Culture et traditions Berry

Avant tout rural, l’art roman en Berry est celui des petites églises bien campées au milieu de la place du village.
Plus que les chevets ou autres façades, cet art est intérieur avec de superbes chapiteaux où l’une des originalités réside dans la collerette berrichonne, faite de feuilles tour à tour petites et grandes, retombant alternativement, à mi-hauteur de la corbeille, devant et derrière une baguette horizontale.

À Méobecq, les motifs d’animaux ou de feuillages dominent.
À Saint-Genou, les sculptures des chapiteaux qui ornent les colonnes du chœur sont admirables avec leur représentation mêlant la vie du saint et un extraordinaire bestiaire.
Des fresques de grande valeur, même si souvent assez endommagées, décorent de manière vivante et intimiste les parois des églises parfois modestes et méconnues : le style, en particulier la finesse et l’élancement des silhouettes, est du meilleur effet, que ce soit à Brinay, Chalivoy-Milon, Avord dans le Cher ou à Vic et Palluau dans l’Indre.
De belles découvertes en perspective dans des villages parfois trop discrets.

À l’époque de l’Antiquité grecque, religion et magie ne faisaient qu’un. L’histoire nous rappelle que toutes nos croyances ont traversé le temps : dragons, êtres humains chevauchant des balais, vents maléfiques chargés de mauvais sorts... Ce monde que nous appellerons « imaginaire » a étendu son ombre étrange, souvent inquiétante.
À travers l’histoire, combien de récits de tortures, de procès parsemés de condamnations visant tant les humains que leurs infortunés compagnons (animaux, ô combien maléfiques), de magiciens et de sorcières nuisibles ?

Le Berry est-il vraiment une terre de sorciers ? Pour beaucoup, il a conservé cette réputation de contrée de la sorcellerie.
Un héritage que l’on doit en grande partie à George Sand, l’auteur de la célèbre Mare au diable, publiée dans les années 1850. Les textes de cette journaliste et écrivain seront diffusés, mettant en lumière la survivance des peurs et des superstitions populaires. Elle a baptisé son pays de Nohant, près de La Châtre, du surnom de « vallée Noire ». Noire de légendes, de mythes et de personnages maléfiques comme les lavandières de la nuit.

L’utilisation et la connaissance des plantes remontent aux origines de l’humanité. Au cours des millénaires, la tradition orale, source de mystère, a permis d’enrichir ce savoir sur les plantes. Nombre d’entre elles ont été utilisées pour la capacité qu’elles avaient, soit de modifier le comportement humain, soit même de provoquer des empoisonnements mortels d’hommes et de bétail. Les sorciers, les chamans et les magiciens de toutes les époques et de toutes les latitudes se sont servi des effets des plantes toxiques pour exercer leurs pouvoirs sur les populations crédules. Parmi elles, on trouve la mandragore, la belladone, la jusquiame ou le datura...

Aujourd’hui, la sorcellerie s’est acclimatée au monde moderne. On consulte voyants, marabouts et autres bouts de ficelles dans leur cabinet ou sur Internet pour résoudre les problèmes actuels résumés par ces 3 mots : amour, argent, travail. Quel que soit le siècle ou l’endroit où l’on vit, la sorcellerie ne sera toujours que le reflet de nos angoisses, de nos peurs et de nos espoirs.

Berry, terre de traditions... Contrée dont les croyances se teintent de surnaturel et de merveilleux. Berry « inventé » par George Sand, qui a contribué à diffuser l’image d’une région mythique, où la force de la tradition accompagnait la sorcellerie. Aussi les coutumes et les rites pèsent-ils de tout leur poids dans ce pays attaché à son langage et à sa culture populaire.

Même si le patois a tendance à se perdre, certains mots et expressions se transmettent encore de génération en génération. Les jeunes ruraux utilisent toujours ces intonations très particulières qui permettent de déceler l'origine géographique.
Que ce soit au marché de La Châtre, au cœur du vignoble sancerrois, au cours d'une pêche d'étang en Brenne ou encore lors d'une assemblée (fête populaire) en pays Fort, vous rencontrerez sans doute de vieux champignous (habitants de la Champagne berrichonne).

Apparitions fantastiques, hallucinations individuelles, magie, peurs collectives et visions nocturnes empreintes de merveilleux peuplent l'imaginaire rural traditionnel. Les animaux fantastiques animent les crépuscules venteux dans les landes et au bord des étangs.

En feuilletant les Légendes rustiques de la dame de Nohant, on se laisse entraîner sur les traces du Lupeux (animal fantastique aux formes démoniaques), de la grand' bête (sous forme d'un énorme loup ou d'un lièvre), de la cocadrille (animal qui surgit tout d'abord sous forme d'un serpent puis d'un dragon qui annonce quelque malheur)...
Les mainteneurs (qui maintiennent la tradition) et autres chercheurs sauvent de l'oubli les vestiges des légendes transmises de bouche à oreille.

Si les costumes régionaux ont été remisés dans les armoires, si les danses traditionnelles évoluent, des groupes folkloriques, des associations d'arts et traditions populaires et des passionnés restent très actifs sur le terrain pour sauvegarder les éléments de cette culture paysanne. Expositions et spectacles réguliers font prendre conscience à une population parfois oublieuse de la richesse de cette mémoire berrichonne collective.

Les musées locaux ou les maisons à thème méritent qu'on s'y attarde.

D'autres groupes folkloriques, associations ou bandes de copains se donnent pour mission de sauvegarder ce patrimoine oral, élément fondateur de la culture et de l'identité régionales. Ils assurent animations, spectacles et éditions de publications dans tout le Berry.