Impressions Estrémadure

Forum Espagne

Impressions d’Estremadure

Nous atterrissons à Séville ce mardi 19 septembre vers 13h ; le temps de retirer une jolie Peugeot 2008 au comptoir de location de voitures et de refuser toutes les assurances complémentaires que le loueur souhaite nous voir faire prendre et nous voilà en route, direction Zafra à 150 km au nord Pas grand-chose sur ce trajet sur une autoroute toute droite sous plus de 30°. Un petit arrêt sympa quand même, à une sortie d’autoroute, un petit resto routier où nous dégustons un excellent « bocadillo » au jambon ibérique, accompagné de patatas fritas…


Après cet arrêt roboratif, nous reprenons la route vers Zafra, petite cité toute blanche, qui sent encore très fort l’Andalousie avec ses ruelles étroites et pentues.

L’Alhambra du V<sup>e</sup> siècle, qui domine la ville est notre destination…C’est en effet notre étape de luxe. Ce soir nous dormons dans un Parador superbe.


Seul inconvénient mais c’est assez logique, dans château fort, la fenêtre de la chambre est une meurtrière et la lumière qui en découle est assez parcimonieuse. Pas grave, nous ne ferons qu’y passer la nuit et cela maintient la fraîcheur et permet de se passer de l’air conditionné que j’ai en horreur. Nos bagages déposés, nous partons à la découverte de ce château. Son extérieur assez austère contraste avec un intérieur aux allures de palais. Il possède au patio central, un très beau cloître renaissance.

Nous déambulons ensuite dans le fouillis des petites rues de la ville où nous prenons plaisir à nous perdre:


Superbes maisons aux balcons ouvragés fermés par des fenêtres en fer forgé, très jolie église de La Candelaria, le couvent Santa Clara. Deux places se partagent l’espace central : La Plaza Grande, entourée d’arcades, est reliée par l’« Arquillo del Pan » (Petit Arc au pain), à la Place Chica, plus petite.

Comme le précise notre guide, quelques heures suffisent pour découvrir la ville et il est déjà l’heure de l’apéro…Quelques palmiers occupent une partie de la plaza Grande, et dessous quelques terrasses engageantes nous tendent les bras. Première sangria donc, un peu décevante, trop sucrée… Ce n’était que la première et nous trouverons mieux… La nuit est tombée, il est à présent temps de nous restaurer (dans ce coin d’Espagne, il est inutile de chercher à manger avant 20h30, les fourneaux s’allumant en général à cette heure…). Un bar à tapas, situé non loin du Parador, nous ouvre les bras. Les « rationes » qui nous sont servies sont délicieuses (jambon ibérique, joues de porc et salade atlantique), mais surtout, le patron, qui parle un peu français nous fait découvrir les vins d’Estremadure, blancs et rouges et nous avons donc droit à une dégustation. Il nous parle de son fournisseur, dans une bodega toute proche de la ville.

Nous rentrons à l’hôtel, situé tout à côté.

Le lendemain, après un excellent petit déjeuner, nous prenons la route, avec un détour intéressé par la bodega précitée où nous faisons quelques provisions de vin…

Notre prochaine destination s’appelle la « Siberia », brrr… Mais auparavant deux escales : La première est renseignée par le guide. Il s’agit d’une maison folle sortie de l’esprit fantasque d’un artisan de la région. Le guide parle d’ «un mélange de Gaudi et du facteur Cheval» et c’est assez correct…


Notre seconde étape est due à un panneau de signalisation indiquant Medellin, ainsi qu’un théâtre antique. Piqués par la curiosité, nous suivons, et c’est une belle découverte qui nous attend : Au pied d’un château perché sur une colline, la rivière Guadiana rafraîchit une plaine aride. Un pont médiéval traverse le fleuve nous permet d’entrer dans Medellín. Un théâtre romain, très bien conservé et restauré s’étale sous le château. Ce théâtre a été récemment exhumé et restauré grâce à des fonds européens et à des amoureux de l’archéologie. A l’entrée, un guide et une dame qui vend des tickets attendent désespérément le chaland…Ils sont heureux de nous voir et nous font les honneurs du lieu. Un petit musée, situé tout à côté regorge de statues et de bas-reliefs découverts sur le site.

Nos hôtes apprennent que ce Medellín est à l’origine de l’actuel Medellín en Colombie ainsi que de quelques autres à travers le monde, Il s’agit également du lieu de naissance du conquistador Hernán Cortés, dont la statue orne la place du village (à déboulonner…?). L’Estremadure est d’ailleurs une des régions d’Espagne qui a fourni le plus de conquistadors, et on aperçoit souvent dans les villages une maison plus grande et dont la décoration est plus raffinée. Elle appartenait souvent à un « Indiano », rentré d’Amérique, fortune faite.
Medellin est maintenant un village endormi, mais a été une cité prospère de la colonie romaine de Lusitanie, et nous en avons la visite pour nous tout seuls…J’ai du coup un peu moins de regret d’avoir zappé dans notre périple la ville de Merida, reconnue pour ses importants vestiges romains et où fut tourné une bonne partie du film « Gladiateur ».

Après cet instructif arrêt, en route donc pour la Siberia d’Estrémadure, une de nos étapes nature car il s’agit d’une région dont les paysages constituent l’attrait essentiel. En effet là-bas alternent les sierras accidentées et les grandes retenues d’eau. Ces retenues d’eau, sont artificielles, crées par l’homme pour des besoins hydroélectriques ainsi que pour créer des canaux d’irrigation et en faire ainsi le territoire qui possède le plus de kilomètres de côte intérieure de toute l’Espagne.

Le paysage est superbe alternant des forêts touffues de chênes verts, chênes-liège et pins et de vastes landes desséchées où survivent malgré tout de grande variétés de fleurs sauvages.

Notre destination pour deux nuits est le village d’Esparragosa de Lares et pour y parvenir nous parcourons au moins une cinquantaine de km sur un vaste plateau sans voir personne, juste de temps à autre une ferme isolée dans le lointain, puis le relief s’accentue et le premier lac apparaît, premier d’une longue série qui s’étend sur plus de 100 km. Un plus loin, notre village de destination, surplombé d’un château, apparaît et nous cherchons la casa rural qui doit nous abriter 2 jours.


Le village est totalement désert et notre gîte également, Il est évidemment 15 h, il fait très chaud et tout le monde dort sans doute…Une petite balade pour patienter ; nous descendons vers la plage, tout aussi déserte. Quelques parasols esseulés dispensent une ombre maigrichonne. A quelques centaines de mètres au-dessus de la plage, une paillote nous attire ; Une jolie terrasse se tourne vers le lac…Elle est évidemment fermée…Mais un panneau annone son ouverture à 16h30 (mais de quelle semaine ou de quel mois ?

Face à ce désert, on du mal à croire que cet endroit existe…Des réminiscences de Tintin et du mirage du capitaine Haddock nous reviennent). Nous commençons à comprendre pourquoi cet endroit s’appelle Siberia, la température en moins…

Nous remontons au village, et à notre Casa rural où la porte demeure décidément fermée. Ouf, nous avons un n° de téléphone. Une dame nous répond et nous annonce sa très prochaine arrivée. La maison possède 6 chambres, mais nous en sommes actuellement les seuls locataires ; elle-même n’habite pas ici. Nous pouvons choisir notre chambre, disposons de plusieurs salles à manger et salons et d’une grande cuisine. Tout est plongé dans la pénombre, les murs étant épais et les fenêtres petites ou verrouillées (cela permet de tenir le soleil ainsi que les mouches et les moustiques à l’écart…). Il y a heureusement aussi un charmant petit patio où nous pouvons nous installer le soir.

Nos bagages déposés, nous partons à la découverte du coin. Nous suivons une route longeant le lac et arrivons dans un autre village, Puebla de Alcocer, lui-aussi surplombé d’un château. Petite grimpette pour monter jusque là pour le voir et nous nous rendons compte qu’il s’agit en fait du même château que celui de notre village, mais vu de l’autre côté de la montagne. Nous le voyons grâce aux 2 arbres morts qui émergent du lac.

Retour vers la paillote pour voir si l’heure d’ouverture de la paillote concernait bien ce jour et chouette, c’est ouvert, et encore plus chouette, on nous sert une carafe de sangria délicieusement fraîche que nous dégustons en contemplant le coucher de soleil sur le lac. A part le serveur et sa copine qui se fait bronzer, nous sommes totalement seuls…

Retour au village qui s’est réveillé entre temps, pas beaucoup, mais suffisamment pour nous faire repérer l’une ou l’autre boutique pour survivre, ainsi qu’un bar à tapas qui nous tend les bras. Les spécialités du coin commencent à nous être connues et nous nous régalons de jambon, saucisson et fromage, accompagnés de patatas fritas.

Aujourd’hui 21 septembre, premier jour de l’automne, mais ici, 32°. Après le petit déjeuner que nous amène notre hôtesse, nous décidons de partir en randonnée en essayant de nous baser sur les documents présents dans le salon; c’est difficile de s’y retrouver. Quelques courses pour nous préparer un pique-nique ainsi que le repas du soir (les ressources gastronomiques du village ayant été épuisées en un soir…) et nous prenons la direction de Talarrubias où nous trouvons un office de tourisme qui nous procure une carte avec les promenades du coin. Nous voilà partis sur un petit chemin qui longe le lac en s’élevant. Au début tout va bien, de charmants petits ponts, franchissant même certains obstacles mais au bout de quelques centaines de mètres, plus de chemin, ou alors, il faudrait être munis de cordes d’alpinisme pour poursuivre…demi-tour donc et nous trouvons un autre sentier, lui-aussi non balisé, mais celui-ci nous emmène vers un sommet où un panorama à 360°, à couper le souffle nous attend. Un superbe endroit pour pique-niquer. Il fait terriblement chaud et nous sommes en nage, nous repartons vers la casa pour une sieste salutaire. Vers 17 heures, départ pour la plage où je me baigne dans un paysage lunaire, parmi les arbres morts, ensuite petit bain de soleil.


Nous remontons vers la paillote où notre déjà presqu’habituelle carafe de sangria nous attend. Nous sommes toujours les seuls clients…Mais de quoi vivent donc ces gens? C’est vrai que nous sommes hors saison et que ce n’est pas la région la plus touristique d’Espagne, mais quand même… Le soupçon que nous avions se confirme également: si la paillote se trouve à plusieurs centaines de mètres du lac, c’est en raison de la diminution de niveau de l’eau qui depuis 2 ou 3 ans n’arrête pas de baisser… Il n’a plu vraiment plus depuis 3 ans au moins et l’eau est également utilisée pour l’irrigation…Le réchauffement climatique nous saute ici aux yeux…
(le lac, il y a quatre ans)

Nous rentrons vers 20h30 à la Casa où Philippe nous prépare de succulentes pâtes au chorizo et anchois. Demain nous partons pour Caceres par le chemin des écoliers.

22 septembre, nous quittons la Siberia vers 10h pour parcourir une centaine de kms vers le nord-ouest. Nous traversons un plateau agricole brûlé par le soleil et par les feux que qui sont allumés un peu partout dans les champs et nous donnent l’impression de rouler dans la brume.

Nous arrivons à Caceres vers midi, trop tôt pour l’hôtel Iberia, mais le gentil réceptionniste prend nos bagages en charge et nous signale un parking public proche avec lequel existe un accord.

Première promenade dans la vieille ville. C’est magnifique, la vieille ville de Caceres est entourée de remparts d’origine arabe qui comptent plus d’une dizaine de tours. Tout au long de ses rues pavées, nous admirons beaucoup de maisons fortifiées médiévales et de palais Renaissance. La ville est classée au Patrimoine mondiale l’Unesco. Elle est située sur la voie qu’empruntaient les pèlerins qui se rendaient à Saint-Jacques-de-Compostelle et beaucoup de signes y font référence.
Après quelques tapas, nous rentrons à l’hôtel vers 15h ; il est charmant même si sa décoration peut sembler un peu kitsch, très dorée. Notre chambre est plongée dans l’obscurité, mais nous en avons à présent l’habitude.

Nous repartons à la découverte de la ville et nous voyons entre ‘autres la cathédrale Santa Maria et tout à côté le Palais Carvajal. Nous descendons également vers a vieille Judería dont la beauté et la simplicité, avec ses rues étroites, ses maisons et ses fleurs blanchies à la chaux et lumineuses dans ses fenêtres ou ses balcons, contrastent avec les palais de la noblesse. La synagogue a été transformée en église, mais garde les traces de son ancienne destination. La vieille ville est très belle mais n’a pas l’air habitée. A l’exception du Parador, de quelques restaurants que nous supposons luxueux et de musées, les habitants ont l’air tout à fait absents.

La Plaza Mayor délimite la vieille ville : Nous sommes vendredi soir et la foule envahit cette place ainsi que la Plaza San Juan, tout à côté. La musique retentit, les gens bavardent bruyamment, boivent et font la fête. Quel contraste avec le calme de l’après-midi !


Nous dégotons un resto sympa sur la Plaza San Juan, où nous savourons un risotto, Philippe avec des bolets et moi aux poulpes…Super bon ! Une dernière promenade dans les rues animée, avant de rentrer à l’hôtel, où le vacarme régnant dans les rues adjacentes nous tient encore longtemps compagnie.

Samedi 23 septembre, en route pour Trujillo, petite sœur de Caceres (?), une quarantaine de kms à l’est.


Tout aussi belle, et peut-être plus humaine : les palais, les belles demeures sont plus intégrés à l’intérieur de la ville. Le centre historique de Trujillo est entouré de remparts construits par les musulmans au Xe siècle, qui ont été agrandis siècles suivants. Dans les remparts, plusieurs tours d’enceinte et 4 portes qui donnaient accès à la ville. De la rive du fleuve Guadiana qui ceinture la cité, nous remontons à travers le centre historique dans ses rues étroites vers le château, tout au-dessus : Il s’agit de l’Alcazaba ou château arabe, du IXe siècle. De l’esplanade du château, on découvre une vue imprenable sur la ville et ses monuments, ainsi que la vaste plaine qui l’entoure.

Comme partout dans la région, des nids de cigognes ornent la plupart des grandes cheminées. Nous ne les verrons pas, elles migrent dès fin juillet, à l’exception de quelques-unes, trop jeunes, trop fainéantes ou trop bien ici pour se décider à prendre la route…

Trujillo, c’est aussi bien, mais combien moins touristique que Tolède ou Ségovie : on trouve dans chaque recoin un monument historique et les allées sont parfaites pour se perdre et remonter le temps.

Nous quittons Trujillo dans l’après-midi pour rejoindre Torrejon el Rubio, notre prochaine destination. Situé aux portes du Parc naturel de Monfrague, l’appartement que nous avons réservé pour 4 jours dans ce village qui nous servira de camp de base pour la découverte du Parc. Nous arrivons dans une grande maison composée de 4 studios au rez de chaussée, les propriétaires occupant l’étage. A l’arrière de la maison, une grande terrasse et une piscine.

Nous avons déjà beaucoup marché aujourd’hui, et nous décidons de paresser cet après-midi : Une sieste, et ensuite un petit saut dans la piscine et un peu de lecture sur la terrasse . Philippe nous fait à manger ce soir, tandis que je paresse dans le jardin. Le soleil couchant décline sous mes yeux une palette de roses et d’orangés.

Après l’apéro, nous rentrons manger nos succulentes pâtes, regardons les photos du jour et allons ensuite nous coucher.

22 septembre, au programme une randonnée dans le parc naturel de Montfrague. Nous nous dirigeons vers Villareal de San Carlos, seul village à l’intérieur du parc et optons pour un itinéraire soi-disant facile de 8 km. C’est parti pour une magnifique progression dans la montagne : ça grimpe, ça grimpe dans les rochers, le chemin dit facile ressemble par moments à une échelle (sans barreaux…) et le soleil qui restait timide au début déploie maintenant tous ses rayons…En plus, idiots que nous sommes, nous sommes partis sans casquette ni chapeau et avec une seule bouteille d’un demi-litre d’eau. Nous continuons à monter, croisant de temps à autre quelques promeneurs isolés. Nous entendons les cerfs bramer dans la vallée pour avertir de leur présence, et défier les autres mâles qui s’approcheraient de leurs territoires. Ce cri résonne à des km et est répercuté par les rochers.

Nous apercevons au loin le mirador, but de notre promenade, Il a l’air proche, mais s’éloigne à chaque virage. Ouf, on arrive…Et cela valait vraiment la peine. Tout en dessous de nous, coule le Tage, qui miroite sous le soleil. On aperçoit une autre rivière qui s’y jette. Le cirque de montagnes et de rochers qui nous entourent est superbe et pour couronner le tout, en levant la tête, le spectacle est total : Se laissant doucement porter par les courants, des aigles…(enfin, nous pensons) planent autour de nous, fort peu inquiets de notre présence.

Bon, après être montés, il nous faut maintenant redescendre pour regagner le village et nous avons soif…Nous remplissons notre bouteille dans une petite rivière, au fond de la vallée et le dernier km remonte très fort, sans la moindre zone d’ombre. C’est dur même si la route est devenue plus praticable. Voici le village et une petite taperia nous tend les bras. Après un litre d’eau, nous pouvons passer à l’apéro et à un excellent sandwich reconstituant…J’ai la plante des pieds en feu, il est 14h30 (4h de marche, au lieu des 2h30 annoncés…).

Retour à l’appartement où une petite sieste s’impose… Ensuite piscine et ce soir, restaurant. Et ça tombe bien, il y en a un juste à côté de chez nous. Après l’apéro pris sur la terrasse, nous nous y rendons. Une table nous attend à l’extérieur. J’ai pris des côtes d’agneau qui fondaient dans la bouche et Philippe du filet de porc qui semblait tout aussi appétissant.
Particularité à l’Espagne, la salade est en principe servie en entrée et il n’y en a pas en accompagnement de plat. Nous négocions pour obtenir une salade avec les plats et ça marche… Quelques tomates délicieusement fraîches accompagnent notre repas.

Ce matin 24 septembre, après le petit déjeuner, nous repartons à l’assaut de Monfrägue. Comme nos pieds (surtout les miens…) sont encore douloureux, on décide de faire calme et nous partons pour le château où seule la dernière partie du chemin est piéton ; oui mais qu’est que ça grimpe…Cela vaut la grimpette, une vue magnifique sur le confluent du Pietar et du Tage…Les eaux étincellent et les rapaces planent au-dessus. Le Tage ? Est-il possible que ce soit le même fleuve que nous avons admiré à Lisbonne, immense, dont l’autre rive apparaissait à peine dans le lointain. Il est beaucoup plus modeste ici, serpentant paresseusement au fond de la vallée. Il contourne les rochers, disparaît à notre vue pour réapparaître un méandre plus loin. Après le château, nous continuons en voiture pour explorer les miradors accessibles, et c’est un spectacle ininterrompu de falaises, de rivières et d’oiseaux, sans oublier les cerfs qui continuent à bramer, tandis qu’une biche vient nous rendre visite (pour échapper un mâle trop entreprenant…?) . Immobile à côté de nous, elle semble attendre qu’on la prenne en photo…

De retour à Villareal de San Carlos, nous déjeunons d’une tortilla et de jambon…Notre programme pour la fin de l’après-midi est à présent connu…Sieste, piscine et terrasse. Nous y ajoutons une balade dans le village pour faire quelques courses (Philippe fait à manger…) et poster quelques cartes .

25 septembre, dernier jour dans le parc. Après un petit déjeuner de rêve avec œufs sur le plat et pain toasté, nous confectionnons un pique-nique pour passer la journée dans le parc. Ce petit frigo dans la voiture est décidément bien pratique et pas uniquement pour mes médicaments : Salade de thon, asperges tomates, jambon et fromage plus le pain que nous achetons en route.

Au vu de la carte et de nôtre état physique, nous optons pour une promenade sur le plat que nous découvrons, longeant le Tage. Cela doit probablement être l’ancienne route ; le pont que nous empruntons est passablement démoli et on voit très bien que le niveau du fleuve n’a pas toujours été celui-là, et nous nous rendons compte en effet qu’il s’agit d’un pont à arches, sauf qu’à l’heure actuelle, les arches sont sous eau…Le nombre de barrages construits dans la région sont probablement à l’origine de ces différences de niveau, et on voit très bien sur les rives desséchées sur plusieurs mètres, les conséquences de trois étés sans pluie.

Nous longeons ensuite d’anciennes bergeries, probablement utilisées par le passé comme étape lors de transhumances et nous découvrons une aire à pique-nique qui tombe très bien. Nous avons appris de nos erreurs et avons largement de quoi boire et manger. Nous rentrons ensuite à la casa pour, cela devient une habitude, bouquiner, nager et bronzer. Ce soir, notre dernier ici, nous retournons au restaurant tout à côté et nous dégustons des tranches de cochon accompagnés de petits poivrons super-bons. Demain , départ pour Plasencia et la vallée de la Jerte.

Pour rejoindre Plasencia, il nous faut retraverser le parc naturel ce qui nous permet d’admirer une dernière fois cette riche nature. Une trentaine de km plus loin, nous apercevons la ville. Elle est entourée de remparts, bien que la ville actuelle les aient largement débordés.
Les vestiges des murailles, des grosses tours et des portes d’accès à la ville, comme la puerta del Sol ou la poterne de Santa María redessinent les anciennes limites de la vieille ville. L’une d’elles est accessible au public ainsi qu’une partie du chemin de ronde et c’est par là que nous accédons à la vieille ville.

Celle-ci est jalonnée de palais, de demeures seigneuriales et de superbes constructions religieuses. Le parador de Plasencia, situé dans un ancien couvent, offre un libre accès aux visiteurs qui peuvent ainsi déambuler dans le magnifique cloître. La plaza San Nicola, à sa sortie, nous mène à des ruelles qui nous conduiront vers la plaza Mayor

Comme dans toutes les villes visitées, la plaza Mayor, située au cœur de la vieille ville est le lieu de réunion et de fête des habitants de Plasencia. La superbe mairie se dresse sur cette place. Nous y avons dégusté une excellente assiette de fromage et charcuterie.

Une des originalités de la ville est sa ou plutôt ses deux cathédrales : la Vieja et la Nueva. La Catedral Vieja est de style roman, bien qu’elle ait été construite à partir du XIIIe siècle, La Catedral Nueva possède de nombreux éléments gothiques et Renaissance, dont le chœur, les voûtes et les portails . Les murs sont décorés de nervures dorées très étonnantes et les stalles qui abritaient les chanoines sont merveilleusement sculptées. Les deux cathédrales sont reliées par un cloître- cimetière.

Nous redescendons ensuite vers le bas de la ville pour rejoindre la rivière Jerte dont nous allons remonter la vallée.

Une trentaine de km plus loin, nous entrons dans un autre monde. La vallée est couverte d’arbres et toute cette verdure contraste violemment avec les plaines arides que nous venons de quitter…Ces arbres sont essentiellement des cerisiers et nous lisons partout qu’au printemps, ces cerisiers en fleurs qui couvrent la vallée du Jerte offrent un merveilleux spectacle de lumière et de couleurs. On ne peut pas tout avoir, nous sommes fin septembre et la couleur dominante est plutôt le vert avec de ci delà les premières couleurs pourpres et or de ce début d’automne.

Les montagnes à l’arrière de ces vergers culminent à plus de 1000 m.

Nous atteignons notre hôtel et une fois installés, nous partons en balade le long de l’eau. La rivière est belle et comporte quantité de piscines naturelles et nous découvrons un centre de réintroduction et de reproduction du saumon. Ce centre, financé par le FEDER a une double vocation écologique et économique, la région n’ayant décidément pas beaucoup de ressources…

Au retour, le soleil baisse et les reliefs des montagnes dessinent des fresques d’ombre et de lumière.

Ce soir, nous mangeons à l’hôtel et demain, nous partirons vers le monastère de Yuste et du village de Garganta la olla.

28 septembre, nous quittons la vallée de la Jerte pour la vallée de la Vera à l’est. Pour ce faire, nous devons grimper très haut par une petite route escarpée. Je suis très soulagée que ce soit Philippe qui conduise : J’aurais eu très peur et j’aurais pu moins profiter du magnifique paysage qui se déroule devant nous… Nous arrivons au monastère de Yuste. C’est là que Charles-Quint est mort, après avoir abdiqué. Je dois dire qu’en voyant cet endroit, j’ai pensé que c’était un très bel endroit pour mourir… niché dans la verdure, avec une vue fantastique sur la vallée.

Une partie de ce monastère est gothique et préexistait à l’arrivée de l’Empereur. Il a fait construire l’autre partie de style renaissance avec ses appartements privés. Sans sympathie particulière pour Charles-Quint, je dois bien reconnaître que cet endroit est calme, beau et lumineux. Rien à voir avec le palais de l’Escurial, austère et sinistre que son fils s’est fait construire et dans lequel il a rapatrié le corps de son père en dépit de sa volonté…

Après la visite de Yuste, nous nous dirigeons vers le village de Garganta la Olla. Nous avons une impression bizarre : C’est très joli, mais cela ressemble à un village de montagne comme on pourrait le voir en Autriche ou en Suisse, avec ses chalets de bois… Il fait évidemment beaucoup plus chaud… Nous arrivons vers 15h et le village entier est endormi. Nous nous promenons et admirons la charmante église flanquée d’une tour romane.

Il se fait tard, nous avons faim, ici rien n’est ouvert et nous devons pousser plus loin pour trouver à manger. Nous trouverons à Hornais, village sans beaucoup d’atouts, à oublier car ce que l’hôte nous a servi n’était pas bon, et il n’était pas sympa…Tout ne peut pas toujours être parfait.

Nous reprenons la route de Jerte par cette superbe route de montagne tout en nous arrêtant à tous les points de vue qui nous tentent.

Avant de rentrer à l’hôtel, nous passons à l’office du tourisme pour déterminer notre programme du lendemain. Cette région est également très réputée pour les cascades qui dégringolent de la montagne vers la Jerte, et nous souhaitions connaître les plus belles balades pour y parvenir. La responsable nous a expliqué que la plupart de ces balades étaient fort longues (au moins 16 km) et que nous pourrions être déçus car la sécheresse qui règne depuis plusieurs années les ont considérablement amoindries. Nous ne désirons pas vraiment nous lancer dans cette expédition, d’autant que le thermomètre est toujours à plus de 30° et que le balisage laisse parfois à désirer. Changement de programme donc pour notre dernier jour en Estremadure.

Nous allons explorer la vallée qui se situe de l’autre côté, la vallée del Ambroz où se trouve la ville d’Hervas. Pour y parvenir évidemment, il faut de nouveau monter jusqu’à un col situé à 1400 m(le Col du Honduras).


La route monte, sinueuse à souhait et nous dévoile à chaque tournant des paysages fabuleux. Dans un premier temps, c’est la forêt où les châtaigniers et les chênes se partagent le terrain. Leurs fruits craquent allègrement sous nos roues. Passée la limite des arbres, c’est une lande de genêts et d’autres arbustes qui s’étend à nos yeux et nous permet de découvrir d’immenses étendues. Nous nous arrêtons régulièrement et écoutons les grelots joyeux d’un troupeau de chèvres. Le col passé, nous descendons et découvrons Hervas dans la vallée, perle blanche sertie dans la montagne. Ce n’est pas vraiment une ville, plutôt un gros village, retiré au bout du monde, et à ce propos, une histoire circule : lors de l’expulsion des juifs d’Espagne par Isabelle la Catholique, ceux d’Hervas y seraient encore demeurés un bon centenaire, faute pour le pouvoir de connaître leur existence…Véridique ou non, il est certain que la juderia d’Hervas occupe une place importante dans la cité. Superbes petites ruelles blanches en pente ou en escaliers, maisons en torchis dont l’étage surplombe la rue, plantes fleuries se nichant dans le moindre recoin. Un petit bar très sympa nous accueille pour manger et nous continuons notre exploration en descendant vers la rivière. Je réussis même à m’endormir pour une courte sieste sur un banc au bord de l’eau, bercée par le clapotis… Il y fait bon et frais.

Nous remontons vers le haut de la ville et après un tour de l’église située au sommet, nous prenons le chemin du retour, aussi beau dans l’autre sens…Mais attention aux croisements…L’étroitesse de la route ne donne pas droit à l’erreur.
Ce soir, apéro puis dîner à l’hôtel pour la 3ième fois. La nourriture y est très bonne. Notre déception par rapport à cet hôtel tient surtout à la fermeture de la piscine et du jardin, peut-être à cause de la fin de saison.

30 septembre : les vacances sont finies et nous retournons vers Avila et Madrid,

Pour conclure, deux regrets et un étonnement :

Nos regrets… c’est d’avoir loupé dans notre périple les visites de Merida et du monastère de Guadalupe, manque de temps, ou mauvaise organisation. Ce sont certainement là de beaux sites que nous avons loupé.

L’étonnement… c’est pourquoi n’y-a-t-il pas plus de monde en Estremadure ? A part quelques touristes espagnols, ou de loin en loin un camping-car de Hollandais ou d’Allemands, c’est désert…Bien sûr, nous sommes hors saison, mais nous l’étions également en Andalousie ou en Catalogne et le monde ne manquait pas.

merci Sylvie et Philippe pour cette merveilleuse invitation au voyage. Votre journal donne à la fois ce sentiment d’une envie terrible de partir et de voyager et à la fois une multitude d’infos bien utiles. Votre carnet de voyage est à la fois poétique et pratique.

Bonsoir Sylvie-Philippe !!

Merci pour ce beau carnet de voyage, jolies photos et trés bel “aperçu” de cette partie de l’Espagne.
Merci pour les extremeños de vanter les charmes de leur région. Rares sont les gens qui savent que l’Extrémadure existe et est si belle !!
Dommage que vous ayez “loupé” Merida est ses monuments romains en plein milieu de la ville moderne, ses arènes et son magnifique amphithéatre … grandiose !!!
Et Zamora… et la sierra de Jabugo avec son incomparable “jamon de bellota”, et les reliefs de La Mancha avec ses zones humides…et tant d’autres choses méconnues !!!

Pour répondre à votre question, pourquoi n’y a t-il pas plus de visiteurs dans ces régions, c’est relativement simple et désolant à la fois !!
Pour 99% des touristes qui vont en Espagne, ce pays se limite au soleil, aux plages de la Méditérannée et à quelques autres endroits hyper médiatisés y compris sur les forums du GDR.

Mais, égoïstement, je dirais que c’est un mal pour un bien, car pour ceux qui, comme vous, sortent de ces sentiers ou plutôt de ces autoroutes battues, il reste toujours un pays et des gens magnifiques et authentiques :o))

Gracias y hasta luego :o)

Merci à vous ,

Cette region peu couru par les touristes , c’est aussi ca l’Espagne .
On est loin des palmiers , des castagnettes et du folklore imposé par l’industrie touristique .
C’est une region que j’ai longuement parcourue des années durant et revoir vos photos à ete un vrai plaisir .
Pour Monfrague , petite précision, ce ne sont pas des aigles mais les majestueux vautours fauves que vous avez pris en photo .
A Gargallo la Olla on trouve beaucoup de pies bleues, et à la saison on peut se regaler avec les cerises .
Vous avez aussi remarque l’incidence du changement climatique , ca saute aux yeux dans ces paysages .
Pourriez vous m’indiquer les coordonnees de la casa rural ça m’intéresserait de revenir faire un tour dans ces parages et cette solitude m’enchante .
Bonne journée et encore un grand merci , votre contribution contribue à donner un autre point de vue sur cette Espagne si peu connue .
Hannah

Bonjour Hannah,

Merci de votre réaction. Tout d’abord, excusez nous pour notre réaction tardive (le travail). Nous avons logé dans deux casas rurals, la première en Siberia et la deuxièmes tout près du parc de Montfragues:

Cordialement,et bons voyages,
Philippe

Cette region peu couru par les touristes , c’est aussi ca l’Espagne .
On est loin des palmiers , des castagnettes et du folklore imposé par l’industrie touristique .
C’est une region que j’ai longuement parcourue des années durant et revoir vos photos à ete un vrai plaisir .
Pour Monfrague , petite précision, ce ne sont pas des aigles mais les majestueux vautours fauves que vous avez pris en photo .
A Gargallo la Olla on trouve beaucoup de pies bleues, et à la saison on peut se regaler avec les cerises .
Vous avez aussi remarque l’incidence du changement climatique , ca saute aux yeux dans ces paysages .
Pourriez vous m’indiquer les coordonnees de la casa rural ça m’intéresserait de revenir faire un tour dans ces parages et cette solitude m’enchante .
Bonne journée et encore un grand merci , votre contribution contribue à donner un autre point de vue sur cette Espagne si peu connue .
Hannah
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Merci beaucoup pour votre reponse .
je vais en faire bon usage
Hannah

[Bonjour Hannah

Sur la route deMerida nous trouvons les porcs qui vivent casiment en mliberté et qui donneront le fameux jambon iberico de bellotas ,A Merida sont vendus en face de Mercadona des fromages à tSVP les noms des hotels et restaurants
Bravo pour vos photos
ssions d’Estremadure
Nous atterrissons à Séville ce mardi 19 septembre vers 13h ; le temps de retirer une jolie Peugeot 2008 au comptoir de location de voitures et de refuser toutes les assurances complémentaires que le loueur souhaite nous voir faire prendre et nous voilà en route, direction Zafra à 150 km au nord Pas grand-chose sur ce trajet sur une autoroute toute droite sous plus de 30°. Un petit arrêt sympa quand même, à une sortie d’autoroute, un petit resto routier où nous dégustons un excellent « bocadillo » au jambon ibérique, accompagné de patatas fritas…

Après cet arrêt roboratif, nous reprenons la route vers Zafra, petite cité toute blanche, qui sent encore très fort l’Andalousie avec ses ruelles étroites et pentues.
L’Alhambra du Ve siècle, qui domine la ville est notre destination…C’est en effet notre étape de luxe. Ce soir nous dormons dans un Parador superbe.

Seul inconvénient mais c’est assez logique, dans château fort, la fenêtre de la chambre est une meurtrière et la lumière qui en découle est assez parcimonieuse. Pas grave, nous ne ferons qu’y passer la nuit et cela maintient la fraîcheur et permet de se passer de l’air conditionné que j’ai en horreur. Nos bagages déposés, nous partons à la découverte de ce château. Son extérieur assez austère contraste avec un intérieur aux allures de palais. Il possède au patio central, un très beau cloître renaissance.
Nous déambulons ensuite dans le fouillis des petites rues de la ville où nous prenons plaisir à nous perdre:
Superbes maisons aux balcons ouvragés fermés par des fenêtres en fer forgé, très jolie église de La Candelaria, le couvent Santa Clara. Deux places se partagent l’espace central : La Plaza Grande, entourée d’arcades, est reliée par l’« Arquillo del Pan » (Petit Arc au pain), à la Place Chica, plus petite.
Comme le précise notre guide, quelques heures suffisent pour découvrir la ville et il est déjà l’heure de l’apéro…Quelques palmiers occupent une partie de la plaza Grande, et dessous quelques terrasses engageantes nous tendent les bras. Première sangria donc, un peu décevante, trop sucrée… Ce n’était que la première et nous trouverons mieux… La nuit est tombée, il est à présent temps de nous restaurer (dans ce coin d’Espagne, il est inutile de chercher à manger avant 20h30, les fourneaux s’allumant en général à cette heure…). Un bar à tapas, situé non loin du Parador, nous ouvre les bras. Les « rationes » qui nous sont servies sont délicieuses (jambon ibérique, joues de porc et salade atlantique), mais surtout, le patron, qui parle un peu français nous fait découvrir les vins d’Estremadure, blancs et rouges et nous avons donc droit à une dégustation. Il nous parle de son fournisseur, dans une bodega toute proche de la ville.
Nous rentrons à l’hôtel, situé tout à côté.
Le lendemain, après un excellent petit déjeuner, nous prenons la route, avec un détour intéressé par la bodega précitée où nous faisons quelques provisions de vin…
Notre prochaine destination s’appelle la « Siberia », brrr… Mais auparavant deux escales : La première est renseignée par le guide. Il s’agit d’une maison folle sortie de l’esprit fantasque d’un artisan de la région. Le guide parle d’ «un mélange de Gaudi et du facteur Cheval» et c’est assez correct…

Notre seconde étape est due à un panneau de signalisation indiquant Medellin, ainsi qu’un théâtre antique. Piqués par la curiosité, nous suivons, et c’est une belle découverte qui nous attend : Au pied d’un château perché sur une colline, la rivière Guadiana rafraîchit une plaine aride. Un pont médiéval traverse le fleuve nous permet d’entrer dans Medellín. Un théâtre romain, très bien conservé et restauré s’étale sous le château. Ce théâtre a été récemment exhumé et restauré grâce à des fonds européens et à des amoureux de l’archéologie. A l’entrée, un guide et une dame qui vend des tickets attendent désespérément le chaland…Ils sont heureux de nous voir et nous font les honneurs du lieu. Un petit musée, situé tout à côté regorge de statues et de bas-reliefs découverts sur le site.
Nos hôtes apprennent que ce Medellín est à l’origine de l’actuel Medellín en Colombie ainsi que de quelques autres à travers le monde, Il s’agit également du lieu de naissance du conquistador Hernán Cortés, dont la statue orne la place du village (à déboulonner…?). L’Estremadure est d’ailleurs une des régions d’Espagne qui a fourni le plus de conquistadors, et on aperçoit souvent dans les villages une maison plus grande et dont la décoration est plus raffinée. Elle appartenait souvent à un « Indiano », rentré d’Amérique, fortune faite.
Medellin est maintenant un village endormi, mais a été une cité prospère de la colonie romaine de Lusitanie, et nous en avons la visite pour nous tout seuls…J’ai du coup un peu moins de regret d’avoir zappé dans notre périple la ville de Merida, reconnue pour ses importants vestiges romains et où fut tourné une bonne partie du film « Gladiateur ».
Après cet instructif arrêt, en route donc pour la Siberia d’Estrémadure, une de nos étapes nature car il s’agit d’une région dont les paysages constituent l’attrait essentiel. En effet là-bas alternent les sierras accidentées et les grandes retenues d’eau. Ces retenues d’eau, sont artificielles, crées par l’homme pour des besoins hydroélectriques ainsi que pour créer des canaux d’irrigation et en faire ainsi le territoire qui possède le plus de kilomètres de côte intérieure de toute l’Espagne.
Le paysage est superbe alternant des forêts touffues de chênes verts, chênes-liège et pins et de vastes landes desséchées où survivent malgré tout de grande variétés de fleurs sauvages.
Notre destination pour deux nuits est le village d’Esparragosa de Lares et pour y parvenir nous parcourons au moins une cinquantaine de km sur un vaste plateau sans voir personne, juste de temps à autre une ferme isolée dans le lointain, puis le relief s’accentue et le premier lac apparaît, premier d’une longue série qui s’étend sur plus de 100 km. Un plus loin, notre village de destination, surplombé d’un château, apparaît et nous cherchons la casa rural qui doit nous abriter 2 jours.

Le village est totalement désert et notre gîte également, Il est évidemment 15 h, il fait très chaud et tout le monde dort sans doute…Une petite balade pour patienter ; nous descendons vers la plage, tout aussi déserte. Quelques parasols esseulés dispensent une ombre maigrichonne. A quelques centaines de mètres au-dessus de la plage, une paillote nous attire ; Une jolie terrasse se tourne vers le lac…Elle est évidemment fermée…Mais un panneau annone son ouverture à 16h30 (mais de quelle semaine ou de quel mois ?

Face à ce désert, on du mal à croire que cet endroit existe…Des réminiscences de Tintin et du mirage du capitaine Haddock nous reviennent). Nous commençons à comprendre pourquoi cet endroit s’appelle Siberia, la température en moins…
Nous remontons au village, et à notre Casa rural où la porte demeure décidément fermée. Ouf, nous avons un n° de téléphone. Une dame nous répond et nous annonce sa très prochaine arrivée. La maison possède 6 chambres, mais nous en sommes actuellement les seuls locataires ; elle-même n’habite pas ici. Nous pouvons choisir notre chambre, disposons de plusieurs salles à manger et salons et d’une grande cuisine. Tout est plongé dans la pénombre, les murs étant épais et les fenêtres petites ou verrouillées (cela permet de tenir le soleil ainsi que les mouches et les moustiques à l’écart…). Il y a heureusement aussi un charmant petit patio où nous pouvons nous installer le soir.
Nos bagages déposés, nous partons à la découverte du coin. Nous suivons une route longeant le lac et arrivons dans un autre village, Puebla de Alcocer, lui-aussi surplombé d’un château. Petite grimpette pour monter jusque là pour le voir et nous nous rendons compte qu’il s’agit en fait du même château que celui de notre village, mais vu de l’autre côté de la montagne. Nous le voyons grâce aux 2 arbres morts qui émergent du lac.

Retour vers la paillote pour voir si l’heure d’ouverture de la paillote concernait bien ce jour et chouette, c’est ouvert, et encore plus chouette, on nous sert une carafe de sangria délicieusement fraîche que nous dégustons en contemplant le coucher de soleil sur le lac. A part le serveur et sa copine qui se fait bronzer, nous sommes totalement seuls…
Retour au village qui s’est réveillé entre temps, pas beaucoup, mais suffisamment pour nous faire repérer l’une ou l’autre boutique pour survivre, ainsi qu’un bar à tapas qui nous tend les bras. Les spécialités du coin commencent à nous être connues et nous nous régalons de jambon, saucisson et fromage, accompagnés de patatas fritas.
Aujourd’hui 21 septembre, premier jour de l’automne, mais ici, 32°. Après le petit déjeuner que nous amène notre hôtesse, nous décidons de partir en randonnée en essayant de nous baser sur les documents présents dans le salon; c’est difficile de s’y retrouver. Quelques courses pour nous préparer un pique-nique ainsi que le repas du soir (les ressources gastronomiques du village ayant été épuisées en un soir…) et nous prenons la direction de Talarrubias où nous trouvons un office de tourisme qui nous procure une carte avec les promenades du coin. Nous voilà partis sur un petit chemin qui longe le lac en s’élevant. Au début tout va bien, de charmants petits ponts, franchissant même certains obstacles mais au bout de quelques centaines de mètres, plus de chemin, ou alors, il faudrait être munis de cordes d’alpinisme pour poursuivre…demi-tour donc et nous trouvons un autre sentier, lui-aussi non balisé, mais celui-ci nous emmène vers un sommet où un panorama à 360°, à couper le souffle nous attend. Un superbe endroit pour pique-niquer. Il fait terriblement chaud et nous sommes en nage, nous repartons vers la casa pour une sieste salutaire. Vers 17 heures, départ pour la plage où je me baigne dans un paysage lunaire, parmi les arbres morts, ensuite petit bain de soleil.

Nous remontons vers la paillote où notre déjà presqu’habituelle carafe de sangria nous attend. Nous sommes toujours les seuls clients…Mais de quoi vivent donc ces gens? C’est vrai que nous sommes hors saison et que ce n’est pas la région la plus touristique d’Espagne, mais quand même… Le soupçon que nous avions se confirme également: si la paillote se trouve à plusieurs centaines de mètres du lac, c’est en raison de la diminution de niveau de l’eau qui depuis 2 ou 3 ans n’arrête pas de baisser… Il n’a plu vraiment plus depuis 3 ans au moins et l’eau est également utilisée pour l’irrigation…Le réchauffement climatique nous saute ici aux yeux…
(le lac, il y a quatre ans)
Nous rentrons vers 20h30 à la Casa où Philippe nous prépare de succulentes pâtes au chorizo et anchois. Demain nous partons pour Caceres par le chemin des écoliers.
22 septembre, nous quittons la Siberia vers 10h pour parcourir une centaine de kms vers le nord-ouest. Nous traversons un plateau agricole brûlé par le soleil et par les feux que qui sont allumés un peu partout dans les champs et nous donnent l’impression de rouler dans la brume.
Nous arrivons à Caceres vers midi, trop tôt pour l’hôtel Iberia, mais le gentil réceptionniste prend nos bagages en charge et nous signale un parking public proche avec lequel existe un accord.
Première promenade dans la vieille ville. C’est magnifique, la vieille ville de Caceres est entourée de remparts d’origine arabe qui comptent plus d’une dizaine de tours. Tout au long de ses rues pavées, nous admirons beaucoup de maisons fortifiées médiévales et de palais Renaissance. La ville est classée au Patrimoine mondiale l’Unesco. Elle est située sur la voie qu’empruntaient les pèlerins qui se rendaient à Saint-Jacques-de-Compostelle et beaucoup de signes y font référence.
Après quelques tapas, nous rentrons à l’hôtel vers 15h ; il est charmant même si sa décoration peut sembler un peu kitsch, très dorée. Notre chambre est plongée dans l’obscurité, mais nous en avons à présent l’habitude.
Nous repartons à la découverte de la ville et nous voyons entre ‘autres la cathédrale Santa Maria et tout à côté le Palais Carvajal. Nous descendons également vers a vieille Judería dont la beauté et la simplicité, avec ses rues étroites, ses maisons et ses fleurs blanchies à la chaux et lumineuses dans ses fenêtres ou ses balcons, contrastent avec les palais de la noblesse. La synagogue a été transformée en église, mais garde les traces de son ancienne destination. La vieille ville est très belle mais n’a pas l’air habitée. A l’exception du Parador, de quelques restaurants que nous supposons luxueux et de musées, les habitants ont l’air tout à fait absents.
La Plaza Mayor délimite la vieille ville : Nous sommes vendredi soir et la foule envahit cette place ainsi que la Plaza San Juan, tout à côté. La musique retentit, les gens bavardent bruyamment, boivent et font la fête. Quel contraste avec le calme de l’après-midi !

Nous dégotons un resto sympa sur la Plaza San Juan, où nous savourons un risotto, Philippe avec des bolets et moi aux poulpes…Super bon ! Une dernière promenade dans les rues animée, avant de rentrer à l’hôtel, où le vacarme régnant dans les rues adjacentes nous tient encore longtemps compagnie.

Samedi 23 septembre, en route pour Trujillo, petite sœur de Caceres (?), une quarantaine de kms à l’est.

Tout aussi belle, et peut-être plus humaine : les palais, les belles demeures sont plus intégrés à l’intérieur de la ville. Le centre historique de Trujillo est entouré de remparts construits par les musulmans au Xe siècle, qui ont été agrandis siècles suivants. Dans les remparts, plusieurs tours d’enceinte et 4 portes qui donnaient accès à la ville. De la rive du fleuve Guadiana qui ceinture la cité, nous remontons à travers le centre historique dans ses rues étroites vers le château, tout au-dessus : Il s’agit de l’Alcazaba ou château arabe, du IXe siècle. De l’esplanade du château, on découvre une vue imprenable sur la ville et ses monuments, ainsi que la vaste plaine qui l’entoure.

Comme partout dans la région, des nids de cigognes ornent la plupart des grandes cheminées. Nous ne les verrons pas, elles migrent dès fin juillet, à l’exception de quelques-unes, trop jeunes, trop fainéantes ou trop bien ici pour se décider à prendre la route…
Trujillo, c’est aussi bien, mais combien moins touristique que Tolède ou Ségovie : on trouve dans chaque recoin un monument historique et les allées sont parfaites pour se perdre et remonter le temps.
Nous quittons Trujillo dans l’après-midi pour rejoindre Torrejon el Rubio, notre prochaine destination. Situé aux portes du Parc naturel de Monfrague, l’appartement que nous avons réservé pour 4 jours dans ce village qui nous servira de camp de base pour la découverte du Parc. Nous arrivons dans une grande maison composée de 4 studios au rez de chaussée, les propriétaires occupant l’étage. A l’arrière de la maison, une grande terrasse et une piscine.
Nous avons déjà beaucoup marché aujourd’hui, et nous décidons de paresser cet après-midi : Une sieste, et ensuite un petit saut dans la piscine et un peu de lecture sur la terrasse . Philippe nous fait à manger ce soir, tandis que je paresse dans le jardin. Le soleil couchant décline sous mes yeux une palette de roses et d’orangés.
Après l’apéro, nous rentrons manger nos succulentes pâtes, regardons les photos du jour et allons ensuite nous coucher.
22 septembre, au programme une randonnée dans le parc naturel de Montfrague. Nous nous dirigeons vers Villareal de San Carlos, seul village à l’intérieur du parc et optons pour un itinéraire soi-disant facile de 8 km. C’est parti pour une magnifique progression dans la montagne : ça grimpe, ça grimpe dans les rochers, le chemin dit facile ressemble par moments à une échelle (sans barreaux…) et le soleil qui restait timide au début déploie maintenant tous ses rayons…En plus, idiots que nous sommes, nous sommes partis sans casquette ni chapeau et avec une seule bouteille d’un demi-litre d’eau. Nous continuons à monter, croisant de temps à autre quelques promeneurs isolés. Nous entendons les cerfs bramer dans la vallée pour avertir de leur présence, et défier les autres mâles qui s’approcheraient de leurs territoires. Ce cri résonne à des km et est répercuté par les rochers.
Nous apercevons au loin le mirador, but de notre promenade, Il a l’air proche, mais s’éloigne à chaque virage. Ouf, on arrive…Et cela valait vraiment la peine. Tout en dessous de nous, coule le Tage, qui miroite sous le soleil. On aperçoit une autre rivière qui s’y jette. Le cirque de montagnes et de rochers qui nous entourent est superbe et pour couronner le tout, en levant la tête, le spectacle est total : Se laissant doucement porter par les courants, des aigles…(enfin, nous pensons) planent autour de nous, fort peu inquiets de notre présence.
Bon, après être montés, il nous faut maintenant redescendre pour regagner le village et nous avons soif…Nous remplissons notre bouteille dans une petite rivière, au fond de la vallée et le dernier km remonte très fort, sans la moindre zone d’ombre. C’est dur même si la route est devenue plus praticable. Voici le village et une petite taperia nous tend les bras. Après un litre d’eau, nous pouvons passer à l’apéro et à un excellent sandwich reconstituant…J’ai la plante des pieds en feu, il est 14h30 (4h de marche, au lieu des 2h30 annoncés…).
Retour à l’appartement où une petite sieste s’impose… Ensuite piscine et ce soir, restaurant. Et ça tombe bien, il y en a un juste à côté de chez nous. Après l’apéro pris sur la terrasse, nous nous y rendons. Une table nous attend à l’extérieur. J’ai pris des côtes d’agneau qui fondaient dans la bouche et Philippe du filet de porc qui semblait tout aussi appétissant.
Particularité à l’Espagne, la salade est en principe servie en entrée et il n’y en a pas en accompagnement de plat. Nous négocions pour obtenir une salade avec les plats et ça marche… Quelques tomates délicieusement fraîches accompagnent notre repas.
Ce matin 24 septembre, après le petit déjeuner, nous repartons à l’assaut de Monfrägue. Comme nos pieds (surtout les miens…) sont encore douloureux, on décide de faire calme et nous partons pour le château où seule la dernière partie du chemin est piéton ; oui mais qu’est que ça grimpe…Cela vaut la grimpette, une vue magnifique sur le confluent du Pietar et du Tage…Les eaux étincellent et les rapaces planent au-dessus. Le Tage ? Est-il possible que ce soit le même fleuve que nous avons admiré à Lisbonne, immense, dont l’autre rive apparaissait à peine dans le lointain. Il est beaucoup plus modeste ici, serpentant paresseusement au fond de la vallée. Il contourne les rochers, disparaît à notre vue pour réapparaître un méandre plus loin. Après le château, nous continuons en voiture pour explorer les miradors accessibles, et c’est un spectacle ininterrompu de falaises, de rivières et d’oiseaux, sans oublier les cerfs qui continuent à bramer, tandis qu’une biche vient nous rendre visite (pour échapper un mâle trop entreprenant…?) . Immobile à côté de nous, elle semble attendre qu’on la prenne en photo…
De retour à Villareal de San Carlos, nous déjeunons d’une tortilla et de jambon…Notre programme pour la fin de l’après-midi est à présent connu…Sieste, piscine et terrasse. Nous y ajoutons une balade dans le village pour faire quelques courses (Philippe fait à manger…) et poster quelques cartes .
25 septembre, dernier jour dans le parc. Après un petit déjeuner de rêve avec œufs sur le plat et pain toasté, nous confectionnons un pique-nique pour passer la journée dans le parc. Ce petit frigo dans la voiture est décidément bien pratique et pas uniquement pour mes médicaments : Salade de thon, asperges tomates, jambon et fromage plus le pain que nous achetons en route.
Au vu de la carte et de nôtre état physique, nous optons pour une promenade sur le plat que nous découvrons, longeant le Tage. Cela doit probablement être l’ancienne route ; le pont que nous empruntons est passablement démoli et on voit très bien que le niveau du fleuve n’a pas toujours été celui-là, et nous nous rendons compte en effet qu’il s’agit d’un pont à arches, sauf qu’à l’heure actuelle, les arches sont sous eau…Le nombre de barrages construits dans la région sont probablement à l’origine de ces différences de niveau, et on voit très bien sur les rives desséchées sur plusieurs mètres, les conséquences de trois étés sans pluie.
Nous longeons ensuite d’anciennes bergeries, probablement utilisées par le passé comme étape lors de transhumances et nous découvrons une aire à pique-nique qui tombe très bien. Nous avons appris de nos erreurs et avons largement de quoi boire et manger. Nous rentrons ensuite à la casa pour, cela devient une habitude, bouquiner, nager et bronzer. Ce soir, notre dernier ici, nous retournons au restaurant tout à côté et nous dégustons des tranches de cochon accompagnés de petits poivrons super-bons. Demain , départ pour Plasencia et la vallée de la Jerte.
Pour rejoindre Plasencia, il nous faut retraverser le parc naturel ce qui nous permet d’admirer une dernière fois cette riche nature. Une trentaine de km plus loin, nous apercevons la ville. Elle est entourée de remparts, bien que la ville actuelle les aient largement débordés.
Les vestiges des murailles, des grosses tours et des portes d’accès à la ville, comme la puerta del Sol ou la poterne de Santa María redessinent les anciennes limites de la vieille ville. L’une d’elles est accessible au public ainsi qu’une partie du chemin de ronde et c’est par là que nous accédons à la vieille ville.
Celle-ci est jalonnée de palais, de demeures seigneuriales et de superbes constructions religieuses. Le parador de Plasencia, situé dans un ancien couvent, offre un libre accès aux visiteurs qui peuvent ainsi déambuler dans le magnifique cloître. La plaza San Nicola, à sa sortie, nous mène à des ruelles qui nous conduiront vers la plaza Mayor
Comme dans toutes les villes visitées, la plaza Mayor, située au cœur de la vieille ville est le lieu de réunion et de fête des habitants de Plasencia. La superbe mairie se dresse sur cette place. Nous y avons dégusté une excellente assiette de fromage et charcuterie.
Une des originalités de la ville est sa ou plutôt ses deux cathédrales : la Vieja et la Nueva. La Catedral Vieja est de style roman, bien qu’elle ait été construite à partir du XIIIe siècle, La Catedral Nueva possède de nombreux éléments gothiques et Renaissance, dont le chœur, les voûtes et les portails . Les murs sont décorés de nervures dorées très étonnantes et les stalles qui abritaient les chanoines sont merveilleusement sculptées. Les deux cathédrales sont reliées par un cloître- cimetière.
Nous redescendons ensuite vers le bas de la ville pour rejoindre la rivière Jerte dont nous allons remonter la vallée.
Une trentaine de km plus loin, nous entrons dans un autre monde. La vallée est couverte d’arbres et toute cette verdure contraste violemment avec les plaines arides que nous venons de quitter…Ces arbres sont essentiellement des cerisiers et nous lisons partout qu’au printemps, ces cerisiers en fleurs qui couvrent la vallée du Jerte offrent un merveilleux spectacle de lumière et de couleurs. On ne peut pas tout avoir, nous sommes fin septembre et la couleur dominante est plutôt le vert avec de ci delà les premières couleurs pourpres et or de ce début d’automne.
Les montagnes à l’arrière de ces vergers culminent à plus de 1000 m.
Nous atteignons notre hôtel et une fois installés, nous partons en balade le long de l’eau. La rivière est belle et comporte quantité de piscines naturelles et nous découvrons un centre de réintroduction et de reproduction du saumon. Ce centre, financé par le FEDER a une double vocation écologique et économique, la région n’ayant décidément pas beaucoup de ressources…
Au retour, le soleil baisse et les reliefs des montagnes dessinent des fresques d’ombre et de lumière.
Ce soir, nous mangeons à l’hôtel et demain, nous partirons vers le monastère de Yuste et du village de Garganta la olla.
28 septembre, nous quittons la vallée de la Jerte pour la vallée de la Vera à l’est. Pour ce faire, nous devons grimper très haut par une petite route escarpée. Je suis très soulagée que ce soit Philippe qui conduise : J’aurais eu très peur et j’aurais pu moins profiter du magnifique paysage qui se déroule devant nous… Nous arrivons au monastère de Yuste. C’est là que Charles-Quint est mort, après avoir abdiqué. Je dois dire qu’en voyant cet endroit, j’ai pensé que c’était un très bel endroit pour mourir… niché dans la verdure, avec une vue fantastique sur la vallée.
Une partie de ce monastère est gothique et préexistait à l’arrivée de l’Empereur. Il a fait construire l’autre partie de style renaissance avec ses appartements privés. Sans sympathie particulière pour Charles-Quint, je dois bien reconnaître que cet endroit est calme, beau et lumineux. Rien à voir avec le palais de l’Escurial, austère et sinistre que son fils s’est fait construire et dans lequel il a rapatrié le corps de son père en dépit de sa volonté…
Après la visite de Yuste, nous nous dirigeons vers le village de Garganta la Olla. Nous avons une impression bizarre : C’est très joli, mais cela ressemble à un village de montagne comme on pourrait le voir en Autriche ou en Suisse, avec ses chalets de bois… Il fait évidemment beaucoup plus chaud… Nous arrivons vers 15h et le village entier est endormi. Nous nous promenons et admirons la charmante église flanquée d’une tour romane.
Il se fait tard, nous avons faim, ici rien n’est ouvert et nous devons pousser plus loin pour trouver à manger. Nous trouverons à Hornais, village sans beaucoup d’atouts, à oublier car ce que l’hôte nous a servi n’était pas bon, et il n’était pas sympa…Tout ne peut pas toujours être parfait.
Nous reprenons la route de Jerte par cette superbe route de montagne tout en nous arrêtant à tous les points de vue qui nous tentent.
Avant de rentrer à l’hôtel, nous passons à l’office du tourisme pour déterminer notre programme du lendemain. Cette région est également très réputée pour les cascades qui dégringolent de la montagne vers la Jerte, et nous souhaitions connaître les plus belles balades pour y parvenir. La responsable nous a expliqué que la plupart de ces balades étaient fort longues (au moins 16 km) et que nous pourrions être déçus car la sécheresse qui règne depuis plusieurs années les ont considérablement amoindries. Nous ne désirons pas vraiment nous lancer dans cette expédition, d’autant que le thermomètre est toujours à plus de 30° et que le balisage laisse parfois à désirer. Changement de programme donc pour notre dernier jour en Estremadure.
Nous allons explorer la vallée qui se situe de l’autre côté, la vallée del Ambroz où se trouve la ville d’Hervas. Pour y parvenir évidemment, il faut de nouveau monter jusqu’à un col situé à 1400 m(le Col du Honduras).

La route monte, sinueuse à souhait et nous dévoile à chaque tournant des paysages fabuleux. Dans un premier temps, c’est la forêt où les châtaigniers et les chênes se partagent le terrain. Leurs fruits craquent allègrement sous nos roues. Passée la limite des arbres, c’est une lande de genêts et d’autres arbustes qui s’étend à nos yeux et nous permet de découvrir d’immenses étendues. Nous nous arrêtons régulièrement et écoutons les grelots joyeux d’un troupeau de chèvres. Le col passé, nous descendons et découvrons Hervas dans la vallée, perle blanche sertie dans la montagne. Ce n’est pas vraiment une ville, plutôt un gros village, retiré au bout du monde, et à ce propos, une histoire circule : lors de l’expulsion des juifs d’Espagne par Isabelle la Catholique, ceux d’Hervas y seraient encore demeurés un bon centenaire, faute pour le pouvoir de connaître leur existence…Véridique ou non, il est certain que la juderia d’Hervas occupe une place importante dans la cité. Superbes petites ruelles blanches en pente ou en escaliers, maisons en torchis dont l’étage surplombe la rue, plantes fleuries se nichant dans le moindre recoin. Un petit bar très sympa nous accueille pour manger et nous continuons notre exploration en descendant vers la rivière. Je réussis même à m’endormir pour une courte sieste sur un banc au bord de l’eau, bercée par le clapotis… Il y fait bon et frais.
Nous remontons vers le haut de la ville et après un tour de l’église située au sommet, nous prenons le chemin du retour, aussi beau dans l’autre sens…Mais attention aux croisements…L’étroitesse de la route ne donne pas droit à l’erreur.
Ce soir, apéro puis dîner à l’hôtel pour la 3ième fois. La nourriture y est très bonne. Notre déception par rapport à cet hôtel tient surtout à la fermeture de la piscine et du jardin, peut-être à cause de la fin de saison.
30 septembre : les vacances sont finies et nous retournons vers Avila et Madrid,
Pour conclure, deux regrets et un étonnement :
Nos regrets… c’est d’avoir loupé dans notre périple les visites de Merida et du monastère de Guadalupe, manque de temps, ou mauvaise organisation. Ce sont certainement là de beaux sites que nous avons loupé.
L’étonnement… c’est pourquoi n’y-a-t-il pas plus de monde en Estremadure ? A part quelques touristes espagnols, ou de loin en loin un camping-car de Hollandais ou d’Allemands, c’est désert…Bien sûr, nous sommes hors saison, mais nous l’étions également en Andalousie ou en Catalogne et le monde ne manquait pas.

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Merci pour cette belle contribution Sylvie-Philippe !
Votre carnet de voyage a été sélectionné pour figurer dans la rubrique Carnets de voyage.
Nous y avons rassemblé les meilleurs carnets de voyage postés par les membres de la communauté de Routard.com : une vraie source d’inspiration pour vos futurs voyages !

Sabine de Routard.com

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