Bhoutan Dzong de Punakha
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Culture Bhoutan

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Architecture traditionnelle

Attaché à ses traditions, le Bhoutan tente de préserver son architecture traditionnelle, marquée par l’empreinte des croyances bouddhistes et l’usage majoritaire et conjoint du pisé (pour les murs) et du bois (pour les structures et huisseries).
La loi oblige à construire les maisons individuelles avec des façades ornementales de bois sculpté et un toit en pente douce (désormais souvent en tôle ondulée). Sur la plupart des bâtiments, ce dernier est dressé au-dessus du dernier étage, laissant à disposition un espace couvert où sont entreposés récoltes, foin et nourriture mis à sécher. Certains édifices anciens conservent leurs gros bardeaux maintenus par des pierres et beaucoup de maisons voient leurs murs couverts de dessins et fresques à caractère sacré – notamment d’images de phallus (plus d'infos sur le pahllus)…

L’architecture bhoutanaise, c’est aussi, naturellement, les dzong, ces monumentaux monastères-palais rappelant le Potala tibétain. Bâtis pour la plupart entre le XIIIe et le XVIIe siècle, avec leurs fenêtres et façades en bois sculpté, ils ont été maintes fois restaurés, au point qu’il est souvent difficile de distinguer les plus anciens. Les fresques, qui couvrent la majorité des murs des sanctuaires, sont elles aussi régulièrement repeintes. Déroulant tout le panthéon du bouddhisme vajrayana, elles laissent aussi une place aux personnages forts de l’histoire nationale – tandis que, à l’entrée, rayonnent les mandalas, symboles d’impermanence de l’existence.

Les lhakhang sont des temples de configuration similaire, mais de taille plus modeste.

Dans la plupart des monastères et autour des chortens (stupas) éparpillés en ville, dans la campagne et jusque dans la montagne, se déroulent les moulins à prières. Unique et gros, ou petits et en batterie, ils diffusent sans fin la même formule sacrée : Om Mani Padme Hum, le mantra du Bouddha de la compassion, Avalokitésvara. Cette célèbre phrase, protectrice et bénéfique, est réputée écarter les obstacles et accroître les mérites de celui qui la récite sur la juste tonalité. Il n’est pas rare, ainsi, que les plus âgés fassent 20, 30, 40 fois le tour d’un chorten, en une marche lente et hypnotique. Attention : on tourne toujours dans le sens des aiguilles d’une montre !

Bonheur Intérieur Brut

« Inventé » dans les années 1970 par le père du roi actuel, le concept du Bonheur Intérieur Brut (BIB), ou Gross National Happiness (GNH), a rendu le Bhoutan célèbre. Il tente de définir le niveau de vie en dépassant les seules mesures économiques calculées par le PIB (Produit Intérieur Brut) et leur adjoindre des valeurs autrement moins matérialistes. Si croissance et développement comptent, le BIB fait ainsi une large place à la promotion de la culture nationale, la protection de l’environnement et de la biodiversité, la bonne gouvernance, la santé, l’éducation et même le temps libre ! Tout cela en conformité avec les valeurs spirituelles bouddhistes.

Au-delà du symbole, le BIB veut dénoncer le dogme du PIB, qui conduit à détruire le milieu naturel, répandre des produits malsains, créer des problèmes de santé et augmenter les inégalités – autant de manières d’éloigner les peuples du bonheur. Bref, le BIB met le capitalisme le nez dans ses errements…

Sanctuarisé par la Constitution de 2008, le Bonheur Intérieur Brut est désormais enseigné dans les écoles. L’actuel roi y voit, de ses mots, une forme de « développement basé sur des valeurs ».  Le concept a fait des émules dans le monde entier. Ainsi, depuis 2011, l’OCDE mesure le BIB de ses membres (un indice de la qualité de vie).

Bouddhisme

Les Bhoutanais sont bouddhistes. Dans chaque maison, des portraits du dalaï-lama, de l’actuel jeune roi et de son père témoignent du rôle central de cette religion et de la tradition dans leur vie. Et que dire de la conception même des dzong, ces monastères-palais réunissant pouvoirs temporel et spirituel… Religion d’État, le bouddhisme est largement financé par l’État, qui bâtit chaque année de nouveaux chortens, finance l’entretien des moines et publie des ouvrages sacrés.

Introduit au Tibet au VIIe siècle puis au Bhoutan au siècle suivant, le bouddhisme s’y est dès l’origine mêlé à la religion primitive du Bön. C’est ainsi qu’est apparue la forme du bouddhisme dite Vajrayana (ou tantrique) – une tradition principalement himalayenne, née du courant mahayana (Grand Véhicule), agrégé d’un ensemble de croyances populaires d’origine animiste aux relents manifestes de superstitions et de magie. Au fil du temps, plusieurs écoles tibétaines ont vu le jour, la plupart affiliées au courant dit des « bonnets rouges », auquel appartiennent notamment les Kagyu majoritaires au Bhoutan. Héritiers de la tradition la plus ancienne, ils se différencient des « bonnets jaunes », apparus au XVe siècle, qui proposent une synthèse des croyances des différentes écoles en un canon unique. C’est à ce dernier ordre qu’appartient le célèbre dalaï-lama – considéré par ses disciples comme une émanation du Bouddha de la compassion (Avalokitésvara) et tenu en haute estime par les Bhoutanais… même s’ils regrettent de ne l’avoir jamais vu chez eux !

La visite des nombreux monastères du pays vous fera découvrir la multiplicité des visages de Bouddha. Très présent, Avalokitésvara, cité ci-dessus, est représenté tantôt avec 2, tantôt 4, tantôt 1 000 bras, étendant sa bienveillance sur le monde.

Mais la figure principale reste naturellement celle de Shakyamuni, le Bouddha du Présent (prince Siddhârta Gautama), dépeint assis sur sa fleur de lotus, bol d’offrandes dans la main gauche et main droite au sol. Parmi les autres représentations classiques, vous croiserez aussi le Bouddha du Passé (Kashyapa) et celui du Futur (Maitreya), le Bouddha de Longévité (Amitabha) qui règne sur la « terre pure de la béatitude » (nirvana), et le Bouddha purificateur du karma (Vajrasattva).

Au-delà de Bouddha, plusieurs personnages historiques se retrouvent sanctifiés et statufiés dans les temples du pays. Parmi ceux-ci, on rencontre presque partout l’image de Gourou Rinpoché (le « précieux maître », alias Padmasambhava), qui aurait introduit le bouddhisme au Bhoutan au VIIIe siècle. Ce personnage réel devenu Bouddha lui-même, incarne la transmission des enseignements tantriques. Il se manifeste dans l’iconographie sous 8 formes (très) différentes, notamment celle de Dorje Drolö, à l’air menaçant, chevauchant une tigresse enceinte…
Autre incontournable vénérable : Shabdrung Rinpoché, aisément reconnaissable à sa barbe. C’est lui, alors qu’il s’appelait encore Ngawang Namgyal qui, au XVIIe siècle, fuyant le Tibet, unifia une première fois le royaume du Bhoutan sous sa coupe et instaura un ordre politique appuyé à la fois sur les mondes séculier et religieux. Les Bhoutanais n’hésitent pas à voir en lui une autre incarnation d’Avalokitésvara.

De nombreuses statues et fresques représentent aussi des bodhisattvas, des êtres éveillés à la « bonté merveilleuse », soucieux d’aider l’homme à progresser, mais qui n’ont pas encore eux-mêmes atteint l’éveil définitif (autrement dit « l’état de Bouddha »). Ils sont assez comparables aux arhats, ces derniers étant toutefois davantage considérés comme des disciples œuvrant à leur propre salut.

La progression sur la voie de la connaissance est longue et ardue. Les moines bouddhistes bhoutanais s’engagent d’ailleurs dans une voie à sens unique : s’il n’est pas rare, en Asie du Sud-Est, de se retirer au monastère par épisodes avant de revenir à la vie civile, c’est, ici, l’engagement de toute une vie. Les enfants y sont parfois placés dès 5 ou 6 ans, plus souvent 8 ou 10 ans. La formation initiale s’achève vers 30 ans, par une période dite de dark meditation, durant laquelle le moine se retire dans une grotte ou un espace réduit. C’est alors, affirment les Bhoutanais, qu’il entre en lévitation et affronte la fameuse épreuve du linge mouillé glacé, séché sur ses épaules par la seule force de sa méditation. Cette pratique a même un nom : le g Tum-mo (ou toumo).

Réincarnation

Ce n’est pas un secret : les bouddhistes croient en la réincarnation. Contrairement à l’idée que l’on s’en fait en Occident, il ne s’agit pas d’une âme qui se survit à elle-même, mais qui se transmute en un autre être vivant : on parle ainsi plutôt de « renaissance » sous une autre forme, humaine ou animale.

Dictée par le karma (le destin fondé sur les actes de chacun, qui confine parfois au fatalisme), la réincarnation est avant tout conçue comme une étape du samsara, le long cycle des renaissances, souffrance essentielle dont libérera finalement le nirvana, « l’extinction » des passions et de l’ignorance. Il faut de nombreuses vies pour espérer l’atteindre à travers un éveil graduel – des vies dictées par la conscience de vouloir bien faire et l’accumulation de « bonnes actions », la volonté de chasser le désir et l’ignorance pour atteindre le détachement. Le nirvana n’est pas un paradis, loin s’en faut, mais un non-État, la fin de toute chose et de tout désir (donc de toute souffrance). D’innombrables actes contribuent à améliorer son karma et, donc, sa réincarnation future : c’est ainsi, par exemple, que l’on se battra pour transporter sur son dos le trône d’un moine jusqu’à un monastère perché à 3h de marche dans la montagne… Plus il en coûte physiquement ou moralement, plus les « bons points » s’accumulent.

Sur les murs de certains monastères bhoutanais, vous verrez représentée une « roue de vie », ou « roue de l’existence karmique », détaillant les 6 états de l’existence dans lesquels la réincarnation est possible. Trois sont considérés comme bénéfiques : celui des humains, celui des demi-dieux et celui de l’Éveil suprême. Trois sont maléfiques : celui des animaux, des fantômes et l’enfer proprement dit, auquel sont dévolus à coup sûr les meurtriers (pas de pardon chez les bouddhistes !).

Dans le bouddhisme tibétain (et par extension bhoutanais), le réincarnation n’est pas forcément considérée comme immédiate après la mort ; elle peut suivre des états intermédiaires. Cela étant, lorsqu’un lama révéré décède, il est fréquent que son successeur réincarné soit rapidement identifié. Sachant le destin privilégié des grands religieux, certains parents n’hésitent pas à pousser leur rejeton dans cette voie, en espérant qu’il sera considéré comme réincarnation d’un maître à penser… Mais des « preuves » sont exigées : on parle, par exemple, de jeunes enfants capables de retrouver des objets cachés par le lama défunt en un lieu connu de lui seul.

Roi du Bhoutan

Monarchie héréditaire fondée en 1907, le Bhoutan a aujourd’hui à sa tête Sa Majesté Jigme Khesar Namgyel Wangchuck, un des plus jeunes chefs d’État au monde, né en 1980. Il a accédé au trône dès l’âge de 26 ans, le 6 novembre 2008 à 8h31 précises (moment bénéfique s’il en est, affirment les astrologues bhoutanais), suite à l’abdication de son père Jigme Singye Wangchuck. Ce dernier est resté dans les annales pour avoir épousé quatre sœurs (une autre lubie d’un autre astrologue !) et conduit à partir des années 1980 une politique forcée de « bhoutanisation » du pays.

Formé aux États-Unis et à Oxford, l’actuel Druk Gyalpo (« roi dragon ») a introduit à son avènement une réforme de la Constitution inimaginable à la génération précédente, qui a vu le Bhoutan passer du statut de monarchie absolue à celui de monarchie parlementaire. « Un don gracieux de Sa Majesté à son peuple » dit-on à Thimphu… Marié en 2011 à une non-noble, le roi a vu un premier fils naître en 2016. Baptisé Jigme Namgyel Wangchuck deux mois après sa naissance (selon la coutume), celui-ci est plus communément appelé le Gyalsey, le « prince ». Vous le verrez sur de nombreuses affiches, posters et même des timbres commémoratifs. Pour célébrer sa venue au monde, pas moins de 108 000 arbres ont été plantés !

Attention à la préséance : s’il arrive que le roi vienne à la rencontre des Bhoutanais et des visiteurs du dzong de Thimphu (à côté duquel il réside), il reste une sorte de dieu vivant. D’ailleurs, chaque voiture croisant un véhicule transportant un membre de la famille royale est censé se déporter immédiatement.

Tanka

Dans les sanctuaires comme dans les maisons, vous verrez des tanka (« choses que l’on déroule »), des images pieuses sur toile ou tissu (plutôt) dont l’usage s’est répandu jadis au gré des migrations saisonnières des nomades. Dans tout le pays, de nombreux ateliers-galeries vous permettront d’assister à leur réalisation et d’en acheter. Certains tanka géants sont exhibés lors des festivals religieux, notamment à Thimphu et Paro, où ils atteignent 100 m sur 50 m ! On parle alors de thangdrol.

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