Dans ce carnet de voyage, le 1<sup>er</sup> d’une série de 3 consacrée à la Colombie, on fait le récit de notre découverte du sud Colombien. Au programme : villes coloniales, sites archéologiques et… désert aux faux airs d’ouest américain !
Le sanctuaire de Las Lajas
Arrivant d’Equateur, notre voyage en Colombie commence dans l’extrême sud du pays, du côté de la ville d’Ipiales. Sitôt passée la frontière, on tombe sur l’étonnant sanctuaire de Las Lajas : une église assez récente (début XXe Siècle) de style néogothique construite à flanc de montagne dans un profond canyon à proximité de quelques cascades, agrémentée d’un pont qui enjambe le rio Guaitara. Le cadre est grandiose, et le dimanche c’est un peu la promenade des familles. Une bonne première étape d’une demi-journée avant de prendre la route !
La ville de Popayan
A 8 heures de bus plus au nord sur la panaméricaine (Un trajet un peu incertain au départ en raison d’une grève avec menaces de blocages des routes, mais qui finalement se déroule sans encombre), on décide de faire une courte halte dans la ville de Popayan (200.000 habitants), qui a longtemps été considérée comme la principale ville du sud de la Colombie, avant d’être détrônée par Cali. C’est une ville étudiante, dynamique, où on a un premier aperçu de la douceur de vivre à la colombienne : beaucoup de cafés bien remplis, des terrasses (et ça c’est nouveau par rapport à beaucoup d’autres pays d’Amérique du sud), beaucoup de monde allant et venant joyeusement dans les rues… Bref, une ambiance très agréable !
Du point de vue architectural, le centre ville est très joli, avec ses maisons à un ou deux étages, aux façades uniformément blanches et aux toits de tuiles.
De quoi se balader tranquillement une journée, en faisant un détour par les quelques églises du centre, par le pont en brique qui enjambe le rio Molino, ou encore par le Morro del Tulcan, une colline en bordure du centre qui offre un point de vue d’ensemble sur Popayan et ses toits. Quant au Parque central, on n’a pas beaucoup à marcher pour le voir… notre auberge de jeunesse, accolée à la cathédrale, donne directement dessus, et on n’a qu’à se mettre à la fenêtre pour observer la paisible animation qui y règne (et on entend même les chants de l’Eglise !).
Les mystérieuses statues de San Agustin
L’étape suivante, c’est un site entouré d’un parfum de mystère : San Agustin ! On y trouve des centaines de statues sculptées dans de gros blocs de roche volcanique, éparpillées dans les montagnes depuis près de 2000 ans, dont la plupart gardent des tombes mais dont on ne sait encore que peu de chose sur le sens exact ou sur le peuple qui les a réalisées. Perdu dans un recoin de la cordillère des Andes dans le sud de la Colombie, c’est certainement l’un des sites archéologiques les plus étonnants d’Amérique du sud.
Le trajet Popayan – San Agustin, via le parc national du Puracé, est impressionnant (on traverse entre autre un beau paysage de Paramo, un plateau d’altitude), mais un peu pénible : la route n’est goudronnée que sur quelques portions, le reste du temps c’est de la piste sinueuse et pleine de pierres sur laquelle le minibus brinqueballe allègrement (et nous avec, évidemment)… Autant dire que les 5 heures de trajet (pour 130 kilomètres) passent lentement…
On arrive donc au village de San Agustin, camp de base incontournable pour la découverte du site archéologique du même nom. Enfin, DES sites archéologiques, car en réalité les statues sont disséminées un peu partout dans les environs du village : si la grande majorité se trouve dans le parc archéologique principal, il y a plusieurs autres sites secondaires.
Quand on se renseigne sur la façon de visiter ces sites secondaires, que ce soit dans les guides ou sur place, les tours organisés à cheval et en jeep reviennent invariablement, au point qu’on peut parfois avoir l’impression qu’ils sont inévitables. Comme on n’est pas trop fans des tours organisés, on a creusé la question pour trouver des solutions de visites par nos propres moyens ; bonne nouvelle, elles existent, et on vous les donne dans ce post !
Le parc archéologique de San Agustin
Situé à 3,5 kilomètres du village, le parc archéologique est accessible en bus (il y en a plus ou moins toutes les 30 minutes, et il coûte 1200 COP). Il regroupe la grande majorité des statues de la région. Certaines ont été récupérées à droite à gauche (les habitants du coin s’en servaient au début du XXe Siècle comme pilier pour leur maison, comme déco…) et ont été rapatriées là, elles forment une sorte d’expo dans le petit musée à l’entrée du site puis en pleine forêt.
D’autres sont toujours à leur place d’origine, au niveau des tombes où elles avaient été installées. Les personnages importants étaient enterrés dans des sarcophages de pierre installées sous une structure faite de gros blocs de pierre avec un toit en pierre lui aussi, type dolmen. Devant cette construction, plusieurs statues montent la garde, et le tout était recouvert de terre jusqu’à former une sorte de petite colline.
Les statues sont intéressantes, elles ont des traits anthropomorphes mais avec des caractéristiques animales : de grandes oreilles, des longues dents de jaguar… Certaines sont plus proches du monstre que de l’humain. Quelques-unes ont des colliers ou coiffures qui évoquent le style des sculptures de l’Egypte antique… De quoi alimenter ici certaines théories sur des rencontres entre égyptiens et peuples pré – colombiens… Bon, comme on sait peu de choses du peuple de San Agustin, chacun y va un peu de sa petite idée !
La visite suit un circuit dans la forêt, et dure environ trois heures.
Les sites au nord du village de San Agustin (El Tablon, la Chaquira, El Purutal)
Plusieurs sites secondaires sont dispersés au nord du village de San Agustin : El Tablon, la Chaquira, El Purutal. C’est le parcours type des balades à cheval. En réalité, ils sont tout à fait accessibles à pied. La boucle complète, au départ du village, nous a pris 5 heures, en prenant notre temps, avec visites, pique-nique et petit café. Du village, il suffit de monter en suivant la route sur près de deux kilomètres (on peut aussi le faire en bus ou taxi), avant de bifurquer sur la droite, sur un sentier qui mène d’abord à El Tablon (en 5-10 minutes) puis à la Chaquira (en 30 minutes supplémentaires).
El Tablon se résume à quelques statues et ne nous a pas semblé incontournable.
La Chaquira n’est pas vraiment une statue, c’est plus une gravure dans la roche, intéressante surtout par son positionnement face à la vallée du rio Magdalena : le cadre est impressionnant.
On peut ensuite revenir un peu sur ses pas puis suivre le sentier qui rejoint la route et reprend de l’autre côté un peu plus haut (au passage il faut traverser un champ privé, il y a une barrière mais on peut l’ouvrir et passer). Il faut marcher une bonne heure pour atteindre le site de El Purutal, qui selon nous est le plus intéressant des trois, car deux statues ont bien conservé leurs couleurs (ce qui n’est pas le cas des autres) ce qui les rend très impressionnantes.
NB : Pour ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas trop marcher, la piste qui mène à El Purutal permet le passage des voitures, il doit donc être possible de négocier au village avec un taxi ou un moto-taxi pour s’y rendre rapidement.
Pour le retour vers le village depuis El Purutal, les gens du coin conseillent un raccourci : au lieu de suivre le sentier, on coupe à travers champ, moyennant quoi on se retrouve parfois à ramper sous les barbelés et à passer au milieu des vaches, mais effectivement on gagne du temps !
Les sites de El Alto de los Idolos et Las Piedras
Les sites de El Alto de los Idolos et de Las Piedras ne sont pas loin de San Agustin à vol d’oiseau, mais ils sont de l’autre côté de la vallée, ce qui les rend un peu moins accessibles… On peut les rejoindre soit en transport en commun, soit à pied. Sinon, au village tout le monde propose un tour en jeep à la journée, qui passe par ces deux sites et aussi quelques cascades (9h-17h, 30.000 COP par personne).
L’option pieds est l’occasion d’une belle rando et on la conseille vraiment. En tout il faut compter environ 3 heures, même un peu moins. On sort du village par la même route que pour aller à El Tablon et la Chaquira, mais on la quitte un peu avant, par un sentier sur la droite qui descend jusqu’au rio. Une fois en bas, il faut traverser le rio par un pont qui penche dangereusement mais qui tient encore le coup (jusqu’ici), puis remonter sur la face opposée, par un sentier en Z.
On passe aux pieds de deux cascades, qu’on retrouve plus tard dans la montée (en passant en haut cette fois. Logique, non ?). Attention, maps.me ne connait pas le chemin qu’il faut suivre, il n’indique qu’un chemin qui fait un long détour, qu’il faut donc quitter à un certain point (orientez vous en vous dirigeant vers les cascades).
Arrivés en haut, c’est le retour à la civilisation : il y a un petit village avec… un restau – piscine ! Les bassins sont artificiels mais sont alimentés par de l’eau de source (très fraiche). On s’y pose deux heures pour faire trempette et manger un bon poisson (et faire les gamins dans le toboggan !) en profitant du soleil. L’endroit est cool, et contraste avec le sentier de rando plutôt sauvage. Par contre après cette pause la reprise est difficile, on a les jambes lourdes pour les 45 minutes restantes. On finit quand même par atteindre le site d’El Alto de los Idolos, où on peut voir plusieurs tombes et monuments funéraires protégés par leurs statues. La visite est intéressante, mais il n’y a rien de très différent de ce qu’on peut voir dans le parc principal, en dehors d’un couvercle de sarcophage représentant un crocodile, et d’une statue qui est la plus grande de la région.
Pour le retour, il faut un peu improviser : devant l’entrée, on attend le passage d’un véhicule en buvant un petit jus de canne à sucre et en regardant tomber l’averse torrentielle qui vient brusquement de se déclencher. Branle-bas de combat quand le chiva passe : on se précipite pour monter à bord dans le but de rejoindre le village de Isnos, mais en fait le chiva n’y va pas et nous laisse deux kilomètres plus loin. Pour éviter d’attendre une demi-heure, on fait du stop et on grimpe dans la charrette qu’un gars traine à moto, où on se retrouve au milieu des sacs et en compagnie d’un papy qui était déjà du voyage. A Isnos, on peut trouver une camioneta qui permet d’aller jusqu’au croisement (El cruce) de San Agustin, où on peut prendre une autre camioneta pour rejoindre le village. En tout, le trajet dure environ 1 heure et coûte 8000 COP par personne. On peut évidemment aussi faire l’aller-retour comme ça, et/ou pousser jusqu’à l’alto de Las Piedras (il y a des camionetas depuis Isnos).
Au final, on aura passé trois jours très sympas à San Agustin, entre balades et repos dans le super petit camping où on avait planté notre tente, dans un champ au milieu des chevaux et des oiseaux multicolores… Un vrai retour à la nature !
On reprend ensuite la route, direction Tatacoa !
Tatacoa, un désert haut en couleurs !
L’Amazonie, les Andes, les eaux turquoise des Caraïbes… Il y a de tout en Colombie, et même… un désert ! Si dans notre imaginaire la Colombie était un pays aux paysages ultra diversifiés, quand même l’imagination a parfois des limites et y trouver un désert aux vrais-faux airs de canyon californiens… ça on ne s’y attendait pas du tout ! Et pourtant, ce désert existe, c’est celui de Tatacoa ! Evidemment on n’allait pas rater ça, et sur notre route entre San Agustin et Salento, on s’arrête pour quelques jours à Tatacoa. On s’installe directement au cœur du désert, dans l’un des hostal – camping qui bordent l’unique piste qui le traverse (il n’y a pas de village, mais quelques cabanes qui font restau et 3-4 hostal de taille modeste, tenues par des familles, où on peut dormir en tente, hamac ou chambre. La plupart sont situées entre les deux petits observatoires astronomiques, au niveau du « désert rouge »).
L’endroit se prête bien au camping, il y a quelques terrains bien situés et… bien ombragés. Car oui, il y a quelques arbres ! Une petite précision technique s’impose : il paraît que le désert de Tatacoa n’est pas exactement un désert mais en réalité plutôt une « forêt tropicale sèche » (admirez notre précision scientifique !). Bon, « forêt » c’est un bien grand mot, en dehors des petits terrains de camping il n’y a pas d’arbres, seulement des petits arbustes tout rabougris et des cactus, beaucoup de cactus. Pas de sable, non plus, plutôt de la terre desséchée, de la rocaille et des herbes sèches.
Ah, et « sèche » c’est un autre bien grand mot, du moins à nos yeux, car pendant trois jours on aura droit aux orages de l’année ! C’est pas compliqué, il paraît qu’il tombe 1000 mm d’eau par an dans le coin, et on dirait bien qu’ils sont entièrement tombés pendant nos trois jours sur place ! Pendant les deux nuits on a eu droit à un vrai déluge, que notre tente a heureusement réussi à affronter aussi bien que possible !
Malgré tout, on a quand même pu se promener comme on a voulu dans le désert, car après la pluie vient le beau temps (comme chacun sait) et les orages ont eu la bonne idée de laisser chaque matin place à un grand et haut soleil ! On a commencé par un tour dans le « désert rouge » (« El Cusco »), qui se trouve à quelques minutes à pied des campings. L’endroit est étonnant, on dirait vraiment l’ouest américain ! On peut faire un circuit à travers ce désert pendant environ 2 heures, qui permet d’en explorer différents recoins. Evidemment après l’orage de la nuit le terrain est parfois un peu boueux, mais le soleil de plomb qui règne de nouveau commençait déjà à sécher tout ça.
A la fin de la balade on fait la rencontre de deux autres visiteurs, Pryia et Medhi, avec qui on sympathise autour de quelques bières. On va ensemble manger un petit plat de cabrito (la spécialité du coin, on vous rassure ce n’est pas celle qui est en photo :roll:) au restau d’à côté, et de fil en aiguille on décide d’aller ensemble visiter l’autre partie intéressante de Tatacoa, le « désert gris » (« Los Hoyos »).
A un petit détail près… il faut juste trouver comment y aller, sachant qu’il est situé à une dizaine de kilomètres. A ce moment là arrivent à moto deux gars qui font visiblement partie de la famille qui tient le restau ; ils ne voient aucun inconvénient à nous louer leurs motos pour quelques heures, on négocie le tarif et hop, c’est parti ! Enfin, c’est parti… après quelques instants car il reste un petit détail à régler… Il faudrait apprendre à la conduire, cette moto, vu qu’on n’en a jamais fait ! Medhi nous donne un petit cours accéléré et on se lance ! En dehors du fait que la piste est très cahoteuse (et en dehors du fait que la moto est un vieux taco qui rétrograde tout seul !), l’endroit est parfait pour apprendre car il n’y a aucune circulation, et on apprécie bien la petite virée !
On arrive sans encombre à destination et on fait un petit tour dans le désert gris, sans se lancer dans la boucle complète par contre, car il est un peu tard pour ça (il faut compter environ 2 heures pour la boucle).
On reprend ensuite nos bolides et on fait un détour pour rejoindre un hôtel en retrait de la piste principale, d’où on pense trouver un beau point de vue. En fait on a dû tomber sur l’endroit le plus luxueux de toute la région, avec une piscine et une vue à couper le souffle. C’est un hôtel un peu spécial, qui n’a pas vraiment de chambre mais plutôt des sortes de tentes autour de la piscine. On s’y arrête le temps de siroter un petit cocktail rhum – maracuya qui passe très bien après ces heures de chaleur !
Il est ensuite l’heure de repartir sans trop traîner car la nuit commence à tomber et… le phare de notre moto ne marche pas… Ce qui fait qu’on termine la route à la frontale… Baptême de moto : réussi ! On poursuit la soirée avec Pryia et Medhi avant de les quitter à regret ; ils retournent à Bogota où ils doivent prendre un avion pour le Pérou. Mais en attendant, ils ont 45 minutes de marche à travers le désert à se taper, vu qu’ils ont choisi l’hostal le plus excentré qui soit !
Quant à nous, on retrouve notre tente pour une deuxième nuit sous l’orage. Après une matinée à la faire sécher, on quitte le désert de Tatacoa, direction la région du café ! Mais ça, on vous le raconte dans le 2<sup>e</sup> épisode de ce carnet de voyage !
Sur notre blog, retrouvez ce carnet de voyage en plusieurs articles ainsi qu’un post complémentaire regroupant toutes nos infos pratiques pour voyager en Colombie (formalités, sécurité, transport, budget, etc) et un autre consacré spécifiquement au passage de la frontière Equateur – Colombie !
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