Avez-vous déjà entendu parler de Tintamarre?

Forum Saint-Martin

Si le nom de Tintamarre ne vous évoque pas grand-chose … entre nous et à bas bruit, voici quelques indices pour vous mettre sur la voie : Tintamarre se situe dans la lointaine Caraïbe, plus précisément à quelques encablures des côtes de l’île de Saint-Martin.
Ce lieu isolé ne fait qu’une petite centaine d’hectares de superficie, un vrai confetti au cœur des Antilles.
C’est en fait … une île sauvage inhabitée où la Nature est reine : un plateau calcaire recouvert de végétation, quelques falaises et surtout une plage de rêve avec son sable blanc et ses eaux cristallines …
Tentés d’en découvrir un peu plus ? Alors suivez mon sillage et mes pas sur la dépaysante Tintamarre.

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A plusieurs reprises, en observant l’horizon marin depuis la grande plage de la Baie Orientale de Saint-Martin, j’ai eu un souhait : aller un jour découvrir cette île solitaire que l’on aperçoit au loin. Une petite île qui semble posée sur la ligne d’horizon, entre ciel et mer.

Du souhait à la réalisation … Rendez-vous ce matin à l’embarcadère, notre destination ? Vous l’avez sans doute deviné, Tintamarre, bien sûr !
Le petit ponton de bois s’avance sur les eaux de Cul-de-Sac. Un nom de lieu peu flatteur, pourtant cette une baie a de quoi séduire avec son écrin de mornes (collines) et de maisons à la vue imprenable sur l’océan et les îlets.

Le Tintamarre Express est bien là, arrimé au quai. Le capitaine et son embarcation sont fin prêts, les quelques visiteurs curieux dont nous sommes sont maintenant à bord. Moteur !
Et à nous la prochaine découverte de Tintamarre …
La navigation sera de courte durée, une quinzaine de minutes seulement à fendre les vagues et affronter une faible houle. Tintamarre n’est située qu’à environ 4 kilomètres du rivage saint-martinois. Disons plutôt 2,16 milles marins, le terme est plus approprié pour parler d’une distance nautique.

Au passage, on laisse rapidement sur la droite … enfin, à tribord ! Pinel, un îlet certes paradisiaque mais tant (trop !) fréquenté par les touristes. Il faut voir le balai régulier des navettes chargées de vacanciers qui se dirigent vers le banc de sable de Pinel. La plage aménagée avec ses alignements de transats et de parasols les attendent comme d’ailleurs les paillotes, au menu ce sera cocktails, grillades … et peut-être en plus, un coup de soleil.

Au vu du fort contraste entre l’affluence à destination de Pinel et celle bien plus confidentielle vers Tintamarre, on pourrait se demander si notre choix est judicieux ? Bref, je connais déjà Pinel qui bien sûr vaut l’excursion, pour une journée de farniente à la plage … mais aujourd’hui, place à une autre atmosphère, celle d’une robinsonnade en pleine nature sur Tintamarre.

Le rivage de « notre » île du jour est à présent tout proche. Au capitaine de manœuvrer en douceur pour que nous débarquions, le bord de cette plage est un peu agité. Ici, bien sûr, il n’y a aucun ponton ; aussi pour poser pied à terre, il faut nécessairement mettre à l’eau pieds et jambes … et même un peu plus ! Attention aux sacs ! car c’est bien connu, ils détestent les éclaboussures et le bain.

Sable clair, ourlet d’écume et eaux cristallines … comme dans un rêve dont nous serions pratiquement les seuls à en profiter en heureux privilégiés.

Une plage appelée « Baie Blanche » dont l’extrémité nord est bordée en fait de falaises à la tonalité ocre-rouge !
Une paroi de rochers où s’accrochent étonnamment, là, un cactus puis ici un arbre rabougris. Un lieu peu propice pour se développer mais la Nature fait parfois preuve d’audace, de persévérance et de résistante … comme une leçon de vie.

En longeant cette falaise le regard se balade aussi au pied des rochers. C’est un amoncellement de rocs éboulés et fracturés qui contrastent avec ces formes arrondis et lisses des galets de cette grève.

Celui-ci focalise mon attention, une pierre corallienne finement ciselée et décorée avec la répétition de motifs, l’œuvre esthétique du temps, et de Dame Nature qui parfois sait se faire artiste.
Parcourant cette crique, j’observe donc les différents aspects du décor mais le spectateur que je suis semble surveillé … en haut de la falaise, un oiseau marin au plumage sombre me guette avec attention. Qu’il se rassure, je ne suis qu’un chasseur … d’images !

Si bien placé sur son promontoire, apprécie-t-il le point de vue panoramique sur la mer et la côte, avec au loin, l’île de Saint-Martin ? Ou alors, son intérêt de l’instant est-il seulement de se reposer entre deux plongeons et deux becquetés de poissons ? Mystère.

La plage, d’une extrémité à l’autre … ou des rochers rouges aux pierres blanches.

Dans ce secteur de l’île affleure une partie du plateau calcaire, véritable socle de Tintamarre, la corallienne. Une roche toute blanche qui fut, dans le temps, partiellement exploitée.
En effet, on extrayait autrefois de ces carrières la pierre afin de la transformer en chaux. Elle était charriée ensuite sur le territoire de Saint-Martin. Ainsi la roche de Tintamarre a servi à la construction de bâtiments et de maisons, plus solides en ciment que des traditionnelles cases en bois.
Pour l’amateur de photos et le contemplatif, ces falaises blanches se révèlent être un parfait point de vue sur la Baie Blanche ainsi qu’au-delà sur les côtes saint-martinoises.

De nos jours, il n’est plus question de prélever le moindre caillou sur Tintamarre, la petite île est protégée, devenue Réserve Naturelle elle est la propriété du Conservatoire du Littoral.

Un panneau indicateur en informe les quelques visiteurs venus à l’aventure. La liste des interdits est affichée au bas de la pancarte, une longue série symbolisée par tous ces logos … une nécessité bien entendu afin de préserver cet espace naturel. Cependant, l’essentiel est autorisé aux promeneurs : se balader sur l’île au gré de leurs envies de découvertes.

Y a-t-il des sentiers sur l’île ? Oui et non ! On devine çà et là quelques traces … mais très vite on s’aperçoit que la randonnée devient un vrai jeu de pistes. Ce qui peut évoquer un sentier pédestre bute parfois (enfin souvent) sur un épais tapis végétal se transformant parfois en un terminus. Des buissons et des broussailles d’épineux hérissés de piquants dont la fâcheuse tendance est de vous griffer les chevilles et les mollets lorsque vous tentez de les enjamber !
Un conseil aux amateurs, à Tintamarre, sortez les jambes couvertes pour éviter les égratignures.

Qu’à cela ne tienne ! le souhait de balade fait fi de ces petits désagréments … partons à la découverte d’une partie de cette île sauvage et désertée.
Du bord de mer jusqu’au au centre de l’île, il faut donc jouer malin afin de trouver une trace à peu près dégagée. Certes, les dimensions du territoire sont courtes : environ 2,3 kilomètres de long sur à peine 1 de large mais dans ce labyrinthe la progression s’avère si délicate.
L’île est aride avec une terre craquelée qui immanquablement nous fait penser aux sécheresse qui partout nous guettent avec le dérèglement climatique de la planète, bref, un autre sujet …

On découvrira bien un point d’eau sur l’île mais pratiquement asséché avec cette mare particulièrement vaseuse. Des boues sans vertus thérapeutiques comme celles de nos stations thermales … pour la baignade, pas de doute, les eaux translucides du lagon sont bien plus invitantes.

N’imaginez donc pas ici des espaces où la végétation se fait exubérante avec un enchevêtrement de plantes tropicales, larges feuilles et lianes. Néanmoins cette randonnée pédestre nous fait longer quelques plantes fleuries qui apportent de jolies touches de couleurs au décor.
Le jaune des pétales des allamandas …

… ou autres blanches fleurs des frangipaniers.

Il y aussi les gaïacs, parés de petites fleurs bleutées. Une espèce d’arbres des contrées tropicales dont le bois a toujours été recherché et donc exploité. Il possède en fait une densité et une résistance exceptionnelle. Cela lui vaut parfois le surnom imagé de « bois de fer » . Il aurait aussi quelques vertus médicinales et ce n’est pas tout … son plaisant arôme agrémenterait, paraît-il, les pâtisseries. Bref, difficile d’en dire plus, je n’ai jamais goûté.

Serait-ce ici d’autres fleurs aux pétales teinté d’ocre ? Pas vraiment ! Lorsqu’on s’approche de ces arbustes on comprend vite qu ’il s’agit là seulement de feuilles sèches, passées du vert au brun. Des feuilles de raisiniers, certainement la variété d’arbres la plus présente localement.

Parvenu presque au centre de l’île, on constate qu’il n’y a aucun bruit à Tintamarre (ok, le jeu de mot est facile !). Le bruit régulier du ressac du littoral s’est estompé, quant aux alizés, ils ne soufflent pas assez pour agiter ce fouillis végétal … mais par moments on perçoit un bruissement furtif venu du ras du sol. Parmi les tiges et feuilles sèches, on imagine la fuite d’un quelconque animal. Un oiseau ou un iguane ? Je pense plutôt à un lézard, les empreintes laissées sur ce sol sablonneux semble en témoigner et puis maintenant je viens d’en voir un filer à l’écart de mon chemin.

Un peu plus loin, je devine la silhouette d’un nouveau guetteur en train de m’épier : un iguane a l’affût. Quel drôle de reptile, figé et observateur avec son œil brillant. Son aspect général et sa peau avec son fanon, cette membrane flasque qui pend sous son cou, fait penser à un animal tout droit issu de la période préhistorique.

Cet iguane, on le voit, est perché sur un tas de pierres, un bout de muret pas totalement recouvert de végétation.
En effet, sur Tintamarre, on longe quelques murs de pierres calcaires et coralliennes, ils dessinent un vrai quadrillage.

Ces amoncellements de cailloux forment des enclos autour de petites parcelles. Aucun doute, ce sont des témoignages-vestiges du temps où il y avait des habitants sur Tintamarre. C’était au début du siècle dernier.

Un peu d’histoire … Avant d’être désertée et sous la protection du Parc Régional, Tintamarre fut une île habitée. On y travaillait aussi, on évoque la présence d’environ 150 personnes au début des années 1900. Principalement des ouvriers agricoles cultivant sur cette terre parsemée de cailloux des plantations de coton. Il faut imaginer en voyant ce terrain à l’abandon ceinturé de murs, le coton en fleurs qui devait à l’époque y pousser …

A proximité, se trouve d’anciennes constructions en ruines. Celles de bâtiments et d’une ferme à l’abandon dont une partie de la toiture est ajourée et menace de s’écrouler. Puis là, un autre dont le toit a été restauré pour en faire un refuge.

Face à la « ferme », une vaste étendue toute plane s’étire vers le sud de l’île. Une terre agricole pour d’autres cultures ? Pas du tout !

Cette perspective est le dernier témoignage d’une surprenante activité sur Tintamarre de 1946 à 1950. Imaginez ici une longue piste tracée sur 500 mètres, une piste pas vraiment destinée aux marcheurs mais une ancienne piste … d’aviation !

La piste d’atterrissage/décollage était gérée par la petite Compagnie Aérienne Antillaise locale. On a du mal à se représenter dans ce lieu loin de tout un quelconque ballet d’avions reliant les îles des environs … et pourtant, cela a bien existé à l’époque.
L’île a aussi abrité pendant la seconde guerre mondiale un inattendu dépôts de munitions des Tropiques. C’était sous le Régime de Vichy nous apprennent les férus d’histoire locale.

Deux « uniques » randonneurs rencontrés lors de cette balade vont nous donner l’envie d’en découvrir un peu plus sur l’histoire de l’aviation ici à Tintamarre : «… Vous avez vu l’épave ? Là-bas, à l’écart de la piste, cachée au milieu des buissons et des arbustes … !».
Et nous voici à présent en chasse de cet original « trésor » de l’île. Pas facile avec ces seuls indices : « … sur un des sentiers … là-bas … après le mur et après un grillage rouillée … sous les branchages … ».
Devant le dense tapis végétal constitué de taillis et d’épines à affronter et à enjamber, on hésite un peu à propos du chemin à suivre, ici ou là ? Sur la droite ou bien sur la gauche ?

Peu importe ! C’est parti pour le jeu de piste avec pour objectif, la découverte de cette épave d’avion.
Quelques pas plus loin, voilà le grillage délabré annoncé par nos randonneurs-informateurs. On doit approcher. Poursuivons cette trace qui semble la plus accessible du secteur. On se faufile toujours dans un dédale de buissons et de pseudo barrières de branchages … et enfin, à travers un épais rideau de broussailles, j’entrevois à présent quelques tôles rouillées ? La voilà la carlingue de l’avion accidenté.

Face à cette vue, on ressent un double sentiment. De prime abord une satisfaction d’avoir « découvert » l’objet recherché mais immédiatement contrariée par une autre, celui de compassion devant le témoignage d’un tel accident ! On pense au drame de ce crash, y-a-t-il eu des victimes ? Nous ne le saurons pas mais les informations que l’on peut glaner sur le web nous rapportent qu’après trois décollages ratés, ce terrain d’aviation a été fermé à tout trafic aérien ; cela devenait plus prudent, c’était donc en 1950.

Pour le retour vers le rivage et la plage de la Baie Blanche, le parcours s’avère plus facile, nous avons maintenant quelques repères. Et puis de toutes les façons, tous les semblants de sentiers mènent invariablement vers la côte.

Arrivés sur le sable blanc, nous n’avons plus qu’un souhait, piquer une tête dans les eaux du lagon, translucides et rafraîchissantes à souhait, un vrai bonheur ! Ces eaux cristallines aux multiples tonalités bleutées sont à l’origine, paraît-il, du nom donné à cette île : Tintamarre … entendez « Tinta mare » en Espagnol, couleurs de la mer …

Les rives de cette île offrent aux baigneurs bien plus que la déjà si agréable sensation d’immersion dans des eaux avoisinant les 26/28°C.

En effet, l’autre intérêt ici consiste en de captivants moments d’observation de la riche faune marine locale. Avec un masque, un tuba et des palmes, c’est encore mieux.
A contempler, des poissons tropicaux multicolores près des rochers et pour les chanceux parfois, ils peuvent nager en croisant une raie pastenague en train de « voler » entre deux eaux.
Mais le must ici est la présence de colonies de tortues marines. Tintamarre est un sanctuaire pour ces animaux marins, les tortues y pondent dans le sable de la plage et nagent dans les eaux translucides de ce lagon. Ce lieu est un havre de tranquillité peu fréquenté par les visiteurs et puis idéalement protégé par le cadre du Parc Naturel. Les tortues apprécient !
En étant curieux, attentif et parfois un peu patient, on est pratiquement assuré d’avoir l’occasion d’observer des tortues évoluant dans ce décor paradisiaque. Sous l’eau et aussi par moments à la surface. Régulièrement, les tortues sortent leur petite tête de l’eau afin de respirer un grand bol d’air. Les tortues sont bien des reptiles aquatiques mais également aériens, elles possèdent des poumons pour s’oxygéner.
Bon, pour la prise photo de tortues, il faut être bien équipé … mon reflex n’étant pas étanche, je n’ai pas de photo de tortues marines !
Cependant, afin de conserver le souvenir de cette escale Nature renommée pour l’observation de ces espèces de « Chéloniens » (mot savant pour ne pas répéter toujours, tortue!)… j’ai réalisé au retour cette esquisse. Une copie inspirée et personnalisée d’une tortue, observée quelque part sur le web.

Ainsi s’achève cette intéressante balade d’une journée à Tintamarre, une très belle excursion à faire à l’écart des sites les plus fréquentés de l’ île antillaise de Saint-Martin.

Jean Saint-Martin – Île de Tintamarre – Collectivité Territoriale de Saint-Martin – Antilles Françaises – Mars 2024

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Info plus : Quelques infos pratiques pour se rendre à Tintamarre …

  • Prendre le Tintamarre Express du Captain Hodge au départ de Cul-de-Sac. Le ponton d’embarquement est commun avec celui vers l’îlet plus proche, bien plus fréquenté et connu de Pinel.
    Attention ! Si pour Pinel, il y a des bateaux qui partent toutes les demi-heures dès 9 h le matin … pour Tintamarre, il faut réserver par tel (N° sur Photo)

A savoir, il faut au moins 4 passagers pour que le Tintamarre Express partent vers l’île déserte … ce n’est pas le cas tous les jours, c’est ainsi !
L’horaire approximatif de départ est vers 10 h.
Pour le temps souhaité à passer sur l’île sauvage ? c’est selon la demande des passagers qui doivent s’entendre entre eux et avec le capitaine : journée ou demi-journée.
Prix A/R : 25 Euros par passager (en mars 2024)
Prévoir son ravitaillement : boissons, pique-nique et crème solaire … évidemment, sur cette île 100 % Nature, il n’y a aucun stand ou commerce pour se restaurer.

  • Autres possibilités pour la destination Tintatamarre, le bateau/voilier charter pour une excursion à la journée toute organisée avec là, l’équipement de snorkeling et les boissons, snack … à retenir dans les stands de plage sur la Baie Orientale ou encore à Anse Marcel.
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