Bonjour
La première
remarque est que comme dans toute grande ville d’Amérique Latine, la
criminalité est plus importante qu’en France (à l’exception de la Corse, qui
possède un taux d’homicide comparable à celui de Bogota). A ce titre, tout individu est de facto plus
exposé à la criminalité qu’en France. Le risque d’enlèvement est très faible à
Bogota. Les risques sont plutôt liés aux vols à la tire, vols à la roulotte,
cambriolages, « paseo millonario » (agression visant à vider votre
carte de crédit avec la complicité d’un chauffeur de taxi qui vous emmènera
droit vers vos agresseurs), et encore plus rarement vols par l’usage de drogue
type scopolamine. Il y a donc une insécurité quotidienne, qui se gère très bien
pour la grande majorité des personnes par des petits reflexes et précautions
qui n’empêchent aucunement de vivre normalement.
Quelles
précautions ?: Eviter de fréquenter certains quartiers (certains à toute
heure de la journée, d’autres en soirée uniquement), passer par la centrale de
réservation des taxis en particulier pour les courses en fin de journée/de
nuit, tenue vestimentaire passe partout et éviter les bijoux, en particulier
dans le centre, à l’aéroport, dans le transmilenio, attention aux pick-pockets,
et si vous vous retrouvez dans une rue vide, gardez l’œil et rejoignez une zone
fréquentée ou un commerce si vous sentez la moindre appréhension.
En cas d’agression,
ne pas résister, il vaut mieux perdre quelques dizaines voire de centaines d’euros
et rester en vie que de se faire poignarder par un toxicomane qui n’a rien à
perdre.
Ceci dit,
Bogota est tout à fait vivable pour une famille. Certains vous conseilleront de
vous réfugier dans les beaux quartiers du Nord Est de Bogota (dans les Estrato
5 et 6), cela a ses avantages et ses inconvénients. Les avantages sont liés à
la sécurisation des bâtiments (grilles, gardiennage, surveillance électronique…),
les inconvénients sont que ces quartiers attirent également les criminels.
Personnellement,
je préfère les rue avec des immeubles typés Estrato 3 et 4, c’est plus vivant,
plus de mixité sociale… Mais ce n’est que mon avis tout à fait personnel. D’un
point de vue pratique, il faut savoir que les habitations des strates élevées
financent les strates moins élevées. Ainsi, tous les services (eau, gaz,
téléphone, internet, tv câble…) sont plus chers dans les Estrato 6, 5 et 4 ;
le 3 est neutre ; et les 2 et 1 sont subventionnés. Les habitations de
strate 1 ne permettent pas d’avoir un confort minimal, et la population est à l’avenant.
C’est Le pire de nos HLM dans les banlieues les plus critiques. Les strates 2 peuvent
également être considérés comme du HLM, avec un niveau de confort sommaire, et
une population très populaire, les strates 3 sont habitables, c’est la classe
moyenne-basse de la Colombie. Dans ces immeubles, c’est un peu la loterie. On
peut tomber sur des gens très bien comme sur des familles parfois
problématiques (enfants délinquants, alcool, drogue, violences conjugales…). Strate
4 on commence à voir des gardiens aux portes de l’immeuble, on est dans les
classes moyennes à moyenne supérieures… etc…
Je ne sais pas si vous avez des enfants. Si vous en avez,
privilégiez un environnement qui permettra un trajet domicile-école gérable. Les
bouchons sont terribles dans Bogota. Oubliez les écoles publiques colombiennes,
le niveau scolaire est lamentable. Le privé va du médiocre au bon, le lycée
français aura la préférence de ceux qui veulent que la transition vers le
système universitaire francais se fasse sans accroc. Mais cela a un prix, et
quel prix… (environ 6000 euros par an).
Une chose agréable quand on a des enfants, c’est qu’ils sont
bien acceptés partout, dans les restaurants et tous lieux publics. Il y a un
certain nombre de parcs très agréables en ville. La culture colombienne donne
beaucoup de liberté aux enfants, un peu trop à mon goût d’ailleurs, on
rencontre beaucoup d’enfants pourris-gâtés qui répondent d’autant plus
facilement aux adultes lorsque ces derniers appartiennent à une classe sociale
inférieure. J’ai parfois passé des soirées chez des amis avec des enfants très
agaçants, mais les colombiens ne semblaient pas s’en offusquer. J’ai l’impression
que les enfants sont en train de vivre en Colombie ce que nous avons vécu dans
les années 70 et 80 en France, un grand relâchement de la discipline au profit
des « parents-complices ». Bon,
le sujet n’est pas vraiment une analyse comparative de l’éducation des enfants
entre la France et la Colombie.
Coté santé, selon qui sera votre employeur, vous serez
affilié à une mutuelle santé qui vous fournira plus ou moins de services. Les
plus luxueuses donnent accès aux meilleurs établissements de santé, avec accès
aux spécialistes comme nous ne le connaissons pas (plus ?) en France. Les
mutuelles gèrent également des centres de vacances plus ou moins luxueux, et parfois
également des « country club » (club sportifs) en périphérie (Nord le
plus souvent) de la ville. Une des plus importantes mutuelles se nomme CAFAM.
Non, le vrai grand inconvénient de Bogota, c’est qu’il faut
gris toute l’année. 18 degrés de janvier à décembre, avec une pluviométrie
variable mais globalement omniprésente. Ajoutez à cela l’activité d’une ville
de 8 millions d’habitants, la polution (air, bruit…), et vous verrez rapidement
que vous n’aurez qu’une envie, sortir de la ville. Heureusement la Colombie a
inventé un truc magique : Les fêtes. On fête tout et n’importe quoi, et en
conséquence, il y a pratiquement chaque mois deux jours fériés. Le standard des
congés étant de 15 jours annuels, les jours fériés sont largement mis à profit
pour sortir de la ville le temps d’un week-end prolongé, et particulièrement
vers ce que l’on nomme la « tierra caliente » (en direction de Melgar
par exemple), c’est-à-dire les terres au climat plus chaud et ensoleillé, à 3
ou 4 heures de route de Bogota. C’est le royaume des centres de vacances de ces
fameuses mutuelles (en particulier à Melgar, donc), et des « fincas »
(maisons de campagne) pour des sorties un peu plus exclusives. Il n’est pas
rare que des amis mettent en commun pour louer une finca le temps d’un week
end, et profiter d’une villa avec piscine. Enfin, dernière option pour les plus
riches, prendre l’avion pour la côte pacifique, et en 1h30 de vol, vous êtes à
Santa Marta, ou à Cartagena, pour profiter de la mer caraibe, du soleil, des
fruits de mer, et du vallenato… C’est un peu comme un parisien qui irait à Nice
pour un week-end prolongé.