Carte d'identité Bhoutan

Convertie au parlementarisme, la monarchie bhoutanaise conserve auprès du peuple une grande aura. Le Parlement possède théoriquement le droit de l’abolir (par une majorité aux trois quarts), mais cela ne risque pas d’arriver demain ! La scène politique est dominée par 2 partis : le People’s Democratic Party de l’actuel Premier ministre et le Bhutan Peace and Prosperity Party. Aucun ne possède d’affiliation politique précise.

Proche du Tibet par sa culture, le Bhoutan est par essence méfiant envers la Chine et ses prétentions à vouloir s’imposer dans la région. Les incursions épisodiques de l’Armée Populaire dans les zones frontalières, destinées à intimider, ont eu pour effet de jeter le Bhoutan dans les bras de l’Inde, vue comme garante de la souveraineté nationale. Les deux pays entretiennent d’excellentes relations politiques et économiques.

Le Bhoutan vit principalement grâce à l’énergie hydroélectrique, dont il exporte les trois quarts de sa production vers l’Inde, et grâce au tourisme. Ce dernier connaît un véritable boom depuis sa timide libéralisation au début des années 2000, avec aujourd’hui quelque 1 500 agences assermentées dans le pays et 70 000 visiteurs annuels (un chiffre multiplié par 10 en une quinzaine d’années) ! Autre source de devises : l’exportation de bois, de pommes et de piments vers l’Inde (environ 1 000 tonnes/an) !

L’agriculture, qui représente 16 % du PIB, occupe quelque 57 % de la population. Dans tous les cas, le développement économique reste subordonné à la protection de la culture et de l’environnement – le leitmotiv du Bonheur Intérieur Brut.  

Si le salaire minimum pour les travailleurs indiens est fixé à environ 120 US$ par mois, les Bhoutanais, eux, gagnent plutôt entre 500 et 800 US$ par mois, pour un PIB par habitant de 3 100 US$ (en 2017). Le taux de croissance tourne autour de 6-7 % (en 2017).

Si le Bhoutan figure en tête des pays les plus sûrs et les plus honnêtes de la planète, Reporters sans Frontières n’est pas tout à fait aussi enthousiaste en terme de liberté de la presse et classe le pays au 84e rang mondial. Ses reproches majeurs ? Une législation très restrictive et une tendance marquée à l’autocensure pour ne pas déplaire aux autorités royales, débouchant sur une pluralité de fait très limitée. Les journalistes locaux se plaignent d’ailleurs eux-mêmes d’un manque d’accès à l’information.

Fier de son héritage bouddhiste, le Bhoutan a parallèlement tendance à l’affirmer avec outrance, jusqu’à avoir imposé (en 1989) le port du costume national aux minorités et interdit l’enseignement en népalais.
En 1996,une bonne partie de la communauté Lhotsampa (quelque 100 000 personnes), constituée de Népalais hindouistes installés dans la région Sud à la fin du XIXe siècle, a même été expulsée de gré ou de force – une sorte de nettoyage ethnique.