil se montra ardent que maintenant on sent un léger froid. Il faut dire qu’en Juin les températures baissent très vite et avoisinent les 0° au petit matin. Sans doute ont ils la foi, l’enthousiasme

Alors nous décidons de quitter nos chaises et remontons doucement le défilé, les dernières photos prises nous nous éloignons et quittons quelque peu ce brouhaha. De loin car durant toute la nuit cela ne sera que bruit de cuivres et de tambours comme si ils étaient dans notre chambre. A 05heures du matin le silence revint, la fête semblait s’achever

Si vous devez vous rendre en Bolivie à cette période surtout renseignez vous pour que votre arrivée coïncide avec cette fête fabuleuse, il ne faut absolument pas la manquer tant elle est synonyme de joie, d’euphorie, dont nous avons tant besoin
Ces jeunes femmes ne pourront que vous en convaincre

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