Grand-Case, un air d’authenticité antillaise
Aux abords de cette belle baie et de sa jolie plage, on retrouve en complément des plaisirs balnéaires une dépaysante atmosphère caraïbe, toute saint-martinoise, celle d’un bourg traditionnel de l’ île.
Mais pour débuter, direction le bord de mer.
Depuis la principale rue, presque l’unique voie qui longe le littoral en parallèle derrière une rangée d’habitations, il faut emprunter un des étroits passages pour accéder à la plage. Au bout, place à l’horizon bleu outremer.
Sur le sable et dans l’eau, juste quelques amateurs sont présents en cette matinée de dimanche. Et pas seulement des touristes en balade, les habitants de l’île sont là aussi à profiter d’une de leurs plages favorites. Comme cette petite famille dont les enfants barbotent joyeusement.
Cette plage s’est constituée au fil des temps par une accumulation de sable entre deux avancées rocheuses. Une plage qui est donc un ancien tombolo séparant la mer d’un étang intérieur.
Cette étendue d’eau saumâtre était dans le temps une ancienne saline. Les premiers habitants de Grand-Case étaient donc sauniers côté terre et pêcheurs, côté mer.
Au centre du bourg trône un étrange engin rongé par la rouille. Il est un témoin de ce passé local consacré à la récolte du sel, si utile pour la conservation des aliments. A première vue on peut se demander à quoi pouvait servir une telle machine avec ses énormes rouleaux ? Réponse : à broyer le sel.
Pour actionner le moulin on utilisait à l’époque la vapeur produite par une chaudière. La production de sel de Grand-Case a pris fin au début des années 60.
La Baie de Grand Case a sa sentinelle à l’entrée de l’anse. Un rocher solitaire trône à quelques encablures du rivage : le Rocher Créole. Un dôme rocheux qui constitue un élément signature du paysage local.
Avant de déambuler dans Grand Case, l’envie me gagne d’aller jusqu’au bout de la plage, à sa pointe sud.
Pas facile de trouver une place pour se garer parmi les chemins comme de dénicher également un accès libre à cette partie du rivage. Les maisons ou résidences se succèdent en première ligne avec toutes des passages privatifs.
Bref, presque à l’extrémité, c’est par l’allée d’un petit cimetière que j’ai pu atteindre le sable. Pardon et respect aux défunts de m’être faufilé entre leurs tombes. Dommage pour eux de ne plus pouvoir bénéficier de la vue mer imprenable du site où ils reposent pour l’éternité …
Retour au cœur de la petite ville où les classiques maisons à l’architecture créole sont en bonne place.
Il y a encore dans le village quelques traditionnelles cases en bois qui désormais se font assez rares sur l’île.
Certaines en piteux états, l’usure du temps et des intempéries quand d’autres ont trouvé une nouvelle jeunesse. Des teintes éclatantes à grand renfort de coups de pinceaux, elles affirment leur vocation à recevoir des visiteurs-clients.
Grand-Case est réputée sur l’île pour ses nombreux restaurants et ses chefs cuisiniers dont certains ont une très bonne cote. Gastronomie française, spécialités créoles ou internationales … on ne manque pas de choix parmi toutes les bonnes tables situées sur le long « Boulevard de la Grande Case », c’est son nom.
Plus simplement, on peut aussi se restaurer dans les traditionnels « Lolos » créoles du centre du village. On y prépare et propose une cuisine populaire à la saint-martinoise, principalement à base de grillades.
Bon, ça hume fort la friture et un peu la fumée … mais c’est vraiment local et authentique. De plus l’ambiance « à la bonne franquette » y est sympa … et les prix y sont doux.
Histoire de vous mettre « l’eau à la bouche » ou plutôt le frit et les saveurs épicées … voici un exemple des spécialités proposées avec la carte affichée d’un de ces fameux lolos locaux.
Question animation et atmosphère des îles, c’est le mardi soir qu’il faut aller à Grand-Case. En saison touristique, c’est à dire pendant les mois d’hiver de l’hémisphère nord, la petite ville est en fête lors des « Mardis de Grand-Case ».
Des animations, de la musique, des danses de carnaval, un marché artisanal et de produits locaux, des stands de restauration, des restaurants gastronomiques, des bars … et j’en passe. En un mot : la Fête, en mode : île des Caraïbes !
Friar’s et Happy Bay, deux autres plages de rêve … et le souvenir d’une rando
Quitté Grand Case et sa longue anse, on reprend la route. La voie principale relie le nord de l’île à sa (petite) capitale Marigot plus au sud. Une chaussée particulièrement fréquentée et pas seulement aux heures de pointe. Voitures, 4x4, camionnettes et même poids-lourds cheminent à la queue leu leu à un train quelque peu ralenti. Seuls les deux roues se faufilent plus rapidement entre les véhicules … attention ! C’est parfois un peu à risque.
On est finalement content de bifurquer vers le littoral. Le bitume laisse vite la place à une piste chaotique où ornières et nids de poules se succèdent, bon, ça brinquebale un peu … mais on parvient vite à un espace formant un parking improvisé, juste au bord de la plage. Ouf !
Friar’s Bay une plage renommée dont le site est souvent associé à son Kali’s beach Bar.
Ici, devant un décor idyllique on peut siroter un rhum, un cocktail, se restaurer et surtout en soirée profiter de l’ambiance … de la musique, antillaise, rock et souvent reggae. Les « Full moon party » organisées au Kali’s sont, paraît-il, un must de l’île.
Mais en journée, la vedette, reste bien sûr la mer et la plage.
En cette fin de matinée des scolaires sont en séance de plein air, en pleine mer. Sympa, cette piscine à ciel ouvert. Pas d’eaux au relent de chlore ni de nécessité de chauffage artificiel. En voilà qui doivent nager en plein bonheur.
Bref, juste une photo discrète de la scène. Photographier des enfants et les exposer sur le web, même dans un récit de voyage, non, cela ne se fait pas …
Ce n’est pas que je me lasse de l’horizon marin, mais le fond de baie attire mon regard. Une autre étendue d’eau se dévoile entre la végétation florissante.
Une aigrette au plumage éclatant de blancheur semble monter la garde, histoire de protéger son territoire, l’étang Guichard. Un marécage aux eaux saumâtres qui font oublier la clarté cristalline de la mer.
Autrefois, il y avait ici des salines comme un peu partout en bordure du littoral. D’ailleurs les Amérindiens n’avaient-ils pas appelé leur l’île Sualiga, (île de sel). Mais depuis bien longtemps, le sel ne fait plus recette, le filon du tourisme est beaucoup plus lucratif, les temps changent.
Retour à la plage. En foulant le sable je longe maintenant l’autre établissement local : « Ici, t’es…ailleurs ». Tout un programme. Lors de mon passage j’entends résonner le programme musical avec un air des célèbres artistes cubains du Buena Vista Social Club, belle ambiance.
Et lors de mon retour, c’est la voix à nulle autre pareille de Césaria Evora qui s’échappe de la sono du bar. Décidément, ici on est bien ailleurs avec ces mélodies si dépaysantes … Super ! elles font parties de ma playlist favorite de musiques d’ailleurs. La coïncidence a tout pour me plaire.
A ne pas rater lorsqu’on est à la plage de Friar’s bay : parcourir le sentier qui mène à l’Anse heureuse, une plage accessible seulement à pied ou en bateau. Il faut randonner pendant près de vingt minutes mais le petit effort est récompensé par la beauté du site. Et avec ce relatif isolement on est sûr de ne pas y trouver une foule d’estivants.
Au départ, à l’extrémité de la plage, le parcours du sentier côtier vous fait passer sous une une voûte d’arbres à l’atmosphère presque fraîche. Après le paysage se dévoile à découvert, sous un soleil de plomb.
Un dernier coup d’œil et une ultime photo sur la baie de Friar’s. Pas mal le point de vue encadré par ces cactus candélabres !
En cheminant le long de cette trace, je n’ai pas rencontré beaucoup de randonneurs, non, seulement deux, « chaussés » de tongs ! Ah, sacrés touristes de plage. Un conseil évident, pour faire ce parcours il vaut mieux avoir aux pieds des baskets, le sol est caillouteux et glissant, surtout si une averse vous surprend.
Donc pas grand monde sur le chemin mais tout de même, c’est un lieu où l’on fait quelques rencontres :
Là, un et même plusieurs iguanes qui fuient au moindre bruit. Joli celui-ci, agrippé et discret avec sa teinte verte, une vraie tenue de camouflage.
Plus loin, une espèce de tourterelle locale et moins évidente à observer une sauterelle, elle aussi aura son portrait tiré dans ce récit.
Bien entendu, l’horizon marin attire immanquablement le regard et mon objectif photo. Cette avancée rocheuse m’y incite.
Au loin, on devine une île, tout en longueur. C’est Anguilla, une île anglophone sous dépendance du Royaume Unis. Les plages y sont idylliques, j’ai le souvenir d’une belle journée à parcourir ses rivages d’exception.
Quant à son nom, on le doit comme beaucoup d’îles de la région au célèbre navigateur-découvreur Christophe Colomb. Ce territoire insulaire plat et longiligne lui a fait penser à la forme d’une anguille, c’était en 1493.
Et au sujet du nom de l’île de Saint-Martin ? Là aussi, c’est l’explorateur Colomb qui l’a baptisé ainsi, en effet il a découvert cette île le jour de la Saint-Martin, le 11 novembre 1493. Fin de cette parenthèse historique.
Au bout du sentier, c’est la plage ! Entre deux buissons verts, j’aperçois le sable clair et la mer au multiples nuances de bleu.
M’y voilà, à l’isolée Happy Bay. « I’m so happy !! » comme dit la chanson … Quelle vue ! La plage est déserte. Le sable a une jolie teinte légèrement ambrée et les seules empreintes de pas visibles sur la plage, ce sont les miennes.
Un moment de repos et de contemplation puis il est temps de reprendre le chemin du retour. Le même tracé qu’à l’aller, certes, mais en sens inverse, les points de vue sont encore différents.
Plage de la Baie Rouge, un coup de cœur !
A l’Est de l’île, au-delà de la grande Baie Nettlé et du lagon intérieur de Simpson Bay, la Baie Rouge est vraiment un immanquable de l’île.
La baie et la plage ont tout pour enchanter le visiteur. Quel superbe décor !
Incontestablement tous les éléments d’une plage tropicale y sont présents :
- une anse régulière et surtout, sans front de mer dénaturé par des constructions anarchiques,
- un ruban de sable fin et clair que vient caresser de petites vagues
- des eaux aux infinies nuances de bleu
- et en bord de plage … le palmier penché, comme il se doit.
Une vue de carte postale qui fait rêver, n’est-ce pas ?
Avant de fouler le sable et de profiter de ses si bienfaisantes eaux … il faut passer une porte, rouge, bien sûr, celle de l’accès à ce paradis sur mer caraïbe.
Au fait, pourquoi cette plage est-elle ainsi nommée ? La raison : la présence de falaises constituées de rochers aux tonalités rouge et de veines de grains de sable presque rose/rouge, surtout sous la luminosité du couchant.
Bref, je n’insiste pas plus sur les superlatifs au sujet de cette plage … après seulement quelques minutes d’observation, j’ai vite posé l’appareil photo.
Car au-delà de cette vision idyllique, le must ici est le bain, irrésistible … un vrai bonheur !
Au bas des Terres Basses, la Baie aux Prunes et l’immense Baie Longue
Un peu plus loin, nous arrivons dans le secteur des Terres Basses qui comme leur nom ne le laisse pas penser forme un territoire dominant la mer.
Il est facile de s’y perdre, enfin un peu, car ce n’est tout de même pas très grand ! Deux/ trois kilomètres seulement mais sillonnés par deux/trois routes ponctuées d’une interminable série de dos d’âne … grr !
De petites routes qui serpentent entre les villas … pardon ! Disons plutôt parmi des propriétés de milliardaires : de petits palaces entourés de jardins exotiques dont finalement on ne voit pas grand chose. Toutes ces luxueuses villégiatures étant ceinturées de murs et de portails presque monumentaux pour certains.
Ici donc, des VIP fortunés profitent de leur privilège dans leur cossue villa/parc/piscine … en vivant caché et entre soi. Soit !
Donnant sur cette Baie aux Prunes, l’ex président Trump avait un de ses quartiers sous le soleil des Antilles. Un luxueux domaine qu’il a cédé il y a de cela quelques années. On voit sur la photo, sur la gauche, la partie de la propriété située au bord de la plage.
Heureusement, les plages du littoral ne sont pas privées, on y accède (enfin !) comme là, au bord de la fameuse splendide Baie aux Prunes.
Peu fréquentée, presque sauvage, elle donne au visiteur l’impression d’y être presque seul au monde.
Je n’y ai pas vu d’alignement de transats ni de parasols … ni de pruniers d’ailleurs ! Mais je dois reconnaître que je ne suis pas vraiment compétent en espèces de pruniers des tropiques.
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La plage la plus étendue du secteur est évidemment la Baie Longue.
Longue de près de trois kilomètres, cette plage de sable blanc s’étend depuis la Pointe du Canonnier jusqu’au 5 étoiles La Samana, ou vice versa.
Ce matin la mer Caraïbe est légèrement agitée, une infinie guirlande d’écume vient ourler le rivage … et quel plaisir, nous sommes pratiquement les seuls a en profiter.
Côté Ouest, tout au bout, la Pointe du Canonnier
Côté Est, on aperçoit au loin, la plage du luxueux La Samana au pied d’une falaise.
Pour s’en approcher, en curieux visiteur, on peut fouler le sable jusqu’au pied des rochers en logeant la très longue Baie Longue … cela me paraît bien long sous le chaud soleil.
Autre possibilité, on peut reprendre son véhicule et rouler vers cette extrémité de la plage en suivant le labyrinthe de bitume et en passant les nombreux dos d’âne.
C’est parti ! Est-ce la bonne option ? Pas sûr ! Arrivé à l’entrée du parc du palace, on se heurte à des grilles fermées. Seuls les clients de l’hôtel sont autorisés à pénétrer dans le parc jusqu’au rivage … on pouvait s’en douter !
« Même pour faire juste quelques photos ? » Telle est ma question posée au vigile présent, et celui-ci de me répondre avec un sourire ironique : « Mais vous êtes autorisé à prendre l’entrée en photo ».
Bon, ce n’était pas vraiment mon but, mais que ne ferait-on pas pour garder un souvenir de son passage ?
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Poursuivre le littoral sud de l’île à la découverte d’autres belles plages (et il y en a encore …) nous ferait changer de territoire. On passerait ainsi en territoire hollandais, virtuellement, car en fait il n’y a aucune véritable frontière entre les deux parties de l’île. Et Saint-Martin de devenir Sint-Maarten !
Bref, en préambule de ce récit, j’ai bien précisé que j’allais me limiter à seulement quelques plages de Saint-Martin, partie française.
Restons donc en France avec un retour à la case départ, pas à Grand-Case mais dans les environs de la splendide Baie Orientale.
Le charme opère toujours lorsque sous les yeux on retrouve un tel panorama : une côte découpée avec ses plages, ses anses, ses pointes rocheuses et sa mer si bleu. Sans oublier ses îlets, on distingue bien le paradisiaque îlet Pinel. Splendide !
Et puis, il y a ce patchwork de toitures colorées qui ne cesse d’attirer le regard. Comme une invitation à aller flâner parmi les maisons et résidences du village de la BO.
Dans ce village-parc-station balnéaire, tout est couleur, des toits jusqu’aux façades des villas et des résidences. Et pour compléter le nuancier si il en était besoin, la végétation et la profusion de fleurs apportent en supplément leur contribution.
Flâner dans ce séduisant décor d’opérette parmi toutes ces coquettes et pimpantes maisons de poupées est un réel enchantement. Quant à l’amateur de photos que je suis, il s’en trouve comblé.
Parmi toutes ces façades, j’avoue un faible pour cette petite maison jaune et rouge, elle est photogénique à souhait !
Pour donner une atmosphère typique de village à ce Parc de la Baie Orientale, on trouve au centre la Place du village, bordée de terrasses de restaurants, un lieu qui s’amine bien sûr en soirée.
Un village se doit d’avoir aussi son clocher … la BO en possède un avec La Chapelle que l’on voit au bout de la place.
Une « Chapelle » où l’on ne célèbre aucun culte … si ce n’est celui des artistes ! La Chapelle de la BO est en fait un théâtre et une salle de spectacle. Original n’est-ce pas ?
Derrière l’édifice et le clocher, comme en métropole dans le midi, les amateurs de pétanque peuvent s’adonner à leur jeu favori sur un petit terrain de boules.
Bon, ici, pour coller à l’ambiance locale, le rhum ou les cocktails remplacent souvent le traditionnel pastis du midi.
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Il est temps pour moi de conclure ce récit mettant à l’honneur dix des plus belles plages de l’île de Saint-Martin. Sans plus attendre, c’est le moment aussi de rejoindre une nouvelle fois la plage et le bord de mer.
Les eaux de cette Baie Orientale ont une telle attractivité que l’appel à la baignade devient irrésistible !
L ‘appareil photo rangé, me voilà prêt pour un bain apaisant et on ne peut plus réconfortant … le must saint-martinois par excellence.
Jean Saint-Martin – Île de Saint-Martin - Antilles françaises – Juin 2023