Voilà le (long) texte
Notre voyage en Casamance, Avril 2011
Après un voyage entre amis en avril 2010 dans le nord du Sénégal, Dakar, la Petite Côte, le Siné Saloum et Saint Louis, prolongé de 5 jours à Dakar pour cause de volcan fumant, nous avons décidé de découvrir cette année la Casamance en famille, avec 2 de nos enfants (12 et 16 ans).
Ce compte-rendu de voyage permettra je l’espère à d’autres de construire leur séjour, comme nous l’avons fait nous-même grâce aux témoignages du Forum du Routard.
Samedi 23 avril :
0h : départ de notre ville du centre de la France vers Roissy. Nous avons en effet choisi un vol CDG – Cap Skirring (CSK) avec Air Méditerranée, seule compagnie desservant la Casamance en vols secs (via Go Voyage). Nous avons hésité avec un vol Paris-Dakar puis bateau jusqu’à la Casamance, mais il aurait fallu transiter par Dakar à l’aller et au retour et nous n’avions que 7 jours. D’ailleurs, le surcoût du billet jusqu’à CSK correspondait à peu près au coût du bateau + repas à bord + hébergements et déplacements à Dakar.
Décollage prévu à 7 H, départ vers 7 H 40 et après un vol sans histoire et une escale à Dakar, atterrissage à l’heure prévue à CSK (le vol Dakar Cap Skirring ne dure que 30 minutes). Découverte de ce petit aéroport et des modalités de débarquement : toutes les formalités douanières et la récupération des valises se font à l’extérieur, sous le grand fromager qui nous protège du soleil. Sympa, mais impossible de changer ses euros en francs CFA sur place !
Charlemagne, du campement Asseb à DIEMBERING nous accueille et nous sommes véhiculés en taxi jusqu’au campement après une quinzaine de kilomètres de piste. Lieu sympa en plein cœur du village et équipe non moins agréable (http://www.campementasseb.com/campementasseb/ACCUEIL.html). Malgré la fatigue après cette nuit quasi blanche, nous déposons nos affaires dans nos cases et prenons le chemin de la plage pour profiter avant la tombée de la nuit. Bien entendu, nous nous perdons, et en 40 minutes de marche au lieu de 15, nous visitons les rizières, les jardins (en particulier les cultures d’oignons que nous retrouverons avec bonheur dans nos assiettes) et la longue plage blanche où nous sommes seuls avec vaches, veaux et quelques vautours qui nous surveillent de loin. A l’aller comme au retour, nous rencontrerons de nombreux et magnifiques oiseaux : l’immersion dans la nature est immédiate.
Bain agréable même s’il faut être très prudent car les vagues « tapent » fort. Premiers coups de soleil.
A notre retour au campement, l’équipe est en train de s’ « occuper » d’un petit cochon de lait qui sera la base du déjeuner du dimanche pascal.
Tandis que les enfants s’installent, les parents visitent le village, et ce sont les premières rencontres avec l’ambiance de la Casamance, où l’on vient spontanément vers nous pour discuter, échanger, nous montrer les rues et les maisons du village, nous expliquer, sans le moindre geste commercial à notre égard.
Quel plaisir de pouvoir circuler sans être harcelés par des vendeurs.
Première Gazelle (la bière locale) au milieu des habitants au petit café sur la place du village à côté de l’immense fromager, où toute la vie sociale semble se concentrer. Longue discussion avec un jeune du village, musulman fervent, qui nous offre une grande leçon de tolérance en nous expliquant comment les communautés religieuses se côtoient, s’entraident et partagent même des moments de leurs fêtes respectives. Ainsi, ses voisins catholiques partageront le lendemain avec lui et sa famille le dessert de Pâques, et la réciproque est de mise au moment de l’Aïd (appelé Tabaski au Sénégal).
Repas au campement en compagnie d’une autre famille française qui vient d’arriver par le bateau, et qui, surprise, est du même département que nous (l’Allier). Le monde est décidément bien petit. Nourriture succulente et sommeil récupérateur.
Dimanche 24 avril : à notre réveil matinal (notre horloge biologique est encore à l’heure française), nous découvrons avec plaisir le petit-déjeuner disposé sur une table devant nos cases. Il faudra un peu partager avec les poules et autres volatiles, mais c’est plutôt sympa.
C’est le dimanche de Pâques, et nous avons fait le choix, quoique non-croyants, d’assister à l’office dans la petite église de Diembering. C’était d’ailleurs la raison principale de notre venue dans ce village.
Et nous ne regrettons pas notre choix : outre les costumes magnifiques, la musique et les chants rythmés par les djembés, l’accueil et le sentiment de fraternité partagée, l’ambiance et la ferveur des participants, la qualité des textes choisis par le Prêtre (en Français et en Diola), ce fut un temps très fort, même pour des non-croyants. Lorsque l’esprit s’élève, il y a toujours quelque chose à prendre dès lors que l’on a la volonté d’aller à la rencontre des autres sans se figer sur ses croyances et incroyances. Nous apprendrons plus tard, au cours de ce voyage, ainsi que ce jeune musulman nous l’avait expliqué, que la religion ne crée pas pour les Diolas de frontières, puisqu’elle vient en complément d’une culture commune, celle du culte des Ancêtres et des Esprits de la Nature. Et à l’occasion de cette Messe de Pâques, au cours de laquelle se déroulait également un mariage dans l’ambiance que l’on imagine (d’ailleurs, la mariée n’était pas catholique et on ne lui a pas demandé semble-t-il de se convertir) et plusieurs baptêmes, nous nous rendrons compte que de nombreux musulmans du village sont présents. Grand moment.
C’est entourés de grappes d’enfants aux tenues multicolores, dont aucun ne cherchera à quémander quoi que ce soit, que nous regagnons le campement. Longue discussion avec Jean Diatta, le jeune propriétaire du campement, fondé par son père. Jean nous explique ses projets pour réhabiliter progressivement le camp qui était tombé à l’abandon, et surtout pour aider son village à se désenclaver, à développer des activités touristiques, à lutter contre la montée des eaux salées qui compromet les récoltes de riz au moment de l’hivernage … Espérons une évolution des politiques, tant dans son pays que dans le notre, pour que des porteurs de projets aussi imaginatifs et dynamiques que Jean puissent être aidés et accompagnés financièrement et techniquement. En attendant, c’est en fréquentant les campements de Casamance que nous pouvons, à notre modeste niveau, leur apporter notre aide. Courage Jean !
Il est 15 heures et c’est le moment du départ : une seule nuit était prévue au campement Asseb et le taxi pénètre dans la cour. C’est Luc en personne qui vient nous chercher, pour nous conduire au campement qu’il dirige à ELINKINE (http://campementvillageoiselinkine.e-monsite.com/).
Le contact passe immédiatement, mais il est vrai que les échanges que nous avions eu au préalable par emails nous avaient laissé entrevoir les qualités humaines de Luc. Taxi brousse jusqu’à Cap Skirring (les adultes à l’intérieur, les enfants ravis et les bagages à l’exterieur) où nous embarquons en pirogue pour une quarantaine de minutes de navigation sur les bolongs (les bras de mer du fleuve Casamance) jusqu’au campement d’Elinkine.
Premiers échanges avec Luc, ancien cadre commercial qui a plaqué la société de consommation pour venir animer et réhabiliter le campement villageois tombé en ruines. Outre le plaisir de la rencontre avec un compatriote au profil éminemment sympathique, notre discussion nous permet de nous rendre compte que nos visions de l’Homme et de son environnement sont convergentes. Ce n’est pas indispensable, mais ça ne gâte de rien de partager des valeurs communes !
Arrivée au campement, avec des cases judicieusement installées le long d’une plage de sable bordée de cocotiers. Là-aussi, le confort est sommaire mais convient parfaitement à des occidentaux en quête d’authenticité, et la réalité est conforme à la description du site internet.
Nous faisons connaissance avec quelques membres de l’équipe – mais beaucoup sont en congé puisque c’est le dimanche de Pâques - et avec l’élevage de crocodiles de Luc, puis nous profitons du temps qui nous sépare de la tombée de la nuit pour aller faire trempette dans l’eau tiède du bolong.
Puis c’est l’arrivée d’un groupe d’une dizaine de français dans une grande pirogue au son des djembés : ce sont les autres clients du campement, 2 familles de normands accompagnés de leurs jeunes et un couple de retraités du sud qui reviennent d’une excursion à l’Ile de Karabane. Manifestement, vu l’ambiance, ils ont passé une super journée. Ne risquons-nous pas de rester à l’écart ? Non bien sûr, grâce à l’esprit du lieu et à la présence de Luc, les liens se tissent rapidement et nous ne tardons pas à sympathiser.
Le crépuscule approche, et c’est le solide Basse qui nous accompagne pour nous faire découvrir son village, un village de pêcheurs où se côtoient Sénégalais et Ghanéens sédentarisés par la pêche. Un village étonnant, où, malgré l’absence d’électricité, l’activité et la vie sociale sont malgré la pénombre des plus dynamiques. Comme à Diembering, les enfants et les jeunes viennent à notre rencontre et nous accompagnent une grande partie du chemin.
Repas sympathique au campement sur une grande tablée, et Luc nous présente les excursions que nous avions envisagées. Demain lundi de Pâques, il nous propose de partir tous ensemble en pirogue à la découverte des îles du Bolong. Bonne idée de nous faire partir en grand groupe, cela permettra de faire encore mieux connaissance (et accessoirement de diminuer le coût par personne de la sortie en pirogue).
Lundi 25 avril : accompagnés par Basse, toute la troupe embarque dans la pirogue avec les djembés pour rythmer la navigation, ô combien agréable le long des mangroves, où toutes les variétés d’oiseaux semblent s’être donné rendez-vous sur les palétuviers. Et c’est notre jour de chance, puisque Luc nous a informé que nous allions pouvoir assister à un mariage Diola. Quelques centaines de mètres après avoir débarqué, nous sommes guidés par la musique et les rythmes des percussions. Sous le baobab, les hommes exécutent sans discontinuer des danses guerrières. A quelques dizaines de mètres, sous le fromager, ce sont les femmes qui dansent frénétiquement au son du saxophone. Et nous sommes intégrés, accompagnés par des nuées d’enfants, sans cérémonie aucune par tous ces villageois en fête qui nous accueillent comme si nous faisions partie de la famille.
Les costumes sont magnifiques comme il se doit.
Des chants et des chants, des danses et des danses plus tard, tous convergent sous le baobab pour poursuivre la fête. Puis vient le tour de la lutte où les hommes, sous les encouragements démonstratifs de leurs supportrices, se lancent des défis spectaculaires et rivalisent dans leurs combats.
C’est le moment de partir déjeuner, mais nous reviendrons dans l’après-midi.
Départ en pirogue pour l’Ile des Féticheurs, où nous pourrons nous baigner et manger un excellent barracuda grillé. Tandis que les enfants jouent avec les singes, notre piroguier qui a déniché une bouteille de vin de palme, tente de nous convertir aux vertus de ce breuvage. Comme il fait peu d’émules (il est vrai que c’est un peu particulier et que la chaleur nous pousse à être prudents), il paiera de sa personne pour ne pas en laisser une seule goutte, sans que sa dextérité dans la manœuvre de son embarcation n’en souffre un seul instant !
Baignade à nouveau puis visite rapide de l’Ile, ses cases et son arbre sacré. C’est l’une des îles où persiste de manière intense la tradition animiste.
Nouvel embarquement vers l’île du mariage, où l’accueil est toujours aussi chaleureux. On nous présentera le marié, puis, privilège que nous recevons comme tel, on nous conduit dans la case où la mariée attend, et on nous fait entrer sans cérémonie dans la chambre où elle se fait coiffer et où nous défilerons, manifestement à son grand plaisir, les uns après les autres !
Autre exemple de la tolérance religieuse : les mariés sont musulmans, mais c’est dans la case d’une famille catholique, ornée de nombreuses gravures représentant le Pape où les Saints, que la mariée s’apprête …
Et comme il s’agit de la case d’une famille productrice de miel, nous profitons de l’occasion pour faire quelques emplettes.
A l’extérieur, la fête se poursuit, chants et danses, et nous resterons longtemps en leur compagnie, tandis que les enfants défient nos jeunes à la lutte. Leur technique est très affûtée, car bien que beaucoup plus petits que nos enfants, ils mettent plusieurs fois les toubabs en difficulté, à leur plus grande joie !
Le moment est venu de repartir, avec la nuée d’enfants habituelle qui nous tiennent par la main jusqu’à la limite du village et nous sollicitent pour faire des photos.
Des moments très forts, et comme pour marquer la fin de cette belle journée, des dauphins viennent à la rencontre de notre pirogue sur le chemin du retour.
Repas du soir tous ensemble au campement, puis, gorgés de soleil, de lumière, de musique et d’émotions, nous regagnons nos cases respectives.
Mardi 26 avril : accompagnés par Basse, nous partons en pirogue en famille vers l’Ile de Karabane. Nos collègues ont choisi quant à eux une excursion terrestre, que nous découvrirons le lendemain.
Nous regrettons presque de partir sans eux, tant les liens se sont noués lors de la journée précédente, et en particulier avec René et Marie-France, un couple de retraités provençaux qui se sont connus au Sénégal des années plus tôt et qui reviennent aux sources à l’initiative de leurs enfants.
Départ donc pour Karabane, île importante à l’embouchure du fleuve Casamance, très tôt colonisée par les français compte-tenu de sa place stratégique le long de la côte ouest de l’Afrique, y compris pour le commerce des esclaves puisque Karabane, comme Gorée, compte une maison des esclaves qui hélas tombe en ruine. Visite intéressante du village, en décrépitude progressive compte-tenu de son isolement (on n’y accède qu’en pirogue). Des travaux importants sont en cours pour que l’Aline Sittoe Diatta, le bateau qui assure la liaison Dakar-Zinguinchor puisse accoster et désenclaver l’île.
A Karabane comme dans tous les villages de Casamance, un monument rend hommage aux victimes du naufrage du “Joola” le 26 septembre 2002 après l’escale à Karabane : 1.953 morts et seulement 64 rescapés. Curieusement, ce naufrage qui a fait plus de victimes que “Le Titanic” n’est pas resté dans la mémoire collective des occidentaux, peut-être parce qu’il s’agissait de « gens de peu » qui plus est noirs !
Visite de la maternité qui permet aux jeunes femmes d’être prise en charge dans les meilleures conditions au lieu d’accoucher seules à domicile ou dans la brousse. Baignade le long d’une belle plage bordée de cocotiers et repas de poissons en bord de mer. Traversée en pirogue pour rejoindre Diogué, village de pêcheurs toujours dans l’embouchure du fleuve où sénégalais et ghanéens débarquent le fruit de leur pêche puis préparent et conditionnent (glace ou salage) les poissons et les requins. Très intéressant et spectaculaire, mais l’accueil par toutes ces personnes, qui travaillent dans des conditions difficiles, de touristes en goguette est un peu froid, ce que l’on peut comprendre.
Retour au campement en affrontant le courant – la mer monte – et navigation sur les bolongs avec une halte à Kachouane, petit village où nous visitons une magnifique case à impluvium, et où nous prenons un rafraîchissement salutaire, desséchés que nous étions par le soleil et l’air marin.
Et pour cette dernière soirée à Elinkine, après avoir remis les 30 kg de médicaments que nous avions apporté aux responsables institutionnels et médicaux du dispensaire, Luc a organisé une soirée djembé avec les jeunes du village. Ambiance très sympathique, mais nous sommes vraiment trop fatigués pour en profiter pleinement et nous regagnons nos cases un peu prématurément.
Mercredi 27 avril : c’est le moment de quitter Elinkine, ce que nous faisons avec quelques difficultés tant nous étions bien intégrés et compte-tenu des sympathies que nous y avions nouées. Mais lorsque l’on a la prétention de vouloir découvrir et pratiquer l’art du voyage, n’est-ce point quand on commence à prendre ses habitudes qu’il faut rompre et aller à la rencontre des autres ?
Nous embarquons pour une excursion terrestre en taxi qui nous conduira jusqu’à Zinguinchor, la capitale de la Casamance, où nous resterons 2 nuits. Cette fois ci, c’est Augustin qui nous accompagne.
Encore une belle journée, avec le musée des traditions Diolas dans une magnifique case à impluvium, les cases à étages, le village des potières et l’exploitation d’anacardiers, où Joseph, après une carrière en France à 30 kilomètres de chez nous (une nouvelle fois, le monde est petit), produit des noix de cajou en employant une majorité de travailleurs handicapés. Chapeau Joseph.
Avant d’arriver à Ziguinchor, crochet vers la Ferme aux crocodiles de Djibelor où on nous laisse payer l’entrée avant de déclarer les visites accompagnées closes. Heureusement, Augustin récupérera la mise !
En milieu d’après-midi, il nous dépose donc à l’auberge Aw Bay, chez Doudou Goudiaby, le fils du créateur des campements intégrés en Casamance, qui avaient pour but de permettre aux touristes de découvrir la Casamance profonde et authentique en impliquant les villages dans la gestion des hébergements et en leur reversant une partie des bénéfices recueillis. L’auberge Aw Bay est un havre de paix, situé dans un quartier populaire de Zinguinchor (230 000 habitants), à proximité d’une école (on entend les chants des enfants) et des jardins des maraîchers. Les chambres de son auberge sont modestes mais les sanitaires
collectifs très propres, et la cour, sous le grand manguier (attention aux chutes de mangues !) est un lieu où l’on a plaisir à séjourner.
Rétrospectivement et à l’issue de notre périple, les mangues mûres s’écrasant au sol représenteront le seul danger que nous pourrons identifier en Casamance …
Comme Doudou n’a pas – encore – internet, c’est Luc qui a eu la gentillesse de réserver pour nous et de l’informer de nos souhaits pour notre séjour à Zinguinchor. Et comme nous voulons faire une sortie en pirogue le lendemain, Doudou a convié Monsieur Toussaint, LE piroguier de Zig, celui qu’il ne faut pas manquer, à venir nous rencontrer à l’auberge afin de recueillir nos attentes. Elle est pas belle la vie ?
Excellent repas à l’auberge puis soirée télé avec les habitants du quartier venus voir le match Madrid-Barcelone. Sympa.
Jeudi 28 avril : nous rejoignons le port en taxi et retrouvons Monsieur Toussaint pour l’embarquement. Nous pouvons voir de loin l’Aline Sittoe Diatta, le magnifique bateau qui assure la liaison avec Dakar, dans lequel nos 8 amis normands rencontrés à Elinkine vont bientôt prendre place avant leur vol Iberia vers Paris.
Et une journée en pirogue entre Monsieur Toussaint, dont les connaissances en botanique et en ornithologie sont étonnantes – et c’est un vrai bonheur de l’écouter nous décrire les nombreuses espèces d’oiseaux que nous rencontrons -, et Doudou, le Sage, avec lequel les conversations prennent rapidement une tournure philosophique, c’est une chance que nous savourons à sa juste valeur.
Les pêcheurs à la crevette de Zinguinchor, l’Ile aux Oiseaux, la case peinte de Djilapao, la visite du campement villageois d’Affiniam et de sa case à impluvium avec un excellent repas sur place sont au programme de cette journée exceptionnelle.
A l’arrivée, un rafraîchissement au port et un petit tour au marché local, puis retour à l’auberge pour un repos bien mérité.
Vendredi 29 avril : visite de Ziguinchor avec Doudou, qui nous reçoit décidemment comme des membres de sa famille. Après un passage dans les rizières transformées à cette période de l’année en jardins maraîchers, nous irons successivement au marché Saint-Maur et au marché artisanal pour quelques emplettes et achat de souvenirs. L’ambiance y est moins détendue, à l’image des marchés de Dakar où le besoin de vendre crée quelques tensions sur l’acheteur, mais la présence de Doudou et peut-être notre habitude de tels lieux rend néanmoins le moment très agréable.
Une petite gazelle à l’alliance franco-sénégalaise, le centre culturel de Zig, magnifique ensemble de cases à impluvium juxtaposées et décorées de toutes les couleurs, puis un poulet Yassa au restaurant avec Doudou, et le moment est venu de regagner l’auberge où un taxi doit venir nous chercher pour nous conduire à Cap-Skirring. Et Doudou nous propose déjà d’autres visites pour notre prochain passage à Zig !
La route Ziguinchor – Cap Skirring est excellente, et en un peu plus d’une heure, nous sommes rendus au Mansa Lodge, petite structure hôtelière que nous avions choisie en raison de sa proximité avec la plage, avec l’aéroport, et de son organisation de type familial car nous détestons les concentrations de touristes.
C’est un principe pour nous de passer la dernière nuit le plus près possible de l’aéroport pour éviter les mauvaises surprises le jour du vol. Les évènements nous montreront que nous n’avions pas tort.
C’est le retour à la civilisation et au confort : wifi, climatisation, douches chaudes, piscine, dans un cadre enchanteur surplombant la longue plage blanche de Cap Skirring.
Et c’est un plaisir de rencontrer notre hôte, Erik Distinguin, qui exerce dans l’hôtellerie en Casamance depuis une trentaine d’années.
Erik est en outre le correspondant local d’ Air Méditerranée à Cap Skirring, et fait à cet effet fonction de chef d’escale pour notre vol.
Pour ce séjour de 24 heures au Mansa Lodge, nous avons prévu d’agir en parfaits touristes, c’est-à-dire de faire piscine, plage et lecture. Pour une courte durée, je peux y arriver !
Erik nous explique comment procéder pour le vol retour : il nous commande un taxi pour aller enregistrer nos bagages à l’aéroport le lendemain vers 11 H, puis il nous y conduira après le déjeuner pour un décollage envisagé aux alentours de 15 H.
Excellent après-midi de baignade en mer (avec les vaches et les veaux sur la plage) et en piscine et repas du soir à la hauteur du lieu.
Samedi 30 avril : c’est le jour du retour, enfin c’était le jour prévu ! En effet, en consultant le site internet d’aéroport de Paris pour s’enquérir de l’heure effective de départ de CDG de notre avion (normalement à 7 H heure française), nous nous rendrons vite compte qu’il y a du souci : 9 H 30 puis 11 H 30 puis 17 H30 sont annoncés sur le site d’ADP. Nous réalisons très vite que nous avons tout notre temps pour fermer nos valises !
Un coup de fil à Elinkine pour prévenir René et Marie-France, qui prennent le même vol que nous, en leur suggérant de venir nous rejoindre au Mansa Lodge pour que nous attendions ensemble l’arrivée de l’avion.
Erik vient alors nous avertir que le vol n’atteindra pas Dakar avant minuit et comme l’aéroport de Cap Skirring n’est pas homologué pour les atterrissages et décollages de nuit, notre départ est reporté au lendemain matin.
Et bien, ce sera un après-midi et une soirée supplémentaires au Mansa Lodge, que nous aurons de plus le plaisir de passer avec René et Marie-France qui décident de rester en notre compagnie en attendant le top départ. Faisons contre mauvaise fortune bon cœur, et tout bien pensé, il vaut mieux attendre son avion en se baignant au Cap Skirring qu’au Terminal 3 à l’aéroport CDG.
Soulignons le professionnalisme d’Erik qui se sera dépensé pour prévenir le maximum de passagers.
Dimanche 1
er
Mai : à l’heure prévue, des taxis viennent nous chercher pour nous conduire à l’aéroport.
Embarquement et vol sans histoire à l’heure prévue, pilotés par une sympathique commandant(e) de bord qui prendra fréquemment la peine de nous décrire les régions survolées, et nous expliquera les raisons du retard de la veille (une panne du système hydraulique de l’avion).
En conclusion, ce voyage restera pour nous l’un des plus intense, tant par les rencontres réalisées que par l’accueil qui nous a partout été réservé.
On peut penser que la formule retenue, celle des campements villageois, qui permet d’être au contact de la population, est pour beaucoup dans la réalisation de cet objectif.
Cela vaut réellement la peine d’abandonner quelques éléments du confort occidental pendant une semaine pour trouver l’authenticité du pays que l’on visite.
Argument complémentaire, quand on connaît le prix élevé des vols pour le Sénégal (les taxes d’aéroport y sont parmi les plus élevées au monde pour financer le nouvel aéroport de Dakr/Saly), la formule campements villageois permet d’amortir le coût du transport aérien. Par exemple, sans nous priver de rien, nous n’avons dépensé sur place que 1070 euros pour 4 tout compris (transports, excursions, hébergement, alimentation, dons et pourboires, boissons et visites).
Concernant le choix d’un vol Paris-Cap Skirring pour rejoindre la Casamance, nous persistons à penser que c’est la meilleure formule quand on dispose de peu de temps afin d’éviter les fatigues et tensions d’un transit par Dakar, mais nous connaissions déjà cette ville il est vrai. Et, malgré les problèmes de retard rencontrés au retour, nous sommes très satisfaits d’Air Méditerranée (en espérant qu’ils nous rembourseront sans histoires les frais supplémentaires engagés !), même si le T3 de CDG est toujours aussi pénible.
Conclusion générale: on retourne en Casamance à la Toussaint 2012, avec les copains du voyage au Sénégal de l’année dernière qui voudront bien nous accompagner.